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Rechercher : denis gaulois

Phalier : essai de synthèse

Phalier, ce saint méconnu, nous a conduits à une divinité celtique (Taranis/Sucellus)  et à une divinité gréco-latine  (Priape), selon que l'on rattache Phalier aux phalères ou au phallos. Des indices existent pour chaque hypothèse, et il est bien difficile de trancher. Mais faut-il trancher justement ? N'y aurait-il pas coexistence des deux acceptions ? Je suis tenté de penser que se place à  l'origine la divinité celtique : Taranis et sa roue céleste auraient été imprimés dans le paysage de la civitas bituricum. Cela m'a d'ailleurs amené à modifier l'idée que je me faisais de la géographie sacrée biturige ; avant Phalier, je n'avais repéré que des constellations symboliques articulées autour de rivières comme l'Arnon et la Bouzanne et je pensais donc qu'une structuration géométrique telle que celle du zodiaque de Neuvy n'était pas envisagée par les Celtes qui vivaient là. Il semblerait donc que ce ne soit pas le cas : la  triangulation des lieux-Phalier, en résonance avec l'étonnante géométrie décelée par les mathématiciens dans l'examen des phalères celtiques, laisse à penser que nos ancêtres gaulois ont borné et organisé  leur territoire de façon rigoureuse, selon des figures géométriques aux dimensions  précises.

A ce propos, j'avais déjà mis en évidence la similarité de deux roues découvertes indépendamment l'une de l'autre : celle de Nesmes, près du Blanc (que l'on peut rattacher au nemeton, sanctuaire central gaulois) et celle de Ménétréols dans la région qui nous occupe actuellement. Or, je me suis aussi aperçu que le diamètre de ces deux roues était égal, à quelque centaines de mètres près, au rayon de la roue de Saint-Phalier (quinze kilomètres environ). C'est donc un ensemble d'une grande cohérence qui se dessine peu à peu devant nous.


Sur ce système symbolique celtique, les Romains ont greffé ensuite leur propre mythologie, sans toucher à l'essentiel. Ainsi Priape se serait-il plus ou moins substitué à Sucellus, sans doute par le truchement d'une divinité comme Sylvain qui présente des caractères communs aux deux divinités en question. Enfin, l'église, devant la force de cette tradition, est contrainte de susciter l'existence d'un saint, en l'occurrence Phalier,  empruntant aux cultes païens à l'honneur depuis des siècles et fortement enracinés dans la pratique populaire.

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Les roues, le triangle d'Outrille et l'axe Saint-Genou-Saint-Ambroix

(carte du calendrier des Postes)

 





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10 novembre 2007 | Lien permanent | Commentaires (4)

Buxus Sempercentrum

Au centre du carré sacré, Bouesse et Buxières d'Aillac portent la marque du buis. Sans parler des lieux-dits, deux autres communes indroises partagent une semblable étymologie. La Buxerette, tout d'abord, Labussière au XIIIème siècle, près de la forêt de Montpeget : ce petit village n'est pas sur un axe de notre figure mais en revanche il se place sur le méridien de Neuvy Saint-Sépulchre. Cependant Neuvy, pas très éloigné, notons-le,  du centre Buxièrois, ne semble pas à l'époque celtique ou préceltique, avoir l'importance qu'il aura par la suite.


Plus intéressant pour nous est le village de Buxeuil, au nord. Il est en effet fort proche du centre de la roue de saint Phalier. Le Rouet, le lieu-dit le plus proche du centre exact de la roue, est situé à la limite de cette commune avec celle de Poulaines. Le nom même est celtique : Buxeuil signifie la clairière de buis (gaulois ialo, "clairière"). On y a retrouvé de l'outillage néolithique et des monnaies gauloises.

Sur la même commune, quasiment  sur le parallèle du Rouet, on repère  aussi une fontaine Saint-Martin, assortie d'une chapelle. On assure que la dévotion est fort ancienne. Elle serait également  fort récente... puisque Jean-Mary Couderc assure qu'en 1974 encore, on y  a trouvé un talon du tiercé au pied de la statue de Saint-Martin...

Buxeuil près du centre de la roue de saint Phalier



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20 mars 2008 | Lien permanent

La flèche d'Apollon

Le lecteur attentif se sera sans doute étonné de ce que le nom même de l'ombilic berrichon ne soit pas encore apparu dans ces pages. A plusieurs reprises, l'axe ombilical, le parallèle de ce haut-lieu a été invoqué, exploré sans que la source même en soit établie. Il ne faut pas voir là une quelconque volonté d'appâter le lecteur, de le retenir par une manière de suspense, pour la bonne raison tout d'abord que le lecteur est rare et qu'aucune publicité n'a été donnée à ce blog. Un seul commentaire posté sur le site de Berlol m'a valu quelques visites dont je ne suis pas certain qu'elles se renouvellent. Alors quoi ? En fait, c'était une sorte de répugnance à afficher d'emblée la couleur, une envie de différer l'inévitable, de tourner autour du pot pour mieux s'en emparer. Mais en réalité, je ne tourne pas, je m'éloigne mais je ne tourne pas. Reculant sur cet axe que j'ai appelé principiel parce qu'il inaugure le mouvement cosmique, j'ai l'impression de bander l'arc qui décochera la flèche nous conduisant naturellement à la cible. L'explication ne me convainc moi-même qu'à moitié, mais je n'en ai point d'autre à proposer... Filant la métaphore, c'est la flèche d'Apollon qui nous désigne la victime sacrificielle. Dans le mythe delphique, c'est ainsi que le dieu tue le serpent Python qui gardait le sanctuaire, portant lui-même le nom de Pytho et longtemps consacré au culte de Gê, la terre, qui rendait elle aussi des oracles. Que Poitiers, fiché au couchant sur l'axe ombilical, ait été la capitale des Gaulois Pictones ne peut nous apparaître comme un pur hasard. La proximité phonique des noms est stupéfiante.

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08 avril 2005 | Lien permanent

Verneuil (suite)

Verneuil est étymologiquement la clairière de vergnes. Les deux éléments de ce toponyme sont d'origine celtique. La finale euil dérive de ialos, la "clairière cultivée". Or c'est bel et bien une clairière que saint Fiacre délimite avec son bâton miraculeux, renouvelant en cela un geste ancestral attesté dès l'époque de La Tène ancienne (- 500, - 250). "Le lieu de culte n'était rien d'autre, soutient Jean-Louis Brunaux, qu'une aire sacrée limitée par un fossé et parfois une palissade. (...) L'enclos est, en effet, la représentation la plus simple et la plus durable du lieu de culte chez la plupart des peuples indo-européens, et particulièrement chez les Grecs et les populations italo-celtiques. Le témenos et le templum, mots de même racine, ne sont rien d'autre que ce terrain "découpé". Un simple trait sur le sol, un sillon de charrue, un fossé suffisaient à délimiter la place du sacré." (Les Gaulois, Sanctuaires et rites, Errance, 1986, p. 28) Ayant fortuitement retrouvé l'association Fiacre-Verneuil avec la statue du saint à Verneuil-sur-Avre, j'ai lancé hier une petite recherche systématique sur le web avec ces deux mots-clés. Et c'est ainsi que j'ai déniché la petite commune de Parnay, 49 habitants seulement, dans le Cher, sur les rives de l'Auron. Une commune berrichonne donc, qui s'honore d'une église Saint-Fiacre, mais aussi des ruines d'un prieuré dépendant de l'abbaye de Verneuil-les-Bois. Ajoutons enfin que la commune relevait de l'abbaye de Déols.

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25 mars 2005 | Lien permanent

Bayart et Saint-Léger

« Le Rhin le Rhin est ivre où les vignes se mirent » (Apollinaire, Nuit Rhénane)


Bayart, comme le cheval blanc, s'identifie, selon Doumayrou, « à la vibration même de la lumière », son nom dérivant d'après lui de Béliart, Bélien le soleil gaulois (Géographie Sidérale, p.140). Toujours est-il que La Roche-Aymon balise le lever de l'astre au solstice d'hiver de Toulx. A ce moment de l'année, le soleil est au plus bas, mais il n'aura de cesse de retrouver sa puissance en s'élevant progressivement sur l'horizon. Ainsi Renaud de Montauban, le plus valeureux des frères Aymon, jeté vers la fin de ses aventures dans le Rhin, est-il élevé en lumière par les poissons, au point que « l'eau elle-même paraît ardente ».

 

 

 

Mais d'autres alignements significatifs convergent sur Toulx. Ceux des Saint-Léger vont faire porter très loin nos investigations. Le premier s'inscrit exactement sur l'horizon ouest de la cité : issu de Saint-Léger Magnazeix, il se dirige vers notre montagne polaire en suscitant sur son passage Saint-Léger Bridereix et le hameau de Puyléger. Le second s'origine à Saint-Léger-la-Montagne, au coeur des monts d'Ambazac, près de l'abbaye de Grandmont, et vise le château de Montaigut-le-Blanc, Saint-Léger-le-Guéretois et Guéret, avant de s'échouer à Toulx.

Pourquoi Saint-Léger ? La biographie du saint va nous livrer quelques éclaircissements.


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10 août 2005 | Lien permanent

Dio - Nyze et Dyonisos

J'avance lentement dans la passionnante lecture  d'Evocations de l'esprit des lieux de Guy-René Doumayrou. Beaucoup d'éléments sont repris de sa Géographie sidérale, mais on trouve aussi de nouveaux développements sur tel ou tel haut-lieu, principalement du Languedoc. C'est ainsi qu'il débusque dans la haute vallée de l'Orb, soumise au diocèse médiéval de Béziers, un couple de monuments "insignes", situé sur le méridien de la ville "et de part et d'autre d'un plateau aride balayé par les vents" : le château de Dio* et le prieuré de Notre-Dame de Nize. Cette association Dio-Nize conduit Doumayrou à invoquer le grand dieu Dyonisos :

"Ce n'est pas avant 1135 qu'un texte a fixé , pour nous le transmettre, le nom de Nize sous la forme Aniza, que l'on fait venir, faute d'autre hypothèse, d'un patronyme latin supposé : Anicia ou Anicius. Sans prétendre trouver mieux, observons seulement que la contraction  des deux formes anciennes Diona et Anisia accolées fournit Dionanisia : elle fait écho de façon suggestive à une étymologie proposée par François Noël pour Dyonisos, fondée sur l'analyse Dios-Anysein (anyein), ce qui signifie littéralement : Zeus achevé, c'est-à-dire la perfection divine, ou l'accomplissement de la lumière." (pp. 107-108)

L'alignement Dio-Nyse sur la carte ne peut manquer de nous rappeler les alignements mis à jour  avec les Diou.

Dans les trois cas, nous observons cet axe s'écartant de quelques degrés seulement du méridien. Sans doute  Dio n'est-il pas au centre d'un segment défini par  deux Saint-Denis, mais c'est l'ensemble Dio-Nize qui ici rappelle saint Denis, puisque ce nom est bel et bien la forme romanisée de Dyonisos (les habitants de Saint-Denis sont les Dyonisiens).
La carte de la Montjoie parisienne, sise elle aussi entre les deux Saint-Denis, offre également des recoupements intéressants :


Deux toponymes se font en effet écho à la topographie dyonisienne : de part et d'autre de l'axe méridien issu de Dio, Montjoux et le Mont Martin semblent se souvenir l'un de la Montjoie, l'autre du Pasellus Sancti Martini à la base du parcours du saint céphalophore. Ce passelus était "une passerelle jetée sur le ruisseau de Ménilmontant, aujourd'hui supprimé, et qui coulait de l'est à l'ouest, allant se jeter à la rive droite de la Seine au-dessus du pont actuel des Invalides. L'église Saint-Martin des Champs était en effet située à peu de distance au-dessous de ce ruisseau et avait donné son nom à un pont, comme nous le voyons par un diplôme postérieur du roi Louis VI reproduit par Doublet dans son Histoire de Saint-Denys (1)."

Il faut maintenant examiner ce qui a conduit Doumayrou lui-même à l'évocation de ce couple Dio-Nyse.

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* De fait, on m'avait (FEB, merci à elle) déjà signalé ce château de Dio, mais faute d'y déceler un quelconque rapport à des localités Saint-Denis, je n'en avais pas fait état. Et je n'avais bien évidemment pas opéré de rapprochement avec l'église de Nize. Le dévoilement de la géographie sacrée prend souvent des chemins détournés.

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07 février 2009 | Lien permanent

Saint Gaucher d'Aureil

« Le pauvre traîneux qui serait arrivé dans la nuit et se réveillerait, aux premiers coqs, devant l'église de Saint-Denis-De-Jouhet, pourrait se demander s'il est encore en Bretagne ou vraiment en Bas-Berry, tellement la pierre identique a créé le même style. »

Adrien Bobèche, Berry, Lieux et Mythologies, Privat, 1996, p. 59

 

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Oui, vraiment, cette église de Saint-Denis déconcerte parmi les églises romanes de ce Boischaut-Sud. Le porche d'abord, inhabituel dans la région, large, ouvert au midi. L'influence limousine s'y fait clairement sentir : rien que de normal puisque Saint-Denis, loin d'appartenir comme Reuilly à l'abbaye royale, était dans la dépendance du prieuré d'Aureil, dont la maison-mère était proche de Limoges. Le chevet plat à trois baies se retrouve au monastère de Bost las Mongeas, qui fut édifié pour les moniales à 500 mètres d'Aureil.

 

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Bost las Mongeas

« Dans la région d'Aigurande, de Sainte Sévère et de Châteaumeillant, écrit Guy Devailly, de nombreux laïcs font des aumônes à la communauté d'Aureil qui peut établir un prieuré à Saint-Denis-de-Jouhet et dispose des églises paroissiales de Vigoulant et de Saint-Priest-la-Marche. » (Le Berry du Xe siècle au milieu du XIIIe siècle, Mouton § co, Paris La Haye, 1973, p.278) Ces deux églises, également situées dans le signe du Lion (Saint-Priest étant même sur la pointe du signe), très proches l'une de l'autre (7,5 km à vol d'oiseau), s'alignent sur les églises de la Forêt-du-Temple (chevet plat à trois baies, là encore) et de Lourdoueix Saint-Pierre , avant d'atteindre le hameau du Chézeau-Limousin.

 

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La Forêt du Temple

J'essaie maintenant de comprendre la présence de l'ordre limousin dans ces terres berrichonnes largement inféodées à l'abbaye de Déols. Si on se penche sur son origine, que découvrons-nous ? Un jeune homme de 18 ans, Gaucher, venu de Meulan sur Seine (de nos jours, dans les Yvelines), pour prier sur la tombe de Saint Léonard, en compagnie de son maître Humbert, chanoine et écolâtre de Limoges. C'est avec l'assentiment de celui-ci qu'il fonde Aureil entre 1081 et 1085, dédié à Saint Jean l'Evangéliste en 1093 et dont la règle s'inspire de celle de Saint Ruf de Valence, approuvée par Urbain II (décidément très présent dans notre histoire symbolique). Michel Fougerat précise que c'est Gaucher, plus tard canonisé, qui a donné ce nom d'Aureil à cette première fondation dans la forêt de Silvaticus qui appartenait, cela tombait bien, aux chanoines de Limoges.

C'est bien l'or (aurum) qui est à la racine du nom, cet or du soleil solsticial renaissant à la Saint-Jean d' hiver (27 décembre).

Creusons davantage. Pourquoi Gaucher est-il venu de l'Ile-de-France se recueillir sur la tombe de saint Léonard ? Pourquoi ce saint avait-il une si grande renommée ? Quelle était là encore son histoire ?



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30 août 2005 | Lien permanent | Commentaires (2)

Dagobert en Brenne


"Le Saltus Brionis, la Brenne actuelle, entra dans l'histoire avec le règne du roi Dagobert qui aimait, selon la tradition, venir y chasser. Maintes fermes se vantent de l'avoir reçu à souper ou de l'avoir hébergé, et il a noyé ses chiens dans on ne sait combien d'étangs... "Il n'est si bonne compagnie qui ne se quitte", aurait-il même dit en précipitant dans la Claise sa meute atteinte de la gale."

Chantal de La Véronne (La Brenne, histoire et traditions, p. 21)

A vrai dire, je n'ai pas trouvé ailleurs cette anecdote. Sur le net, la fameuse phrase est bien attribuée à Dagobert, mais il l'aurait prononcé à ses chiens au moment de mourir, le 19 janvier 639, à l'âge de trente-six ans, atteint par la colique.


L'historienne attribue à Dagobert, "mérovingien pieux",  la fondation des deux abbayes brennouses de Méobecq et de saint-Cyran. "Assurément, écrit-elle, leur charte de fondation qui date du XIe siècle, est apocryphe, mais peut-être nous a-t-elle transmis la réalité historique."  Bel acte de foi... Pourtant même un Mgr Jean Villepelet, homme pieux s'il en était, a observé qu'il s'agissait là d'une fabulation : examinant pour établir la biographie de saint Cyran les Vies de celui-ci, il précise que les Bréviaires de 1734 et de 1863 se sont inspirés très directement de ces documents, mais que celui de 1917 élude" toutefois certains détails reconnus aujourd'hui apocryphes : c'est ainsi qu'il n'attribue plus à Dagobert la donation de la terre de Méobecq pour y établir une abbaye, contrairement à ce qu'on avait cru pendant des siècles, sur le témoignage d'une prétendue charte de fondation, conservée aux Archives de l'Indre, et signée par Dagobert lui-même : or il est reconnu que cette charte est l'oeuvre d'un faussaire, rédigée seulement au XIe siècle (...)" (Les Saints Berrichons, Tardy, p. 203)

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Dagobert Ier chassant le cerf. Vie de saint Denis, XIIIème siècle, Paris.

Bibliothèque Nationale de France.

La réalité historique, n'en parlons donc pas. Ce qui est plus intéressant c'est de se demander pourquoi on a voulu placer l'abbaye sous l'égide de Dagobert. Ce n'est pas la première fois. On prête beaucoup à Dagobert, ainsi lui a-t-on dévolu un rôle éminent dans l'histoire de la basilique de Saint-Denis. Mais Anne Lombard-Jourdan rappelle que la critique a ruiné cette tradition :

"Frédégaire (Chronica, IV, 79) nous apprend seulement comment ce roi, qui, en 638, était tombé malade de la dysenterie à Epinay-sur-Seine, fut porté par les siens à Saint-Denis dans un état alarmant, comment il y mourut et y fut enterré quelques jours plus tard dans la basilique que "lui-même avait le premier orné dignement d'or et de pierres précieuses." (...) Sa prétendue volonté d'être enterré à Saint-Denis - dont ne parle pas Frédégaire - ne se trouve que dans huit diplômes manifestement faux et dans les Gesta Dagoberti. C'est donc sur l'initiative de son entourage que, malade, il fut porté depuis Epinay à l'abbaye, où il mourut (...).
Ainsi s'effondre, à l'examen attentif des textes, une part importante du rôle attribué à Dagobert : il ne découvrit pas les corps saints ;  il ne fit pas construire une nouvelle église pour les abriter ; s'il fut inhumé dans celle qu'il contribua à décorer, ce ne fut pas de par sa volonté expresse ; il ne fonda pas la communauté monastique ; il ne créa pas non plus la foire de Saint-Denis (faux de 629). Il n'en reste pas moins qu'il fut le premier roi grand bienfaiteur de la basilique de Saint-Denis à Catulliacus, qu'il combla de richesses et de domaines.
" (Montjoie et saint Denis, Presses du CNRS, 1989, pp. 179-180)

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Deux personnages de la chronique du pseudo-Frédégaire (VIIIème siècle).

Paris, Bibliothèque Nationale de France.



Encore une fois nous croisons l'histoire de l'abbaye royale de saint-Denis. Ici, dans une même propension, une même rage d'attribution d'un monument religieux à un même personnage illustre. Mais pourquoi, encore une fois, en appeler à ce souverain mérovingien qui n'a régné au bout du compte  que dix ans seulement ? Y aurait-il un rapport à cette sacralité spécifique aux descendants de Mérovée, incarnée dans la chevelure ? Un détail de l'histoire de la consécration de l'église abbatiale de Méobecq, le 3 septembre 1048, qui n'avait pas retenu mon attention jusque là, prend soudainement un sens nouveau à la lumière de ce que l'on sait désormais sur les reges criniti : reconstruite en pierre et dédiée à saint Pierre sous la présidence de l'archevêque de Bourges, l'église s'honore de reliques du saint patron que Sigirannus, le futur saint Cyran, aurait rapportées de Rome : "il s'agissait, écrit C. de la Véronne, de son rasoir, de ses ciseaux, de son couteau, de son autel portatif, enfin de quelques poils de sa barbe et de quelques-uns de ses cheveux..." (op. cit. p. 21)

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26 février 2009 | Lien permanent

Du petit chaperon rouge

Les sentiers imprévisibles de la recherche menée au sujet du dieu Sucellus m'ont fait découvrir l'extrait de texte suivant sur le site des expositions de la Bnf. L'auteur en est l'ethnologue et sociologue Yvonne Verdier, et il fait partie d'un article publié en 1978 dans les Cahiers de la littérature orale, et intitulé "Grands-mères, si vous saviez… : Le Petit Chaperon rouge dans la tradition orale" :

 

« Georges Dumézil a formulé une hypothèse sur l'origine du conte, fondée précisément sur la disparition du petit pot de beurre, hypothèse, qui, étayée par d'autres traits, le conduit à voir en cette histoire une "aventure ambroisienne. La petite fille au chaperon rouge, brillante par le courage, lui rappelle la déesse Nantosuelta, qui, dans la sculpture gauloise, a pour attributs une patère et une corne d'abondance ; le loup, il le rapproche de Sucellus, le dieu gaulois qui, portant un maillet d'une main et un petit pot de l'autre, est toujours représenté barbu, velu, une peau de loup jetée sur les épaules ; quant au petit pot de beurre, il figurerait la mystérieuse nourriture ambroisienne née du barattement de la mer, et c'est lui qui se trouverait aux mains de Sucellus. Dans ce contexte la marque de l’"aventure ambroisienne" tiendrait pour Dumézil en ce que, dans notre conte, le loup tenterait de voler le petit pot de beurre porté par la petite fille, une première fois, sans succès, lors de leur rencontre à la croisée des chemins, mais y parviendrait la seconde fois en se déguisant en femme quand il se travestit en grand-mère – car c'est ainsi en se déguisant en femme que le dieu indo-européen vole l'ambroisie. L'histoire du Petit Chaperon rouge serait un dernier écho d'une version gauloise du cycle de l'ambroisie. Notons que la thèse de Dumézil rejoint par certains points celle de Saintyves également fondée sur le petit pot de beurre : un beurre de mai dont on ne peut pas dire qu'il rend immortel mais qui a des vertus magiques comme tous les laitages durant cette période... »

 

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Le Petit Chaperon rouge

 

Lithographie d'Eugène Feyen, 1846 (51 x 35,8 cm)

(image BnF)

 

 






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De saint Genou à Diou

L'espace vide entre le carré de Saint-Genou (appelons-le ainsi provisoirement) et le cercle de Saint-Phalier correspond, disais-je,  à l'espace du torque dans la statue dite du dieu d'Orsennes. Sitôt après avoir terminé l'écriture du billet, une autre relation géométrique m'a alors sauté aux yeux. J'ai déjà mentionné l'axe Saint-Genou passant par Sougé (même origine, faut-il aussi le rappeler, que Souvigny) et désignant l'oppidum de Levroux. Or, toujours en partant de Saint-Genou, il suffit de faire basculer cette ligne de quelques degrés pour rejoindre cette fois la cité de Levroux. Et si on la prolonge, on constate qu'elle atteint Saint-Phalier en tangentant le cercle dédié à ce saint priapique, puis qu'elle traverse très exactement Ménétréols-sous-Vatan, centre de la couronne de Ménétréols, avant de rejoindre le petit village de Diou, sur les rives de la Théols. Si on continue au-delà, on arrive à Saint-Doulchard, l'antique Ampeliacum, juste au-dessus de Bourges.

Notant également que cet axe croise quasi perpendiculairement l'axe Saint-Aoustrille - Saint-Outrille, je reste frappé par la rigueur de la construction.

Un mot, maintenant,  sur Diou, nouveau venu dans ces investigations : le village apparaît comme Dio en 1177, parochia de Dyo en 1298, enfin sous la forme actuelle au XIIIe siècle. S. Gendron y voit un probable nom divin, "du gaulois devo "dieu" (comp. Devo-ialo "lieu divin"> Deuil, Seine-et-Oise), qui entre en composition dans Jovard (*Divo-duros) et Diors. Un homonyme dans l'Allier : Diou, malheureusement sans mention. Sur la commune de Diou (Indre), on a retrouvé, en 1986, un fanum entouré d'une grande enceinte en fossé (...). Le site est à proximité du gué de Chaprenan, sur la Théols (...)." (Les Noms de lieux de l'Indre, p. 5)
Ceci confirme la valeur sacrée de l'alignement, valeur sacrée que l'on accorde par ailleurs au torque (c'est bien parce que le personnage porte un tel bijou que l'on peut penser qu'il représente une divinité).

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05 février 2008 | Lien permanent | Commentaires (2)

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