Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

12 juin 2007

Vita Martini (1) : Hilaire

Martin naît, semble-t-il, en 316, à Sabaria, en Pannonie (Szombathely, en Hongrie), puis passe sa jeunesse à Pavie, en Italie, où, déjà, il pense à devenir moine. Mais, étant fils de soldat, il se doit de servir dans la garde impériale à cheval. "Cela ne l'empêche pas de pratiquer la vertu, peut-on lire dans l'Encyclopaedia Universalis (Thesaurus Index, II, p.1881), c'est ainsi qu'à Amiens il donne à un pauvre la moitié de son manteau." Ce geste célèbre peut être interprété comme la première inscription de Martin dans la géographie sidérale  neuvicienne : Amiens se situant en effet en Sagittaire, signe de la Chevalerie. Libéré ensuite de ses obligations militaires, il se fait baptiser et va se mettre sous la protection de l'évêque de Poitiers, Hilaire (saint Léger fera de même quelques siècles plus tard). N'importe-t-il pas de faire coïncider le  nouveau départ d'une existence avec le commencement même de la roue zodiacale ?

f325ad16dbb4bb4e046088bf75148997.jpg

La charité de saint Martin

Heures d'Étienne Chevalier, enluminées par Jean Fouquet
Paris, musée du Louvre, département des Miniatures et Enluminures, RF 1679, © Photo RMN
 
J'ai déjà montré, aux prémices de cette étude, alors que nous arpentions encore les terres de Bélier, la valeur principielle de Hilaire et son lien aux hilaria antiques, associés au culte d'Atys et à l'équinoxe. On pourrait ajouter maintenant les propres remarques de Philippe Walter qui note l'accointance de Martin avec un saint dont le nom signifie en latin le "rieur" (hilaris) : "Sous ce trait apparemment anodin, précise-t-il, se cache certainement l'éternelle aptitude au rire prophétique que manifeste le devin caché sous le saint et dont Merlin nous offre une image littéraire parfaite. Dans les romans arthuriens, en effet,  le rire de Merlin correspond toujours à une phase rituelle de se prophéties. Ce rire périodique est un rire mythique ; ce rire inspiré est aussi le rire de Carnaval. Il rappelle l'appartenance de la fête du saint  au calendrier de Carnaval. De Hilaire à Martin, les noms propres livrent souvent les traces d'une présence mythique à peine perceptible mais néanmoins reconnaissable, pour peu que l'on soit attentif à la conjonction d'une date et d'un nom.(Mythologie chrétienne, op. cit. p. 52-53)."
Non loin de Souvigny, le village de Saint-Hilaire porte la marque du saint hilare : Sancto Hilario au XIIème siècle, c'était une ville close et fortifiée, où s'installa également une commanderie de l'ordre de Malte. Il jalonne un autre alignement d'importance, qui relie Souvigny à son presque homonyme Sauvagny (que j'avais d'abord repéré sur l'ancienne carte de Cassini sous le nom de Souvagny-le-Comtal).


Or ce minuscule village de 100 habitants s'honore d'une église dont je lis qu'il appartenait aux chevaliers de l'ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem, mais ceci n'est que l'autre nom de l'Ordre de Malte. Deux propriétés de l'Ordre sur le même axe issu de Souvigny, voilà qui n'est sans doute pas fortuit, d'autant plus qu'après avoir traversé Saint-Victor, au nord de Montluçon, (et il n'est pas anodin que Victor, martyrisé à Marseille en 303, soit lui aussi comme Martin un soldat romain), il  rejoint Toulx Sainte-Croix, le haut-lieu polaire que nous connaissons bien et dont j'ai pu écrire déjà en 2005 que "pour Henri de Lubac, la croix érigée sur une montagne, au centre du monde, reproduit totalement l'antique image de l'arbre cosmique, en tant qu'Axe du Monde joignant le pôle terrestre au pôle céleste. Or, le méridien de Toulx est le vecteur éloquent d'une telle symbolique : balisé par Boussac ( dont le château abrita longtemps les tapisseries de la Dame à la Licorne ), il désigne le village de Primelles, dans le Cher, situé au coeur de la forêt domaniale de Thoux... Ici, selon Mgr Jean Villepelet (Les Saints Berrichons, Tardy, 1963, p.169), aurait séjourné assez longtemps saint Firmin, évêque d'Amiens, tandis qu'il se rendait à Rome au tombeau des Apôtres. Séjour significatif : Amiens se situe pratiquement sur ce même méridien."

00:03 Publié dans Verseau | Lien permanent | Commentaires (5)

Commentaires

Sans compter Hilarion Lefuneste, ci-devant faire-valoir du sieur Talon Achille, quand il paraissaient dans Pilote, Matin ! Quel journal !

Robin, pardonnez-moi ce glissement sémantique dans ces études très sérieuses et que je suis toujours avec autant d'attention.

Écrit par : Marc Lebeau | 12 juin 2007

Vous êtes tout pardonné, Marc, Lefuneste m'a beaucoup fait rire en mes jeunes années, et mérite donc bien son prénom. J'étais aussi un fervent lecteur de Pilote...
Pour les malheureux qui ne connaîtraient pas...
http://michel.greg.free.fr/abcdaire/a_comme.htm

Écrit par : Robin | 12 juin 2007

Oui Pilote nous a bien accompagnés dans nos jeunes années .
un autre point commun .

Écrit par : colette | 16 juin 2007

J'habite près de Le Blanc ( 36 ).
A quelques kms de cette ville se trouve un village : saint Hilaire sur Benaize.

"Cité en 1254.
Existence d'un prieuré de l'abbaye de Déols.
La seigneurie de Céré appartint à la famille de ce nom de 1390 au début 16ème.
L'ancienne commune de Lavaudieu a été réunie à celle de Saint-Hilaire en 1819, elle fut le siège d'une commanderie de templiers. "

Sachant que Saint Martin est le patron d'un grand nombre de villages du voisinage ( dont l'eglise de Concremiers, près d'Ingrandes - en Indre -, Ingrandes qui fut paraît il le véritable lieu de la bataille de Poitiers ) , sans oublier la fête de la St Martin au Blanc- , on peut constater que ces mytes sont donc fréquents en Berry !

J'irai voir un jour l'église de St Hilaire, que je ne connais pas, bien qu'à simplement quelques kms.
cependant, il semblerait qu'elle soit assez quelconque, d'après les dires.

Interessant votre blog, que je visite fréquement !

Écrit par : Tara | 16 juin 2007

Merci pour ce commentaire qui rejoint ma recherche actuelle (je vais d'ailleurs citer Saint-Hilaire-sur-Benaize dans ma prochaine note). Ils ne sont pas très nombreux les habitants du Berry à commenter ici, et c'est toujours un plaisir de voir un lecteur se manifester, fut-ce sous un pseudonyme.
Bien à vous, Tara

Écrit par : Robin | 16 juin 2007

Les commentaires sont fermés.