Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

19 décembre 2007

Le pommier de saint Marien

Comme un pommier parmi les arbres d’un verger,

Ainsi mon bien-aimé parmi les jeunes hommes.

A son ombre, désirée, je me suis assise,

Et son fruit est doux à mon palais.

(Cantique des Cantiques )


 

L'axe Saint-Genou - Saint-Ambroix n'a pas encore livré tous ses secrets : en le prolongeant quelque peu vers l'est, j'eus la surprise de rencontrer le hameau du Grand Malleray. Celui-ci est loin d'être anodin, étant placé sur le fameux méridien de Toulx Sainte-Croix qui s'exalte jusqu'à Mehun-sur-Yèvre. J'ai déjà signalé la concentration de lieux phonétiquement proches autour de cet axe majeur, concentration que j'avais mise en relation avec le cheval Mallet, bête diabolique décrite par Henri Dontenville.

35033c63a377aad8ff1ab32fa641546e.jpg



Une autre piste se présente aujourd'hui à moi à la lecture du livre toujours aussi précieux de Stéphane Gendron, Les noms de Lieux de l'Indre : l'étymologiste propose en  effet de rattacher Malleray au latin malum "pomme". Ce toponyme est peu fréquent dans le département : cinq occurrences seulement ont été relevées, dont deux à Palluau. Sur les cinq, je n'ai pu en repérer qu'une seule, La Malleraie, sur la carte IGN au 1/25000, qui se situe, est-ce un hasard ? sur l'axe Palluau-Saint-Genou.


9f9a3c6c6a6584c5a25b06d69a7c7319.jpg Le méridien de Toulx passe à proximité de Saint-Marien, un petit village de la Creuse situé presque à l'intersection de quatre départements, outre la Creuse, le Cher, l'Indre et l'Allier. Il doit son nom à un ermite du milieu du Vème siècle. Né à Bourges, Marien, après avoir vécu six ans au monastère de Pressigny, au sud de Tours, se retira pendant 44 ans dans la solitude près d'Epineuil-le-Fleuriel (le village d'Alain-Fournier). Vers la fin de sa vie, il aurait remonté la rive droite du Cher et se serait installé à l'ermitage d'Entraigues, au confluent du Cher et de la Tardes, "au fond des gorges où, nous dit Grégoire de Tours, il se nourrit de miel et de fruits sauvages ; souvent beaucoup de monde venait le voir. C'est là qu'on le trouve mort en 513, sous un pommier sauvage." ( Microtoponymie rurale et histoire locale, Pierre Goudot, Cercle d'Archéologie Montluçon, 2004, p. 260)

Saint Marien, comme saint Martin à Candes, meurt donc près d'un confluent. Il a sans doute pris la place d'une ancienne divinité celtique liée aux eaux, peut-être le Mars Condatis celtique (l'église d'Epineuil est également placée sous le vocable de saint Martial). Près de Jurigny sur la commune de Saint-Marien, la fontaine d'Arnon est située non loin des sources de l'Arnon, affluent du Cher et rivière sacrée s'il en est. Un pèlerinage y était organisé le 10 octobre (le dernier remonterait à 1892).