Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

16 août 2010

Ce qui reste de jour

Dans la seule vraie librairie qui reste à Châteauroux, portant le beau nom d'Arcanes, j'ai découvert la semaine dernière Etincelles III, un livre écrit par François Cassingena-Trévedy, un moine de Ligugé. Je n'en avais jamais entendu parler, ni du livre, ni de l'auteur, mais il m'a suffi d'ouvrir le volume et de lire quelques lignes pour aussitôt avoir la certitude que ce livre-là, il me le fallait, il correspondait à ce que j'avais besoin de lire à cette époque-ci. Ce sont fragments, aphorismes, pensées, consignées au fil des saisons et des repères de l'année liturgique, en une langue somptueuse, chargée de poésie. La Bible, les Evangiles y sont sans cesse interrogés, examinés, médités, sans que cela rebute l'agnostique que je continue d'être. Je ne saisis pas tout, je l'avoue, et bien des passages me restent obscurs, mais j'avance tout de même chaque jour, à tâtons souvent, dans ces Etincelles qui méritent si bien leur nom, car elles ne cessent d'illuminer la nuit où nous errons.

etincelles-cassingena.jpg

Il se trouve que l'évangile le plus cité par l'auteur est celui de saint Luc. Ce qui m'a donné envie de le, je n'ose dire relire, car il me semble que je ne l'avais jusque-là pas vraiment lu, et pourtant, en décembre 2000, je l'avais acheté en une autre librairie aujourd'hui disparue, dans la collection éditée par Le serpent à Plumes et Mille et Une Nuits, sous la forme d'un petit opus à dix francs préfacé par Linda Lê.

Là-dessus, hier, je me rends comme chaque année à Angles-sur-Anglin pour la Foire du Livre. Chaque fois, c'est la chasse au trésor, et j'y chargeai ma besace entre autres de Dhôtel, Gracq, Dickinson, et puis, en dernier lieu, d'un volume du Journal de Julien Green, Ce qui reste de jour, 1966-1972. J'avais acheté il y a longtemps, chez un bouquiniste de  Dijon, le volume précédent, Vers l'invisible, et voici que la suite me faisait signe, d'autant plus que la citation en exergue, qui donne son sens au titre, est tirée de saint Luc : "Reste avec nous, car il se fait tard, et déjà le jour baisse." (XXIV, 29)

Le soir-même, je reprends là où je l'avais abandonnée la lecture de François Cassingena-Trévidy. Or je tombe immédiatement sur le fragment suivant :

"Ils le pressèrent en disant : Reste avec nous, car il se fait tard, et déjà le jour baisse..." (Luc, 24,29) - Ils lui demandaient à demi-mot de les protéger contre l'offensive, contre l'invasion des ténèbres qu'ils secrétaient eux-mêmes comme une humeur maligne. L'homme, l'homme tout seul se fait tellement d'ombre à lui-même ! (p. 138)

sed1.jpg

Commentaires

Contente de te lire à nouveau.
Hasard objectif?
Tu lis l'espagnol?
J'ai une amie mexicaine dont la devise est : fortis imaginatio generat casum.
Envie de Brenne, d'amis, de marches en forêt, de petites fritures d'étangs...
A bientôt, ami,
SD

Écrit par : sylvie durbec | 17 août 2010

Plaisir moi aussi de te retrouver, Sylvie. Contrairement à ce qu'on pourrait croire,
je lis mieux l'espagnol que le latin, aussi ne suis-je pas très sûr de ma traduction de la devise de ton amie mexicaine. Heureusement Google me vient en aide et je vois que Montaigne en fait l'incipit du ch 21 du livre 1 de ses Essais. "Une forte imagination produit l'événement". Plus loin, il a cette belle expression : "l'estroite cousture de l'esprit et du corps s'entre-communiquants leurs fortunes." Belle matière à méditer.
A te lire, le désir me vient moi aussi d'arpenter à nouveau ces terres de fraîcheur. Il me plairait bien qu'un jour, ce soit en ta compagnie.

Écrit par : Robin | 17 août 2010

Les commentaires sont fermés.