20 juin 2005
De l'importance du Berry
« Légendes et traditions furent, en Irlande, mieux protégées que sur le continent. Mais il existe aussi en France une région qui fut tenue relativement à l'écart des agressions diverses, un isolat où il s'avère que furent mieux conservées les croyances et les traditions du terroir. Il s'agit du Berry où les habitants, paysans pour la plupart, les perpétuèrent plus longtemps qu'ailleurs, loin des grandes routes d'influence. Les moeurs et coutumes de cette contrée différaient tellement, au XVIIIe siècle encore, de celles du reste du royaume que Victor Riqueti, marquis de Mirabeau, pouvait conseiller au roi Louis XV « de réunir le Berry à son empire au lieu de conquérir des provinces étrangères » (L'ami des hommes, 1756). « Cette contrée, écrit de son côté Laisnel de la Salle en 1875, quoique située au beau milieu de la France, ne semble réellement avoir été découverte que de nos jours. » L 'indifférence à l'égard de l'Eglise, constatée au XIXe siècle dans cette région, a pu être attribuée au fait qu'elle ne fut jamais complètement christianisée. Ce lieu conservatoire fut le refuge d'où Charles VII, le « roi de Bourges », résista aux Anglais. C'est en Berry que refirent surface, en leur temps, Gargantua et Mélusine. La plupart des auteurs qui furent nos guides ont un lien avec le Berry et le Poitou : ce sont Pierre Bersuire, Jean d'Arras et Couldrette, Rabelais, Henri Baude, du Fouilloux et autres. »
(Anne Lombard-Jourdan, Aux origines de Carnaval, Odile Jacob, p.235)
Voici donc, extrait de ce livre acheté samedi matin dans ma bonne librairie Arcanes, des lignes essentielles qui renforcent, s'il en était besoin, ma conviction profonde que cette région que j'étudie, et où j'ai l'heur de vivre, est dépositaire d'une tradition ancestrale, perpétuée par les Celtes Bituriges (étymologiquement les rois-du-monde) et entretenue au moins jusqu'à la Renaissance. J'espère trouver dans cet ouvrage prometteur de nouvelles pistes d'interprétation.
Je me suis également offert ce même jour un autre ouvrage paru très récemment : Histoires de saints, Leur rôle dans la formation de l'Occident, par Aviad Kleinberg (Bibliothèque des Histoires, Gallimard, avril 2005). Etant donnée la place qu'occupent les vies de saints dans la géographie sacrée, je ne peux qu'être curieux de ce qu'en rapporte cet historien des religions et professeur à Tel-Aviv.
Deux volumes sur lesquelles j'aurai très certainement l'occasion de revenir dans les prochains jours, après ce passage promis par la botanique astrologique.
00:20 Publié dans Omphalos | Lien permanent | Commentaires (0)
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