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24 novembre 2005

Antiquité de la royauté Biturige

Bien que « rois du monde » et ayant joué, on l'a vu, un rôle non négligeable lors de la conquête, les Bituriges sont pourtant loin d'être, en 52 avant J.C., le peuple le plus puissant de la Celtique. Plusieurs civitates se disputent alors l'hégémonie politique, à savoir les Eduens, les Séquanes, les Rêmes, les Helvètes et les Arvernes. « Aucun ressortissant d'une cité, note Guyonvarc'h (Les Druides, op. cit. p. 409), ne concevait de « patriotisme » national au niveau du pays tout entier. Il est des cités comme les Rêmes qui ont fait toute la guerre des Gaules du côté romain. » Les Celtes ne se préoccupaient pas d'unité politique. Le trait d'union entre les différents peuples était constitué par la doctrine des Druides, dont la puissance sacerdotale subordonnait la classe des guerriers et des rois. Ce sont les Druides qui conseillent et influent sur toute décision royale par leur art de la divination, car nulle initiative n'est prise sans recours aux présages. Augures du monde celtique, les Druides sont associés à toute entreprise. Ainsi, celle du roi mythique Ambigatus, roi Biturige, dont Tite-Live, écrivant vers 75 après J.C., rapporte l'histoire suivante, survenue selon lui vers le IVème ou Vème siècle avant J.C. :

« Voici ce que nous avons appris du passage des Gaulois en Italie, pendant le règne de Tarquin l'Ancien, chez les Celtes qui forment le tiers de la Gaule, l'autorité des Bituriges était la plus grande. C'est eux qui donnaient un roi à la Celtique. Ce fut Ambigatus, dominant par son mérite, sa fortune personnelle et surtout publique, car sous son gouvernement la Gaule eut une telle abondance de récoltes et d'hommes qu'on pouvait, semble-t-il, à peine gouverner une telle multitude; Etant lui-même très vieux et désiarnt décharger son royaume de la population qui la surchargeait, il fait savoir qu'il enverra Bellovèse et Sigovèse, fils de sa soeur, jeunes gens courageux, aux endroits que leur fixeront les augures : « Qu'ils fixent le nombre des hommes qu'ils veulent emmener afin qu'aucun peuple ne puisse s'opposer à leur venue. » Le sort donne alors, à Sigovèse, la forêt hercynienne, à Bellovèse les dieux donnent une direction plus agréable, l'Italie... » ( Histoire Romaine, V, 34).

 

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Les Druides, dans l'édition nouvelle (Ouest-France)
 

On attribue à Bellovèse la fondation de Mediolanum (Milan), qui deviendra la capitale des Insubres. « Ce n'est pas un hasard, affirment Guyonvarc'h et Le Roux (op. cit. p. 211), si le territoire des Bituriges contient un autre Mediolanum (Châteaumeillant). » Ce nom est généralement traduit de façon profane par « plaine du milieu », mais c'est faire peu de cas du symbolisme religieux car ce toponyme (répertorié à 42 exemplaires par Holder) s'applique parfois à des localités situés sur des hauteurs. Guyonvarc'h propose « centre de perfection » ou « sanctuaire central », sans exclure toutefois le sens littéral. Il importe à ce stade de souligner que la notion de centre chez les Celtes ne coïncide pas toujours avec les réalités géographiques : ainsi le Mediolanum de Gournay-Moyenneville se situe-t-il à la frontière des Bellovaques et des Ambiens, et le comté de Meath est assez éloigné du centre géographique de l'Irlande. Le cas de la Civitas Biturigum est moins un paradigme qu'une exception.

Une exception remarquable à vrai dire : l'histoire racontée par Tite-Live (qu'il doit certainement aux Celtes cisalpins) a franchi un demi-millénaire de tradition orale et doit être considérée comme la minuscule partie émergée d'une mythologie dont, malheureusement, nous ne connaissons plus rien.



21:40 Publié dans Scorpion | Lien permanent | Commentaires (0)

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