01 juillet 2005
La Tour du Boucher
En descendant le ruisseau de Lavaud - autrefois nommé l'Aire (Gémeaux n'est-il pas signe d'air ?) - qui suit de près la perpendiculaire Measnes-Aubepierre, on découvrira une étrange tour ruinée que j'appellerai, faute de mieux, la Tour du Boucher, d'après le nom de la ferme la plus proche. Elle se dissimule dans un bois de chênes et de châtaigniers, dernière trace d'un ancien château-fort, avec une cave voûtée qu'une seule ouverture sombre dans le tapis de feuilles mortes signale encore.
Un blason est gravé dans la pierre au fronton de la porte : un blason vivré, encadré par deux initiales. L'usure de la pierre n'empêche pas d'y reconnaître un P et un C.
Sans doute sont-ce là les initiales de quelque ancien seigneur du lieu, il reste que la coïncidence avec les propres initiales des Dioscures est troublante. De toute façon, une explication n'efface pas forcément l'autre : on peut très bien avoir donné tel nom à telle personne en vertu de cette nécessité supérieure de contribution au plan d'harmonie.
Les deux vivres du blason n'évoquent-elles pas de leur côté le caducée du maître des Gémeaux, c'est-à-dire Mercure ? En héraldique, la vivre ou guivre n'est autre qu'un gros serpent tandis que le caducée, rappelons-le, est une baguette autour de laquelle s'enroulent deux serpents en sens inverse. « La légende du caducée, explique le Dictionnaire des Symboles (p.153), se rapporte au chaos primordial (deux serpents se battent) et à sa polarisation (séparation des serpents par Hermès), l'enroulement final autour de la baguette réalisant l'équilibre des tendances contraires autour de l'axe du monde, ce qui fait parfois dire que le caducée est un symbole de paix. Hermès est le messager des dieux et aussi le guide des êtres dans leurs changements d'état, ce qui correspond bien, remarque Guénon, aux deux sens ascendant et descendant des courants figurés par les deux serpents. »
Encastrée dans le mur d'une grange appartenant à la ferme qui surplombe le site, une sculpture en pierre blanche bien érodée, provenant manifestement des ruines du château, nous apporte une ultime confirmation. Elle représente certainement un seigneur et sa femme. Ils se substituent ici aux Gémeaux, ainsi que dans certains zodiaques qui, au lieu des deux frères habituels, figurent un homme et une femme.
(BNF, LAT 18014)
fol. 3
Petites Heures de Jean de Berry
France, Paris XIVe s.
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