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16 février 2006

La paix du feu, qui est l'huile

"N'en déplaise à Paris, Issoudun est une des plus vieilles villes de France."

(H. de Balzac)

Reprenons notre marche en avant, notre circumambulation zodiacale, en abordant les terres de Sagittaire. Longue fut la station précédente en Scorpion, mais, de l'examen de la géographie sacrée biturige à la tentative d'investigation dans l'univers de l'alchimie, les questionnements étaient nombreux et les pistes de recherche foisonnantes. C'est d'ailleurs avec un sentiment d'inachevé que je quitte ce signe, la matière historique et mythologique qu'il convoque s'est révélée considérable, et appréhender plus de quinze cents ans de vie berruyère-berrichonne, entre Ambigatus et Jacques Coeur, semble un défi quasi impossible à relever. Le temps manque, et plus que jamais se justifie le titre du site : plus que jamais, j'ai la sensation de n'explorer ici que des fragments de la géographie sacrée de mon pays natal.

Les signes qui vont suivre - sauf surprise, et découverte de nouveaux indices – ne présenteront pas le même volume d'informations, et j'ai bon espoir de terminer ma ronde annuelle, à l'équinoxe de printemps, sur un panorama complet du zodiaque de Neuvy Saint-Sépulchre. La tâche n'en sera pas terminée pour autant, mais il est encore trop tôt pour évoquer ce temps à venir.

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Donc Sagittaire. Où il faut encore parler de Lys Saint-Georges, et des deux souverains, Philippe Auguste et Richard Coeur de Lion, qui lui auraient donné son nom. Nous savons d'autre part qu'ils se disputèrent âprement la puissante place forte d'Issoudun , située également dans ce signe, rivalité dont le témoignage architectural le plus imposant est la Tour Blanche , commencée par Richard et achevée par Philippe. Or l'alignement Lys- Issoudun passe par ce hameau de Saint-Léger déjà évoqué par ailleurs, saint Léger qui est aussi le titulaire de l'église de Lys. Cet axe Lys-Issoudun est véritablement la flèche du centaure archer, que Doumayrou envisage comme « l'archétype de la chevalerie traditionnelle » (op.cit. p. 255), dont nos deux rois étaient vus comme les conducteurs divinement désignés. Aussi bien, Saint Georges est-il ce chevalier qui met à la raison le dragon de Lybie dans la Légende Dorée de Jacques de Voragine.

Le signe est le domicile de Jupiter, aussi y trouvons-nous, établi sur les bords de l'Indre, le château de Villejovet, dont le nom vient du latin jovis, génitif de Jupiter, tandis qu'en aval s'élève Ardentes, qui fait clairement référence au feu du signe.

 


Nous avons déjà vu le rôle central de cette cité au sein de la figure du triangle du Feu s'opposant symétriquement au triangle de l'Eau. J'ajouterai maintenant qu'Ardentes est symétriquement opposé à Aigurande (dont la racine est l'equo celtique, l'aigue, c'est-à-dire l'eau), par rapport à l'axe équinoxial, le parallèle de Neuvy. L'eau et le feu ici se répondent, et entre les deux cités se tisse un échange subtil lisible dans le jeu des blasons : celui d'Ardentes est d'or à trois fasces ondées, de gueules, qui est : de Maillé, tandis que celui d'Aigurande est semé de France à la cotice de gueules. Les ondes rappellent les eaux-mères, vivier inépuisable de Cancer qui, lui, renferme le feu royal incarné par les fleurs de lys d'or. De la même manière, le Cancer du zodiaque toulousain enveloppe le pays de Foix, du feu : « cette eau singulière, détentrice du feu, est, d'après René Guénon (Symboles fondamentaux, p. 155), l'eau substantielle où se développeront les germes fécondés, car ce signe est celui de la gestation. » (G.R. Doumayrou, op. cit. p. 171). D'ailleurs le blason de Foix n'est pas sans offrir quelque similitude, de nombre et de métal, avec celui d'Ardentes, avec ses trois pals de gueules sur champ d'or.

 

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medium_blason-foix.jpgmedium_blason-aigurande.jpgDans cet autre triangle zodiacal qu'est celui de l'élément Feu, le Sagittaire, après le Bélier et le Lion, représente un achèvement. Ecoutons l'astrologue-poète Jean Carteret :

« Il y a trois types de feu : le feu originel qui est le feu invisible comme l'électricité, il y a l'accident du feu qui est la flamme, et il y a la paix du feu qui est l'huile – d'où le sacre des Rois de France. » (Des dialogues et du verbe, L'Originel, 1978, p. 63).

Le berceau de la puissance royale, la bien-nommée Ile-de-France, est placée, par une malicieuse coïncidence de l'histoire, à l'intérieur de cette zone Sagittaire. L'huile sainte versée par les prêtres sur le corps du roi le remplissait, croyait-on, de la force du Seigneur. « Un tel cérémonial, explique Georges Duby, introduisait ainsi le souverain dans l'Eglise, l'établissant parmi les évêques que l'on sacrait comme lui. Rex et sacerdos, il recevait l'anneau et le bâton, les insignes d'une mission pastorale. Par les chants de louange que l'on psalmodiait dans les solennités du couronnement, L'Eglise installait sa personne au sein des hiérarchies surnaturelles. Elle précisait sa fonction qui n'était plus simplement de combat, mais aussi de paix et de justice. » (Le Moyen Age, Skira, 1984, p. 15). Ceci correspond bien à la mission du feu sagittarien qui, au terme du troisième quadrant du zodiaque, selon un autre astrologue, André Barbault (Sagittaire, Seuil, 1958), « est au service d'une expérience « transindividuelle » ; son essence purifiée est destinée aux transports spirituels : il est feu purificateur, feu de l'illumination, feu sacré, analogue à la flamme qui s'élève, à la flèche qui relie la nature à la transcendance. »

Par exemple, Helgaud de Saint-Benoît-sur-Loire, qui écrivit la vie du roi Robert de France, parle de lui comme d'un homme de Dieu : « Il avait tant de goût pour l'Ecriture que pas un jour ne se passait sans qu'il lût les Psaumes et adressât à Dieu très haut les prières du saint David. » « Ainsi, dit-il par ailleurs, le roi doit être mis à part de la foule des laïcs car, imprégné de l'huile sainte, il participe au ministère sacerdotal. »

Observons tout de même, avec Georges Duby encore, que ce roi perd toute autorité dès que l'âge ou l'infirmité l'empêche de monter à cheval. Comme si le pouvoir royal ne pouvait se maintenir sans puiser aux sources de la puissance instinctive représentée par le noble animal. Centaure déchu, le roi passe la main.

 

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Richard Coeur de Lion

Issoudun, convoitée par les deux rois de France et d'Angleterre, fut rattachée à la France en 1200, en étant comprise dans la dot de Blanche de Castille. Ville royale, elle accueillit fréquemment Charles VII et Louis XI, au logis du Roi, actuel Hôtel de Ville. Louis, reconnaissant la loyauté de ses habitants, affranchit les sept foires annuelles en leur accordant les mêmes privilèges qu'à celles de Bourges, la rivale. Cette fidélité d'Issoudun à la monarchie lui valut encore, en 1598, d'être exempté par Henri IV de toute imposition. Le blason de la ville porte lui aussi l'empreinte royale de par ce champ d'azur au pairle d'or accompagné de trois fleurs de lys mal ordonnées du même.

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Maintenant, si nous quittons Issoudun par le quartier Saint-Denis, nous ne tarderons pas à traverser le Bois du Roi. Et la route empruntée nous conduira alors à Vatan, qui balise la méridienne de Neuvy, autrement dit son axe solsticial. Cette itinéraire est à lire symboliquement comme la visée mystique de la flèche sagittarienne atteignant la conscience de Capricorne, dont nous abordons là les terres.

 

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La Théols à Issoudun, au pont Saint-Paterne

 

01:05 Publié dans Sagittaire | Lien permanent | Commentaires (0)

10 février 2006

Le portulan occulte

 

Ph. Audoin : « Plus précise encore est l'indication que donne l'écu en targe que tient ostensiblement le pèlerin : au centre, un coeur ailé, chargé d'une croix en tau (dite croix de saint Antoine) ayant à sa pointe un croissant de lune renversé, et surmonté d'un soleil ; autour, cinq étoiles, trois en chef, deux en pointe – ce qui nous fait, en comptant le soleil et la lune, les sept métaux traditionnels, qu'on voit toujours, dans les planches didactiques, témoigner pour l'oeuvre à son début. »

 

J'incline à considérer Tranzault comme le coeur même de la croix en tau dont la barre supérieure serait figurée par l'axe Sarzay-Lys . Lys, avec son donjon massif elliptique, représenterait alors la Lune, principe féminin, tandis que Sarzay, par les cinq tourelles de son donjon, exprimerait les cinq étoiles du blason. Le soleil (grec helios) pourrait, lui, avoir quelque rapport avec Hélyon II « le brave », seigneur de Barbançois-Sarzay, dont la curieuse biographie est incontestablement marquée par le chiffre 7 : mariage le 25 octobre 1507 avec Emée du Plessis (deux lieux-dits le Plessis repérables sur l'axe Neuvy-Bourges), duel à l'âge de 70 ans, ordonné par le conseil du roi le 1er octobre 1537 et, après la victoire contre toute attente sur le sire ennemi, trépas sept années plus tard (Château de Sarzay, T. Massereau, opuscule).

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« Le coeur croisé, ailé, dont, selon la table d'Emeraude, le soleil est le père et la lune la mère, est exactement équivalent au coeur de l'argentier, croisé lui aussi, et chargé d'une coquille. Il marque la conjonction des deux principes et par ses ailes, auxquelles celles de l'ange initiateur ajoutent un écho redondant, il attire l'attention sur la volatilité du Mercure qu'il convient avant tout de réduire ou de fixer. »

L'axe, on l'a déjà dit, passe à Saint-Août. Or le mois d'août est en grande partie sous le signe du Lion, dont la partie du corps correspondant dans la doctrine astrologique est le coeur (et notons que l'axe traverse également la forêt de Choeurs). On peut d'ailleurs se demander si cette rencontre réconciliatrice à Lys Saint-Georges entre Philippe Auguste et Richard Coeur de Lion, uniquement rapportée par une tradition orale, ne masque pas là encore la conjonction de deux principes antagonistes.

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« C'est à ce point que la petite fée de Bourges peut livrer quelque chose de son secret.

Elle est en effet comparable, à plus d'un titre, au jeune éphèbe mercurien qui gouverne la deuxième clé de philosophie de Basile Valentin. Il est placé, comme le coeur croisé du pèlerin, entre le soleil et la lune. Ses épaules ne portent que de petites ailes courtes de poulet ; à ses pieds gisent de grandes ailes, emblèmes de cette volatilité que le combat du fixe, exprimé par un serpent, et du volatil, traduit par un aigle, lui ont fait perdre.(...) »

 

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Basile Valentin- IIème clé

A Mers-sur-Indre, second jalon sur l'axe Neuvy-Bourges, confluent l'Indre et la Vauvre. Coïncidence hydrographique judicieusement exploitée pour exprimer la fusion, dans la Mer Philosophique (de la même manière que Mouhers, dans le retour sur Cluis), du principe humide (la Vauvre, rivière qui « serpente », autrement dit la Vouivre) et du principe igné (l'Indre qui vient de recevoir les eaux de l'Igneraie).

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« Il faut maintenant se mettre à ses pieds : l'entrelacement des osiers qui clôturent le jardin d'où naît cette aimable fiancée, évoque parfaitement les mailles et les macles que nous avons déjà rencontrés sur le chemin de saint Jacques. Ce réseau de croix, ce tissu de losanges est, on l'a dit, le signe matériel de la parfaite union du soufre et du mercure, le signe de l'étoile polaire sur laquelle l'artiste doit, dit-on, gouverner sa marche. »

 

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La géographie sacrée est bien cette résille invisible qui quadrille les pays berrichon et marchois, le portulan occulte sur lequel se régle la marche des destins : la ligne Tranzault-Lys prend tout son sens en désignant Arthon, l'Ourse, la Polaire. Ainsi donc ce croisement de Tranzault réunit dans une même figure les deux hauts-lieux polaires depuis l'antiquité biturige, Arthon et Avaricum.

 

00:13 Publié dans Scorpion | Lien permanent | Commentaires (4)

08 février 2006

L'ange et le bourdon

"Ce fut bien pis lorsqu'on sortit des sables pour descendre dans les terres grasses et fortes de la Vallée-Noire. Aux lisières de ce plateau stérile, madame de Blanchemont avait admiré l'immense et admirable paysage qui se déroulait sous ses pieds pour se relever jusqu'aux cieux en plusieurs zones d'horizons boisés d'un violet pâle, coupé de bandes d'or par les rayons du couchant. Il n'est guère de plus beaux sites en France."

George Sand (Le Meunier d'Angibault)

 

***

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Ph. Audoin : « On y voit un homme vêtu du traditionnel costume des Jacques, appuyé sur son bourdon et suivi d'un petit chien bondissant. Ce pèlerin ressemble à s'y méprendre au Mat du tarot que nous avons déjà mis en relation avec le Mercure, à ce détail près que son compagnon de route ne déchire pas ses braies. »

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« Le « Bourdon », précise André Savoret, était un long et solide bâton dont le haut était taillé en forme de gourde. Le plus souvent, une vraie gourde, compagne obligée de l’errant, y était fixée. Dans l’ordre spirituel, la « gourde » était analogue à la « dive bouteille » et au « chaudron » contenant l’élixir d’immortalité dont parlent les anciens bardes gallois. »

Le hameau de Gourdon, sur une hauteur dominant les deux ruisseaux du Gourdon et de l'Aubord et l'ancien passage à gué nommé Guéchaussiot, hameau balisant donc l'axe Sarzay - Neuvy, apparaît comme le mot-valise idéal rassemblant gourde et bourdon. Son étymologie est par ailleurs incertaine : Stéphane Gendron écrit juste « qu'on peut risquer un rapprochement avec l'ancien nom de Sancerre, Gortona au 1er s. av. JC. » (Les Noms de Lieux de l'Indre, p.9), nom qui semble exprimer une notion de hauteur. Il admet comme possible l'existence d'un ancien oppidum.

 

 

***

Ph. Audoin : « A droite du pèlerin se tient, sur un escarpement, un château auquel nul chemin visible ne conduit. C'est à l'évidence, le château du Graal, ou le Palais fermé du Roi dont Philalèthe se flatte d'ouvrir la porte au disciple. C'est dans ce château que le pèlerin mercuriel doit pénétrer pour en rajeunir le roi. Un ange aux ailes éployées surgit de la broussaille et semble, d'une main l'accueillir, de l'autre lui désigner le haut lieu. »

Stéphane Gendron a beau affirmer que « l'assertion, rapportée par Gillian Tindall, selon laquelle la commune de Sarzay serait un écho lointain de la présence des Sarrasins est sans fondement. », je ne puis m'empêcher de rapprocher ce nom de la ville de Sarraz, mentionnée dans La Quête du Graal de Robert de Boron : « Quarante-deux ans après la passion de Jésus-Christ, il advint que Joseph d'Arimathie, le gentil seigneur qui détacha Notre Seigneur de la Sainte Croix, quitta Jérusalem avec nombre de ses parents. Ils marchèrent, jusqu'au moment où Notre Seigneur leur commanda d'aller en la cité de Sarraz, que tenait Ewalach, un Sarrazin. »

L'ange, alors, se tiendrait à Angibault – lieu-dit et moulin, théâtre de l'un des plus célèbres romans de George Sand, Le Meunier d'Angibault - situé en aval de Sarzay sur la Vauvre, qui plus est sur son méridien. Sur le roman, il y aurait beaucoup à dire : notons seulement pour l'instant que la romancière y rebaptisa Sarzay en Blanchemont, ce qui introduit un chiasme suggestif avec la Vallée Noire, désignation proprement sandienne de cette partie du pays berrichon qu'elle prit pour cadre de ses romans dits champêtres, et dont elle fait dans ce roman même la description célèbre qui ouvre cette note.

(A suivre)


01:20 Publié dans Scorpion | Lien permanent | Commentaires (2)

06 février 2006

La Dame et le Pélerin

Cette figure féminine du palais de Jacques Coeur serait, selon Philippe Audoin, une allégorie alchimique. Ecoutons sa description remarquablement précise : « Les ailes, dont le plumage est ciselé avec une extrême finesse, s'étalent de part et d'autre des épaules sur lesquelles se dresse, entre l'attache de l'aile et la naissance du cou, une plume isolée, un rémige parfaitement droit et complaisamment détaillé.

On ne voit pas les pieds de la dame : elle est issante d'un petit jardin, clos d'une palissade de vannerie que surmontent diverses fleurs parmi lesquelles on peut reconnaître des églantines et des pâquerettes à demi closes.

De chaque côté de cette figure centrale, on distingue les « fantômes » de motifs qui ont été systématiquement martelés, on ne sait quand ni pourquoi, mais dont la silhouette rugueuse est encore très lisible. Il s'agit de rameaux fleuris, analogues à ceux qui garnissent le jardinet, et de deux coeurs sommés d'une croix pattée, très semblables à celui qui, à la porte d'accès de la chapelle, paraît dans l'oeuf philosophique. On ne saurait évidemment affirmer que ceux de notre cheminée étaient, eux aussi, chargés d'une coquille, mais il y a tout lieu de le penser. » (op. cit. pp. 146-147)

 

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L'auteur a ensuite l'idée lumineuse de rapprocher ce bas-relief d'une gravure du XVIème siècle, « qui passe quelquefois pour représenter le théologien Gerson, mais qu'ailleurs on désigne simplement par Le Pèlerin(...) ». Arrivés à ce point, il nous faudra accompagner pas à pas son commentaire, en le faisant suivre du nôtre.

 

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(A suivre)

23:50 Publié dans Scorpion | Lien permanent | Commentaires (0)

02 février 2006

A vaillans cuers riens impossible

"Bourges, vieille cité berrichonne, silencieuse, recueillie, calme et grise comme un cloître monastique, déjà fière à juste titre d'une admirable cathédrale, offre encore aux amateurs du passé d'autres édifices également remarquables. Parmi ceux-ci, le palais Jacques Cœur et l'Hôtel Lallemant sont les plus purs joyaux de sa merveilleuse couronne. "

Fulcanelli, (Le mystère des Cathédrales, Pauvert, 1964, p.175 )

 

Véritable transversale du pays berrichon, l'axe Cluis-Neuvy-Bourges est tout d'abord jalonné par le petit bourg de Tranzault que j'ai déjà évoqué pour ses fontaines. Paroisse sous patronage royal, ai-je signalé aussi, ce qui n'est pas anodin, d'autant plus qu'à trois kilomètres de là seulement s'élève le puissant château de Lys Saint-Georges qui, selon la tradition, devrait son nom à une rencontre entre Philippe Auguste et Richard Coeur de Lion. Il aurait de plus appartenu à l'illustre Argentier berruyer, Jacques Coeur. Figure quasi mythique de la fin du Moyen Age, on l'a soupçonné de tout temps d'avoir possédé le secret de la Pierre Philosophale. A tout le moins, il était familier de la symbolique hermétique comme en témoigne à l'envi l'ornementation de ses demeures dont, en tout premier lieu, celle de l'Hôtel qu'il fit construire à Bourges. En ce qui nous concerne, nous retrouvons sa marque à Lys Saint-Georges en l'aspect d'un blason portant la coquille Saint-Jacques. Mais que dire du nom même du castel (que j'ai déjà approché symboliquement ici) sinon qu'il exprime des notions essentielles de la gnose alchimique : « En alchimie opérative, explique Serge Hutin, la fleur de lys symbolise l'eau, le mercure philosophal. Plus généralement, elle s'appliquera à la Féminité divine. La fleur de lys joue un rôle central dans les mystères hermétiques : on la représente d'ordinaire portée par un personnage féminin. » (in. Histoire et Guide de la France Secrète, Planète, 1968, p. 250). Quant à saint Georges, le chevalier vainqueur du dragon, il figure le combat du soufre et du mercure.

 

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Il se trouve maintenant que l'alignement Lys – Tranzault est pratiquement perpendiculaire à notre axe primordial, et si nous le poursuivons vers le sud-est nous aboutissons à Sarzay, un impressionnant château féodal absent jusqu'ici de l'exploration zodiacale. La ligne le reliant à Neuvy passe par le hameau de Gourdon et désigne Montgivray, anciennement Maugivray, autrement dit la mauvaise guivre, la vipère maudite. Et c'est sur une éminence dominant la vallée du Gourdon que se place Lys Saint-Georges.

 

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Château de Sarzay

De ce réseau de lignes entrecroisées, on peut éclairer la signification en se référant directement à une sculpture en bas-relief du palais de Jacques Coeur qui ornait le manteau de cheminée d'une salle située au rez-de-chaussée du donjon. Elle représente une femme ailée déployant un phylactère plus qu'à demi brisé portant la devise de l'Argentier : A vaillans (ici un coeur) riens impossible. »

 

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(A suivre)


 


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