07 février 2009
Dio - Nyze et Dyonisos
J'avance lentement dans la passionnante lecture d'Evocations de l'esprit des lieux de Guy-René Doumayrou. Beaucoup d'éléments sont repris de sa Géographie sidérale, mais on trouve aussi de nouveaux développements sur tel ou tel haut-lieu, principalement du Languedoc. C'est ainsi qu'il débusque dans la haute vallée de l'Orb, soumise au diocèse médiéval de Béziers, un couple de monuments "insignes", situé sur le méridien de la ville "et de part et d'autre d'un plateau aride balayé par les vents" : le château de Dio* et le prieuré de Notre-Dame de Nize. Cette association Dio-Nize conduit Doumayrou à invoquer le grand dieu Dyonisos :
"Ce n'est pas avant 1135 qu'un texte a fixé , pour nous le transmettre, le nom de Nize sous la forme Aniza, que l'on fait venir, faute d'autre hypothèse, d'un patronyme latin supposé : Anicia ou Anicius. Sans prétendre trouver mieux, observons seulement que la contraction des deux formes anciennes Diona et Anisia accolées fournit Dionanisia : elle fait écho de façon suggestive à une étymologie proposée par François Noël pour Dyonisos, fondée sur l'analyse Dios-Anysein (anyein), ce qui signifie littéralement : Zeus achevé, c'est-à-dire la perfection divine, ou l'accomplissement de la lumière." (pp. 107-108)
L'alignement Dio-Nyse sur la carte ne peut manquer de nous rappeler les alignements mis à jour avec les Diou.
Dans les trois cas, nous observons cet axe s'écartant de quelques degrés seulement du méridien. Sans doute Dio n'est-il pas au centre d'un segment défini par deux Saint-Denis, mais c'est l'ensemble Dio-Nize qui ici rappelle saint Denis, puisque ce nom est bel et bien la forme romanisée de Dyonisos (les habitants de Saint-Denis sont les Dyonisiens).
La carte de la Montjoie parisienne, sise elle aussi entre les deux Saint-Denis, offre également des recoupements intéressants :
Deux toponymes se font en effet écho à la topographie dyonisienne : de part et d'autre de l'axe méridien issu de Dio, Montjoux et le Mont Martin semblent se souvenir l'un de la Montjoie, l'autre du Pasellus Sancti Martini à la base du parcours du saint céphalophore. Ce passelus était "une passerelle jetée sur le ruisseau de Ménilmontant, aujourd'hui supprimé, et qui coulait de l'est à l'ouest, allant se jeter à la rive droite de la Seine au-dessus du pont actuel des Invalides. L'église Saint-Martin des Champs était en effet située à peu de distance au-dessous de ce ruisseau et avait donné son nom à un pont, comme nous le voyons par un diplôme postérieur du roi Louis VI reproduit par Doublet dans son Histoire de Saint-Denys (1)."
Il faut maintenant examiner ce qui a conduit Doumayrou lui-même à l'évocation de ce couple Dio-Nyse.
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* De fait, on m'avait (FEB, merci à elle) déjà signalé ce château de Dio, mais faute d'y déceler un quelconque rapport à des localités Saint-Denis, je n'en avais pas fait état. Et je n'avais bien évidemment pas opéré de rapprochement avec l'église de Nize. Le dévoilement de la géographie sacrée prend souvent des chemins détournés.
14:50 Publié dans Géographie sacrée prézodiacale | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : dio, diou, nyse, dyonisos, doumayrou, béziers, montjoie
12 février 2008
En quête de Diou (3) : la Montjoie
Comment n'y ai-je pas pensé avant ? Sur Saint-Denis, le réflexe aurait dû être de se précipiter sur le livre le plus stimulant que je connaisse sur l'histoire de ce saint et de l'abbaye qui porte son nom : "Montjoie et Saint-Denis !" d'Anne Lombard-Jourdan, sous-titré Le centre de la Gaule aux origines de Paris et de Saint-Denis, et publié aux Presses du CNRS en 1989. Pour aller vite, l'auteur pense avoir localisé au nord de Paris, dans la plaine du Lendit, "le lieu consacré au centre de la Gaule" dont parle Jules César. Ce site apparaissait comme un tumulus, autrement dit un tertre funéraire artificiel, désigné sous le nom de "Montjoie", dérivé du francique *mund-gawi, que l'on peut traduire par "Protège-pays". "C'est au sommet de cette tombe d'un ancêtre divinisé, devenue sanctuaire vénéré, que l'évangélisateur de Paris aurait été décapité." C'est aussi à proximité de cette Montjoie que sainte Geneviève érigea la première sépulture dédiée à saint Denis. Première, oui, car il y en eut une seconde, à Saint-Denis précisément, l'ancienne Catolacus. Translation que que l'on peut placer aux alentours de l'an 630, selon Anne Lombard-Jourdan.
Voilà une information qui nous intéresse grandement, car si l'on se reporte aux cartes, on s'aperçoit que la Montjoie est située entre les deux Saint-Denis, à exactement trois kilomètres de l'un et de l'autre. Dans la même position justement que nos Diou. Mieux, comme eux, la Montjoie est située légèrement à l'écart de la voie qui les relie, selon une même direction septentrionale (sans retrouver, il est vrai, la légère déviation des Diou).
De même qu'on christianisa ce lieu païen en y plaçant le martyre de saint Denis, on peut concevoir qu'en Berry on christianisa ces lieux-Diou autrefois consacrés à des divinités celtiques en les encadrant en quelque sorte par des lieux semblablement dédiés au saint céphalophore. N'est-ce pas remarquable, encore une fois, que Reuilly, juste en aval de Diou, appartînt en propre à l'abbaye royale de Saint-Denis ?
00:56 Publié dans Géographie sacrée prézodiacale | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Saint-Denis, Montjoie, Lombard-Jourdan, Diou, Denis, Reuilly
08 février 2008
En quête de Diou (2)
En réalité, on s'aperçoit que l'alignement des deux Saint-Denis (un hameau et un faubourg de Bourbon-Lancy) ne prend pas Diou sur son parcours. Il s'en faut de peu, mais c'est ainsi : Diou n'est pas au centre exact du segment dyonisien.
Fausse piste ? Je remarque tout de même en passant un autre fait intéressant : la verticale du Saint-Denis méridional s'origine au Puy Saint-Ambroise, près de Saint-Léon, un haut-lieu de la région et prend dans sa course l'abbaye de Sept-Fons, proche de Diou, édifiée sur l'emplacement d'une ancienne abbaye cistercienne.
Diou est là aussi situé à quelques toises de l'alignement Saint-Denis (faubourg d'Issoudun) et Bois Saint-Denis (faubourg de Reuilly). La position est moins centrale, mais ce que l'on peut observer c'est une quasi similarité des angles avec la méridienne. Remarquons aussi que les deux Diou, outre leur situation en bordure de rivière, sont semblablement placés sur une limite territoriale : les limites de département recoupant ici comme souvent d'anciennes frontières provinciales ou diocésaines.
A ce stade, je ne peux penser que ces similitudes soient le fait du hasard.
23:43 Publié dans Géographie sacrée prézodiacale | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Diou, Denis, Puy Saint-Ambroise
07 février 2008
En quête de Diou
J'ouvre une parenthèse. Sans me détacher de mon sujet - la géographie sacrée prézodiacale*- je tente une expérience : plutôt que d'attendre de mener une enquête à son terme, je vous propose de me suivre pas à pas dans une investigation donnée. Pas à pas, c'est-à-dire presque au jour le jour, avec les questions qui se posent, les avancées, les reculades, les hypothèses, les outils utilisés, sans la certitude absolue de parvenir à un résultat valable et tangible.
Le sujet envisagé ici est le cas de Diou dans l'Allier, ce village homonyme du Diou berrichon, dont S. Gendron déplorait qu'il soit malheureusement sans mention. Dans une telle situation, j'ai tendance à m'obstiner : puisqu'il n'existe pas de données épigraphiques ou littéraires, allons donc examiner le site lui-même, dans son milieu naturel et historique. Avec l'espoir bien sûr de découvrir des résonances avec notre Diou à nous.
Le recours aux cartes est bien sûr le premier réflexe. Avant même de consulter la carte papier Michelin 69, je ne quitte pas l'écran et consulte en ligne, site du Quid pour la fiche du village et localisation sur carte (Googlemap) :
Me frappent ensuite immédiatement les deux Saint-Denis, placés, dirait-on, de part et d'autre de Diou, à équidistance.
Cela m'intéresse d'autant plus que Diou (Indre) est situé juste en amont de Reuilly, dont l'église Saint-Denis appartenait en propre à l'abbaye de Saint-Denis de France.
Il faut aller y voir de plus près, cette fois avec le papier, la règle et le crayon...
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* J'ai ouvert une nouvelle rubrique sous cette apppelation, car depuis quelque temps déjà il n'y avait pas de sens à identifier sous les signes zodiacaux des constructions débordant souvent largement de cette structure, et de toute façon édifiés bien avant la géographie sacrée zodiacale relative à l'établissement de Neuvy Saint-Sépulchre. Certains articles rejoindront bientôt cette nouvelle rubrique.
00:36 Publié dans Géographie sacrée prézodiacale | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Diou, Denis, Reuilly
05 février 2008
De saint Genou à Diou
L'espace vide entre le carré de Saint-Genou (appelons-le ainsi provisoirement) et le cercle de Saint-Phalier correspond, disais-je, à l'espace du torque dans la statue dite du dieu d'Orsennes. Sitôt après avoir terminé l'écriture du billet, une autre relation géométrique m'a alors sauté aux yeux. J'ai déjà mentionné l'axe Saint-Genou passant par Sougé (même origine, faut-il aussi le rappeler, que Souvigny) et désignant l'oppidum de Levroux. Or, toujours en partant de Saint-Genou, il suffit de faire basculer cette ligne de quelques degrés pour rejoindre cette fois la cité de Levroux. Et si on la prolonge, on constate qu'elle atteint Saint-Phalier en tangentant le cercle dédié à ce saint priapique, puis qu'elle traverse très exactement Ménétréols-sous-Vatan, centre de la couronne de Ménétréols, avant de rejoindre le petit village de Diou, sur les rives de la Théols. Si on continue au-delà, on arrive à Saint-Doulchard, l'antique Ampeliacum, juste au-dessus de Bourges.
Notant également que cet axe croise quasi perpendiculairement l'axe Saint-Aoustrille - Saint-Outrille, je reste frappé par la rigueur de la construction.
Un mot, maintenant, sur Diou, nouveau venu dans ces investigations : le village apparaît comme Dio en 1177, parochia de Dyo en 1298, enfin sous la forme actuelle au XIIIe siècle. S. Gendron y voit un probable nom divin, "du gaulois devo "dieu" (comp. Devo-ialo "lieu divin"> Deuil, Seine-et-Oise), qui entre en composition dans Jovard (*Divo-duros) et Diors. Un homonyme dans l'Allier : Diou, malheureusement sans mention. Sur la commune de Diou (Indre), on a retrouvé, en 1986, un fanum entouré d'une grande enceinte en fossé (...). Le site est à proximité du gué de Chaprenan, sur la Théols (...)." (Les Noms de lieux de l'Indre, p. 5)
Ceci confirme la valeur sacrée de l'alignement, valeur sacrée que l'on accorde par ailleurs au torque (c'est bien parce que le personnage porte un tel bijou que l'on peut penser qu'il représente une divinité).
00:23 Publié dans Géographie sacrée prézodiacale | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Diou, Saint-Genou, Levroux, Ménétréols, Phalier, torque