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05 octobre 2009

Puychevrier et les Grandmontains

Ces derniers temps, j'ai plus arpenté les livres que les paysages, cependant je n'oublie pas ceux-ci, et quand l'occasion est donnée de pousser plus avant la connaissance  de quelque site, j'essaie de la saisir aux cheveux... La dernière journée du patrimoine, au mois de septembre, m'a ainsi permis de découvrir un merveilleux endroit qui n'existait encore pour moi que comme un nom anodin sur la carte : il s'agissait du prieuré de Puychevrier, à 12 kilomètres environ du Blanc, entre Ingrandes et Mérigny, sur la rive gauche de l'Anglin.

Personne ne m'ayant vanté les mérites du site, n'ayant jamais rien lu sur lui, je m'y suis rendu sans plus de conviction, presque résigné à me contenter des vestiges d'un couvent peut-être transformé en grange, sollicitant plus l'imagination du promeneur que l'observation attentive. Je me trompais : dès l'abord du hameau, je fus heureusement surpris de la vaste place herbeuse qui en constituait le coeur, et l'entrée dans l'enceinte fermée du prieuré m'enthousiasma immédiatement. Une longue allée arborée conduisait aux bâtiments bellement restaurés. Une réelle sérénité régnait là, cette sérénité des monastères ayant gardé la simplicité que j'imagine être celle des origines.

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La fondation de Puychevrier remonte à 1181, il relevait de l'ordre de Grandmont fondé au XIème siècle par Etienne de Muret, près d'Ambazac, dans le Limousin. Les religieux de cet ordre, les Grandmontains,  suivaient une règle austère qui stipulait le silence absolu en dehors des offices, des jeûnes fréquents et la quête d'aumônes auprès des paysans. Mais il semble qu'ils redistribuaient aussi beaucoup, car ils furent surnommés les Bonshommes (comme les Cathares méridionaux). Bien sûr, comme dans tous les ordres monastiques, il y eut des crises et la simplicité originelle de l'ermite Etienne fut battue en brèche avec la croissance rapide de l'Ordre. Il périclita tellement qu'il fut supprimé en 1772 par une bulle de Clément XIV, échappant ainsi de peu aux foudres de la Révolution*.

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Dans l'Indre, il existait cinq prieurés. J'ai déjà évoqué deux d'entre eux, celui de Lourdoueix Saint-Michel, dont il ne reste plus guère que la trace toponymique, et celui de l'Epeau, au bord de la même rivière Anglin. Je m'aperçois d'ailleurs qu'à cette occasion, je mentionnais que ce prieuré dont il ne reste plus aucun vestige relevait justement de Puychevrier. Ces deux sites entrent donc dans des configurations symboliques de la géographie sacrée. Qu'en est-il donc de Puychevrier, seul prieuré indrien rescapé des désastres du temps ?

Pour l'instant, je constate seulement qu'il se situe sur l'axe Saint-Savin - Pouligny Saint-Pierre, cette fameuse diagonale qui passe au Saint-Fleuret, la stèle funéraire de Sauzelles.

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* Sur l'histoire de l'Ordre et les monuments encore existants, on lira avec intérêt le livre de Gilles Bresson, Monastères de Grandmont, Guide d'histoire et de visite, aux éditions d'Orbestier.