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06 mai 2005

A la lumière d'Henry de Monfreid

Je le redis : ce site est un chantier. Sans doute son axe directeur est-il mon essai inédit de 1989, mais en bien des endroits il s'en écarte et de nouvelles voies s'ouvrent presque chaque jour. Une grande part de ce qui s'écrit ici est totalement nouveau. Je regrette parfois de ne pouvoir approfondir tel ou tel point de détail, mais c'est qu'il faudrait se plonger corps et âme dans une littérature spécialisée qui suspendrait pour longtemps une circumambulation zodiacale qui a déjà pris du retard. Je me résigne donc à risquer des hypothèses et à esquisser des interprétations, quitte à y revenir ultérieurement, en assumant le reproche d'être parfois superficiel ou approximatif.

Par ailleurs je ne peux faire fi des commentaires de lecteurs attentifs qui me permettent souvent de rebondir et d'explorer quelques sentes qui m'avaient échappé. Il n'est pas de remarque a priori anodine qui ne puisse ouvrir une nouvelle fenêtre imprévue. Le dernier exemple en est pour moi la précision apportée par un certain Patrick le 4 mai dernier. Dans la note sur Ingrandes, il me signale fort justement que le musée Henri de Monfreid n'est pas situé dans la maison de l'écrivain, mais dans l'ancienne cure de la commune. J'ai donc rectifié et, avant cela, revu quelques pages de la Toile sur Ingrandes et Henri de Monfreid. Et c'est là que j'ai vu quelque chose de particulièrement troublant :

Tout part d'une page web du site Terredécrivains
intitulée Henry de MONFREID à Cap Leucate, Paris, Ingrandes, et datée du jeudi 28 août 2003.
J'apprends donc qu'il est né au domaine de La Franqui, au nord de Port-Leucate. C'est ce nom qui m'arrête. Je suis assez souvent retourné ces derniers temps dans les oeuvres de Jean Richer pour savoir que le Leucade grec est un lieu essentiel pour la construction du système zodiacal centré sur Delphes :

"Le point initial du cycle, en relation avec l'équinoxe de printemps et correspondant symboliquement au point vernal, tombait dans la mer Ionienne juste en avant du saut de Leucade. Il était donc commode, pour la lecture ultérieure de la figure, de tracer un cercle ayant pour rayon la distance Delphes-Leucade et de le diviser en douze parties égales à partir du point que nous venons d'indiquer." (Géographie Sacrée du Monde Grec, Guy Trédaniel, 1983, p.37). Jean Richer cite le géographe grec Strabon qui signale que, de son temps, chaque année le jour de la fête d'Apollon, un criminel était précipité du haut du rocher de Leucade. "Des plumes étaient collées sur son corps et on l'attachait même à des volatiles vivantes pour ralentir sa chute. Il était gracié s'il sortait vivant de l'eau."

De même, dans la roue zodiacale centrée sur Sardes, en Anatolie, la localité située à la latitude de Sardes se nomme Leuca. Un autre cap du même nom, à la pointe sud-est de la Calabre, au Promontoire Iapygium Sallentinum, "semble avoir été considéré, au moins à un certain moment, comme une sorte de relais jouant le même rôle symbolique que Leucade et avoir donc été mis en relation avec le point vernal."(Géographie Sacrée dans le Monde Romain, Guy Trédaniel, 1985, p.66). Le nom même de Leucade est apparenté à celui de la blancheur (leukè) et de la Lumière (lycos).

Malgré ces illustres précédents, ni Richer ni Doumayrou ne mentionnent Cap-Leucate dans leurs travaux. Il faut dire que sa situation, au sud-est de Toulouse, ne convient pas pour en faire un point vernal à la semblance de Leucade pour Delphes. En fait, le cap se situe pratiquement sur l'axe Carcassonne-Toulouse, sur la pointe du signe de la Vierge de la roue toulousaine.

Une position similaire est relevée par Jean Richer en ce qui concerne Alicante par rapport à Tolède, considéré comme le centre zodiacal de la péninsule ibérique. Alicante a en effet porté les noms d'Akra Leuca, de Castrum Album ou de Lucentum, trois noms qui évoquent encore une fois la blancheur et la lumière. Ce qui amène Jean Richer à supposer qu'Akra Leuca n'est autre que le point vernal du système. Je suis très dubitatif sur cette attribution, qui donne un zodiaque décalé de 150 ° par rapport aux zodiaques égéens. De plus, les indices relevés à l'appui de cette hypothèse sont en nombre réduit (les secteurs Cancer à Sagittaire sont traités sur la seule page 363 ). L'examen des monnaies de Sagonte le conduit par ailleurs à postuler l'existence d'un second zodiaque décalé de 60° par rapport au précédent. Cela devient dès lors très confus et, à mon sens, peu convaincant.

medium_doumayrouiv.jpg


Examinons plutôt la ligne 0° Vierge du zodiaque delphique. C'est elle qui relie l'omphalos à Athènes et Délos. C'est elle qu'au printemps 1958, après une deuxième visite à Delphes, Jean Richer trace sur la carte de Grèce - ce qu'il qualifie d'intuition fondamentale. Elle a donc une valeur de commencement, une valeur initiatique . Doumayrou montre que son prolongement, ""suivant le même destin que l'or de Brennus, aboutit à Toulouse, mais en passant par Minerve (...)." Minerve, petite cité précisément ancré dans le secteur de la Vierge, au coeur du Minervois, non loin de Cap Leucate. ""Minerve étant l'antique vierge olympienne que ses pouvoirs égalaient au maître des cieux (...)"". "La Vierge, écrit encore Ernst Jünger dans Graffiti, est la Dame de la blancheur, de la page encore vide, le champ non labouré. Un nimbe de douceur se pose autour de ceux qui se confient à elle."" La lumière dont il s'agit ici n'est donc plus la lumière physique de Bélier, c'est une lumière intérieure, l'éclair de l'illumination, de la révélation ébranlant l'être tout entier.

Nous n'oublions pas Henry de Monfreid. Il est tout de même extraordinaire que cet homme, entre Cap-Leucate et Ingrandes, soit né, ait vécu puis décédé sur deux axes semblablement dédiés à la lumière. Ceci est d'autant plus étonnant qu'il fut comme on sait un infatigable voyageur et que rien ne le prédisposait à s'installer à Ingrandes, loin de ses origines méditerranéennes.

L'actualité d'Henry de Monfreid :
Exposition de photos inédites d'Henry de Monfreid au festival international du livre ETONNANTS VOYAGEURS à ST. MAL0, du 5 au 8 mai 2005.

23:30 Publié dans Bélier | Lien permanent | Commentaires (1)

Commentaires

Merci pour votre lien vers la Nef.

Bien à vous, Robin.

Fidèlement.

Écrit par : LKL. | 08 mai 2005

Les commentaires sont fermés.