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25 janvier 2006

Le voyage alchimique (2)

Suivons sur notre droite le déambulatoire. La troisième colonne engagée est remarquable à plus d'un titre : sa base, contrairement à celle des autres colonnes, est cubique et sculptée sur trois faces. « On y reconnaît sur les côtés, écrit Jean Favière (Berry Roman, Zodiaque, p. 140), des animaux fabuleux de profil, la tête de face pour l'un, la tête retournée vers l'arrière pour l'autre ; sur la face antérieure, deux personnages que l'on a cru être des lutteurs sont disposés de part et d'autre d'une sorte de tige. »

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Ne serait-ce point là l'image du combat de nos deux principes, cette phase de putréfaction de la Matière Première souvent symbolisée par des dragons affrontés ? Dans les figures de Nicolas Flamel, par exemple, dragon sans ailes (figurant le soufre fixe) et dragon ailé (figurant le mercure volatil) sont ainsi mis face à face.

 

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Au chapiteau de cette colonne engagée nous découvrons des coquilles Saint-Jacques, mérelles de Compostelle, que nous ne retrouverons que sur la neuvième colonne engagée, laquelle fait face à celle que nous venons de voir et indique ainsi un axe Bélier-Balance. Or, Doumayrou a signalé que Saint-Jacques de Compostelle - « ce finisterre de Galicie qui est le point le plus avancé vers l'Occident » (G.S. p. 91) – est situé dans le prolongement de l'alignement Toulouse-Saint-Jean-de-Luz, qui n'est autre qu'un axe Bélier-Balance. Ce qui montre encore une fois la connivence profonde entre Neuvy et Toulouse.


Au portail occidental de la cathédrale de Chartres, une statue du XIIème siècle citée par Fulcanelli recèle un ésotérisme similaire : « C'est un grand vieillard de pierre, couronné et auréolé, -ce qui signe déjà sa personnalité hermétique, - drapé dans l'ample manteau du philosophe. De la main droite, il tient une cithare et élève de la gauche une fiole à panse renflée comme la calebasse des pélerins. Debout entre les montants d'un trône, il foule aux pieds deux monstres à tête humaine, enlacés, dont l'un est pourvu d'ailes et de pattes d'oiseau (...). La calebasse, qui renferme la breuvage du pérégrinant, est l'image des vertus dissolvantes de ce mercure, cabalistiquement dénommé pèlerin ou voyageur. C'est, dans les motifs de notre cheminée [Fulcanelli parle ici de la cheminée du grand salon du château de Terre-Neuve, autre demeure philosophale], ce que figurent aussi les coquilles de Saint-Jacques, appelées aussi bénitiers parce qu'on y conserve l'eau bénite ou benoite, qualifications que les Anciens ont appliquées à l'eau mercurielle. Mais ici, en dehors du sens chimique pur, ces deux coquilles apprennent encore à l'investigateur que la proportion régulière et naturelle exige deux parts du dissolvant contre une du corps fixe. De cette opération, faite selon l'art, provient un corps nouveau, régénéré, d'essence volatile, représenté par le chérubin ou l'ange qui domine la composition. Ainsi la mort du vieillard donne naissance à l'enfant et lui assure la vitalité. Philalèthe nous avertit qu'il est nécessaire, pour atteindre le but, de tuer le vif afin de ressusciter le mort. « En prenant, dit-il, l'or qui est mort et l'eau qui est vivante, on forme un composé dans lequel, par une brève décoction, la semence de l'or devient vivante, tandis que le mercure vif est tué. L'esprit se coagule avec le corps, et tous les deux se putréfient sous forme de limon, jusqu'à ce que les membres de ce composé soient réduits en atomes. Telle est la nature de notre Magistère. » (Fulcanelli, op.cit. pp. 339-340) »

 

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Que l'on me pardonne cette longue citation, mais sans elle on ne saurait comprendre le rôle insigne du château de Limanges, situé sur la voie du retour vers Cluis, (il eut l'honneur, dit-on, de recevoir Louis XIII, lors d'une chasse). Ce nom – Limanges - est à lire cabalistiquement comme l'ange issu du limon. Et c'est un autre auteur hermétique cité par Fulcanelli et nommé – doit-on être étonné par la coïncidence ? - Limojon de Saint-Didier, qui nous donne une clef d'interprétation des onze colonnes de la rotonde :

« Vous ne devés pas ignorer que notre vieillard est notre mercure ; que ce nom lui convient parce qu'il est la matière première de tous les métaux ; le Cosmopolite dit qu'il est leur eau, à laquelle il donne le nom d'acier et d'aimant, et il adjoute, pour une plus grande confirmation de ce que je viens de vous découvrir : Si undecies coït aurum eo, emittit suum semen, et debilitatur fere ad mortem usque ; concipit chalybs, et generat filium patre clariorem (Si l'or se joint onze fois à elle (l'eau), il émet sa semence et se trouve débilité jusqu'à la mort ; alors l'acier conçoit et engendre un fils plus clair que son père. » (Lettre aux Vrays Disciples d'Hermes, dans le Triomphe Hermétique, p. 43).

Il nous reste maintenant à explorer ce que j'ai nommé la voie du retour.

01:00 Publié dans Omphalos | Lien permanent | Commentaires (0)

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