07 septembre 2005
Léonard, le sage-homme
Léonard, nous dit sa Vita, est fils de bonne famille franque, bien introduite à la cour de Clovis. La preuve en est que c'est Clovis lui-même qui parraine le petit Léonard, baptisé par saint Rémi. C'est dire s'il ne manque pas de célébrités à l'aurore de la vie de notre futur ermite. Après d'excellentes études dans l'école du saint rémois, le voilà qui délaisse le monde et opte pour le monastère, en l'occurrence Micy, près d'Orléans1, au confluent de la Loire et du Loiret. Micy, dont il ne reste malheureusement rien aujourd'hui. Là, avec son frère Liphard, il mène une vie pieuse sous l'autorité de saint Maximin, alias saint Mesmin, dont le principal titre de gloire est d'avoir vaincu un dragon à l'haleine pestilentielle qui sévissait depuis une grotte des rives de la Loire. Mais la vie ligérienne est encore trop douce pour Léonard, il traverse le Berry et descend en Limousin, attiré par la promesse de ses forêts profondes. Il remonte la vallée de la Vienne jusqu'à une « montagne » où il fonde son premier ermitage, Pauvain.
Un ermitage mal isolé en réalité : sur l'autre rive, se trouve en effet le château de chasse du roi. Mais la proximité a ses commodités : quand la reine Clotilde manque de mourir en couches, c'est Léonard qui l'en délivre. Le roi manifeste alors sa reconnaissance en lui attribuant la portion de territoire qu'il pourra circonscrire en chevauchant un âne pendant une nuit. Ce sera l'origine de Noblat, ainsi dénommé, on l'aura deviné, de par sa noble origine.
Soucieux par ailleurs d'épargner la corvée d' eau jusqu'à la Vienne à ses deux disciples (curieuse sollicitude de la part d'ermites si prompts d'habitude à s'infliger les épreuves corporelles les plus pénibles...), il fait jaillir par la prière un puits à l'eau intarissable.
Ce saint qui meurt à l'âge canonique de 93 ans, est le premier saint de la Couronne de France, si l'on en croit le R.P. Bernardin, prieur des Carmes Déchaussés de Limoges, en 1673. On ne saurait mieux dire.
La vocation royale de Léonard, manifeste dans sa biographie se lit aussi dans les détails. Si le roi est l'intercesseur entre le ciel et la terre, le monde des dieux et celui des hommes, il est aussi celui qui descend aux enfers. Le puits de Léonard n'est pas de simple bonté, il répond à la montagne de Pauvain. Au centre du cloître des abbayes, le puits est « à lui seul un microcosme ramené à l'essentiel ; de nombreux cultes en attestent le caractère sacré. Il fait communiquer avec le séjour des morts ; l'écho caverneux qui en remonte, les reflets fugitifs de l'eau remuée, épaississent le mystère plus qu'ils ne l'éclaircissent. Considéré de bas en haut, c'est une lunette astronomique géante braquée du fond des entrailles de la terre sur le dôme céleste. Ce complexe réalise une échelle de salut reliant entre eux les trois étages du monde. » (Le Monde des Symboles, Zodiaque, p.152)
C'est du roi de France encore que Léonard reçoit le privilège de délivrer les prisonniers de son choix. Délivrance des prisonniers, délivrance de la femme en couches, cette thématique, nous allons précisément la retrouver en parcourant les terres du secteur zodiacal voisin, Vierge.
Que Léonard avait déjà honorée en nommant l'oratoire de Noblat, Notre-Dame de sous les arbres.
L'arbre qu'on trouve aussi parfois au carrefour des quatre avenues du cloître.
1 Dont on notera en passant qu'il est une anagramme quasi parfaite de Léonard (Léonars).
00:30 Publié dans Lion | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
Je trouve cette note très riche et la relirai + attentivement .
Sur les chemins de St Jacques de Compostelle et par la voie Lemovicensis - par chez vous en fait - se trouve et ce nom m'avait frappée St Léonard de Noblat . Les reliques de St Léonard sont tous les 7 ans exposées tout comme celles d'autres saints limousins dont t Matial et St Eloi (attendre 2009) . Le livre que je viens d'ouvrir pour restituer les éléments gardés en mémoire montre sur une carte le fameux, famous Neuvy-St Sépulcre sur le chemin .
L'été passé nous avions prévu ce périple au départ de VÉZELAY mais ce fut bizarremnt impossible, alors nous périgrinâmes par train/taxi de Vézelay à Nevers (pour Bernadette) puis Toulouse (où vit notre fille) et Lourdes . Les voies du Seigneur sont impénétrables !! mais j'ai failli marcher sur vos terres .
Écrit par : colette | 17 septembre 2005
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