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10 juillet 2007

Inventaire des Souvigny

Quatre lieux nommés Souvigny sont recensés en France. L'idée m'est donc venue de mener une petite enquête sur chacun d'eux, afin de voir si des points communs les rassemblaient au-delà de la dénomination. Je n'insiste pas sur Souvigny en Allier, dont j'ai déjà beaucoup parlé (même si certains éléments importants n'ont pas encore été évoqués, mais cet inventaire sera précisément l'occasion de le faire), et je porte d'abord mon attention sur les trois autres Souvigny.

1. Souvigny-en-Sologne


Petit village de 419 habitants, dans le Loir-et-Cher, Silviniacus en 938, vestiges préhistoriques et gallo-romains, église Saint-Martin du XIIème siècle, fête de la Saint-Blaise (31/1).


 
Deux observations importantes : on voit bien sur la carte que, d'une part Souvigny-en-Sologne est cerné par la forêt, d'autre part il est situé à l'extrémité du département, en un point de contact entre Cher, Loiret et Loir-et-Cher, en limite des anciens diocèses de Bourges et d'Orléans.



2. Souvigny-de-Touraine

Ce village  est proche d'Amboise, l'ancienne capitale des Turons,  cité royale depuis  la Guerre de Cent Ans jusqu'au XVIème siècle.

Extrait de la présentation du site cg37 :


"Souvigny-de-Touraine est un village en grande partie boisé et traversé par le cours sinueux de l'Amasse qui faisait autrefois tourner jusqu'à cinq moulins.
Le nom de Souvigny apparaît pour la première fois au XIème siècle (Salviniacum du latin Silva : forêt). De l'occupation néolithique, on passe à un habitat gaulois, puis gallo-romain.
Le village s'est développé autour de l'église actuelle construite au XIIème siècle, sur l'emplacement d'un ancien édifice religieux : des fonts baptismaux datant du Vème-VIème siècle en témoigne et dans son enceinte un préau a été récemment bâti.
Un lavoir construit à l'emplacement d'une ancienne fontaine sacrée gauloise a été remis en valeur.
"



Le porche de l'église du village, placée sous le vocable de Saint-Saturnin, est  orné de signes du zodiaque entourant l’Agneau pascal.
Là encore, on constate que le village est  au centre d'un important massif forestier, et à la limite d'un département. Une ancienne carte des diocèses montre qu'il était proche du carrefour de l'archevêché de Tours avec les deux évêchés de Blois et d'Orléans.



3. Souvigny (dans les Yvelines)

Ce Souvigny, signalé par ViaMichelin, a été le plus difficile à repérer. En effet, le site donnait l'emplacement sans préciser le nom, et la carte Michelin plus précise restait muette sur un quelconque Souvigny.
Seul renseignement exploitable : le lieu faisait partie de la commune de Boissière-Ecole, qui fut au Moyen Age fief de la châtellenie de Saint-Léger.  Saint-Léger-en -Yvelines se dresse en effet à quelques kilomètres au nord-est, au coeur une nouvelle fois d'une région très boisée, en limite de la grande forêt de Rambouillet, elle-même vestige de l'antique forêt d'Yveline : "Important à l'époque gallo-romaine, le village de St Léger fut, avec son ancien château, résidence royale de 987 à 1203 et, de nouveau, de 1499 à 1875 avec le nouveau château-pavillon de chasse des rois de France. Entre les deux châteaux furent d'ailleurs installés les premiers haras royaux."

Heureusement, j'ai fini par mettre la main sur une carte datée du 17 septembre 1788, où Souvigny apparaît sous la forme Savigny, maison isolée à la lisière de la forêt, près de la route de Saint-Léger.

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Enfin, Saint-Léger se situe non loin de la limite des diocèses de Chartres et de Paris.

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Essai de synthèse


1. L'omniprésence de la forêt pour les quatre Souvigny étudiés nous autorise à abandonner l'hypothèse du nom propre romain pour expliquer leur étymologie : la silva est bel et bien motif central.


2. Le caractère royal de cette forêt est établi pour Souvigny-de-Touraine (forêt d'Amboise), et Souvigny en Yvelines (résidence capétienne). Souvigny en Allier, déjà honorée par la visite de papes et de rois,  fut longtemps sépulture des Bourbons à tel point qu'on a pu écrire que Souvigny était le Saint-Denis du Bourbonnais.

         Rappel : Souvigny en Allier
 

3. Le caractère frontalier des quatre Souvigny est également patent. Que Souvigny (Allier) et Souvigny (Yvelines) soient liés à saint Léger corroborent l'observation réalisée lors de l'inventaire des Saint-Léger, à savoir que la grande majorité des Saint-Léger prenant place  dans la géographie sacrée est située sur des marches, des points de contact entre plusieurs entités géographiques et politiques.


4. L'eau semble avoir aussi de l'importance : fontaine sacrée à Souvigny-de-Touraine ; à Souvigny (Allier), "les deux saints étaient représentés en gisant sur le tombeau, au centre de l’église. En dessous, il y avait une hypogée avec une source, où se rendaient les pèlerins."

Cet aspect est moins flagrant pour les deux autres Souvigny, mais Souvigny-en-Sologne, arrosé par un affluent du Beuvron, est tout de même au coeur d'une région d'étangs, tandis que le  Souvigny yvelinois se place juste à l'amont de la naissance d'un ruisseau.


5. Le zodiaque est figuré à Souvigny-de-Touraine ainsi qu'à Souvigny en Allier. En effet, la cité renferme une des pièces les plus extraordinaires de la sculpture romane, un fût en pierre octogonal de la fin du XIIe siècle dite la Colonne du Zodiaque (ou Calendrier de Souvigny), dont quatre faces sont couvertes de bas-reliefs :   mois de l'année, signes du Zodiaque, peuples et animaux étranges et fabuleux. Hélas, la colonne est mutilée,  la partie basse correspondant aux premiers mois de l'année a disparu.

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Cet inventaire des Souvigny semble donc  mettre en lumière un complexe cultuel situé sur des zones frontalières, au coeur d'un massif forestier, en relation avec les puissances souterraines incarnées par la présence de sources sacrées. Si l'on recherche quelle divinité celtique pourrait bien avoir été au centre d'un tel complexe, on ne peut que penser au Silvain gallo-romain,  assimilé au gaulois  Sucellus, le dieu au maillet que j'ai déjà évoqué au sujet de Levroux.

11:10 Publié dans Verseau | Lien permanent | Commentaires (0)

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