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30 janvier 2006

Le voyage alchimique (3)

De Compostelle, Flamel choisit de revenir par mer. Le pilote de la nef hermétique sera son ami et initiateur, Maître Canches, en réalité symbole du soufre blanc, de même que Flamel se représente sous les traits du mercure, sujet des Sages. Semblablement, nous reviendrons à Cluis en suivant la rive droite de la Bouzanne, passant par Limanges, puis par Mouhers qui, au XIIIe siècle était « Moers » et incarnait donc cette Mer philosophique contenant le fruit du Mariage des deux principes : Ange, Mercure double, Hermaphrodite, Androgyne, autant de noms désignant le Rebis (littéralement : chose-deux), matière prochaine de la Pierre Philosophale. « Dans l'allégorie classique, note Philippe Audoin (Bourges, cité première, p. 261), le Rebis est le poisson qui nage dans la Mer philosophique – l'échinéïs remora qui a tout pouvoir « d'arrêter le vaisseau ». Le terme de vaisseau devant s'entendre à la fois du contenant et du contenu, cet arrêt marque la fixation définitive du composé dont la première volatilité est enfin conjurée. » Or, le blason des Gaucourt, seigneurs de Cluis au XVème siècle, est semé d'hermines, à deux bars adossés de gueules : ces bars sont poissons de mer et participent de la même cabale phonétique que l'ours (bear) du duc de Berry (d'ailleurs on a vu que sa soeur Marie, avec qui il commande l'histoire de Mélusine à Jehan d'Arras est duchesse de Bar). Relevons aussi le fait que ces armes contiennent les trois couleurs fondamentales du Grand Oeuvre, à savoir le noir, le blanc et le rouge (gueules, en héraldique), qui marquent les trois étapes de la réalisation et du perfectionnement de la Pierre.

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Ces trois couleurs apparaissent après que la matière obtenue ait été, explique Philippe Audoin, « tirée de son eau-mère et placée dans l'oeuf (elle est oeuf elle-même) c'est-à-dire dans un matras de verre épais, hermétiquement luté. Ce ballon va prendre place dans le fourneau (l'Athanor) où il sera maintenu, des jours durant, à la température égale, modérée, qui convient à une couvaison. C'est la coction. » Et c'est merveille, bien sûr, de découvrir sur la route qui mène de Mouhers au château de Cluis-Dessous, le hameau du Fourneau, lié à la présence d'un haut-fourneau sur la Bouzanne.

 

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Qu'il soit attesté seulement depuis le XVIIIème siècle n' arrêtera pas notre marche rêveuse, nous trouverons même, plus près de nous encore, la marque de l'ouverture de ce livre fermé dont nous étions partis, à travers la création, en 1959, de ce festival du Livre Vivant (ainsi était-il nommé à l'origine, même s'il ne porte plus ce nom aujourd'hui) donné sous les étoiles, à l'intérieur des ruines de la forteresse de Cluis-Dessous. Ainsi furent montés, par exemple, « Quatre-Vingt-Treize », « Les Misérables », « Notre-Dame de Paris », « Ivanhoé », « « Les Chardons du Baragan », « Jacquou le Croquant », « Aliénor »... et dernièrement, en 2004, « Martin Guerre ».

Sans le savoir, la vieille cité retrouvait là, dans l'enceinte en miroir du Bouvier céleste, sa vocation essentielle : livre de vie, livre de pierre, dont le message est toujours actuel, à qui sait ouvrir ses pages. George Sand, elle-même, passant une nuit en ces lieux, y rêva longuement, comme en témoigna son ami Charles-Robin du Vernet.

 

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Il ne nous reste plus (si l'on peut dire, car la tâche sera à reprendre infiniment) qu'à décrypter cette partie de l'axe fondamental qui, partant de Neuvy, s'exalte à Bourges.

00:45 Publié dans Omphalos | Lien permanent | Commentaires (0)

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