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27 novembre 2005

Les textes mythologiques irlandais

De leur mythologie, les Gaulois ne nous ont rien laissé, ou presque. La transmission des connaissances était exclusivement orale. On connaissait l'écriture, mais son usage était prohibé, par exemple, pour tout ce qui concernait l'histoire et la généalogie, matières particulièrement prisées par les Celtes. Elle n'avait droit de cité que dans cette activité que l'on considérait comme toute profane : le commerce. Donc pas d'écriture, pas de texte, et surtout pas de texte mythologique. Comment échapper à ce constat d'impuissance ? Est-ce même possible ?

Pour sortir de l'impasse, je propose de faire confluer deux axes d'observation parfaitement établis, indépendamment l'un de l'autre.

1°- L'espace celte est un espace sacré non limité au seul sanctuaire. Celui-ci représente un pôle de condensation, mais le dehors n'est pas abandonné au seul profane : le sacré est partout présent dans le paysage avec toutefois des prédilections pour tout ce qui concerne le bois et les eaux :

medium_sedelle1bis.jpg« Chaque rivière, chaque étang était divinisé et l'ensemble du pays était le théâtre d'une mythologie propre à la tribu. (...) l'espace s'organise selon une géographie où chaque phénomène naturel est consacré, qu'il soit la résidence d'un esprit, le lieu d'un rite ou le théâtre d'une scène mythologique. » (Jean-Louis Brunaux, op. cit. p. 8 et 12).

On peut donc affirmer qu'une véritable géographie sacrée a été élaborée par les Celtes, et ce qu'il est important de souligner, c'est que si cette géographie sacrée a été étendue à l'ensemble du territoire de la tribu (pagus) ou du peuple (civitas), alors les lieux porteurs de sacré ont dû être nombreux et bien disséminés.

2°- Il existe au moins un pays qui a su conserver l'essentiel de sa mythologie celtique : c'est l'Irlande. Ce sauvetage est la conséquence à première vue paradoxale de la christianisation. Alors que, sur le continent, la lutte fut longue et tenace contre les survivances du paganisme, les moines irlandais ont préservé l'héritage des ancêtres, qui eux aussi n'ont jamais écrit, en insérant les épisodes mythiques proprement insulaires dans l'histoire biblique qu'ils avaient en charge de transcrire. Ce qui vaut aux celtisants un problème de discrimination des deux traditions imbriquées, problème secondaire pour le philologue, ainsi que le confesse Christian J. Guyonvarc'h :

« Il nous en coûte le menu travail de démêler quelques généalogies hébraïques ou pharaoniques, de laisser sur la berme une étymologie analogique du nom des Fir Bolg, ou autres broutilles de ce genre. Est-ce payer cher la fixation écrite des scéla, ainsi sauvés du néant et de l'oubli dans notre civilisation matérialiste et despiritualisée ? Nous aurions de la peine à le croire. » (Textes Mythologiques Irlandais, I, Celticum, 11/1, 1980).

Les scéla sont les textes irlandais, non conçus à l'origine pour l'écriture et seulement fixations d'un récit oral qui leur préexiste. La question que je pose maintenant est celle-ci : ne peut-on faire appel à ces scèla pour retrouver quelques témoignages supplémentaires de la mythologie gauloise, et en particulier biturige, mythologie liée à sa géographie sacrée ? On a déjà vu la parenté fondamentale de conception dans le rôle cosmique de la royauté. On a déjà observé que le monde celtique n'avait d'autre unité qu'une unité spirituelle assumée par le druidisme. Allons plus loin et montrons que certains toponymes, jusqu'ici laissés dans l'ombre, recèlent un sens quand ils sont mis à la lumière des textes mythologiques irlandais.

23:00 Publié dans Scorpion | Lien permanent | Commentaires (0)

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