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13 juin 2006

Les enfants du marais

Les mégalithes ne sont pas le seul point commun entre les lieux Dolus. Il en existe au moins un autre, d'ordre géographique. Reprenons l'inventaire.

Mont-Dol, Dol-de-Bretagne : « On passe, écrit Jacques-Pierre Amette, devant la cathédrale de Dol, on suit une descente goudronnée parmi des maisons basses aux teintes chocolatées, on glisse sous la nationale 176 qui va de Pontorson à Dinan, la grande route à quatre voies de pénétration de la Bretagne nord ; on découvre alors un espace infini et si plat qu'il en miroite : le marais de Dol. Magique. »

Dolus d'Oléron : Le marais aux oiseaux, situé aux Grissotières, « est à la fois un parc animalier à vocation pédagogique mais aussi un centre de sauvegarde et une réserve de faune sauvage. »

Déols : « Les mentions faites de marais -paludis – indiquent assez son action déterminante sur la nature du terrain : l'Indre décrit ici « des méandres divagants s'inscrivant dans une large vallée marécageuse, à fond plat et à pente très faible »1
De vastes prairies -
pratum Longum, pratum Ubarense – sont cernées par ses nombreux bras morts. Un ruisseau coule parallèlement à son lit, avec lequel il communique par plusieurs bras avant de s'y jeter ; il emprunte son nom au Montet - Monte Batolio – escarpement calcaire qui borde la vallée de l'Indre. C'est sur la rive droite de cette vallée que s'est formée une agglomération humaine -villa Dolis-, au point de rencontre de la rivière et du ruisseau. » (Patricia Duret, La sculpture romane de l'abbaye de Déols, Issoudun, 1987, p. 19.)

medium_marais.jpgLa proximité de marais se vérifie donc sur ces trois lieux Dolus. La signification mythique du marais ne fait aucun doute : lieu de la matière indifférenciée, il joue dans la Grèce antique, nous dit le Dictionnaire des Symboles, le même rôle que le labyrinthe. Glastonbury, en Angleterre, qui passe pour l'ancienne île d'Avalon, s'est édifiée au-dessus des marécages.

Pour résumer, le dol serait en somme un espace surplombant un marais, un affleurement naturel de roche que les hommes sur-signifient en y implantant des mégalithes, et plus tard, des autels et des églises.

Et Dolus-le-Sec, me direz-vous ? Point de marais dans le proche voisinage, certes. Mais le village n'est qu'à dix kilomètres au nord-ouest de Loches, la cité royale avec son donjon et sa collégiale Saint Ours (qui n'est pas sans nous rappeler évidemment le saint Ursin berruyer). Or, Loches se serait nommée dans l'Antiquité Castrum Locae, le « Camp des Marais ».

Point commun entre Loches et Dolus : leurs églises ont été semblablement fondées au Vème siècle par le second successeur de saint Martin à la tête de l'évêché de Tours, saint Eustoche, si l'on en croit Grégoire de Tours, dans le dixième livre de l'Histoire des Francs :

« Le cinquième fut Eustoche, homme saint et craignant Dieu, de naissance sénatoriale. On dit qu’il institua des églises dans les bourgs de Brisay, d’Iseure, de Loches et de Dol. Il bâtit aussi, dans les murs de la cité, une église dans laquelle il plaça les reliques des martyrs saints Gervais et Protais, apportées d’Italie par saint Martin, comme le raconte saint Paulin dans son épître. Il tint dix-sept ans le siège épiscopal , et fut enterré dans la basilique qu’avait élevée l’évêque Brice sur le tombeau de saint Martin. » (C'est moi qui souligne.)

C'est le même Grégoire de Tours qui fait mention pour la première fois de Déols comme Vicus Dolensis.

medium_beaulieu-les-loches.jpg
Clocher de Beaulieu-lès-Loches

 Ce rapprochement que j'opère entre Déols et Loches, par le biais de Dolus, se trouve enfin renforcé par la très forte parenté entre le clocher de Déols et celui de Beaulieu-lès-Loches, aux portes de Loches, comme son nom l'indique, parenté relevée dans l'étude très fouillée de Patricia Duret :

« Si l'abbatiale de Déols puise aux sources aquitaines son inspiration, sa situation en marge des pays de la Loire la tient cependant en contact avec d'autres formes. L'étonnante similitude du clocher de Déols avec le clocher de Beaulieu-lès-Loches, du milieu du XIIe siècle, en témoigne : même volume, à la fois élancé et robuste, mêmes baies géminées en plein-cintre sur les quatre faces de l'étage des cloches -baies exemptes d'arcs de décharge mais enrichies par de nombreuses voussures et colonnettes -, mêmes colonnes logées dans les angles de la tour quadrangulaire, mêmes corniches pour parachever la composition. » (op. cit. p. 64.)

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1G. Coulon, J.N Delétang, M. Garraut, R. Pécherat, J. Tournaire, Histoire de Châteauroux et de Déols, Roanne, 1981, p. 7.

00:35 Publié dans Capricorne | Lien permanent | Commentaires (5)

Commentaires

Bonsoir,

Vous mentionnez Glastonbury. Permettez-moi ici dans ce blog dédié à la géographie sacrée et aux projections zodiacales sur un territoire, de souligner l’importance historique de ce lieu dans l’histoire de ces disciplines et de rendre hommage à une pionnière dans ces matières.

En 1927, une anglaise, Mme Katherine Maltwood a effectué un travail minutieux pour mettre au jour un zodiaque terrestre centré sur un lieu proche de la colline sacrée (que l’on dit par ailleurs être le lieu de repos du Graal apporté ici par Joseph d’Arimathie). Ce zodiaque, très géographique, est inscrit sur le sol et fait apparaître, aux dires de Mme Maltwood, les figures du bestiaire zodiacal par le tracé des haies, reliefs, chemins, cours d’eau, fossés, divisions parcellaires, etc. Il s’agissait d’une première dans le domaine de la Géographie sacrée.

Cf. les liens suivants :

http://www.faktis.com/wiki/fr/gl/Glastonbury.htm et http://www.labyrinthina.com/zodiac.htm

Écrit par : Marc Lebeau | 13 juin 2006

Merci, Marc, pour ces informations. Je ne connaissais absolument pas Mme Maltwood ; c'est en cherchant sur la symbolique du marais que je suis parvenu à Glastonbury. Dommage que l'on ne puisse avoir des documents plus précis, en français, pour examiner de plus près cette théorie. Sur le net, la glane est très pauvre, mais c'est hélas le cas de presque toute la géographie sacrée.

Écrit par : Robin | 15 juin 2006

Bonjour Robin,

Non, je ne connais pas de livre ou document en français sur K. Maltwood.

Je la connais depuis que j'ai acquis le livre de Janet et Colin Bord "Mysterious Britain", chez Paladin, 1974. Ce livre, bien qu'en anglais, consacre une dizaine de pages faisant bien le point sur le système mis au jour par K. Maltwood : l'essentiel y est.

Je peux vous envoyer les pages scannées si cela vous intéresse mais pour cela, pouvez-vous me redonnez votre mel (disparu dans la tourmente électronique de mon ordinnateur de fin 2005 !) ?

Écrit par : Marc Lebeau | 17 juin 2006

Bonsoir Robin ,

Le titre de votre note n'est-il pas aussi le titre d'un film ?

Nous arrivons àl'été et sommes toujours en Capricorne ...
C'est en tout cas toujours agréable .

Écrit par : colette | 18 juin 2006

Bien vu, Colette. En fait, le titre est une fine allusion à Jacques Villeret, qui tient un des rôles importants du film de Jacques Becker. Or, Villeret est Lochois d'origine...

L'été arrive, c'est vrai, et moi qui pensais boucler au solstice, je crois bien que je suis encore loin du compte... Merci de me suivre encore à contre-saison...

Écrit par : Robin | 18 juin 2006

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