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06 septembre 2007

De saint Genou à saint Ambroix


L'autre direction cardinale issue de Saint-Genou que je n'ai pas encore exploré est bien sûr le parallèle, l'axe est-ouest balisant l'horizon équinoxial. Si le parcours vers l'ouest ne donne rien de probant, en revanche la visée orientale est particulièrement suggestive.
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 Pour une vision un peu plus large, la carte en PDF

 

 Traversant la Champagne berrichonne et rasant la ville d'Issoudun, elle atteint le village de Saint-Ambroix, à la limite du département du Cher. Quel lien peut-il bien avoir avec Saint-Genou ? C'est en me plongeant dans l'hagiographie du saint avec  le livre toujours aussi précieux de Mgr  Villepelet que je l'ai découvert : il s'agit ni plus ni moins que de la ville de Cahors.

On se souvient que saint Genou avait été évêque de Cahors avant de se rendre en Berry, et qu'il avait eu maille à partir avec le préfet Dioscorus qu'il avait néanmoins fini par convertir. Or, Ambroix, dont la vie est connue selon deux sources dont l'une est un très ancien bréviaire de Bourges, est donné lui aussi comme évêque de Cahors. Cette rencontre n'est assurément pas fortuite, d'autant plus que Saint-Ambroix est un toponyme très rare en France (il n'en existe qu'un autre, dans le Gard).
Villepelet place l'épiscopat d'Ambroix dans la seconde moitié du VIIIe siècle (par déduction, car les deux Vitae ne donnent aucune indication chronologique). Il raconte que désespérant de ses ouailles dont la corruption des moeurs lui semblait irréductible, il se dirigea avec son ami Agrippinus, vers le tombeau des saints Apôtres. C'est donc en revenant de Rome, et après avoir visité à Tours l'église de Saint-Martin, qu'il fait halte quelque temps au village des bords de l'Arnon qu'on nommait alors Ernodurum. Et qui devint donc Saint-Ambroix, car c'est là qu'"il s'endormit dans le Seigneur, au milieu d'octobre, aux environs de l'année 770".
La marque de saint Martin, dont nous avons vu l'extrême importance dans la thématique liée à saint Genou, se retrouve donc ici à Saint-Ambroix. Les alentours même du village recèlent plusieurs indices :

Le village de Saint-Hilaire, située sur la rive gauche de l'Arnon, est limitrophe de Saint-Ambroix et l'on peut voir un bois de Saint-Martin au sud-est, en bordure de département.


Notons enfin, et ce sera tout pour l'instant, que le point médian entre Saint-Genou et Saint-Ambroix est situé sur le lieu-dit Les Chapelles, près de Brion. Rappelons que le mot même de chapelle vient "du latin populaire capella, diminutif de cappa, "manteau à capuchon" (cape, chape), attesté en latin médiéval (679) pour désigner le manteau de saint Martin, relique conservée à la cour des rois francs. Par extension, capella en vint à désigner le trésor des reliques royales et l'oratoire du Palais Royal abritant ce trésor." (Robert, Dictionnaire Historique de la Langue Française, p. 389)

23:50 Publié dans Verseau | Lien permanent | Commentaires (0)

04 septembre 2007

Nunc est bibendum

L'outil indispensable du géographe sidéral est bien sûr la carte. Il est bien certain que ce qui m'a séduit de prime abord dans le livre de Doumayrou, c'est sa profusion de cartes et de schémas, de blasons et de figures géométriques . Mais je  ne l'avais  pas attendu pour user de la  carte Michelin de la région, sur laquelle nous imaginions nos périples vélocipédiques. Avec ses lieux-dits innombrables, ses trois points noirs promesses de ruines, ses liserés verts bordant  les routes tortueuses, ses gerbes bleues ouvrant sur des panoramas vertigineux, c'est un vrai trésor de rêveries que nous offrait le bibendum *alerte et rondouillard. C'est encore cette carte qui me sert le plus souvent, qui accueille mes tracés, mes crayonnés. Ainsi le bois de Souvigny, traversé par le méridien de Saint-Genou, y apparaît-il ainsi :



Mais il est parfois utile d'aller y voir de plus près. Il y faut alors la carte d'Etat-Major, pardon la carte IGN (le potentiel de rêverie est malheureusement moindre dans ce dernier prédicat, plus pacifique il est vrai - l'ancien montrant bien que la cartographie servait  d'abord à faire la guerre). Oui, la carte IGN au 1/25000 si possible. Des détails alors surgissent, que le bibendum avait négligé.

Je me suis muni tout récemment du logiciel Carto Exploreur de l'Est de l'Indre, qui me permet de visualiser sur l'ordinateur le contenu de plusieurs cartes papier, et c'est ainsi que le bois de Souvigny m'est apparu sous un autre jour :


Première surprise : le bois de Souvigny n'est plus désigné comme tel. Toutes les parcelles forestières de la carte portent un autre nom. Mais on ne perd pas au change, puisque le mot Souvigny apparaît à quatre reprises : en tant que  lieu-dit tout d'abord, placé à deux cents mètres seulement du méridien exact de Saint-Genou (l'église étant prise comme point nodal), puis comme ruisseau et comme étang, enfin comme dénomination d'une Tuilerie (les fours à briques ou à tuiles étaient très gourmands en bois de chauffage).
La situation de ces lieux est  similaire à celle des Souvigny étudiés dans l'inventaire : cerné par la forêt, en rapport avec l'eau. Seul le caractère frontalier ne paraît pas établi. Nous nous trouvons en effet encore assez loin de la limite sud de la civitas biturige.
Grâce à ce superbe outil informatique (il suffit par exemple de déplacer la souris pour avoir la longitude et la latitude de chaque lieu pointé), il est possible de mener un travail très fin autour de la microtoponymie des espaces traversés.
C'est avec son concours que nous allons  maintenant explorer une autre direction cardinale issue de Saint-Genou.
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On reste bien ici dans la thématique rabelaisienne de la beuverie... 

00:47 Publié dans Verseau | Lien permanent | Commentaires (0)