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Les Saint Léger : inventaire provisoire

Délaissant le temps d'une note l'enquête sur saint Léonard, je reviens sur les villages Saint-Léger, actualité oblige.

L'actualité c'est cette correspondance récente avec Christophe, le webmaster du site rassemblant tous les Saint-Léger de France, de Suisse et de Belgique. Je vois bien que mes réponses à ses questions le laissent encore indécis sur le sens de mon investigation. Et la structure du blog ne l'aide pas particulièrement à se repérer dans le lacis des figures symboliques et de leurs interprétations. Il faudrait pour le moins un index des noms cités, (que je réaliserai peut-être un de ces jours). Faute de quoi, comme je lui dis que "Je n'ai d'ailleurs parlé que de neuf Saint Léger (plus quelques hameaux).", il me répond : « Je ne les trouve pas tous ! Où sont-ils donc cachés ? »

Afin de l'aider à s'y retrouver, je décidai donc de procéder à un inventaire des Saint-Léger rencontrés lors de ma recherche. En même temps, je découvris une étude, à mon sens passionnante, qu'il avait eu la bonne idée de mettre en lien dans son message. Il s'agissait d'un article paru en 1971 dans la Revue du Bas-Poitou, sous la signature de Roger Gazeau : Eléments pour une étude de la diffusion de culte de saint Léger. De nouveaux faits mentionnés dans ces pages me permettent de prolonger ma réflexion sur le saint martyr en mettant l'accent sur un certain nombre de traits récurrents inaperçus jusque-là.

Soyons clair. Il ne s'agit pas pour moi de prétendre que tous les bourgs Saint-Léger sont partie prenante du réseau de géographie sacrée auque je me consacre. Il me semble simplement qu'un certain nombre de ces paroisses ne sont pas distribuées aléatoirement sur le territoire. Leur implantation obéit à certains critères et on peut observer des relations géométriques entre plusieurs d'entre elles. Je vais d'abord revenir sur celles que j'ai déjà citées ici et là (et les liens permettront de faire retour au contexte de leur citation) avant de présenter quelques autres Saint-Léger en nouveaux figurants de la scène sidérale.

 

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Liturgie: consécration d'une église
Jacobus de Voragine, Legenda aurea (traduction de Jean de Vignay), France, Paris, XIVe siècle, Richard de Montbaston (image BNF)

 

Liste des Saint-Léger cités sur le blog :

  1. Les Saint-Léger marchois, à l'origine de mon intérêt pour le saint : Saint-Léger-Magnazeix, Saint-Léger-Bridereix, le hameau de Puyléger alignés sur le parallèle de Toulx Sainte-Croix. Saint-Léger-la-Montagne et Saint-Léger-le-Guéretois alignés aussi sur Toulx.

     

  2. Saint-Léger-sous-Beuvray et Saint-Léger-des-Vignes sur le grand axe issu d'Autun.
  3. Saint-Léger sur l'axe Ingrandes-Antran (je parlais d'un lieu-dit, or, que les habitants de ce noble lieu m'en excusent, il s'agit d'un véritable village du nom de Saint-Léger-la-Pallu).

  4. Saint-Léger-de-Montbrun et Saint-Léger-de-Montbrillais, dans le Thouarsais.

  5. Saint-Léger-de-Fougeret et Saint-Léger-les-Paray, sur l'axe passant par Montjouan et le mont Dardon.

    Ce qui fait d'ailleurs onze et non neuf Saint-Léger. Au-delà de ce qui a été écrit dans les articles cités, on peut constater que la majorité des Saint-Léger ont une tendance manifeste à se situer dans des lieux frontières ou du moins à en baliser la direction.

     

On voit en effet que les cinq Saint-Léger marchois (donc appartenant à une région-frontière - rappelons qu'une marche (du germanique marka) était une province frontière) convergent sur Toulx, situé à la limite des cités lémovice et biturige ; que Saint-Léger-la-Pallu est sur l'axe d'Ingrandes, limite des Turons et des Pictons ; et enfin que Saint-Léger-de-Montbrun et Saint-Léger-de-Montbrillais sont situées sur la frontière entre trois départements (Vienne, Maine-et-Loire et Deux-Sèvres), non loin de Fontevrault dont j'ai déjà mentionné la position stratégique aux limites des trois diocèses de Tours, Poitiers et Angers. Roger Gazeau relève, lui, trois églises paroissiales sous le patronage de saint Léger dans ces mêmes parages, à Doué-la-Fontaine, Cravant-les-Côteaux et Nouâtre.

Christophe, mon correspondant, habite lui-même Saint-Léger-sous-Cholet. Il était naturel que je me penche d'un peu plus près sur cette ville qui m'était encore inconnue (je n'ai jamais entrepris de recherche systématique sur tous les Saint-Léger, l'expérience m'ayant appris, sur d'autres thèmes, qu'un tel défrichage méthodique restait le plus souvent stérile). Une cité proche m'intriguait immédiatement : Saint-André-de-la-Marche. Cette appellation montrait clairement que l'on était bien dans une région de marche, en l'occurence il s'agit des Marches des Mauges, entre Anjou, Bretagne et Poitou. D'autre part, Roger Gazeau écrit qu' « Aux limites nord du diocèse de Maillezais, sur l'ancienne paroisse du May-sur-Evre, son culte [celui de saint Léger] est attesté au lieu qui est devenu aujourd'hui la commune de Saint-Léger sous Cholet (Maine et Loire). »

Or, un alignement issu de Saint-Léger-de-Montbrun (situé sur une éminence, le lieu se prête bien à de tels jeux de figures) et passant par Saint-Léger-sous-Cholet et Saint-André-de-la-Marche désigne l'estuaire de la Loire, à Saint-Brévin-les-Pins. Une autre piste s 'ébauche ici : le rapport étroit du saint et du fleuve, à la faveur sans doute de leur paronymie. Loire c'est Liger en latin, ce qui est bien proche du Lethgier médiéval. Un autre Saint-Léger, Saint-Léger-le-Petit, dans le Cher, est situé sur les rives de la Loire (comme d'ailleurs Saint-Léger-les-Vignes, près de Decize).

Or, que voyons-nous sur l'autre rive, en terre nivernaise et non plus berrichonne, rien moins qu'un village dit La Marche... Ici, c'est la Loire elle-même qui fait office de frontière naturelle entre les deux territoires.



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04 septembre 2005 | Lien permanent

Lourouer Saint-Laurent

J'ignorais qu'elle fût si belle. Personne ne m'en avait jamais parlé. Je l'avais mentionnée en 1989 sans même daigner lui faire une petite visite. Je veux parler de la petite église romane de Lourouer Saint-Laurent.
Mon incuriosité d'alors me stupéfie. Il faut dire que je ne savais rien des fresques qui l'ornaient, et qui, si elles n'ont pas la majesté et l'ampleur de celles de Vic, toutes proches, n'en sont pas moins merveilleuses. Et je dois dire que l'édifice en lui-même, placé au coeur du modeste village, me séduit plus encore que Vic : ses dimensions réduites vous donnent un sentiment d'intimité, de nid calme et chaleureux, qui vous étreint sitôt passé le seuil obscur. Sensation de pénétrer une caverne paléolithique. L'éclairage automatisé se met en route, sinon vous resteriez dans une épaisse pénombre. La beauté des fresques vous saisit alors immédiatement.

 

 

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Saint Michel terrassant le dragon

Un petit dépliant à l'entrée donne quelques informations. J'y apprends justement que l'église a été restaurée, que la première phase a été réalisée entre 1989 et 1991, que deux autres phases lui ont succédé, de 1999 à 2002, et enfin que « des sondages effectués dans le choeur laissent entrevoir d'autres fresques très riches et très intéressantes, mais le coût de ces travaux serait trop élevé pour être envisagés prochainement. »

En ce qui concerne les fresques visibles, je reproduis ici le texte de la plaquette :


« Les fresques sont importantes, et offrent, comme l'architecture décor multiple et fort curieux tant les superpositions de peintures sont nombreuses (lors des derniers sondages dans le choeur, jusqu'à cinq époques de peintures ont été recensées). Elles portent ainsi témoignage de différentes époques de l'art religieux au Moyen Age.

Les peintures laissent apparaître :

  • Un premier décor en faux appareil, dont les restes sont visibles sur le mur Est de la nef (XI – XIIème siècles)

  • Toujours du XIIème siècle, une fresque représentant une Vierge à l'Enfant (mur Est de la nef, à gauche).

  • XIIème siécle encore, une peinture dont ont été conservés quatre fort beaux visages exécutés par un artiste de talent (mur Sud) et de même facture que les visages de Thevet Saint-Julien.

  • XIIIème siècle, sur la partie droite du mur Est de la nef, registre inférieur, une crucifixion et une mise au tombeau (visible à droite).

  • Fin XIIIème, début XIVème siècles, dans la nef, mur Nord :

Registre supérieur : un paysan et un personnage tenant des fleurs, avec une inscription « AGRICOLANUS », deux oiseaux, un saint Jacques bénissant uns scène de martyre.

Registre inférieur : deux personnages séparés par des végétaux et des colonnes, saint Nicolas libérant les enfants du saloir ; à l'angle, un évâque bénissant (autre saint Nicolas ?)

  • Sur le mur Sud : au niveau du registre supérieur, un chevalier ; saint Michel pesant les âmes face au Diable ; le repas chez Simon le Pharisien (scène semblable à celle de Vic) et une scène inspirée de l'Evangile selon saint Jean « Noli me tangere » articulée avec le mur Est.

  • Au niveau du registre médian, une série de médaillons représentant des animaux fantastiques.

  • Au niveau du registre inférieur, vestiges d'un calendrier, chacun des personnages représentant un mois de l'année, de janvier à août.

  • Sur le mur Est, registre supérieur : une scène de crucifixion : Christ entouré de deux soldats (porte-lance appelé Longinus et porte-tampon). Au-dessus de la croix, Soleil et Lune qui se voilent la face. A droite, un saint jean, à gauche, Marie. A l'extrême droite, une femme en prière, à l'extrême gauche une femme richement vêtue (mode fin XIIIème siècle). La femme de droite complète le « Noli me tangere » du mur Sud.

  • Dans le choeur, sur le mur diaphragme, se trouve une peinture représentant Saint Michel terrassant le dragon.

  • D'autres éléments remarquables ont été mis à jour dans le choeur, notamment au fond de celui-ci, autour des vitraux, qui n'ont pas encore été interprétés. »


A l'occasion de mon passage, j'ai pris quelques photos à découvrir dans l'album, côté droit.

D'autres photos sur ce site.

On peut retrouver par ailleurs plusieurs des fresques de Lourouer dans le très bel ouvrage de Michel Maupoix et Xavier Anquetil, paru en 2004 : Peintures murales de l'Indre, De la couleur au symbole révélé, co-édité par l'Association Rencontre avec le patrimoine religieux et le Conseil Général de l'Indre.





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22 octobre 2005 | Lien permanent | Commentaires (1)

Résurgence de saint Denis

Le très riche site des Rencontres de Provins, que j'ai découvert en recherchant des informations sur Vauluisant, consacre une page au personnage de Hugues de Toucy, élu et sacré archevêque de Sens en 1142 :

« Deux ans plus tard, le 11 juin 1144, il assista à la fête de la dédicace de l'église abbatiale de Saint Denys en France, et y consacra: l'autel de Saint-Edmond. Le 9 octobre de la même année, il dédia l'église de l'abbaye de Vauluisant, fondée près de Courgenay, sous son prédécesseur, par Anseau, seigneur de Traînel. »

Or, le 9 octobre n'est autre que le jour de la saint Denis.

Hasard du calendrier ? Je n'y crois pas, d'autant plus que ce lien entre saint Denis et Vauluisant se répète dans la situation de l'abbaye-fille, c'est-à-dire Varennes, puisque sur le méridien de celle-ci, à quelques lieues seulement, nous retrouvons Saint-Denis-de-Jouhet, dont j'ai traité récemment dans les pages consacrées au Lion. Entre les deux sites, sur le même axe, le village de Fougerolles recèle encore en son église Saint-Pierre une dalle funéraire gravée à l'effigie d'un abbé de Varennes.

Le 11 juin 1144 est considéré par le site Hérodote comme l'acte de naissance de l'art gothique. Cependant, dans le même article, il est écrit qu' « en 1122, à Sens, à l'occasion de la construction de la cathédrale Saint-Étienne, un nouveau style architectural est apparu subrepticement, plus léger, plus élancé, plus lumineux. L'abbé Suger est séduit par ce nouveau style et décide de s'en inspirer pour l'achèvement de sa chère basilique. »

Or, c'est Hugues de Toucy qui mena à terme la construction de la cathédrale de Sens, considérée comme la première des cathédrales gothiques.

 

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 Enluminure du XIIIe siècle décrivant l'assassinat de Becket

C'est lui encore qui accueillit à Sens le célèbre Thomas Becket, archevêque de Cantorbéry, poursuivi alors par l'ire de Henri II Plantagenêt, celui-là même qui usurpa la fondation de Varennes.

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12 septembre 2005 | Lien permanent

Saint Christophe et le Dagda

Il reste au moins une question intéressante à étudier, en ce qui concerne les gorges de l'Arnon, à savoir pour quelle raison Saint-Christophe a été choisi pour remplacer la figure du Jupiter-Dagda ? Ce saint, dont l'existence tient plus de la légende que d'un récit avéré et authentifié par les historiens, présente en réalité beaucoup de traits communs avec le dieu-druide irlandais. Tout d'abord, il est décrit comme un géant à l'allure terrible, de douze coudées de haut, selon un poème en vers du XIVème siècle.

Or, voici ce qu'un site, parmi d'autres, écrit du Dagda : « On le décrit souvent portant les habits du peuple, d'une taille gigantesque et ayant tous les appétits physiques développés de manière monstrueuse. »

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 Saint-Christophe (Pernes-les-Fontaines, Tour Ferrande)

Le lien à la rivière est par ailleurs bien connu dans la légende de Saint Christophe. Le saint, dont le premier nom était Réprouvé (Reprobus), était en effet un passeur. C'est en faisant traverser le fleuve à un enfant porté sur ses épaules – et qui n'était autre que le Christ, d'où son nouveau nom : de Kristos et phorein, celui qui porte le Christ - qu'il fut converti à la nouvelle foi. Anne Lombard-Jourdan le cite dans son dernier livre,  Aux origines de Carnaval :

« Ce saint hypothétique a focalisé sur sa personne bien des particularités d'autres figures, ce qui n'a fait qu'ajouter à son succès. En France, il empunta à Cernunnos. Dès le VIIème siècle, il était honoré en région parisienne et on le représentait aux murs des églises, peint ou sculpté et d'une taille gigantesque. On l'invoquait contre la mort et surtout la mort subite par la foudre ou la peste. Le bâton sur lequel il s'appuyait reverdissait et se couvrait de fleurs et de fruits quand il le plantait en terre. Les artistes mettent parfois à ses pieds des serpents “ dont les hagiographes ne savent comment expliquer la présence, mais qui pourraient bien indiquer le pouvoir bienfaisant de ces images. 1” » (p. 278, Odile Jacob, juin 2005).

Je rappelle que la statue de Jupiter trouvée à Saint-Christophe-le-Chaudry est semblablement accompagné d'un personnage anguipède.

Je note aussi que dans la légende Christophe est supplicié, puis décapité sous l'ordre d'un roi du nom de Dagnus... Parfaitement inconnu en dehors de ce récit rapporté par Jacques de Voragine dans sa Légende Dorée : « Christophe lui dit : « C'est à bon droit que tu t'appelles Dagnus *, parce que tu es la mort du monde, l’associé du diable; et tes dieux sont l’ouvrage de la main des hommes. » 

Les transcripteurs du texte ne savent d'ailleurs quelle signification donner à ce nom de Dagnus :

« * Damné ou danger ? ou plutôt dague, poignard ? »

Ce nom réprouvé de Dagnus ne serait-il pas plutôt la marque de la volonté des créateurs de la légende de creuser l'écart avec le mythe-source dont il fallait se démarquer, incarné naïvement et de façon à peine voilée par le Dagda celtique ?

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1Pierre Saintyves, cité par J.-C. Schmitt, Le Saint lévrier, Paris, 1979, p.207. Voir la peinture murale provenant de l'église Notre-Dame et conservée au musée de Semur-en-Auxois (Côte-d'Or). Fabienne Joubert, « Le saint Christophe de Semur-en-Auxois. Jean de Bruges en Bourgogne ? », Bulletin monumental, t.150, II, 1992, pp.165-177, fig. 1 et 6.

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07 décembre 2005 | Lien permanent | Commentaires (4)

Saint Christophe, Pantagruel et Gargantua

« Gargantua en son aage de quattre cens quattre vingtz quarante & quattre ans engendra son fils Pantagruel de sa femme nommée Badebec fille du Roy des Amaurotes en Utopie, laquelle mourut de mal d'enfant: car il estoit si grand & si lourd, qu'il ne put venir à lumiere, sans ainsi suffocquer la mere. Mais pour entendre pleinement la cause et raison de son nom qui luy fut baillé en baptesme: Vous noterez que celle année il y avoit une si grand seicheresse en tout le pays de Affricque, pour ce qu'il y avoit passé plus de xxxvi. moys sans pluye, avec chaleur de soleil si vehesmente, que toute la terre en estoit aride. Et ne fut point au temps de Helye plus eschauffée que fut pour lors. »

(Rabelais, Pantagruel, Ch.2)

Le bon géant saint Christophe aurait-il quelque chose à voir avec Pantagruel ? C'est ce que suggère Rémi Schultz dans un passionnant article sur la gématrie rabelaisienne, en citant lui-même Claude Gaignebet et son livre paru en 1986, A plus hault sens,, chez Maisonneuve et Larose : « L’une des thèses les plus ambitieuses sur l’œuvre de Rabelais est celle de C. Gaignebet, dont une hypothèse fondamentale est la naissance de Pantagruel le 25 Juillet, jour de la St Jacques et de la St Christophe, seul saint géant, indiquée selon lui par une accumulation de signes. »

Pantagruel naît, on l'a vu, en période de canicule (latin, canicula). C'est le lieu de rappeler que ce nom est issu du latin canis, chien, et que Sirius, la plus belle étoile de la constellation du Grand Chien, annonçait l'été dans l'Egypte ancienne. Or, saint Christophe était parfois représenté avec une tête de chien, « notamment, signale Anne Lombard-Jourdan, sur les icônes byzantines. »1 Par ailleurs, la légende précise qu'il vient du pays de Chanaan (quelle que soit la véritable étymologie du nom, on ne peut s'empêcher d'y lire la racine canis).

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Saint Christophe Cynocéphale
Musée byzantin, Athènes

Plus largement, c'est non seulement avec Pantagruel mais aussi avec Gargantua que Christophe présente des accointances certaines, comme G. Bertin l'a remarqué :

« Dans le Maine et Loire, notons un culte à saint Christophe du Bois et saint Christophe de la Couperie. A Saumur, on admirait autrefois une statue de St Christophe de 7m de haut en l'église St Pierre du marais, détruite en 1793. D'une façon générale, sa statue avait tendance à grandir au porche des églises, 28 pieds à paris, 29 à Auxerre, 36 à Strasbourg. A Chacé, la Pierre fiche (ou peulvan) serait un grain de sable tombé de l'un des sabots de St Christophe lorsqu'il les secoua en mettant le pied dans la prairie, le lien avec Gargantua est ici évident. A Angers, le passeur géant surveillait le passage à la Porte Chapelière en tête des ponts. Il présidait à la Bonne Mort . On le voit aussi au Lion d 'Angers.

Le plus célèbre de ses pèlerinages est à Saint Christophe du Jajolet, dans l'Orne, au croisement de deux itinéraires de deux chemins montais, Paris-Le Mont Saint Michel et Orléans-Le Mont, sa chapelle est établie près de la mare de Grogny, creusée par Gargantua, lorsque le géant voulut faire la butte funéraire du Hou. »

Dans la même région de l'Ouest, le village de Bouzillé s'honore d'une truculente histoire : la butte sur laquelle il est bâti serait l'oeuvre de Gargantua : il aurait mis ainsi un terme à la dispute des habitants de Liré et de Saint-Florent-le-Vieil, qui se déchiraient sur la question de savoir lequel des deux bourgs était situé à égale distance de Nantes et d'Angers. Posant le pied gauche sur Saint-Pierre de Nantes et le droit sur Saint-Maurice d'Angers, rabattant son haut-de-chausses, il aurait déposé un étron de belle facture au mitan des deux localités. « Bouze y est ! » aurait crié la foule.

Or, sur un forum de la Société de Mythologie Française de septembre 2003, Guillaume Oudaer, étudiant en histoire à Lille 3, signale que cette anecdote a trouvé un écho dans ses propres recherches, lesquelles portaient sur la bataille de Mag Tured entre les Tuatha Dé Danann (les dieux celtiques irlandais) et les Fomoires ("les géants démoniaques") :

« En effet, dans ce texte, on nous dit que le Dagda (auquel l'article mythologique sur Gargantua propose une possible assimilation) aurait été amené, après une altercation ayant une consonance grotesque que l'on retrouve dans les aventures de Gargantua, à déverser en un lieu le contenu de ses intestins, le postérieur enfoncé dans la Terre, comme dans un sillon.
A mon humble avis, ce motif qui semble à la fois commun à l'Irlande et à la France et que l'on retrouve chez deux personnages forts semblables est un argument qui va dans le sens d'une identification de Gargantua à un avatar de l'équivalent gaulois du Dagda irlandais.
»

Cette dernière précision nous permet en quelque sorte de boucler la boucle : une chaîne symbolique relie avec une cohérence difficilement contestable différentes figures de géant, à savoir le Dagda, saint Christophe, Pantagruel et Gargantua.

En guise de conclusion provisoire, je m'avise maintenant que le site même de l'Arnon convient merveilleusement à la thématique développée jusqu'ici : ces gorges, dont l'entrée est somme toute gardée par le Jupiter de Saint-Christophe-le-Chaudry, font référence étymologiquement au latin populaire gorga, variante du bas latin gurga « gosier » (Vième siècle), du latin classique gurges « tourbillon d'eau », « gouffre, abîme », et, au sens figuré, « gosier ». Rappelons que c'est là, selon Rabelais, l'origine du nom Gargantua :

« Le bonhomme Grantgousier beuvant, et se rigollant avecques les aultres entendit le cris horrible que son filz avoit faict entrant en lumière de ce monde, quand il brasmoit demandant à boyre/ à boyre/ à boyre/ dont il dist, que grant tu as, supple le gousier. Ce que oyans les assistans, dirent que vrayment il debvoit avoir par ce le nom Gargantua, puis que telle avoyt esté la première parole de son père à sa nativité, à l'imitation et exemple des anciens Hebreux. A quoy fut condescendu par icelluy, & pleut tresbien à sa mère. Et pour l'appaiser, luy donnèrent à boyre à tirelarigot, et feut porté sus les fonts, et là baptisé, comme est la coustume des bons christians. »(Gargantua, ch. 6)

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1Elle renvoie en note à Pierre Saintyves, Saint Christophe, successeur d'Anubis, d'Hermès et d'Héraclès, Paris, 1936, p.55 et à Henri Gaidoz, « Saint Christophe à tête de chien en Irlande et en Russie », Mémoires de la Société nationale des Antiquaires de France, t.76, 1924, pp.192-218, ill.

D'autre part, Jean Richer, dans son livre Iconologie et Tradition (Guy Trédaniel, 1984), consacre une section de chapitre à saint Christophe Cynocéphale (pp. 212-213). La quatrième de couverture est d'ailleurs illustrée par la reproduction de l'icône du Musée byzantin d'Athènes.

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13 décembre 2005 | Lien permanent | Commentaires (2)

Du nouveau sur saint Martin

Lire l'article Baxter 3 : De Nouans à Nohant, sur le site Alluvions.

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02 juillet 2019 | Lien permanent | Commentaires (1)

Saint Edme, Saint Louis et la couronne d'épines

C'est dans l' abbaye cistercienne de Pontigny que Thomas Becket séjourna presque deux années, de 1164 à 1166, après avoir été accueilli à Sens par Hugues de Toucy. Pontigny se fit d'ailleurs une spécialité de l'accueil de prélats anglais, puisque après Thomas Becket elle reçut deux autres évêques de Cantorbury, à savoir Etienne Langton et Edmond Rich, le futur saint Edme. Ce dernier, en conflit lui aussi avec le roi, avait quitté l'Angleterre en 1240. Malade, il meurt au monastère de Soisy, près de Provins, le 16 novembre 1242. Son corps est alors ramené à Pontigny, où il repose dans le chevet. Il est rapidement canonisé, en 1246. « Son mausolée, écrit Jean-François Leroux-Dhuys, encombre aujourd'hui le sanctuaire de l'église mais il témoigne de l'importance du pélerinage qui vénéra le saint pendant des siècles, chaque année à la Pentecôte. » (Les abbayes cisterciennes, Editions Place des Victoires, 1998, p.298)

C'est en recherchant des informations supplémentaires sur ce saint Edme qui m'était inconnu encore hier que je suis arrivé sur le site de la commune de Villeneuve-l'Archevêque.

Il y est écrit que « les moines de Pontigny y passèrent lorsqu'ils transportèrent le corps de l'archevêque de Cantorbery, futur Saint Edme, de Soisy à Pontigny. » Peut-être le village doit-il d'ailleurs son appellation au souvenir de ce passage ?

A noter aussi que peu de temps avant, en 1239, Saint Louis y accueillit la Couronne d'Epines du Christ qu'il avait achetée à Baudoin II de Constantinople. Le 10 août, avec ses frères et l'archevêque de Sens, il était allé au devant de cette précieuse relique qu'il déposa le jour même en l'abbaye de Saint Pierre le Vif. Très précisément c'est dans le hameau de Maulny le Repos, où existait une maison forte que la jonction eut lieu. Or, Maulny le Repos appartient à la commune de Bagneaux, sise à deux kilomètres de Villeneuve l'Archevêque, et qui plus est sur la limite exacte des départements de l'Yonne et de l'Aube.

 

Saint Louis vénérant la couronne d'épines (Leduc, 1832)

La réception de la couronne d'épines fut un événement tellement considérable à l'époque qu'on ne peut pas croire que le choix du lieu était innocent. Observons tout d'abord que l'on se situait ici à la frontière du domaine royal et du comté de Champagne.

Saint Louis avait certainement dû négocier avec le puissant comte de Champagne pour fixer la réception de la couronne d'épines sur la limite même des deux territoires. La relique avait pu ainsi traverser sans péril les terres de Champagne. Un accord du même type entre les deux puissances royale et comtale avait certainement présidé au siècle précédent à la destinée de Villeneuve : « Même si dès le Paléolithique des hommes laissèrent des traces d'occupation du site, ce ne fut que vers le milieu du XIIème siècle que fut fondée Villa super Vennam (qui devint Villa Nova Domini Archiepiscopi super Vennam) dans une zone assez marécageuse, en bordure de l'ancienne voie romaine et aux confins du domaine royal et du comté de Champagne.
Fait surprenant en effet, cette ville neuve fut créée en Champagne à l'initiative des moines de Saint Jean de Sens dont l'abbaye était en terre française. Son territoire exigu fut constitué aux dépens des paroisses de Molinons, Bagneaux et Flacy. Elle reçut vite la protection de Guillaume aux blanches mains, archevêque de Sens mais aussi fils de Champagne. Villeneuve sur Vanne dépendit dès lors de deux seigneurs : le comte de Champagne et l'archevêque de Sens, les moines de Saint Jean ne conservant que les bénéfices de la cure.
»

Mais autre chose attira mon attention : situant la ville sur la carte Michelin, je m'aperçus que l'abbaye de Vauluisant en était très proche. D'ailleurs la seigneurie de Bagneaux appartenait en propre aux abbés de Vauluisant.

A suivre, bien sûr.

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14 septembre 2005 | Lien permanent

De Sucellus à saint Roch

Hypothèse : à Levroux, le culte païen marqué par un templum opulentissum et éradiqué par saint Martin ou saint Silvain, était rendu à Sucellus, le dieu celtique au maillet. Divinité que J.J. Hatt définit comme simultanément sidérale et chthonienne.

Sidérale : son alliance, voire sa fusion, avec Taranis, le Jupiter gaulois, « nous est prouvée de façon formelle, par un certain nombre d'images figurant sur des monnaies gauloises des IIIe et IIe siècles avant J.C. Sur une monnaie attribuée aux Unelli, le maillet de Sucellus apparaît, lancé au bout d'un ruban ondulé, par le conducteur d'un cheval. Ce dernier domine lui-même un chaudron, qui est, comme nous le verrons, un attribut probable de Sucellus. Cette image exprime, au revers d'une médaille dont l'avers porte une tête humaine stylisée, assimilable à celle de Taranis, le lancer de la foudre par un auxiliaire du dieu sur la terre, afin d'en obtenir des effets bénéfiques, notamment par le jaillissement des sources, conséquence directe de la pluie fertilisante. » (Mythes et Dieux de la Gaule, II, p. 13.) Plus largement, J.J. Hatt montre que c'est aussi avec une divinité préceltique, le Mars indigène, que Sucellus s'est confondu ; et à la question de savoir sur quel domaine a eu lieu la rencontre, il écrit que c'est « vraisemblablement par l'intermédiaire du culte des sources, qui, comme l'a bien prouvé E. Thévenot, est une des attributions majeures du dieu indigène. »

Ceci confirme bien entendu le rôle central des sources dans le système cultuel de Levroux : Hatt précise encore un peu plus loin que l'«association ou la fusion de Taranis avec Sucellus-Silvain est tout à fait conforme à ce que nous ont révélé les monnaies gauloises. En réalité, si Jupiter est parfois tout à fait assimilé à Sucellus, il arrive plus souvent que le couple Jupiter-Sucellus-Silvain ou Vulcain complète l'action sidérale venue d'en haut, par une action sur les sources, venue d'en bas. » (op. cit. p. 15.) Des têtes de maillet percées et encochées ont servi d'ex-voto dans les sanctuaires de sources (Bouze, Dijon, Largillière).

 

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Le chien de saint Roch (collégiale Saint-Silvain)

Nous retrouvons là cette communication entre le haut et le bas sur laquelle nous avons inauguré notre investigation levrousaine, en venant de Vatan. Il semble donc bien qu'elle ne date pas du christianisme, mais qu'elle s'origine profondément dans les temps les plus anciens, cette mise en relation des abymes avec le paradis. Le côté infernal de la ville mis en évidence par les légendes de saint Martin et saint silvain apparaît aussi très clairement dans l'assimilation de Sucellus à Sérapis, dieu égyptien assimilé à Hadès, « à partir d'une certaine époque, probablement le début du IIe siècle ». Sur certains bas-reliefs, le maillet est entouré d'un serpent, ce qui exprime la maîtrise des Enfers. Un autre indice est la présence fréquente d'un chien sur les stèles dédiées à Sucellus. « Chez les Triboques, le chien à une seule tête est remplacé par Cerbère, le chien à triple tête gardien des Enfers. Cet animal a une signification chtonienne et funéraire. Je pense qu'il constituait une défense , sur le plan psychologique, contre la crainte inspirée aux fidèles devant la mort, par le mythe du monstre carnassier androphage. Le chien, compagnon fidèle et amical de l'homme, est aussi compagnon du dieu protecteur des morts, il aide le défunt à travers les espaces dangereux, parsemés de périls où règnent les monstres dévorants qui le séparent de son dernier séjour. » (op. cit. p. 21.)

 

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On peut maintenant se demander si le célèbre saint Roch, saint qui fut longtemps le plus populaire de nos campagnes, ne serait pas un avatar de Sucellus. Son bourdon (bâton de pèlerin) qui est son signe le plus distinctif n'est pas sans rappeler la longue hampe du maillet du dieu celtique. Et que dire du chien qui le suit fidèlement et avec qui il est invariablement représenté ? Et l'ange qui l'accompagne ne fait-il pas lui aussi, pour le soigner, jaillir une source ?

Serons-nous surpris de le retrouver sur un tableau, à l'intérieur même de la Collégiale Saint-Silvain ?

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15 avril 2006 | Lien permanent | Commentaires (9)

Ne pas oublier Saint-Sulpice

Marc Lebeau dans un courriel personnel finit par ces mots : "Je suis avec toujours autant d'intérêt vos pérégrinations zodiacales, de Genoux en Ambroix pour finalement boucler la boucle à Bourges, ville du 17 janvier ?! (Saint Sulpice et Saint Genou !)"

Merci, Marc, de me rappeler l'existence de saint Sulpice. Je l'ai déjà évoqué* à plusieurs reprises, mais j'avais oublié ce détail cardinal : ce  saint beaucoup plus célèbre que Genou et Ambroix est fêté un 17 janvier. Or, comme Marc le mentionne, c'est l'une des deux dates où Genou lui-même est fêté (avec le 20 juin, date donnée par Mgr Villepelet).

Ceci ne fait donc que renforcer ce lien consubstantiel que Saint-Genou noue avec Bourges, car saint Sulpice est le saint de Bourges par excellence.

Un autre détail mérite attention :  c'est un autre saint, Outrille, évêque de Bourges précédant Sulpice, qui admet celui-ci dans son clergé, avec le consentement du roi Théodoric et qui l'ordonne prêtre. Or, la petite paroisse de Saint-Aoustrille, (autre forme du nom Outrille), près d'Issoudun, se situe juste au-dessus de l'axe Saint-Genou-Saint-Ambroix.

 

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 Peinture murale de Banize (Creuse)

Eglise Saint-Sulpice de Bourges 

 

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*Par exemple, ici, dont je donne l'extrait suivant :"Je ne pense pas que beaucoup de parisiens savent que la tradition le fait naître à Vatan...

Parents illustres, famille de premier rang, premières années à la cour de Bourgogne, les commentateurs insistent sur le voisinage royal de Sulpice (surnommé le Pieux ou le Débonnaire, à cause de la douceur de son caractère). Pourquoi placer le berceau de ce noble rejeton dans ce bourg obscur de Vatan ? Et si, outre le riche symbolisme, on l'a vu, qui s'y attachait, c'était parce que Vatan est à la fois sur le méridien de Neuvy et sur le parallèle de Bourges, dont le siège épiscopal  échut à Sulpice par nomination royale ?"

 

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24 septembre 2007 | Lien permanent

Des clochers tors à Saint Phallier

"Anciennement, les bornes des routes et même les arbres avaient la signification de phallus et pour Bouvard et Pécuchet tout devint phallus. Ils recueillirent des palonniers de voiture, des jambes de fauteuil, des verrous de cave, des pilons de pharmacien. Quand on venait les voir, ils demandaient : " A qui trouvez-vous que cela ressemble ?"  puis, confiaient le mystère et si l'on se récriait, ils levaient, de pitié, les épaules."

Gustave Flaubert (Bouvard et Pécuchet, ch.4)


La collégiale  de Saint-Outrille présente la particularité d'avoir  un clocher tors, c'est-à-dire un clocher avec une flèche en spirale. Ce caractère est voulu ou bien accidentel, à la suite d'un vieillissement ou d'un mauvais séchage du bois. Dans le cas de Saint-Outrille, c'est une construction tout à fait volontaire, une prouesse dans l'art de la charpente avec cette  torsade "d'origine de 1/16e de tour de la gauche vers la droite sur les deux tiers de sa hauteur avant de terminer tout droit".

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Les clochers tors (ou flammés) sont rares, mais il en existe tout de même une soixantaine en France. On peut d'ailleurs en admirer un autre dans la proche localité  de Nohant-en-Graçay (église Saint-Martin).

Une association  s'est même constituée à la fin des années 80 et c'est précisément le maire de Saint-Outrille qui a organisé le 1er rassemblement des représentants des villes et villages s'honorant d'un clocher tors.

Des légendes courent sur l'origine des clochers tors et Saint-Outrille n'est pas en reste. Une première légende affirme  que la flèche se redressera lorsque trois jeunes filles vierges du village se marieront dans l'église le même jour (on avait donc l'air de penser que ce ne serait pas demain la veille...) La seconde est rapportée ainsi sur le site de la commune :
"Un jour, on aperçut le diable dans le village. Aussitôt, les braves villageois se mirent en devoir de lui donner la chasse. Le diable se réfugia sur le clocher. Une vaillante commère entreprit de l'en déloger et commença l'escalade. Le diable, sentant son refuge menacé, sauta dans le verger avoisinant. Mais sa queue se prit dans la flèche et la tordit de telle façon que, de nos jours, elle demeure vrillée ...."

Ces légendes transpirent  bien sûr une forte connotation sexuelle. Et, poursuivant mon idée sur les bétyles,  je me demandai alors si ce clocher tors n'était pas en quelque sorte  l'homologue occidental d'un lingam oriental, cette pierre dressée en l'honneur de Shiva et ayant le plus souvent apparence de phallus ?

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De plus, la découverte sur la carte IGN d'un lieu-dit Saint-Phallier aux portes de Graçay me portait irrésistiblement vers cette hypothèse. Mais n'étais-je pas victime du syndrôme de Bouvard et Pécuchet ?


(A suivre)

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Coïncidence : on lira avec profit le beau billet de Jean-Marc Bellot, Le corps des chimères : il y évoque précisément les flèches spiralées des monuments de Borromini et Gaudi : "En sortant de cette visite, encore tout à la griserie de ce que j'avais vu, je marchai en cercles concentriques autour de Sant'Ivo. Comme hypnotisé, mon regard cherchait sans cesse la lanterne en forme de flèche spiralée, avec ses flammes pétrifiées, ses piques en fer forgé. Une Pentecôte inversée, où le génie muet de l'homme s'élèverait en réponse au don des langues. Deux mouvements ignés en sens contraire pour renouer l'alliance avec le divin. Proprement hallucinant."

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01 octobre 2007 | Lien permanent | Commentaires (2)

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