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07 décembre 2005

Saint Christophe et le Dagda

Il reste au moins une question intéressante à étudier, en ce qui concerne les gorges de l'Arnon, à savoir pour quelle raison Saint-Christophe a été choisi pour remplacer la figure du Jupiter-Dagda ? Ce saint, dont l'existence tient plus de la légende que d'un récit avéré et authentifié par les historiens, présente en réalité beaucoup de traits communs avec le dieu-druide irlandais. Tout d'abord, il est décrit comme un géant à l'allure terrible, de douze coudées de haut, selon un poème en vers du XIVème siècle.

Or, voici ce qu'un site, parmi d'autres, écrit du Dagda : « On le décrit souvent portant les habits du peuple, d'une taille gigantesque et ayant tous les appétits physiques développés de manière monstrueuse. »

medium_stchristophe.jpg

 Saint-Christophe (Pernes-les-Fontaines, Tour Ferrande)

Le lien à la rivière est par ailleurs bien connu dans la légende de Saint Christophe. Le saint, dont le premier nom était Réprouvé (Reprobus), était en effet un passeur. C'est en faisant traverser le fleuve à un enfant porté sur ses épaules – et qui n'était autre que le Christ, d'où son nouveau nom : de Kristos et phorein, celui qui porte le Christ - qu'il fut converti à la nouvelle foi. Anne Lombard-Jourdan le cite dans son dernier livre,  Aux origines de Carnaval :

« Ce saint hypothétique a focalisé sur sa personne bien des particularités d'autres figures, ce qui n'a fait qu'ajouter à son succès. En France, il empunta à Cernunnos. Dès le VIIème siècle, il était honoré en région parisienne et on le représentait aux murs des églises, peint ou sculpté et d'une taille gigantesque. On l'invoquait contre la mort et surtout la mort subite par la foudre ou la peste. Le bâton sur lequel il s'appuyait reverdissait et se couvrait de fleurs et de fruits quand il le plantait en terre. Les artistes mettent parfois à ses pieds des serpents “ dont les hagiographes ne savent comment expliquer la présence, mais qui pourraient bien indiquer le pouvoir bienfaisant de ces images. 1” » (p. 278, Odile Jacob, juin 2005).

Je rappelle que la statue de Jupiter trouvée à Saint-Christophe-le-Chaudry est semblablement accompagné d'un personnage anguipède.

Je note aussi que dans la légende Christophe est supplicié, puis décapité sous l'ordre d'un roi du nom de Dagnus... Parfaitement inconnu en dehors de ce récit rapporté par Jacques de Voragine dans sa Légende Dorée : « Christophe lui dit : « C'est à bon droit que tu t'appelles Dagnus *, parce que tu es la mort du monde, l’associé du diable; et tes dieux sont l’ouvrage de la main des hommes. » 

Les transcripteurs du texte ne savent d'ailleurs quelle signification donner à ce nom de Dagnus :

« * Damné ou danger ? ou plutôt dague, poignard ? »

Ce nom réprouvé de Dagnus ne serait-il pas plutôt la marque de la volonté des créateurs de la légende de creuser l'écart avec le mythe-source dont il fallait se démarquer, incarné naïvement et de façon à peine voilée par le Dagda celtique ?

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1Pierre Saintyves, cité par J.-C. Schmitt, Le Saint lévrier, Paris, 1979, p.207. Voir la peinture murale provenant de l'église Notre-Dame et conservée au musée de Semur-en-Auxois (Côte-d'Or). Fabienne Joubert, « Le saint Christophe de Semur-en-Auxois. Jean de Bruges en Bourgogne ? », Bulletin monumental, t.150, II, 1992, pp.165-177, fig. 1 et 6.

23:10 Publié dans Scorpion | Lien permanent | Commentaires (4)

Commentaires

Une petite idée... Ton joueb est une véritable source d'informations, mais il manque juste un index qui nous permettrait de savoir quoi trouver et à quelle date !

Si tu pouvais en créer un, ce serait super !

Merci pour ton joueb !

Écrit par : Gatito | 11 décembre 2005

C'est une excellente suggestion, Gatito, que la création d'un index, qui s'avère, il est vrai, de plus en plus nécessaire à mesure que les notes s'amoncellent. J'y ai déjà songé, mais il faut que je prenne conseil pour la réalisation technique.

Un des chapiteaux de la rotonde de Neuvy représente un chat, ascensionnel qui plus est. J'en parlerai quelque jour...

Bien à toi,

Écrit par : Robin | 11 décembre 2005

Bonsoir Robin,
Je pose ici une réaction à "camionette" d'enfer (?)

vous dites "Je relève des coïncidences, je m'en amuse aussi, je ne suis pas sûr d'être très profond en ce domaine."
et "Je n'arpente sans doute que les cercles extérieurs du labyrinthe. Les récurrences nippones, pourquoi pas ? Si les "kami honnêtes" veulent bien me montrer la voie."
au moins vous n'êtes pas réfugié dans une interprétation blindée mais vous pourriez suivre n'importe quoi/qui ? (neptune ici?)
Je vous titille un peu mais au fond je suis épatée par votre positionnement .

Concernant le peu que j'ai pu vous dire sur ces temps pré-chrétiens avec des mots bien imprécis et bien rapides, il vaudrait mieux que je dise que cet univers celtique m'est vraiment étranger et doit pourtant bien exister enfoui dans mon cerveau .
Je crois qu'hâtivement j'ai mélangé peur et crainte.Parfois, il faut savoir se taire .

Bien à vous .

Écrit par : colette | 17 décembre 2005

Hum, je crois que garder un certain humour en ces domaines de la pensée est plus que souhaitable, et si je suis peut-être capable de suivre n'importe qui/quoi en ses délires, je ne suis pas dupe et je garde la tête froide. J'aime bien cette phrase entendue il y a plus de vingt ans lors d'une réunion de l'association Ark'All à laquelle j'assistais pour la première fois : "Quand on quitte le rationnel, il faut emporter le rationnel avec soi."
A méditer.
Surtout, ne vous taisez pas trop, Colette. Vos billets nous sont chers.
Très cordialement.

Écrit par : Robin | 18 décembre 2005

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