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29 mars 2010

Astres et cadastres

Dans ma dernière note, en recherchant des tables pour les azimuts du lever de soleil à une date quelconque de l'année, de par la grâce de la sérendipité, je suis tombé sur plusieurs études sur la centuriation romaine. La centuriation est définie dans la notice que lui consacre Wikipédia comme " le schéma géométrique du plan d'une ville et du territoire agricole environnant, utilisé dans le monde romain, qui était tracé à l’aide des instruments d’arpenteurs, dans chaque nouvelle colonie."

J'ai découvert ainsi un article paru en 2002  dans la revue Histoire et Mesure, aux éditions de l'EHESS, intitulé Approche géométrique des centuriations romaines. Les nouvelles bornes du Bled Segui, rédigé par un collectif d'auteurs (Lionel R. Decramer, Rachid Elhaj, Richard Hilton et Alain Plas). Des mêmes auteurs, on pourra lire également La grande carte de l'Afrique romaine. Genèse d'une découverte. Si je résume grossièrement, il semblerait que les géomètres romains aient établi une carte (forma) de cette vaste région de l'Empire en traçant des cadastres orientés astronomiquement. La colline de Byrsa, près de Carthage, aurait servi d'observatoire initial, de point de départ pour le calcul de tous les azimuts. Certaines bornes dites gromatiques (du nom de l'instrument dit groma servant à déterminer les axes de la centuriation), retrouvées dans le paysage nord-africain, ont contribué de par leur position à reconstituer le système.

 

groma-1_650.gif

(Utilisation de la groma)

Image tirée du site aqueducs-romains.fr

Ceci m'a entraîné à découvrir tout un nouveau domaine de recherche appelé archéogéographie, qui cherche actuellement à s'imposer dans le paysage de la recherche universitaire. Un site, dirigé par Gérard Chouquer, directeur de recherche au CNRS, se veut le miroir des travaux publiés sous cette égide. Tout ceci est bien sûr passionnant, mais il me faudra du temps encore une fois pour parcourir les données rassemblées par ces nombreuses études très fouillées et souvent ardues techniquement.

Des questions se posent immédiatement : quel rapport entre cette nouvelle discipline et la géographie sacrée ? Le triangle de Saint-Just a-t-il quelque chose à voir avec une centuriation romaine ? Le cadastrage antique, s'il est avéré, se place-t-il en opposition, en complémentarité ou en superposition avec la trame géosymbolique que nous arpentons depuis quelques années ? Je me doute bien que les archéogéographes universitaires ne verraient que pures conjectures et divagations fantaisistes dans mes propres relevés, mais il m'intéresse de mon côté, discrètement, de les confronter à leurs propres hypothèses. Il est déjà intéressant de voir démontrée la capacité des géomètres antiques de baliser l'espace sur des centaines de kilomètres, comme cela semble être le cas en Afrique au moins.

Ceci dit, a-t-on relevé des centuriations en Berry ? Des études existent-elles sur le sujet ? Je m'en suis inquiété et j'ai trouvé une thèse portant sur un espace rural en Berry, un micro-secteur dans la région de Sancergues, dans le Cher. Je l'ai parcouru rapidement sans y trouver d'éléments essentiels pour mon propos. Mais il se peut très bien que je sois passé à côté d'une étude valable, et le net n'abrite pas forcément toutes les ressources sur le sujet.

 

 

Commentaires

La notion de cartes, c'est-à-dire de *projection* (et du choix d'une métrique, en général, plane ou quadratique) d'un environnement perçu est fort intéressant... quant à "la trame géosymbolique" elle est aussi importante dans la relation au Cosmos, sinon plus, que sa simple réduction à un espace à deux ou trois dimensions métriques... car le symbole n'est-il pas une représentation d'objets multi-dimensionnels bien peu métriques...

Quant aux modernes "universitaires", du moins certains, je crois leur manque de "religio" avec *l'Univers* devrait plutôt leur faire emprunter la voie de l'humilité...

Écrit par : Matière du Chaos | 18 avril 2010

Cher Robin,

Comme vous évoquez les Romains, vous touchez là une de mes marottes... Quant à l’histoire de la naissance de la ville éternelle, c'est un poème à lui seul.

Une louve (une prostituée - lupa, lupanar), deux frères. Un boeuf. Car il faut un boeuf pour tracer le sillon qui délimitera les pourtours de la cité. Obsession de la frontière.

Ce sillon, il est appelé "pomerium". Romulus, le "rex", ou encore tireur de trait définit l'espace sacré par ce qui le délimite. Et quand son frère jumeau, facétieux, s'enquiert de sauter d'un côté et de l'autre du trait, il est reconnu sacrilège. Car, c'est bien connu, on ne joue pas avec le pur et l'impur. On ne rit pas avec les rites.

Le roi laissé seul va ensuite diviser. D'est en ouest, il trace le décumanus. Du nord au sud, il trace le cardo. Du cardo (pivot) vient le cardinal... Comme quoi, dès l'origine, on voit poindre les principes de la Rome chrétienne.

Alors pour revenir à votre question initiale - connaître l'existence de sites berrichons marqués par le travail de géomètres-astronomes romains - je procèderais par approximations. D'abord, existe-t-il des villes ou villages ayant gardé les vestiges d'un tracé typiquement romain ? Et de là, j'irais de conjecture en hypothèse pour m'orienter... avec ou sans l'aide des astres ou du cadastre.

Bonne journée.

Jean-Marc

Écrit par : Jean-Marc | 04 janvier 2013

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