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Rechercher : Poissons

A l'année prochaine !

En 2009, promis, la fin du périple zodiacal, la dernière étape du voyage sidéral, les secrets du douzième signe, les Poissons, autour de la Brenne et de la ville du Blanc.

Une petit cadeau de Hautetfort en cette fin d'année : un petit moteur de recherche pour l'ensemble du site. Très pratique, à essayer sans tarder. Moi-même, je m'y retrouve mieux.

A part ça, je laisse parole à l'Homme Sauvage de Levroux :

Homme-sauvage-2009.jpg

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30 décembre 2008 | Lien permanent | Commentaires (1)

L'étang du Bois-Secret (réédition)

Assez d'atermoiement, rentrons enfin dans le vif du sujet. Les Poissons, douzième et dernier secteur du zodiaque neuvicien. Afin de précipiter le mouvement, je réédite ici ma note de septembre 2005 consacrée à la Brenne et au mystérieux étang du Bois-Secret, repéré par Guy-René Doumayrou. Je n'ai rien à changer aux mots d'alors, qui montraient immédiatement l'importance de ce petit terroir berrichon tout à fait exceptionnel à tous points de vue.

"Une fois n'est pas coutume : j'abandonne l'habituelle marche pas à pas, de signe à signe, pour d'une seule enjambée diagonale aborder le signe des Poissons. J'y ai été incité, je le répète ici, par la présence de cet axe Vierge-Poissons reliant Vaudouan à Saint-Michel en Brenne, via le centre zodiacal de Neuvy Saint-Sépulchre.

La Brenne est une des quatre régions naturelles du département de l'Indre, une étendue à peu près plate, juste hérissée de quelques tertres de grès, appelés buttons, que l'imagination populaire assimile à des dépattures de Gargantua. C'est le « pays des mille étangs » : une myriade de plans d'eau plus ou moins importants constellent le paysage, véritable paradis pour les oiseaux migrateurs, dont c'est une des haltes préférées sur le chemin des tropiques.

Que ce pays s'inscrive très clairement dans le secteur angulaire Poissons du zodiaque neuvicien fut une des ces coïncidences frappantes qui me portèrent à pousser plus loin mon étude.

 

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Maintenant, il faut savoir que la Brenne apparaît comme une région éminemment centrale dans les recherches de Guy-René Doumayrou. Non pas dans son livre majeur que j'ai souvent évoqué ici, Géographie sidérale, mais dans une publication ultérieure, L'esprit des lieux (Centre international de documentation occitane, Beziers 1987). Du moins je l'imagine, car je n'ai connaissance de ce livre que par un site néerlandais, un des rares sites présentant le travail de Doumayrou (l'inconvénient, évidemment, est qu'il est rédigé en néerlandais, ce qui ne facilite pas la lecture...).

Il reproduit nombre de cartes et de figures de première importance pour la géographie sacrée occidentale. Sur l'une d'entre elles, la Brenne est traversée par l'axe Sein-Lyon-Gargano-Delphes, passant par Neuvy Saint-Sépulchre.

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Plus fort encore, la Brenne est au centre d'un triangle des Gaules dont les sommets sont Sein, Planès et Syren en Luxembourg. Très exactement, c'est un étang, dit du Bois-Secret, qui constitue le centre très précis de cette vaste géométrie.

Or, cet étang du Bois Secret, dont le site donne des photos et la position très précise sur la carte IGN, est situé sur la paroisse de Saint-Michel-en-Brenne.

De ceci je n'ai eu connaissance bien sûr qu'en février dernier, au moment où je faisais l'inventaire de ce qu'on pouvait trouver sur la Toile en matière de géographie sacrée (fort peu de choses en l'occurence), donc bien après avoir mis en évidence l'axe Vaudouan-Saint-Michel-en-Brenne.

Cet étang du Bois Secret a-t-il inspiré l'auteur du tarot divinatoire portant le même nom : « Ce tarot trace un sentier vers le cœur caché de la Nature, un endroit magique qui pourrait se trouver dans l’âme de chacun d’entre nous. » ?"

 

 

 

 

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12 janvier 2009 | Lien permanent | Commentaires (14)

Le voyage alchimique (3)

De Compostelle, Flamel choisit de revenir par mer. Le pilote de la nef hermétique sera son ami et initiateur, Maître Canches, en réalité symbole du soufre blanc, de même que Flamel se représente sous les traits du mercure, sujet des Sages. Semblablement, nous reviendrons à Cluis en suivant la rive droite de la Bouzanne, passant par Limanges, puis par Mouhers qui, au XIIIe siècle était « Moers » et incarnait donc cette Mer philosophique contenant le fruit du Mariage des deux principes : Ange, Mercure double, Hermaphrodite, Androgyne, autant de noms désignant le Rebis (littéralement : chose-deux), matière prochaine de la Pierre Philosophale. « Dans l'allégorie classique, note Philippe Audoin (Bourges, cité première, p. 261), le Rebis est le poisson qui nage dans la Mer philosophique – l'échinéïs remora qui a tout pouvoir « d'arrêter le vaisseau ». Le terme de vaisseau devant s'entendre à la fois du contenant et du contenu, cet arrêt marque la fixation définitive du composé dont la première volatilité est enfin conjurée. » Or, le blason des Gaucourt, seigneurs de Cluis au XVème siècle, est semé d'hermines, à deux bars adossés de gueules : ces bars sont poissons de mer et participent de la même cabale phonétique que l'ours (bear) du duc de Berry (d'ailleurs on a vu que sa soeur Marie, avec qui il commande l'histoire de Mélusine à Jehan d'Arras est duchesse de Bar). Relevons aussi le fait que ces armes contiennent les trois couleurs fondamentales du Grand Oeuvre, à savoir le noir, le blanc et le rouge (gueules, en héraldique), qui marquent les trois étapes de la réalisation et du perfectionnement de la Pierre.

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Ces trois couleurs apparaissent après que la matière obtenue ait été, explique Philippe Audoin, « tirée de son eau-mère et placée dans l'oeuf (elle est oeuf elle-même) c'est-à-dire dans un matras de verre épais, hermétiquement luté. Ce ballon va prendre place dans le fourneau (l'Athanor) où il sera maintenu, des jours durant, à la température égale, modérée, qui convient à une couvaison. C'est la coction. » Et c'est merveille, bien sûr, de découvrir sur la route qui mène de Mouhers au château de Cluis-Dessous, le hameau du Fourneau, lié à la présence d'un haut-fourneau sur la Bouzanne.

 

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Qu'il soit attesté seulement depuis le XVIIIème siècle n' arrêtera pas notre marche rêveuse, nous trouverons même, plus près de nous encore, la marque de l'ouverture de ce livre fermé dont nous étions partis, à travers la création, en 1959, de ce festival du Livre Vivant (ainsi était-il nommé à l'origine, même s'il ne porte plus ce nom aujourd'hui) donné sous les étoiles, à l'intérieur des ruines de la forteresse de Cluis-Dessous. Ainsi furent montés, par exemple, « Quatre-Vingt-Treize », « Les Misérables », « Notre-Dame de Paris », « Ivanhoé », « « Les Chardons du Baragan », « Jacquou le Croquant », « Aliénor »... et dernièrement, en 2004, « Martin Guerre ».

Sans le savoir, la vieille cité retrouvait là, dans l'enceinte en miroir du Bouvier céleste, sa vocation essentielle : livre de vie, livre de pierre, dont le message est toujours actuel, à qui sait ouvrir ses pages. George Sand, elle-même, passant une nuit en ces lieux, y rêva longuement, comme en témoigna son ami Charles-Robin du Vernet.

 

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Il ne nous reste plus (si l'on peut dire, car la tâche sera à reprendre infiniment) qu'à décrypter cette partie de l'axe fondamental qui, partant de Neuvy, s'exalte à Bourges.

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30 janvier 2006 | Lien permanent

Pause estivale

« J'ai pénétré dans la patrie, je la cherche ici.

Lorsque le car s'est arrêté près des lauriers-roses,

j'ai retrouvé la vraie contrée qui m'était promise.

Oh ! J'y vais accéder. J'arrive au centre enfin.

J'avance encore. J'écoute. J'entends. »

Andre Frénaud (extrait de Ménerbes, 1953)

 

Les obligations de la vie professionnelle et familiale m'ont tenu éloigné de ce blog en ce mois de juin 2006, et l'été qui vient, pour diverses raisons, ne s'annonce pas plus propice à un rendez-vous régulier. Je préfère donc décréter une pause estivale de longue durée et donner rendez-vous en septembre aux fidèles lecteurs.

Il reste donc bien des aspects de la géographie sacrée berrichonne à découvrir. Je n'en ai même pas fini avec Déols, et a fortiori avec le signe du Capricorne. Verseau reste entièrement à arpenter, et Poissons, que j'ai succinctement abordé avec le fameux étang du Bois-Secret, n'a pas dit son dernier mot.

medium_chapiteau-neuvy-chat.jpgEt puis il me faudra revenir sur l'Homme Sauvage en relation avec les demeures philosophales de Fulcanelli, déchiffrer l'anglais pour comprendre quelque chose au zodiaque de Glastonbury, à moi signalé par l'ami Marc.

Cet été devrait être aussi l'occasion d'approfondir certaines lectures que j'ai dû cette année plus ou moins abandonner en cours de route, faute de temps ou de courage : par exemple, Du Sacré, d'Alphonse Dupront, et Ecoumène d'Augustin Berque.

Il serait bon aussi que je confectionne un index des noms et des lieux cités, qui permettrait au lecteur de mieux se repérer dans le labyrinthe.

J'aspire aussi, il va sans dire, à quelque repos et rêverie...

Je vous souhaite à tous un très bel été.

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29 juin 2006 | Lien permanent | Commentaires (4)

Des Abymes au Paradis

Quand ce beau Printemps je voy
J'apperçoy
Rajeunir la terre et l'onde
Et me semble que le jour,
Et l'amour,
Comme enfans naissent au monde.

Ronsard
(Chanson en faveur de Mademoiselle de Limeuil)


Le frais minois du printemps a beau se présenter, nous ne pouvons que le laisser filer. Il nous reste en effet tout un quadrant zodiacal à parcourir qui n'est autre que l'espace des trois signes hivernaux, Capricorne, Verseau et Poissons. Sans doute en ai-je ça et annoncé la couleur, défriché quelques arpents, mais l'essentiel de la tâche reste à accomplir. Allons-y gaillardement.

Il faut repartir de Laurian, ce saint céphalophore dont le chef fut reconduit, dit-on, à Séville. Le corps acéphale de Laurian aurait été longtemps conservé dans une chapelle proche de Vatan, aujourd'hui détruite, mais la paroisse où elle se situait se nomme encore La Chapelle Saint-Laurian. Or, un alignement issu de Vatan et passant par ce village nous livre des indices confirmant le rôle polaire dévolu à la cité de Clair et de Sulpice. Il va se ficher en effet au centre de la ville de pélerinage de Levroux, en traversant les plates étendues de la Champagne sur une vingtaine de kilomètres ; ici, les hameaux sont moins nombreux qu'en Boischaut, aussi la ligne ne rencontre-t-elle dans sa course que deux lieux-dits. Mais les noms sont hautement significatifs : le Paradis, les Abymes...

 

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L'axe Vatan-Levroux figure l'Axe du Monde qui fait communiquer le haut et le bas, le céleste et l'infernal, en offrant à chacun l'image de son destin et du choix à effectuer entre l'ascension spirituelle et la chute en enfer. « L'aventure humaine, peuvent écrire Gérard de Champeaux et dom Sébastien Sterckx, se présentait dès lors pour chacun comme une laborieuse remontée du tréfonds de ces abîmes jusqu'au Paradis du Royaume des Cieux où le Père attend ses fils reconciliés. » (Le Monde des Symboles, Zodiaque, p. 445).


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27 mars 2006 | Lien permanent

Bouzanne, rivière matricielle

Sur la méridienne de Neuvy Saint-Sépulchre, ligne de partage entre Gémeaux et Cancer, se trouve la source de la Bouzanne. Cette petite rivière - nous le verrons plus tard en détail lors de l'étude de Bourges et du signe du Scorpion – est un élément très important de la géographie sacrée du peuple biturige. Pour le dire vite, elle marquerait le culte de la souveraineté celtique et serait homologique au fleuve Boyne du comté de Meath (centre spirituel de l'Irlande), dont la divinité éponyme est Boand ou Boann. La géographie zodiacale a, semble-t-il, parfaitement intégré ce symbolisme et la Bouzanne apparaît comme une véritable rivière matricielle : prenant naissance en Cancer, signe des eaux-mères, elle arrose l'ombilic neuvicien avant de se jeter dans la Creuse au Pont-Chrétien, en secteur Poissons, dans le signe des eaux océanes.

Près de la source, s'élève la cité d'Aigurande, l'antique Equoranda, dont le nom signifie selon Dauzat « limite de l'eau ». Comme Ingrandes, elle indique par son suffixe randa, frontière, qu'elle est située à la limite de deux peuples celtes : Aigurande séparait les Lémovices des Bituriges. D'ailleurs, elle a gardé jusqu'à nos jours son caractère frontalier, délimitant ensuite Marche et Berry, et aujourd'hui Indre et Creuse.
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Puits à Aigurande

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06 juillet 2005 | Lien permanent

Bayart et Saint-Léger

« Le Rhin le Rhin est ivre où les vignes se mirent » (Apollinaire, Nuit Rhénane)


Bayart, comme le cheval blanc, s'identifie, selon Doumayrou, « à la vibration même de la lumière », son nom dérivant d'après lui de Béliart, Bélien le soleil gaulois (Géographie Sidérale, p.140). Toujours est-il que La Roche-Aymon balise le lever de l'astre au solstice d'hiver de Toulx. A ce moment de l'année, le soleil est au plus bas, mais il n'aura de cesse de retrouver sa puissance en s'élevant progressivement sur l'horizon. Ainsi Renaud de Montauban, le plus valeureux des frères Aymon, jeté vers la fin de ses aventures dans le Rhin, est-il élevé en lumière par les poissons, au point que « l'eau elle-même paraît ardente ».

 

 

 

Mais d'autres alignements significatifs convergent sur Toulx. Ceux des Saint-Léger vont faire porter très loin nos investigations. Le premier s'inscrit exactement sur l'horizon ouest de la cité : issu de Saint-Léger Magnazeix, il se dirige vers notre montagne polaire en suscitant sur son passage Saint-Léger Bridereix et le hameau de Puyléger. Le second s'origine à Saint-Léger-la-Montagne, au coeur des monts d'Ambazac, près de l'abbaye de Grandmont, et vise le château de Montaigut-le-Blanc, Saint-Léger-le-Guéretois et Guéret, avant de s'échouer à Toulx.

Pourquoi Saint-Léger ? La biographie du saint va nous livrer quelques éclaircissements.


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10 août 2005 | Lien permanent

Les bien yvres sont de retour

« Sur le monde je porterai le regard clair prêté par l’aigle à Ganymède »
Jean Genet, Journal du voleur


Après un long intermède estival, retour donc avec l'automne sur les terres berrichonnes. Je m'étais arrêté sur la figure de Saint-Georges, figure hautement symbolique de cette géographie sacrée mêlant paganisme et christianisme. Que me reste-t-il à inventorier ? En ai-je fini avec la longue évocation du carré buissé ? Pas tout à fait, me semble-t-il. Il me faut revenir sur le point de départ de l'investigation en signe du Verseau, en appeler encore une fois à Rabelais. La boucle sera alors bouclée et nous pourrons passer au dernier signe de ce circuit zodiacal : les Poissons, qui couvre une des régions les plus fascinantes du Berry, totalement différente des autres territoires naturels qui  composent la province, j'ai nommé la Brenne. A vrai dire, je l'ai déjà évoqué brièvement, avec l'étang du Bois-Secret, dont Doumayrou  faisait le point central de l'une de ses grandes perspectives symboliques. On essaiera d'aller plus loin.

Souvenons-nous : Verseau convoquait Ganymède, l'échanson des dieux et il était donc question de boire, ce à quoi s'employaient gaiement les compagnons de Grangousier, les "bien yvres". On se souvient que  l'accoucheuse de Gargantua est désignée comme étant une vieille de Saint-Genou : ceci me donnant le départ d'une longue enquête sur ce saint qui déboucha sur la découverte du carré buissé. Allons donc maintenant au centre même de ce carré. J'ai déjà dit que le village le plus proche était Buxières d'Aillac, mais il est possible de préciser encore en cherchant  le toponyme le plus proche. Or, il semblerait que ce soit l'Entonnoir, entre l'Orme et le Châtaignier, non loin de la queue de l'étang de Brenne. Nous ne quittons pas le motif de la beuverie...



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Car le mot même apparaît chez Rabelais, au chapitre V de Gargantua, justement dans "Les propos des bien yvres" :

"-Non moy, pecheur, sans soif, et, si non presente, pour le moins future, la prevenent comme entendez. Je boy pour la soif advenir. Je boy eternellement. Ce m'est eternité de beuverye, et beuverye de eternité.

-Chantons, beuvons, un motet entonnons ! Où est mon entonnoir?

-Quoy! Je ne boy que par procuration !"

 

On le retrouve aussi au dernier chapitre du Tiers-Livre :

 

"Ce que ie vous ay dict, est grand & admirable. Mais si vouliez vous hazarder de croire quelque aultre divinité de ce sacre Pantagruelion, ie la vous dirois. Croyez la ou non. Ce m'est tout un, me suffist vous avoir dict verité. Verité vous diray. Mais pour y entrer, car elle est d'accès assez scabreux & difficile, ie vous demande. Si i'avoys en ceste bouteille mis deux cotyles de vin, & une d'eau ensemble bien fort meslez, comment les demesleriez vous? comment les separeriez vous? de manière que vous me rendriez l'eau à part sans le vin, le vin sans l'eau, en mesure pareille que les y auroys mis. Aultrement. Si vos chartiers & nautonniers amenans pour la provision de vos maisons certain nombre de tonneaulx, pippes, & bussars de vin de Grave, d'Orleans, de Beaulne, de Myrevaulx, les avoient buffetez & beuz à demy, le reste emplissans d'eau, comme font les Limosins à belz esclotz, charroyans les vins d'Argenton, & Sangaultier: comment en housteriez vous l'eau entierement? comment les purifieriez vous? I'entends bien, vous me parlez d'un entonnoir de Lierre. Cela est escript. Il est vray & averé par mille experiences. Vous le sçaviez desià. Mais ceulx qui ne l'ont sceu & ne le veirent oncques, ne le croyroient possible. Passons oultre."(C'est moi qui souligne)

 

Remarquons qu'à la ligne du dessus, sont évoqués les vins d'Argenton et Sangautier (Saint-Gautier), autrement dits des cépages berrichons. Argenton, on le sçait desià, sur le parallèle de Neuvy Saint-Sépulchre, donc sa ligne équinoxiale, séparant Bélier de Poissons ; Saint-Gaultier, un peu en aval sur la Creuse, pratiquement sur le parallèle de l'Entonnoir. N'est-ce pas là aussi grand & admirable ?

 

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22 septembre 2008 | Lien permanent | Commentaires (2)

Bouesse et Baronte

Les fées ont quitté la vallée de la Creuse, mais la Brenne où ellles se sont, paraît-il, repliées ne bruisse plus guère non plus de leurs légendes. Et l'Evangile de Jean qui les a fait fuir a perdu lui aussi de sa superbe. Le texte est toujours flamboyant mais il n'iirradie plus que faiblement dans nos campagnes. Il faut bien établir ce constat alors même que notre périple s'achève.


Deux derniers jalons avant bouclage. Le premier se situe en limite de Brenne et de Boischaut, à Bouesse, que j'ai déjà évoqué lors de l'investigation sur le carré buissé.

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Le château féodal reconverti en restaurant s'orne encore du blason de la famille de Gaucourt, qui est "semé d'hermines aux deux bars adossés de gueules". Bars étant poissons de mer, voilà bien qui s'inscrit parfaitement dans la thématique du signe zodiacal. Dans les prés du château, la fontaine de Bouesse, manifeste, elle, par sa légende, le désir de communion mystique souvent attribué aux Poissons : en effet, les amoureux qui viennent boire à cette fontaine, dans le même verre, sont sûrs de s'aimer toujours. Souci d'éternité : en cette ultime stase de la révolution cosmique, la nécessité jaillit soudain d'une échappée hors des cadres spatio-temporels. Affranchissement de la roue du temps, volonté de permanence illustrée prosaïquement par ces femmes qui venaient aussi tremper en cette même fontaine leur linge de couleur afin qu'il ne passe pas  au soleil. Ces faits de croyance sont rapportés dans un écrit, Bouesse en Berry, château et terre, dont je possède un exemplaire photocopié dépourvu du nom de l'auteur, daté de juillet 1914, juste avant le grand embrasement où tant de jeunes paysans berrichons laissèrent leur vie. Beaucoup de cultes et de pélerinages populaires s'éteignirent doucement après ces années terribles, et il est bien possible que les légendes de la fontaine n'aient pas elles-même survécu à l'hécatombe. Je dis cela parce que ma famille du côté de mon père est originaire de Bouesse, que j'y fus baptisé et que ma grand-mère, née en 1915, et qui elle-même n'a pas connu son père, mort au combat, y vit toujours. Jamais elle ne m'a parlé de cette fontaine, dont j'appris l'existence dans l'ouvrage mentionné.
Il est vrai qu'on ne boit plus l'eau des fontaines et que les lave-linges ont démodé les lavoirs. Les légendes n'ont plus de veillées où elles puissent être racontées ; vestiges elles-mêmes, elles ne se rencontrent plus guère que dans les livres. Ce monde-ci est voué à la mort et à la destruction, dès lors il s'agit pour le Poisson mystique d'en sortir, de s'extraire du temps cyclique pour gagner le Royaume où le temps n'existe plus. Notre deuxième et dernier jalon porte la marque d'une telle tentative.

 


A Méobecq, sur la pointe du signe, au VIIème siècle, un noble franc devenu moine et nommé Baronte, eut une vision qui le transporta au ciel et en enfer. Le récit qu'il en fit le place, selon Pierre Riché, comme un précurseur de la Divine Comédie de Dante. Canonisé, sa fête était célébrée, selon Mgr Villepelet, le 2 mars, donc dans le temps des Poissons. Charles-Emmanuel Deuzeune l'évoque dans son livre "La Mort et ses rites pour tous": "Dans sa retraite monastique de Méobecq en Berry, il eut donc en esprit, avant 678-679, une anticipation de la vie éternelle par un voyage en enfer et en paradis. L'enfer n'est plus souterrain, comme chez les païens. Il est quelque part dans l'espace, hors de notre monde. Impossible donc que les morts reviennent tourmenter les vivants ! (...) L'angoisse de l'enfer a donc pour but d'utiliser l'attente pour transformer le présent et forcer ainsi les portes d'un avenir mystérieux. L'imagination sollicitée par l'au-delà laisse la place libre au réalisme du quotidien, à l'acceptation de l'histoire, que refusait le paganisme. N'oublions pas en effet que le cosmos païen, sans origine ni fin, est en proie à des forces perpétuellement renouvelées. Par le fouet de la crainte de la damnation, plus tard et non aujourd'hui, le visionnaire élargissait l'imagination de chacun hors du cauchemar sans cesse recommencé, printemps, été, automne, hiver, naissance, croissance, récolte ou razzia, mort, et, du coup, brisait le mythe païen du retour éternel par la vision d'un temps linéaire irréversible."(1)

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L'enfer dans l' Hortus Deliciarum de Herrade de Landsberg (autour de 1180).

Dans la vision, saint Pierre dit à Baronte : " Quand tu seras rentré, déclare à tous l'argent que tu as gardé sans permission en entrant au monastère et que tu as tenu caché. Ensuite, empresse-toi de donner douze sous aux pauvres et aux pélerins, un par mois, des sous bien pesés par la main d'un prêtre. Ne pèche plus et veille à ne rien posséder quand l'année sera finie." Reconduit à la première porte du Paradis, Baronte retrouve des pélerins qui se rendent à Poitiers, au tombeau de saint Hilaire. Ceux-là sont au début du circuit qui les mènera, si tout se passe bien, jusqu'au lieu suprême de l'ascension spirituelle.
Baronte choisira après sa vision de se retirer en Toscane, et il finira sa vie dans un monastère près de Pistoia, en compagnie d'un autre moine qui sera lui aussi canonisé : Desiderius. Ce nom ne saurait nous laisser indifférents, car il renvoie à un passage fondamental de la Géographie Sidérale de Guy-René Doumayrou :


"Elle [la projection zodiacale] résume la structure du monde et celle de tout être achevé, en même temps que la voie des révolutions sidérales qui lui donnent vie, modèle de la genèse que cherche à reproduire le philosophe dans son microcosme. Elle demeure une ossature interne et tout naturellement occulte, ou bien ses évidences sont si criantes qu'elles passent inaperçues ; mais la même ossature existe, affleurant plus ou moins à la conscience, en chaque individu et les coïncidences de l'une à l'autre contribuent, selon la vigueur de son désir (du latin sidus, étoile, qui a donné desiderium, regret, désir), à l'éveiller et à le guider dans la traversée des sept niveaux de la réalité. C'est alors lui qui courra l'aventure du soleil, de solstice en équinoxe et d'équinoxe en solstice : la roue zodiacale est la même chose que le chemin d'étoiles, la voie lactée, chemin de Saint-Jacques, route des Argonautes."(2)

_____________________________

(1 )Charles -Emmanuel Deuzeune, La Mort et ses rites pour tous, Le plein des sens 2003, pp. 88-89. En fait ce passage est un plagiat éhonté du grand livre de Philippe Ariès, Paul Veyne, Georges Duby et Arthur Gloldhammer, Histoire de la vie privée. C'est en recherchant sur le net des informations pour Baronte afin de compléter mon texte de 1989 que je suis d'abord tombé sur le passage de Deuzeune grâce à Google Books. Puis, j'ai découvert la version anglaise du livre édité par Paul Veyne (la française n'est pas en ligne). Il n'est pas besoin d'être un expert dans la langue de Shakespeare pour constater la forfaiture. J'aurais pu passer ce détail sous silence, mais je trouve intéressant de montrer qu'il n'y a pas que sur le net que sévit le copier-coller.


(2) op. cit. p. 55

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Avec ce dernier billet s'achève donc notre pérégrination zodiacale. Conclusion provisoire, on s'en doute. Il me reste à reprendre l'ensemble de ces textes, afin d'en établir une version que je destinerai à une édition papier. Une réflexion plus générale reste à entamer, un index des noms, lieux et oeuvres cités à élaborer. Le blog ne cesse pas pour autant toute activité, il entre simplement dans une nouvelle phase. La recherche continue, de nouvelles découvertes sont toujours possibles, un regard peut-être plus affirmé sera porté sur les études susceptibles de nous éclairer sur le chemin encore long qui nous est dévolu.
Merci à tous ceux qui m'ont suivi et accompagné pendant plus de quatre ans, qui ont stimulé ma réflexion et donné l'énergie de poursuivre jusqu'au bout. J'ai une pensée toute particulière pour vous, Marc,  Jean-Marc et Ornithorynque, dont la bienveillante attention m'a souvent touché au coeur.

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21 juin 2009 | Lien permanent | Commentaires (3)

Du ternaire

 

Un autre point commun entre les légendes de saint Denis et de saint Génitour est l'importance du ternaire. Après avoir rappelé le témoignage de Lucain dans la Pharsale (I, 444-446), poème écrit au 1er siècle de notre ère, qui évoque la triade des dieux gaulois Esus, Teutatès et Taranis, Anne Lombard-Jourdan remarque que la première Vie de saint Denis « situe au « vénérable lieu triple » (venerabilem locum trinum) le martyre des trois saints ; Denis, Rustique et Eleuthère, indissolublement unis dans leur sacrifice, confessent d'une seule voix leur adoration de la sainte Trinité, dogme catholique qui s'oppose à l'hérésie arienne négatrice d'un dieu en trois personnes. » (« Montjoie et saint Denis ! », Presses du CNRS, 1989, p. 66)

Les neuf fils de Maure portent avec évidence le ternaire à la plus haute puissance de lui-même. Et la distribution spatiale et temporelle des martyres relève d'un semblable souci : trois morts près du départ de la fuite, à Tours ; trois morts sur le chemin (Saint-Epain, Barrou, Tournon) ; et enfin, trois morts au Blanc. En outre, comme Génitour choisit sa sépulture en Ville Basse, Tridore et Principin sont enterrés en Ville Haute. Comme cela ne fait pas le compte, on y ajoute Messaire, que pourtant la légende fait mourir à Tournon. Trois toujours. Ce sont eux que l'on nomme les Bons Saints, qu'on invoque pour la protection des enfants, et auxquels les pélerins viennent rendre hommage chaque premier dimanche de septembre. Une date qui place obligatoirement le « voyage »dans le temps de la Vierge, le signe opposé aux Poissons du secteur.

Maintenant, quel peut bien être l'auteur de cette légende, qui offre, on le voit, de si nombreux points de comparaison avec celle de saint Denis qu'on ne peut pas croire qu'elle ne s'en soit pas inspirée ? Selon Patrick Grosjean, il pourrait s'agir d'un moine de la grande abbaye de Déols, un auteur « qui ne s'embarrasse pas du fait que les Wisigoths aient été chrétiens, des hérétiques tout de même puisque ariens. Il ne craint pas davantage les anachronismes : le roi des Goths est présenté comme contemporain de saint Martin tout en portant un nom romain. Bref ce récit n'est représentatif que de l'hagiographie médiévale. »(op. cit. pp. 136-137)

 

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On retouve là la volonté de combattre l'hérésie arienne présente dans la geste dyonisienne. Par ailleurs, le prieuré de Saint Génitour fut  fondé avant 1125 par l'abbaye de Déols. Et il est un autre détail crucial, que l'Inventaire général n'a pas relevé, et qui affermit notablement l'hypothèse d'une origine déoloise, c'est que les trois clochers de Douadic, Pouligny Saint-Pierre et Saint-Génitour sont directement inspirés du clocher de Déols, qui se présente lui aussi comme de plan carré avec étages de baies aveugles (deux au lieu d'un, le modèle se doit de conserver la suprématie.)

 

 

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15 mars 2009 | Lien permanent

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