09 mars 2006
La Couronne de Ménétréols
« Dès la plus haute antiquité, une valeur prophylactique est attribuée à la couronne. Elle tenait cette valeur de la matière dont elle était faite, fleurs, feuillage, métaux et pierres précieuses, et de sa forme circulaire, qui l'apparentait au symbolisme du ciel.
En Grèce et à Rome, elle est un signe de consécration aux dieux. Dans le sacrifice, sacrificateur et victime sont couronnés. Les dieux se détournent de ceux qui se présentent à eux sans couronne, dit un poète grec archaïque. Les statues des dieux sont couronnées, et généralement avec les feuilles des arbres ou les fruits des plantes qui leur sont consacrés, le chêne à Zeus, le laurier à Apollon, le myrte à Aphrodite, la vigne à Dyonisos, les épis à Cérès... »
(Dictionnaire des Symboles, Jean Chevalier, Alain Gheerbrant, art. Couronne, p. 304, Robert Laffont, 1982)
Genèse d'une figure.
En examinant la semaine dernière sur la carte la position de Saint-Valentin par rapport à Vatan, je constatai que le village de Ménétréols-sous-Vatan était pratiquement situé à mi-chemin des deux bourgs. Un hasard peut-être, mais dans ces cas-là, un réflexe presque professionnel me commande de tracer le cercle ayant comme centre le lieu médian en question, donc ici Ménétréols, dont je sais que le nom indique l'ancienne présence d'un monastère (Monesteriolo, 1154, de monasteriolum, petit monastère).
J'y suis d'autant plus enclin que je suis intrigué par ce nom de Tournemine, désignant la rivière passant à Saint-Valentin.
Tournons donc.
Or, j'ai la bonne surprise de glaner sur cette circonférence le lieu-dit La Ronde et le village de Giroux (Giro, 1214, que S. Gendron fait dériver de Giroldus, nom propre germanique, et sans doute a-t-il raison, mais comment ne pas y lire aussi la giration ?).
A ce stade, je suis encore loin d'être certain de la valeur de mon hypothèse. Je me documente alors sur chacun des villages aux alentours de ce cercle et constate que quatre d'entre eux (Paudy, Liniez, Lizeray et Giroux) possèdent une église Saint-Martin (à Liniez, coule un ruisseau également nommé Saint-Martin). Saint Martin, le grand saint évangélisateur, pourfendeur du paganisme des campagnes. Encore une fois, ce n'est pas un indice décisif, car Martin est le saint « qui possède le plus grand nombre de patronages d'églises (près de quatre mille) alors que les toponymes débutant par Saint Martin ou incluant le nom de saint Martin ne se comptent plus. » (Ph. Walter, op.cit. p. 54), mais il y a tout de même lieu de s'interroger.
J'aurai l'occasion de revenir sur cette grande figure de Martin.
Un deuxième cercle intérieur définit une couronne contenant tous les villages circonvoisins de Ménétréols, isolant celui-ci sur son plateau dominant légèrement les vastes horizons de la Champagne. A propos, quel saint patronne l'église de Ménétréols ? Saint Paul, dont on sait qu'il s'est souvent substitué à Apollon, le dieu de la Lumière : « Toute couronne participe de l'éclat et du symbolisme de la couronne solaire. » (Dictionnaire des Symboles, p. 303.)
Enfin, je m'avise que ce n'est pas le premier cercle qui apparaît sur ce parcours zodiacal. On se souvient peut-être de la Roue de Taranis, à cheval sur Poissons et Bélier, ou Roue de Nesmes.
Or, les diamètres de cette Roue et celle de la Couronne de Ménétréols sont identiques à quatre cents mètres près.
Ménétréols, comme Nesmes, signalerait-il un autre sanctuaire celtique, un autre nemeton ? Les deux noms consonnent étrangement : et si le petit monastère latin dissimulait un important temple pré-chrétien ?
00:15 Publié dans Sagittaire | Lien permanent | Commentaires (7)
Commentaires
Bonjour Robin,
Même si on ne s'exprimme pas on ne vous oublie pas et on suit toujours aussi passionément vos aventures de Chevalier du Zodiaque !
Une question sur ce cercle : quel en est le rayon ? Est-ce un multiple d'une mesure ancienne connue et de quelle époque ?
Écrit par : Marc LEBEAU | 11 mars 2006
Merci, Marc, pour ce salut amical. Il est vrai que le commentaire se fait rare ces temps-ci, mais comme les statistiques de visites sont plutôt à la hausse, je ne me sens pas encore en "terre gaste" de lecteurs...
Vous posez par ailleurs une question intéressante. A la vérité, je n'y avais pas réfléchi une seconde. Je me suis donc penché un peu là-dessus. La distance église de Ménétréols-église de St Valentin est exactement de 7, 6 km. Ce qui ne donne pas un multiple de la lieue romaine (2222 m) ou de la lieue de Paris (en usage avant 1674, de 3, 248 km). En revanche, nous sommes proches des trois lieues gauloises (valeur comprise entre 2400 et 2500 m).
Sur la lieue gauloise : http://www.archaero.com/archeo101.htm
J'avoue que c'est encore trop approximatif pour en tirer des conclusions. Peut-être trouverez-vous mieux ?
Cordialement vôtre
Écrit par : Robin | 11 mars 2006
Bonsoir Robin,
Merci de ces précisions. 7,6 km pour Ménétréols/Saint Valentin, c'est à dire l'extérieur du Grand Cercle. Si l'on prend Ménétréols/Vatan, la précision avec un multiple entier de lieues gauloises doit être meilleure ? (je n'ai pas la carte du secteur !)
Amicalement
Écrit par : Marc LEBEAU | 13 mars 2006
Bonsoir Marc,
Ménétréols/Vatan, si l'on prend d'église à église, est inférieur à trois lieues gauloises. Le mieux serait Saint-Florentin/Ménétréols (mais Saint-Florentin n'a pas d'église...). Et faut-il prendre les églises comme points de repère absolus ? Les sanctuaires peuvent avoir été déplacés.
Quant à la Roue de Nesmes, elle excède aussi les trois lieues gauloises.
Faut-il aller plus loin sur cette piste ? Je ne suis pas sûr.
Qu'en pensez-vous ?
Écrit par : Robin | 14 mars 2006
Merci Robin de ces compléments d'enquête !
Effectivement, cela ne mène pas loin... Tant pis !
Écrit par : Marc LEBEAU | 15 mars 2006
Re bonsoir,
Finalement, j'avais bien une carte du secteur !, je viens de remettre la main dessus (IGN au 1/100 000 °).
J'avais, il y a longtemps déjà noté certaines choses que je vous livre en vrac :
- Autour de Vatan, on a 12 départ de chemins ou routes ;
- L'angle RD 960/N 20 = 60 ° pile !
- A mi chemin de Saint Valentin et Ménétréols, une droite joint "La vielle épine", près N 20, à "l'Epinière", près RD 960 ;
- Entre ces deux "épines", proche de la RD 12, on observe les lieux dits "les Pyramides", "le Nil" et "le Caire" : ces trois lieux appartenaient-ils à un nostalgique de Napoléon ?!
Écrit par : Marc LEBEAU | 15 mars 2006
Bonsoir,
Pour ce qui est de l'épine, à l'époque, j'étais plongé dans la lecture de Charpentier sur Chartres : entre autre, il montrait l'importance de l'église de l'Epine en Champagne qui représentait pour lui une des étoiles de la constellation de la Vierge. Suivait de longs développements, si j'ai bonne mémoire, sur la signification de cette "Epine" et le fait qu'on la retrouvait souvent associée aux lieux templiers ou plus anciens. J'avais ainsi repéré ces deux noms, mais qui peuvent également très bien s'expliquer par une approche plus agricole ou bucolique ! (bien entendu par deux points on ne construit pas un alignement ! mon clavier a fourché !)
Ne vous désolez pas de ne pas "boucler dans les temps" !, cela nous donne le plaisir de vous lire encore plus longtemps !
Écrit par : Marc LEBEAU | 16 mars 2006
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