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28 mai 2005

Martial et Mithra, même combat

« Bull and cave themes are found in Christian shrines dedicated to the archangel Michael, who, after the officialization of Christianity, became the patron "Saint" of soldiers. Many of those shrines were converted Mithraea, for instance the sacred cavern at Monte Gargano in Apulia, refounded in 493. It is hard to avoid the conclusion that the Mithras cult was transferred to the previously unvenerated archangel.
Bull and crypt are linked in the Christian saint Saturnin (frequently "Sernin" or "Saturninus") of Toulouse, France. The Mithraeum is retained as a crypt under his earliest church, evocatively named "Notre-Dame du Taur
."


Je n'ai donc rien inventé : mon hypothèse reliant Saint Sernin de Toulouse au culte de Mithra, je l'ai retrouvée exprimée ce soir même dans l'article du Wikipedia anglo-saxon sur le Mithraïsme, beaucoup plus complet que son homologue français.

A la légère déception d'avoir été précédé dans l'émission de l'idée, a succédé heureusement le plaisir de se voir d'une certaine manière confirmé. Je me sens d'autant plus tenté maintenant de compléter mon interprétation mithraïque du personnage de saint Martial. J'ai déjà écrit que par son nom – Martial - il me semblait correspondre au troisième grade de l'initiation (miles), celui du soldat. Il faut rappeler aussi que ce sont essentiellement les légionnaires romains qui ont propagé cette religion orientale. Robert Turcan, par exemple, a montré le lien étroit entre le culte de Mithra et le réseau de colonies et de voies militaires de la vallée du Rhône (le christianisme suivra d'ailleurs le même axe de pénétration).

Je verrai volontiers dans le souci récurrent de la crypte et du souterrain chez les moines bâtisseurs de Saint Martial de Limoges la marque de la filiation avec l'héritage mithraïque, le souvenir du mithraeum édifié sous la terre ou dans le rocher. Bien entendu, il ne faut pas supposer une démarche consciente chez les religieux de l'époque romane, le symbolisme originel était sans aucun doute perdu, remplacé par un autre puisant en réalité aux mêmes sources essentielles : « (...)l'architecture des temples et maisons n'a de sens qu'en tant qu'elle est une reproduction symbolique des structures cosmiques, tant statiques que dynamiques. La cave des demeures, ou simplement leur sol, la crypte des églises, les salles enténébrées des soubassements des temples, communiquent avec les Grandes Eaux de l'Abîme, et aussi avec la Grande Terre Mère. » (Gérard de Champeaux, dom Sébastien Sterckx, Introduction au Monde des Symboles, Zodiaque, p. 58)

Les mêmes auteurs, spécialistes du monde et de l'art roman, retrouvent d'ailleurs quelques lignes plus loin la thématique ouverte avec le signe du Taureau : « La plupart des peuples soulignent cet aspect de Mystère Vivant que prennent à leurs yeux les régions inférieures, en faisant d'un animal mythique le support de la terre : simple expression symbolique d'une intuition très profonde. (...) Chez les peuples du Caucase, en partie en Egypte, et là où l'Islam a étendu son influence, on retrouve le taureau comme support de la terre : le taureau est universellement reconnu comme un symbole en rapport avec la chaîne eau-terre-fécondité-femme. »

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La résurrection d'Austriclinien


M'intriguent aussi les deux compagnons de Martial, saint Alpinien et saint Austriclinien. Comme Martial, ils sont clairement désignés par Grégoire de Tours comme prêtres orientaux. Ces deux noms si proches phonétiquement me font furieusement penser aux noms des deux dadophores (porteurs de torches) qui se dressaient de part et d'autre soit de l'accès au couloir central du mithraeum, soit de Mithra lui-même. L'un tenait sa torche levée (Cautès), l'autre sa torche abaissée (Cautopatès). De même, Alpinien et Austriclinien, ayant survécu à Martial, sont ensuite enterrés à ses côtés dans la crypte Saint Martial.

« Suivant les régions et les climats du monde romain, souligne Robert Turcan (E.U, 12, 365), Cautès s'identifie avec la période verdoyante, Cautopatès avec la période stérile de l'année, ou inversement. D'autres symbolismes concernant la descente des âmes dans le monde terrestre et leur remontée au ciel peuvent s'être greffés sur cette imagerie, comme le suggèrent les recherches (très contestées) de Leroy A. Campbell) »

Interrogeons donc maintenant les étymologies d'Alpinien et d'Austriclinien. (A suivre)

01:55 Publié dans Taureau | Lien permanent | Commentaires (0)

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