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12 février 2008

En quête de Diou (3) : la Montjoie

Comment n'y ai-je pas pensé avant ? Sur Saint-Denis, le réflexe aurait dû être de se précipiter sur le livre le plus stimulant que je connaisse sur l'histoire de ce saint et de l'abbaye qui porte son nom : "Montjoie et Saint-Denis !" d'Anne Lombard-Jourdan, sous-titré Le centre de la Gaule aux origines de Paris et de Saint-Denis, et publié aux Presses du CNRS en 1989. Pour aller vite, l'auteur pense avoir localisé au nord de Paris, dans la plaine du Lendit, "le lieu consacré au centre de la Gaule" dont parle Jules César. Ce site apparaissait comme un tumulus, autrement dit un tertre funéraire artificiel, désigné sous le nom de "Montjoie", dérivé du francique *mund-gawi, que l'on peut traduire par "Protège-pays". "C'est au sommet de cette tombe d'un ancêtre divinisé, devenue sanctuaire vénéré, que l'évangélisateur de Paris aurait été décapité." C'est aussi à proximité de cette Montjoie que sainte Geneviève érigea la première sépulture dédiée à saint Denis. Première, oui, car il y en eut une seconde, à Saint-Denis précisément, l'ancienne Catolacus. Translation que que l'on peut placer aux alentours de l'an 630, selon Anne Lombard-Jourdan.

Voilà une information qui nous intéresse grandement, car si l'on se reporte aux cartes, on s'aperçoit que la Montjoie est située entre les deux Saint-Denis, à exactement  trois kilomètres de l'un et de l'autre. Dans la même position justement que nos Diou. Mieux, comme eux, la Montjoie est située légèrement à l'écart de la voie qui les relie, selon une même direction septentrionale (sans  retrouver, il est vrai, la légère déviation des Diou).


Anne Lombard-Jourdan pense que la Montjoie du Lendit fut vraisemblablement le prototype de toutes les "montjoies" connues : "Une fois constitué, le toponyme rayonna le long des chemins. Son sens originel s'estompa, puis disparut, sans que le mot perdit de sa vogue, essaimant un peu partout en tant que nom propre et nom commun et subissant la cascade de modifications sémantiques bien connues. C'est ainsi qu'on finit par appeler "montjoies" les petits monuments gothiques ornés chacun d'une croix et de trois statues de rois qui, élevés en 1271 à proximité de la Montjoie primitive, jalonnèrent la grande route qui menait de Paris à Saint-Denis et furent, eux aussi, regardés comme "protégeant" les passants."(p.57)

De même qu'on christianisa ce lieu païen en y plaçant le martyre de saint Denis, on peut concevoir qu'en Berry on christianisa ces lieux-Diou autrefois consacrés à des divinités celtiques en les encadrant en quelque sorte par des lieux semblablement dédiés au saint céphalophore. N'est-ce pas remarquable, encore une fois, que Reuilly, juste en aval de Diou, appartînt en propre à l'abbaye royale de Saint-Denis ?