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07 novembre 2005

Le rayon d'or

Suite au commentaire de Colette, j'ai changé la catégorie de la note précédente : la vallée de larmes, pour s'originer à Montgivray, ne s'en déployait pas moins pour l'essentiel sur le secteur Vierge. Nous allons voir aujourd'hui un autre alignement qui, lui, relève exclusivement de Balance et justifiera quelque peu, de par sa nature, l'appellation du lien que notre fidèle lectrice a eu la bonté d'imaginer pour le présent site. Je l'ai nommé, cet alignement, le rayon d'or. Pour la bonne et simple raison qu'il relie, à partir du centre même - Neuvy Saint-Sépulchre - les bourgs d'Orcenais et d'Orval, le lieu-dit l'Ormeray et surtout l'ancien prieuré d'Orsan, fondé par Robert d'Arbrissel.

 

 

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J'ai déjà évoqué ce lieu dans une note consacré à l'autre Léger, l'archevêque de Bourges, qui meurt précisément à Orsan le 31 mars 1120. Sur les circonstances de la fondation par Robert d'Arbrissel, voici ce qu'on peut lire sur un excellent document présentant le jardin d'inspiration monastique médiévale, créé en ce lieu par les architectes Sonia Lesot et Patrice Taravella, aidés du jardinier Gilles Guillot :

«C’est au début du XIIe siècle que fut fondé le prieuré d’Orsan. Robert d’Abrissel, créateur de l’abbaye de Fontevraud, parcourait l’année 1111 le Berry, en visite chez un de ses compagnons de la première heure, Pierre de l’Etoile, qui venait de fonder sur les rives de la Creuse le monastère de Fontgombault. Le siège épiscopal de
Bourges était alors occupé par Leodegaire ou Léger qui souhaita rencontrer ce célèbre évangélisateur et le persuada de créer dans sa province un prieuré de son Ordre. Orsan, lieu marécageux donc inculte et de grande solitude , fut choisi probablement en raison de son appartenance au seigneur de Châteaumeillant, Allard ou Adelard de Guillebault. Robert d’Arbrissel installa tout d’abord ses religieuses et religieux dans des constructions de bois ainsi qu’il l’avait fait auparavant à Fontevraud et reprit bientôt la route, confiant Orsan à sa première prieure, Agnès de Châteaumeillant. Sous sa direction éclairée et sous la protection de Léger, le prieuré d’Orsan prospéra. Léger devint l’ami de Robert ; il s’installa une maison de campagne près du prieuré et les seigneurs du voisinage firent d’importantes donations. Le prieuré devint puissant, disposant d’une grande fortune qui avait bien sûr pour origine le renom et l’aura de son créateur. Remarquablement géré par les prieures successives, de ces possessions, outre le revenu en argent, découlait une grande puissance morale. Orsan était alors un lieu très fréquenté, affaires temporelles ou pèlerinages au coeur de Robert, et de grandes foires s’y tenaient. La prieure avait donc un rôle important. La communauté l’élisait pour trois ans et cette nomination était ratifi ée par l’abbesse de Fontevraud. Les prieures avaient charge de faire appliquer la règle de l’Ordre double fontevriste avec pour principe premier, un monastère unique divisé en deux cloîtres distincts et séparés, l’un destiné aux religieuses, l’autre aux religieux, les religieux étant soumis aux religieuses.»

Comme Fontevraud et Villesalem, Orsan est situé sur une zone frontalière, comme en témoigne encore cet extrait de la carte de Cassini. Son implantation n'est donc pas uniquement dûe à sa position en vallée marécageuse et à son caractère de grande solitude, ici franchement exagérée.

 

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Orsan est aussi particulièrement important dans la biographie de Robert d'Arbrissel puisque c'est là que l'inlassable prédicateur rend l'âme à Dieu, le 25 février 1116 , peu après être tombé gravement malade en voyage le 18 février. Comme il fallait s'y attendre, on se dispute âprement sa dépouille. Son corps regagne Fontevraud le 7 mars 1116 où il est enterré à droite du maître autel de l'abbatiale, contrairement à ses vœux, semble-t-il. Son coeur seul reste à Orsan.

Le rayon d'or marque, par rapport à Neuvy Saint-Sépulchre, la direction du soleil levant à l'entrée du signe du Taureau (zodiaque temporel). D'où, peut-être, la présence du village d'Orsennes dans le secteur Taureau. Il s'établit ainsi comme un jeu entre les deux systèmes de références observables d'un lieu terrestre quelconque. Pour ne pas s'y perdre, il s'agit de ne pas les confondre : « Le système zodiacal (...), explique Guy-René Doumayrou, est une projection du cercle de l'écliptique sur le cercle de l'horizon terrestre où n'évoluent que des astres spirituels. Il ne traduit pas les mêmes rapports que l'éventail des visées de levers et couchers des luminaires physiques, sur l'horizon occidental et oriental. Il relève les correspondances symboliques entre le ciel fixe et la terre limitée par son horizon et considérée comme un disque, ou mieux, un carré plan, tandis que les visées astronomiques n'intéressent qu'une étroite portion de l'horizon, en une série de positions dont les plus extrêmes sont celles du solstice d'été au nord et du solstice d'hiver au sud des positions médianes équinoxiales, est et ouest. » (op. cit. p. 43-44). Le rayon d'or relève de cette seconde modalité, mais son inscription en Balance le fait participer également de la première : Balance et Taureau sont gouvernés par Vénus.

Et l'on n'oubliera pas que Robert d'Arbrissel fut celui qui donna pouvoir aux femmes sur les hommes, ainsi que le rappelle un site du CNRS :

« Robert d'Arbrissel, qui ne connut jamais de culte manifeste, a en revanche été l'objet des interprétations les plus diverses de la part des historiens : défenseur des exploités pour les uns, promoteur de l'émancipation de la femme pour les autres. Son itinéraire spirituel, qui explique l'étrangeté de la fondation de Fontevraud, est sans doute plus complexe : choisissant de soumettre ses frères aux sœurs par sens de la pénitence, il n'en ouvre pas moins des voies nouvelles pour les femmes, sous le patronage de Marie Madeleine. »

00:30 Publié dans Balance | Lien permanent | Commentaires (2)

Commentaires

Madame, Monsieur
je suis à la recherche des tomes 1 et 2 "le florilège de l'eau en berry"
de Jean-Louis Desplaces, et je ne sais ou les trouver ; peut etre pourriez vous m'indiquer une librairie ou une adresse pour trouver ces ouvrages
à l'avance merci

Écrit par : malot michel | 11 novembre 2005

Ces livres, publiés dans les années 80, ne sont plus en vente. Une recherche rapide sur le web m'apprend qu'un exemplaire se trouve à Bourges, au Jardin des Lettres (voir le lien suivant http://www.livre-rare-book.com/Matieres/dd/3218.html). Ils sont disponibles en prêt à la médiathèque de Châteauroux.
Je ne puis vous aider davantage, j'en suis désolé.
Bien à vous.

Écrit par : Robin Plackert | 11 novembre 2005

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