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12 mai 2005

Visite à Jovard

Je suis allé à Jovard. Après un samedi de grisaille, c'était un bonheur que de rouler dans la lumière de la campagne bélâbraise. La chapelle, de belles dimensions, semblait nous attendre paisiblement dans son carroir fleuri. Le ruisseau en contrebas se glissait entre les feuillages, dans la lenteur des prairies piquetées d'or. Et, contrairement à Nesmes et à Saint-Hilaire, le portail était ouvert et nous pûmes à loisir goûter la paix de l'édifice. Un petit historique dans le narthex confirmait les notes que j'avais retrouvées voici quelques jours sur le pélerinage de Jovard, issues de la lecture d'un autre précieux volume du Florilège de l'eau en Berry, de Jean-Louis Desplaces.

Selon la légende, les moines du prieuré voisin de l'Epeau, jaloux de la statue de la Vierge à l'Enfant possédée par le prieuré de Jovard, auraient soudoyé un malfaiteur pour qu'il la vole.Le malandrin, surpris en flagrant délit par la colère divine, aurait été foudroyé à la limite des deux prieurés, au lieu-dit le Magnoux. Une source jaillit alors à cet endroit, d'où la statue s'échappa des bras de son ravisseur.
Selon une autre tradition, ce serait là que la Vierge se serait arrêtée la troisième fois. En tout état de cause, elle serait retournée seule à la chapelle de Jovard après s'être reposée sept fois. Chacune des haltes est marquée par une croix.

Le pélerinage reprend cet itinéraire avec ses sept stations. Mgr Villepelet (cité par J.L. Desplaces): « Parfois, avant le lever du soleil, des pélerins avaient déjà fait leur « voyage », c'est-à-dire leurs visites aux sept croix du chemin de la Bonne Dame. »

Il s'agit maintenant de voir ce que peut recouvrer cette légende du vol de la statue. Examinons les sites concernés sur une carte plus précise que celles dont je me suis servi jusqu'ici : la carte IGN au 1/25 000 de Bélâbre (c'est toujours pour moi une plongée merveilleuse que la découverte d'une nouvelle carte : des lieux nouveaux apparaissent comme par enchantement, des noms, des chemins, des accidents du paysage imprévus qui ouvrent un nouvel horizon, de nouvelles pistes d'interprétation).

Il n'y a plus trace du prieuré de l'Epeau qui relevait de l'abbaye de Grandmont en Limousin puis de celle de Puychevrier en Berry : un lieu-dit garde le nom. L'alignement avec Jovard passe par un autre minuscule lieu-dit, une seule habitation nommée curieusement Salomon. Or, elle est non seulement équidistante des deux sites mais elle se situe exactement sur l'axe Luzeret-Béthines.
Quant au Magnoux, sa position détermine un triangle rectangle Epeau-Magnoux-Jovard.

medium_jovard-carte2.jpg


Je repense alors au dernier commentaire de LKL sur l'extrait de Ph. Jaccottet :

« Pendant plus de 6000 ans le carré barlong a chanté le sacré sur la surface du monde, bien avant le mètre étalon, de l'Egypte, à la Chine jusqu'a Stonehenge.

Depuis que certains "modernes" ont (volontairement) ouvert la colonne du Temple de Salomon et rejeté la coudée, qui se soucie du sens secret de la mesure, de son symbole et de la musique des racines et des nombres?
»


Encore une fois, il rencontre de façon prémonitoire l'objet de mon enquête...

Salomon est le centre du cercle passant par Jovard, le Magnoux et l'Epeau. Une nouvelle Roue se laisse donc percevoir, dont on remarquera qu'elle s'inscrit harmonieusement dans la courbe même que décrit la rivière Anglin, entre La Forge et Bélâbre.

medium_carte-jovard3.jpg


D'autres questions se posent : l'Epeau ne cacherait-il pas l'Epona celtique ? L'axe Epeau-Jovard conduit en tout cas à la Gastevine puis à Bois Pictaveau, qui rappelle les Pictons (ou Pictaves) gaulois, dont on a vu les liens avec la déesse aux chevaux.
Que signifie la présence de ce hameau dit Carthage, à la sortie du chemin de l'Epeau ?
Il me faudrait également relever le circuit exact des sept croix (deux seulement sont signalées sur la carte).

Il faudra revenir à Jovard.


00:40 Publié dans Bélier | Lien permanent | Commentaires (1)

Commentaires

"Je suis allé à Jovard": tiens, c'est amusant, moi aussi. Et le même jour, qui plus est. Nous aurions persque pu nous y rencontrer. Cela ne fut sûrement pas le cas, sinon vous n'auriez quand même pas eu la goujaterie d'oublier ma présence et vous eussiez écrit "nous sommes allés à Jovard". Forcément...

Écrit par : moâ | 12 mai 2005

Les commentaires sont fermés.