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30 novembre 2006

Denis Gaulois (12) : De l'influence des druides

Tentons de résumer : l'analyse de la tradition (reprise dans la légende de Denis Gaulois) faisant remonter l'établissement des chrétiens à Bourges à un certain Léocade a fait émerger une constellation symbolique exaltant la blancheur et la lumière, en relation avec Leucade, haut-lieu de la géographie sacrée du monde grec (Jean Richer, 1967). Ce fait qui ne m'est apparu que lors de ma dernière  recherche  me porte à une nouvelle hypothèse au sujet de la généalogie des systèmes symboliques : en effet, jusque-là, j'avais tendance à penser qu'une première géographie sacrée celtique, non géométrisée, principalement organisée autour des rivières (Bouzanne, Arnon) avait précédé la géographie sacrée zodiacale, avec ses douze signes et son omphalos basé à Neuvy Saint-Sépulchre.


 

medium_brunaux.jpgOr, il ne me semble plus impossible que déjà, à l'époque gauloise, une géographie sacrée zodiacale similaire à celle qui existait en Grèce ait pu être élaborée. La lecture, elle aussi toute récente du livre de Jean-Louis Brunaux, Les Druides, sous-titré Des philosophes chez les barbares (Seuil, 2006), me conforte dans cette vue. L'auteur, archéologue et chercheur au CNRS, y procède à une relecture critique des rares documents écrits que nous possédons sur les Druides. Et c'est peu dire que, bousculant les conceptions pseudo-ésotériques qui foisonnent encore de nos jours, il renouvelle très largement la vision que nous avions de ces énigmatiques personnages. Mettant en évidence les liens étroits qu'ils auraient eu avec les Pythagoriciens grecs, il montre que, plus que des prêtres et des devins, les druides auraient été avant tout des philosophes et des savants :

« C'est, à coup sûr, dans le domaine de la science proprement dit qu'ils se sont imposé comme des êtres supérieurs et surtout comme les rouages indispensables au bon fonctionnement des communautés auxquelles ils appartenaient. Leur domaine de prédilection, en tout cas celui qui remonte le plus loin dans le temps, est l'astronomie avec toutes ses applications à la vie quotidienne. Elle est la seule science dont les auteurs anciens nous apprennent tout à fait explicitement qu'elle était non seulement régulièrement pratiquée par eux, mais qu'elle était l'une de leurs préoccupations primordiales : « Les druides dissertent abondamment sur les astres et leur mouvement, sur la grandeur de l'univers et sur celle de la terre [...] et ils transmettent ces connaissances à la jeunesse. » Comme l'exprime avec précision, quoique sous une forme ramassée, cette phrase de César, l'observation du ciel et des astres entrait dans une série de spéculations plus vastes qui comprenaient aussi des interrogations sur la nature et la forme de la terre et plus largement encore de tout l'univers. En cela, ils ne différaient guère des premiers penseurs grecs, les Présocratiques puis les Pythagoriciens, pour lesquels l'astronomie était à la fois un domaine de recherche propre et un instrument pour comprendre des phénomènes plus généraux (la nature et l'origine de la matière) ou particuliers (la nature et la forme de l'astre sur lequel nous vivons, la géographie de la Terre).(p. 260) » (C'est moi qui souligne)


A l'époque de la conquête romaine, Jean-Louis Brunaux montre que les druides avaient déjà perdu une grande partie de leur pouvoir sur la société celtique (le seul druide mentionné nommément dans la Guerre des Gaules, l'éduen Diviciac, ne correspond lui-même plus vraiment à la définition canonique du druide), mais il fait remonter très haut dans le temps leur emprise : ainsi considère-t-il que les druides, « depuis le Ve siècle av. J.-C., et peut-être sous l'influence des courants d'idées pythagoriciens, étaient devenus des maîtres de la géométrie. (p. 263) »

Géométrie et astronomie trouvaient leurs applications les plus cruciales en matière de culte :

« Depuis les temps les plus anciens, les hommes étaient persuadés que, pour rendre efficaces les cérémonies religieuses, il fallait les mettre en accord avec l'univers et ses éléments les plus proches des hommes, le ciel et les astres. Sacrifices, offrandes, banquets se déroulaient à des dates déterminées par la révolution du soleil, celle de la lune et la position de quelques étoiles. L'établissement de quelques lieux de culte fixes, destinés à durer toujours, nécessité un plus grand respect encore de l'harmonie entre les créations des hommes sur la terre et l'univers immédiat. On orienta les enceintes vers le soleil levant en se basant sur des événements remarquables comme le solstice. Parfois on procéda même à des doubles orientations, de l'enceinte tout d'abord dont chaque côté fait face à un point cardinal, ensuite de l'autel et du porche d'entrée dont l'alignement est aussi celui du solstice d'été. Cette mise en place des éléments architecturaux en fonction de réalités célestes nécessitait force calculs et de réelles capacités en géométrie.(p. 261) » (C'est moi qui souligne)


Bourges et Déols n'ont-ils pas été de ces lieux sacrés, accordés aux conjonctures célestes, dont toute trace des sanctuaires celtiques a sans doute disparu, mais dont le souvenir a été préservé dans les légendes, orales tout d'abord, puis partiellement transcrites, par exemple dans les écrits de Grégoire de Tours, jusqu'à cet ultime témoignage voilé par la fantaisie qu'est la fable de Denis Gaulois ?



Commentaires

En voilà un livre interessant que je souhaite que l'on m'offre à Noel.
Je m'interesse beaucoup actuellement à l'hypothése suivante.

L'oracle de delphes et pytahgore sont t'il des druides. Les druides celtiques sont t'ils issus du monde indo européen et des traditions d'orient métissé de culture grecque.

Écrit par : prevalli | 13 décembre 2006

bonjour robin
où en êtes-vous de cette nouvelle réflexion
d'après ce que j'ai pu de mon côté lire dans d'autres blogs le "temps" des druides et la connaissance précise de leur univers restent pour le moins perdu j'ai fait un lien chez moi "celtoïde" avec un breton que j'ai interrogé sur la fête de Samaïn et qui a eu du mal à être précis
on croit qu'à notre époque on voyage beaucoup (souvent comme des fantômes je trouve) or, c'est évident pour moi que dans l'"antiquité" les hommes non seulement voyageaient beaucoup mais surtout échangeaient beaucoup
je fais ici une remarque bien naïve, mais je n'ai pas votre culture ... on peut ne s'appuyer que sur des écrits et l'astronomie a par nécessité du s'écrire, se dessiner ... mais nos méga loin grandpères/mères fonctionnaient surtout sut l'oral le dit raconté... la palabre comme on dit dans certains coins du monde actuelle ... finalement il restera difficile d'avoir des connaissances de ces vieux très vieux hommes
je vous remercie pour votre attention et espère ne pas vous avoir importuné

Écrit par : colette | 19 décembre 2006

Bonjour Colette,

C'est moi qui vous remercie pour votre attention et croyez bien que vous ne m'importunez en rien, bien au contraire. Hélas, je ne suis guère avancé dans ma réflexion, ne parvenant pas en ce moment, pour des raisons diverses, à me maintenir assez longtemps dans la disponibilité d'esprit nécessaire pour appréhender le phénomène, tenir ensemble tous les brins épars que j'ai pu découvrir et enfin rédiger, progresser, hasarder d'autres pistes. Ces fragments de géographie sacrée méritent plus que jamais leur dénomination. Chaque tesson ouvre des perspectives et des horizons qui paralysent ma volonté. Enfin, c'est peut-être trop dire, trop excessif. Rien de grave, une sorte de panne, dont j'espère bien me sortir bientôt. Mais vous avez raison, il restera difficile d'avoir des connaissances sur ces fameux druides. Essayons au moins de nous dépouiller des visions fausses, et c'est bien en cela que nous aide le livre de Jean-Louis Brunaux.
Plus j'approche du but (le circuit complet du zodiaque où, après tout, il ne me reste guère que deux signes à parcourir), plus le rythme de publication se ralentit, comme un fleuve près de son estuaire qui s'alanguit, s'alanguit. Qu'on me pardonne donc ce courant paresseux qui nous emmène mollement vers le grand large (à moins que nous ayons affaire à un de ces fleuves australiens qui s'assèchent avant la côte...).
Très cordialement à vous, Colette,

Écrit par : Robin | 20 décembre 2006

bonsoir à vous
je suis contente au moins de vous lire à nouveau mais vos mots sont inquiétants : vous parlez de tessons de paralysie de votre volonté ...
vous savez même si vous atteignez l'ultime signe de cette roue c'est une roue faites la rouler Robin qu'elle ne soit pas supplice
peut-être vouliez-vous atteindre un but qui ne peut que vous échapper -

si c'est votre santé qui est en cause je vous souhaite un prompt rétablissement - si vous êtes dans un passage difficile nous sommes +sieurs gardons foi :)))nous serons grandis je vous assure

à bientôt
portez vous bien ainsi que votre famille

Écrit par : colette | 20 décembre 2006

Joyeux Noël Robin.

Écrit par : Marc Briand | 24 décembre 2006

au blanc vent de cet hiver qu'allez-vous demander ?
je lis avec délice un livre magnifique - comme une langue au palais de E.de Lucca ; l'avez-vous lu?
il me semble que le souffle brille dans la gorge enfin.
à bientôt de vous lire.

Écrit par : colette | 30 décembre 2006

Bonne et heureuse année 2007 à vous et à votre famille

Qu'elle voit la réalisation de tous vos rêves !

Écrit par : Gatito | 01 janvier 2007

A tous, Colette, Marc (tous les Marc et Jean-Marc...), Gatito, Ornitho et autres lecteurs connus ou anonymes, je souhaite que cette nouvelle année vous soit douce et joyeuse.

Au blanc vent de l'hiver, je ne demanderai que du courage pour affronter les vents mauvais, ceux qui ne soufflent point des horizons.

Je n'ai pas encore lu "Comme une langue au palais" -cela ne saurait bien tarder-, mais j'ai lu récemment "Sur la trace de Nives". Magnifique. Juste un extrait : "Je suis prédisposé au secours de la poésie, qui n'est pas l'art d'arranger des fleurs, mais une urgence de s'accrocher à un bord dans la tempête. Toi tu t'attaques aux piquets de la tente quand la vent veut l'arracher avec vous à l'intérieur, moi je m'attaque à un couple de vers et je me les chante pour rester calme. Pour moi, la poésie relève de l'urgence, ce qui n'est pas une flatterie au clair de lune. C'est un coup de salut."

Suis de retour bientôt pour la fin de Denis Gaulois et Verseau et Poissons enfin.

Écrit par : Robin | 02 janvier 2007

Bonne année Robin .

Que Poésie telle qu'exprimée aux tripes par EdeLuca nous relie au Beau et nous apaise . Que le courage évoqué ne vous lâche pas d'une seconde .

Avez-vous remarqué que nous "attaquons" l'année avec le vent ?
de luca peut nous aider à comprendre ou +tôt mesurer la force du vent son
Origine.

A bientôt

Écrit par : colette | 02 janvier 2007

Bonsoir,
J'ai parcouru avec intérêt vos achanges et je me permets de me joindre à vous. Je suis écrivain, bien modeste il est vrai, puisque je n'ai qu'un ouvrage de paru. Je donne dans le genre romanesque avec cependant un soucis du détail historique. Mon dernier roman en cours se déroule en Alsace qui est , comme vous le savez, un des berceaux du monde celtique. Lors de mes recherches j'ai trouvé des traditions Alsaciennes qui conservaient une forte emprunte celtique (hommes de paille, planchette allumées et jetées dans la nuit, sapins et autres verdures d'hiver,...). Avec le recul je suis également convaincu que les druides étaient Pythagoriciens, du moins ceux qui étaient en relation avec la colonie Grecque de Marseille ou à proximité des routes commerciales comme celles de l'ambre ou de l'étain. A l'instar des premiers philosophes grecs leur enseignement était oral d'où la part de mystère qui les entoure encore aujourd'hui. Ajoutez à cela la diabolisation des pratiques celtiques par l'église chrétienne et le tableau est complet. Je crois cependant que tout est encore devant nos yeux, dans les traditions, dans les dictons sans âge. Il faudrait faire une archéologie de l'informel, des mots et des superstitions à la manière de Dumézil et de sa mythologie comparée. sans parler des symboles. N'avez-vous pas remarqué qu'un triskel est composé de trois 6 reliés par leur plus grande boucle ?
Est-ce le hasard si 666 est considéré comme le chiffre du diable ?

Écrit par : Peneios | 02 février 2007

Bienvenue à vous, Peneios. C'est toujours un plaisir d'accueillir un nouveau membre dans ce cercle de réflexion bien informel. Merci de venir partager nos interrogations. De quel livre êtes-vous donc l'auteur ?

Écrit par : Robin | 02 février 2007

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