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29 mai 2007

D'Estrée à Souvigny

En 828, le comte de Bourges, Wilfred, "plus célèbre encore par sa piété que par sa naissance", précise Mgr Villepelet, décide, d'un commun accord avec sa femme Ode, de faire édifier, sur son domaine du bord de l'Indre appelé Estrée, une église et un monastère dédiée à la Vierge Marie et à tous les Saints. Cette large consécration  ne sembla pas satisfaire  les bénédictins chargés d'administrer les lieux puisqu'ils préférèrent se placer sous la protection d'un saint particulier, aussi bien allèrent-ils chercher les reliques de saint Genou qui reposaient à Cella supra Nahonem depuis de longues années.

Il faut croire que ces reliques étaient de grande valeur car on prit garde à les transporter, dès la première menace d'invasion normande, à l'oratoire de Saint-Pierre-le-Moutier, "entre Loire et Allier". A juste titre apparemment puisque les Vikings brûlèrent le monastère de fond en comble. Revenues à leur emplacement après autorisation de l'archevêque de Bourges, ne voilà-t-il pas que les Hongrois menacent à leur tour la région. Cette fois on transporte les saintes reliques au château de Loches, puis on les rapatrie dans la toute proche forteresse de Palluau. "C'est de là, enfin, assure Mgr Villepelet, après tant de pérégrinations, qu'elles furent ramenées solennellement, par la rivière de l'Indre, jusqu'à l'église d'Estrée, le 12 des calendes de juillet, et placées derrière l'autel. En souvenir de cette déposition, le bourg autrefois appelé Estrée a pris le nom de Saint-Genou, qu'il porte encore aujourd'hui avec respect."

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Forteresse de Palluau

 

Revenons sur ce périple des reliques : il est pour le moins curieux de protéger les reliques des attaques vikings en choisissant un oratoire lui-même situé à proximité d'un fleuve. On sait que les Vikings ont souvent remonté la Loire et un lieu élevé loin d'un cours d'eau important aurait mieux convenu, reconnaissons-le,  que Saint-Pierre le Moutier. Mais il semble qu'une tout autre logique soit ici à l'oeuvre.

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Image : Wikipedia

 

Observons d'abord que Saint-Pierre-le-Moutier est situé entre Loire et Allier, à peu de distance du confluent du Bec d'Allier, ce qui rapproche la petite cité de la thématique proprement Verseau de la convergence des flux.

En second lieu, la ville est rasée  au Nord par le grand axe d'Autun, lié à l'histoire de saint Léger, qui "se dirige, je me cite,  au sud-ouest par Chevannes, Montaigu, Saint-Léger-sous-Beuvray (au pied donc du Mont Beuvray, site de l'ancienne Bibracte, capitale des Eduens), Montjouan, Chevannes, Saint-Léger-les-Vignes au nord de Decize, Saint-Amand Montrond et Orval. Elle [la ligne] passe alors à deux kilomètres au nord de Neuvy Saint-Sépulchre puis rejoint Argenton, le bois de Souvigny, Chapelle-Viviers, Morthemer, Vivonne avant d'aboutir à Souvigné à seulement cinq kilomètres de Saint-Maixent. Un Saint-Maixent que nous retrouvons sur la partie sud du méridien de Toulx."

Cette position si proche d'un alignement majeur n'est sans doute pas fortuit car je m'avise maintenant qu'un autre axe, quasi perpendiculaire à l'axe d'Autun,  relie  le  hameau de Saint-Léger (que j'avais repéré mais n'avais pu jusque là intégrer dans un quelconque alignement), où une chapelle demeure, dernier vestige d'un ancien couvent, et Saint-Léger-le-Petit, sur les bords de la Loire.

 Et vers le sud-est, cette perpendiculaire va traverser très exactement le village de Souvigny, près de Moulins. Berceau de la maison de  Bourbon, première capitale du Bourbonnais,  il renferme  l'un des monuments les plus importants de l'époque romane : l'église prieurale Saint-Pierre et Saint-Paul, lieu de pèlerinage sur les tombes des  saints  abbés de Cluny, Mayeul et Odilon.

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Cette découverte donne a posteriori un sens manifeste à la récurrence de Souvigné et Souvigny sur l'axe autunois - fait que j'avais noté sans pouvoir  alors le justifier. J'ajoute que l'église Saint-Julien de Mars-sur-Allier, près du hameau de Saint-Léger, au nord de Saint-Pierre-le-Moutier, appartenait à un prieuré bénédictin dépendant de Souvigny (peut-être le couvent de Saint-Léger ?).

Au vu de ce que je lis maintenant sur Souvigny, une note spéciale me semble  nécessaire.

 

 

01:25 Publié dans Verseau | Lien permanent | Commentaires (0)

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