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04 septembre 2005

Les Saint Léger : inventaire provisoire

Délaissant le temps d'une note l'enquête sur saint Léonard, je reviens sur les villages Saint-Léger, actualité oblige.

L'actualité c'est cette correspondance récente avec Christophe, le webmaster du site rassemblant tous les Saint-Léger de France, de Suisse et de Belgique. Je vois bien que mes réponses à ses questions le laissent encore indécis sur le sens de mon investigation. Et la structure du blog ne l'aide pas particulièrement à se repérer dans le lacis des figures symboliques et de leurs interprétations. Il faudrait pour le moins un index des noms cités, (que je réaliserai peut-être un de ces jours). Faute de quoi, comme je lui dis que "Je n'ai d'ailleurs parlé que de neuf Saint Léger (plus quelques hameaux).", il me répond : « Je ne les trouve pas tous ! Où sont-ils donc cachés ? »

Afin de l'aider à s'y retrouver, je décidai donc de procéder à un inventaire des Saint-Léger rencontrés lors de ma recherche. En même temps, je découvris une étude, à mon sens passionnante, qu'il avait eu la bonne idée de mettre en lien dans son message. Il s'agissait d'un article paru en 1971 dans la Revue du Bas-Poitou, sous la signature de Roger Gazeau : Eléments pour une étude de la diffusion de culte de saint Léger. De nouveaux faits mentionnés dans ces pages me permettent de prolonger ma réflexion sur le saint martyr en mettant l'accent sur un certain nombre de traits récurrents inaperçus jusque-là.

Soyons clair. Il ne s'agit pas pour moi de prétendre que tous les bourgs Saint-Léger sont partie prenante du réseau de géographie sacrée auque je me consacre. Il me semble simplement qu'un certain nombre de ces paroisses ne sont pas distribuées aléatoirement sur le territoire. Leur implantation obéit à certains critères et on peut observer des relations géométriques entre plusieurs d'entre elles. Je vais d'abord revenir sur celles que j'ai déjà citées ici et là (et les liens permettront de faire retour au contexte de leur citation) avant de présenter quelques autres Saint-Léger en nouveaux figurants de la scène sidérale.

 

medium_consecration.jpg

Liturgie: consécration d'une église
Jacobus de Voragine, Legenda aurea (traduction de Jean de Vignay), France, Paris, XIVe siècle, Richard de Montbaston (image BNF)

 

Liste des Saint-Léger cités sur le blog :

  1. Les Saint-Léger marchois, à l'origine de mon intérêt pour le saint : Saint-Léger-Magnazeix, Saint-Léger-Bridereix, le hameau de Puyléger alignés sur le parallèle de Toulx Sainte-Croix. Saint-Léger-la-Montagne et Saint-Léger-le-Guéretois alignés aussi sur Toulx.

     

  2. Saint-Léger-sous-Beuvray et Saint-Léger-des-Vignes sur le grand axe issu d'Autun.
  3. Saint-Léger sur l'axe Ingrandes-Antran (je parlais d'un lieu-dit, or, que les habitants de ce noble lieu m'en excusent, il s'agit d'un véritable village du nom de Saint-Léger-la-Pallu).

  4. Saint-Léger-de-Montbrun et Saint-Léger-de-Montbrillais, dans le Thouarsais.

  5. Saint-Léger-de-Fougeret et Saint-Léger-les-Paray, sur l'axe passant par Montjouan et le mont Dardon.

    Ce qui fait d'ailleurs onze et non neuf Saint-Léger. Au-delà de ce qui a été écrit dans les articles cités, on peut constater que la majorité des Saint-Léger ont une tendance manifeste à se situer dans des lieux frontières ou du moins à en baliser la direction.

     

On voit en effet que les cinq Saint-Léger marchois (donc appartenant à une région-frontière - rappelons qu'une marche (du germanique marka) était une province frontière) convergent sur Toulx, situé à la limite des cités lémovice et biturige ; que Saint-Léger-la-Pallu est sur l'axe d'Ingrandes, limite des Turons et des Pictons ; et enfin que Saint-Léger-de-Montbrun et Saint-Léger-de-Montbrillais sont situées sur la frontière entre trois départements (Vienne, Maine-et-Loire et Deux-Sèvres), non loin de Fontevrault dont j'ai déjà mentionné la position stratégique aux limites des trois diocèses de Tours, Poitiers et Angers. Roger Gazeau relève, lui, trois églises paroissiales sous le patronage de saint Léger dans ces mêmes parages, à Doué-la-Fontaine, Cravant-les-Côteaux et Nouâtre.

Christophe, mon correspondant, habite lui-même Saint-Léger-sous-Cholet. Il était naturel que je me penche d'un peu plus près sur cette ville qui m'était encore inconnue (je n'ai jamais entrepris de recherche systématique sur tous les Saint-Léger, l'expérience m'ayant appris, sur d'autres thèmes, qu'un tel défrichage méthodique restait le plus souvent stérile). Une cité proche m'intriguait immédiatement : Saint-André-de-la-Marche. Cette appellation montrait clairement que l'on était bien dans une région de marche, en l'occurence il s'agit des Marches des Mauges, entre Anjou, Bretagne et Poitou. D'autre part, Roger Gazeau écrit qu' « Aux limites nord du diocèse de Maillezais, sur l'ancienne paroisse du May-sur-Evre, son culte [celui de saint Léger] est attesté au lieu qui est devenu aujourd'hui la commune de Saint-Léger sous Cholet (Maine et Loire). »

Or, un alignement issu de Saint-Léger-de-Montbrun (situé sur une éminence, le lieu se prête bien à de tels jeux de figures) et passant par Saint-Léger-sous-Cholet et Saint-André-de-la-Marche désigne l'estuaire de la Loire, à Saint-Brévin-les-Pins. Une autre piste s 'ébauche ici : le rapport étroit du saint et du fleuve, à la faveur sans doute de leur paronymie. Loire c'est Liger en latin, ce qui est bien proche du Lethgier médiéval. Un autre Saint-Léger, Saint-Léger-le-Petit, dans le Cher, est situé sur les rives de la Loire (comme d'ailleurs Saint-Léger-les-Vignes, près de Decize).

Or, que voyons-nous sur l'autre rive, en terre nivernaise et non plus berrichonne, rien moins qu'un village dit La Marche... Ici, c'est la Loire elle-même qui fait office de frontière naturelle entre les deux territoires.



01:25 Publié dans Lion | Lien permanent | Commentaires (0)

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