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14 novembre 2006

Denis Gaulois (10) : Le patriarche Ursin

Reprenons enfin le fil de la légende de Denis Gaulois. Petit rappel des faits : Denis a fort à faire avec les bêtes sauvages qui ravagent ses cantons. Alors qu'il désespère tel Job sur son tas de fumier, un inconnu lui conseille d'aller voir Léocade à Bourges, ce qu'il s'empresse de faire, monté sur "un de ses animaux qu'il avoit apprivoisés".

"En entrant dans Bourges, beaucoup de peuple s'assembla pour le voir ; on étoit surpris à la vue d'un vieillard de telle hauteur, monté sur un animal ennemi des hommes. On lui demanda qui il étoit, d'où il venoit, où il vouloit aller : Je viens de la Gaule ; je m'appelle Denis Gaulois ; j'ai cent onze ans passés ; je suis monté sur un animal que j'ai élevé avec quarante autres qui sont en mon luant ; je cherche Léocade et ses gens, pour chasser dans mes cantons ; je suis parent de votre patriarche Ursin. - On le conduisit alors devant le patriarche. Après avoir conversé ensemble, il le connut pour son parent et le logea avec ses amis."

Ce texte ne cesse de m'intriguer : pourquoi ne pas nommer l'animal sur lequel Denis se déplace ? On sait que c'est un animal autrefois sauvage, maintenant apprivoisé (avec quarante autres), ennemi des hommes, mais son nom nous ne le saurons pas : cette indétermination rend l'histoire encore plus étrange.


Etrange aussi, cette affirmation de Denis, disant venir de la Gaule. Le Docteur Fauconneau-Dufresne ajoute en note que, dans cette légende, la Gaule était le territoire qui s'étendait autour de Déols, sur les deux rives de l'Indre, ce qui nous fait peu progresser dans la compréhension de cette mention à cet endroit précis de l'histoire. Bourges n'était-elle pas en Gaule ? Si, bien sûr, mais ne faut-il pas comprendre que Déols est comme le coeur sacré de la Gaule ? L'endroit où la Gaule est superlativement la Gaule, le centre qui ramasse en lui-même toutes les vertus qui iront irradier tout autour ? Denis, seul, se nomme Gaulois, comme s'il était le seul véritable habitant de la Gaule, son représentant prototypique, l'ancêtre fondateur. 111 ans : dans ce nombre, ne faut-il pas lire trois fois l'unité ? la triple affirmation du Principe ? l'écho des 11 colonnes de Neuvy Saint-Sépulchre ?

 

medium_ursin.jpg

Portail de Saint-Ursin (Cathédrale de Bourges)


Et puis voici qu' apparaît un autre ancêtre fondateur, Ursin, qui appartient pleinement, lui, à l'histoire religieuse de la ville. Grégoire de Tours le mentionne à deux reprises, dans le chapitre I du Livre I de l'Historia Francorum et dans le chapitre LXXX, du De Gloria confessorum. "Ces deux passages en apparence assez divergents, écrit Mgr Villepelet, visent néanmoins les mêmes événements : le premier donne le nom de l'apôtre du Berry sans indiquer la date ; le second, plus riche, indique les débuts de son ministère et le don fait par Léocade  de son palais à la communauté chrétienne." (Les Saints Berrichons, Tardy, p. 174)


L'auteur de la légende de Denis Gaulois s'inspire manifestement de Grégoire de Tours, mais on va voir que s'il reprend la trame principale du récit, il ne se prive pas d'y ajouter sa propre fantaisie.

00:30 Publié dans Capricorne | Lien permanent | Commentaires (2)

Commentaires

Bonsoir Robin,

Ce commentaire sur Ursin et ce nouveau rapport à Bourges me remettent en mémoire le passage "Bois sans pousser feuilles" que vous aviez mis en ligne il y a peu.

Et je ne peux m'empêcher de constater qu'une nouvelle fois, sur un lieu "centre", on constate une terre gâtée, voire Gaste...

Quant à la Bête chevauchée par Denis ne serait-ce point une Ourse, puisque Denis est parent d'Ursin ? La Grande Ourse venant visiter la Petite?!

Écrit par : Marc Lebeau | 15 novembre 2006

Hypothèse intéressante, Marc, l'ours étant sauvage mais apprivoisable. La question est alors de savoir pourquoi il a été occulté dans la légende. La vision de Denis chevauchant un ours a-t-elle été jugée trop extravagante ? Trop empreinte de paganisme ?

Écrit par : Robin | 17 novembre 2006

Les commentaires sont fermés.