23 mai 2005
Cartes du ciel
Elles n'infirment, ni ne confirment mon hypothèse sur la nature mithraïque du martyre de Saint Sernin, mais elles sont un témoignage supplémentaire de la richesse historique de la basilique toulousaine. Elles, ce sont les deux cartes du ciel situées dans la galerie inférieure nord. En vrai amoureux des cartes, je ne pouvais les passer sous silence. C'est ma recherche actuelle qui m'a fait découvrir inopinément leur existence à travers un article de Bernard Ducourau, conservateur du patrimoine, initialement paru dans le numéro 22 de la revue Monumental en septembre 1998.
A côté d'une première carte en grande partie illisible, une autre « conservée dans sa plus grande partie représente l'univers dans sa conception qui prévaut jusqu'à De Revolutionibus de Copernic en 1543. La terre est au centre d'un Univers composé de douze cercles concentriques. Les six premiers portent un astre, nommé en latin : Luna Lobus, la lune ; Luna Mercuris, Mercure ; Circulum Venusis, Vénus ; Casa Solis, le Soleil ; Sfera Martis, Mars ; Celium Jovis, Jupiter. Le septième cercle est la trajectoire de Saturne. L’astre, invisible sur la partie conservée du cercle, a été vraisemblablement situé à l'endroit d'une lacune, au droit du soleil. Le cercle suivant est constitué d'une multitude d'astres disposés à peu près tous les 10° : la « barrière des étoiles fixes », qui clôt l’univers stellaire. Quatre cercles suivent : le premier est le Premier mobile, qui donne à l'univers son mouvement rotatif. Les trois autres peuvent correspondre aux sphères célestes où siègent les neuf catégories d'anges (3). Sur le dernier, le douzième, Empyrée, limite de l'univers, trône Dieu, ici non représenté.
Trois continents sont nommés sur la Terre, sans tracé géographique : Europa, Africa, et Asia. Un axe nord-sud partage la Terre. »
Ce qui est remarquable, c'est la position probable de Saturne : « Si la disposition approximative des astres tous les 60 ° avait été respectée, ajoute en note B. Ducourau, Saturne aurait été en bas à gauche de la carte. Or, à cet endroit, en bon état de lisibilité, il n'apparaît aucune trace de figuration. Deux hypothèses à ce manque : soit le peintre a oublié de porter Saturne, ce qui paraît peu probable, cet oubli pouvant avoir été corrigé par la suite ; soit la planète se situait là où aujourd'hui se trouve une importante lacune, au-dessus du soleil, en haut et au centre de la carte. Cette localisation à première vue illogique pourrait s'expliquer par la volonté de placer dans une position d'évidence l'astre d'où découle le nom du saint patron de l’édifice. »
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