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25 mai 2005

L'ombre et la lumière

Tilly, non loin de Lignac, pratiquement sur l'alignement Nesmes-Château-Guillaume, était le siège d'une abbaye de l'ordre de Cîteaux, fondée en 1146 et nommée La Colombe.

Un aspect essentiel du monde des symboles se révèle ici, le principe de bipolarité qui veut que chaque symbole, comme l'explique Jean Chevalier dans son introduction au Dictionnaire des Symboles, « de quelque dominante qu'il relève, possède un double aspect, diurne et nocturne. Le monstre, par exemple, est un symbole nocturne en ce qu'il avale et dévore ; il devient diurne, en ce qu'il transforme et recrache un être nouveau ; gardien des temples et des jardins sacrés, il est à la fois obstacle et valeur, nocturne et diurne. (XXV) »

La Colombe, découverte en Bélier à l'issue d'une assez longue traque, est, ne l'oublions pas, oiseau de Vénus, qui n'est autre que la planète maîtresse de Balance, le signe opposé. Avec Balance, à l'équinoxe d'automne, la nuit reprend le pas sur le jour.

Cette dualité est concrètement évoquée à travers un axe Bélier-Balance s'originant à Tilly et son Eglise Notre-Dame. Jalonné par le hameau du Colombier, l'église Saint-Pierre de Chaillac, le château de la Prune-au-Pot, l'église Saint-Saturnin de Ceaulmont, il rase après Neuvy un autre lieu-dit Le Colombier avant d'atteindre celui du Chassin, et les villages de Saint Chartier et Verneuil-sur-Igneraie (église Saint-Hilaire). Jeu de miroir avec cette simple chapelle du Haut-Verneuil qui constitua notre premier témoin d'importance. Le Chassin, lui, possédait un château-fort, aujourd'hui disparu. Son nom, en tout cas, est tiré de celui du chêne en gaulois, cassanos. Or, c'est sur le chêne que se tiennent les colombes de l'Enéide, c'est sur le chêne qu'est cueilli le gui, c'est-à-dire le rameau d'or. Jean Beaujeu note à propos de ces textes de l'Enéide « que la mythologie du gui, très pauvre en Italie, était riche dans les pays celtiques et germaniques ; le gui passait pour avoir une puissance magique : il permet d'ouvrir le monde souterrain, éloigne les démons, confère l'immortalité et, détail propre aux Latins, est inattaquable au feu. Tout se passe comme si Virgile avait adopté un thème de son pays natal (la plaine du Pô avait été occupée pendant plusieurs siècles par les Celtes), en lui donnant un caractère latin par la consécration à Proserpine. » (Dictionnaire des Symboles, art. Rameau d'or, p.801).

Comme Enée, nous allons désormais pouvoir poursuivre notre périple en entrant, en ce qui nous concerne, dans le signe du Taureau, signe de Terre, et précisément, selon les termes de l'astrologie traditionnelle, domicile nocturne de Vénus.

En définitive, nous ne faisons ici que vérifier une forte intuition de Guy-René Doumayrou qui, enquêtant sur les régions mentionnées dans la légende de Mélusine, s'étonnait que les domaines de la fée, Marche et Poitou, soient désertes en images d'ombre : « Peut-être, mais il faudrait pouvoir s'appuyer sur des témoins plus stables que des statuettes de bois ou même de pierre, une géographie de l'ombre et de la lumière, relative au culte de la Dame, existe-t-elle, reprenant une giration parallèle à celle de la roue toulousaine » (G.S., pages 265-266).

Quelle terre pouvait mieux constituer le moyeu d'une telle roue sinon le Bas-Berry, ouvert à l'ouest sur le Poitou et au sud sur la Marche ?

01:05 Publié dans Bélier | Lien permanent | Commentaires (0)

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