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De la Guerre mondiale

serres-guerre.jpgJ'avais commencé l'étude de  Verseau en citant Michel Serres, et sur la fin de celle-ci, voilà que je le retrouve, sans l'avoir vraiment cherché, car ce dernier livre de lui que je viens d'achever, La Guerre mondiale, qui vient de paraître aux éditions Le Pommier, vous vous doutez bien qu'il ne traite pas de la géographie sacrée. Du moins explicitement...
Je finissais ainsi ce premier article :
"Sur les rives de la rivière sacrée, la Bouzanne, petite Loire colérique, le village de Velles - où Stéphane Gendron ne voit qu'un  banal dérivé de ville -  est pour nous la voile (latin velum), toile  qui ne tire son énergie que du vent. Que la paroisse relevât de l'abbaye de Saint-Gildas apparaît somme toute logique :  le saint breton, l'ermite de l'île d'Houat, n'a-t-il pas accompli plusieurs fois un  voyage sur les eaux ?"


La voile désigne par métonymie le bateau qu'elle propulse, comme dans ce passage de Mérimée : Enfin on signala la flotte de Castille, forte de quatre-vingts voiles, dont vingt galères de Séville, dix de Portugal (Mérimée, Don Pèdre Ier, 1848, p. 386). Or, que nous dit la quatrième de couverture de La Guerre mondiale ? "La Guerre mondiale ? Celle que les hommes font au Monde.
Nous prenons conscience aujourd'hui que l'adversaire dans cette guerre n'est autre que le vaisseau où nous sommes embarqués. Vainqueurs ou vaincus, nous risquons de couler ou disparaître. Quand le bateau fait eau, les matelots continuent-ils à s'entredéchirer ? Cette guerre nouvelle nous protégera-t-elle donc de celles que nous nous livrons les uns aux autres ?
(...)


Cette image du vaisseau n'est pas anecdotique sous la plume de Serres puisque c'est bien sur la métaphore de l'Arche qu'il conclut lui-même son ouvrage. Arche qui sert à fuir le Déluge, que le philosophe décrit comme la crue de la violence qui menace d'anéantir depuis toujours la communauté humaine. Mais si ce Déluge reste identique à soi, la nature de l'Arche a changé depuis celle de Noé : alors que celle-ci ne contenait qu'un reste, une famille et un seul spécimen par espèce, comme au Muséum et au Jardin des Plantes, l'Arche nouvelle embarque des sommes : "sommant la somme des universels concrets, notre arche  devient équipotente au Monde, au moins virtuellement. Nous voilà embarqués sur le Monde, avec le Monde, dans le Monde. Flottant sur un déluge mondial qu'elle contribue à créer, l'humanité navique à bord d'une arche mondiale qu'elle construit en temps réel, cognitivement. Cette puissance cognitive changera les consciences. Enfin chez elle à bord du Monde. l'humanité flotte sur des rapports humains souvent insensés. L'arche neuve rendra-t-elle ce vieux déluge inconsistant ? " (pp. 185-186).
Qu'est-ce que ces universels concrets dont parle Serres ? "moins H20, écrit-il page 184, que la totalité des eaux en réserve et en circulation, banquises, océans, pluie et ruissellements ; moins l'air que l'atmosphère dans son office, sa composition et sa probable évolution ; moins la glèbe que la somme et l'avenir de notre planète Terre ; moins le feu que nos stocks d'énergie et les poubellles de leur dégradation ; moins la vie que la diversité des espèces ; moins l'Homme que sa paléoanthropologie et l'addition de ses cultures et activités ; moins notre petite histoire que le Grand Récit... Soit, à l'horizon, le réel dans sa somme."

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Arche de Noé (Abbaye de Saint-Savin)


Eau, air, terre, feu, c'est par les quatre éléments de l'astrologie que Michel Serres introduit sa vision de l'universel, mot où, soit dit en passant,  se laisse lire ce "verser" qui nous occupe si fort ces dernières semaines. Cette totalité à la fois ordonnée et respectueuse du divers que propose la géographie sidérale (avec ses douze signes à la fois différents et non cloisonnés, ouverts, poreux et tissant entre eux mille relations) ne peut-elle s'apparenter à ces universels dits concrets ?
Ce dernier mot appelle de sa part une mise au point particulièrement précieuse : "J'aime ici dire concret, tant la racine de ce mot, admirablement expressif, dit en précision : ce qui croît ensemble  ou en commun, ce qui croît par accrétion. Le tic journalier du journaliste consiste à exiger de celui qu'il interroge qu'il lui donne du concret ; par cette question, répétée jusqu'à vomir, il attend de lui un exemple particulier, partiel ou partial ; il croit faire, ainsi, la publicité de son propre réalisme ; le voilà, tout au contraire, idéaliste, au sens que je définis plus haut. Le partiel revient brusquement au passé, vieilli, obsolète, au formel abstrait, méchant et guerrier. Il induit à la bataille et pousse à l'affrontement, ce que cherchent en effet les interrogatoires du spectacle.
Non et non : le concret
(cum-crescere) désigne la croissance de toutes les parties vers un tout solide, comme aggloméré. Le concret croît et s'assemble dans tous les calculs que je viens d'évoquer. A chaque coup, ils nous montrent le tout, ils tendent et vont vers le tout, plus réel que toutes les partialités du passé, qui, aujourd'hui, nous paraissent abstraites et chères, désormais, aux idéalistes du regret, aussi bien que chères à payer, en guerres et morts. Oui et oui, plus croît le compte, plus il approche du concret. Qu'en est-il donc de ce concret-là ? Identiquement, la totalité : du Monde, des hommes, de l'Univers et du Temps."


Ceci n'est pas sans rappeler le Quadriparti de Heidegger (la terre, le ciel, le divin et les mortels), mais Serres ne cite jamais Heidegger (il cite d'ailleurs peu ses contemporains, à la notable exception de René Girard, dont la théorie du bouc émissaire et du mécanisme victimaire nourrit explicitement sa propre réflexion). Il ne cite pas non plus Augustin Berque ; pourtant le géographe avait, dès 1999, dans Ecoumène, fait remarquer que concretus était le participe passé de concrescere, grandir ensemble.


Le concret, donc, rassemble, et l'une des figures symboliques de ce "rassembler" est le confluent, ce que nous avions vu apparaître dès ce premier article sur Verseau, avec la confluence des eaux de l'Indre et du Cher, analogue à la confluence des eaux du Limousin et des Pyrénées en Gironde dans l'Aquitaine/Aquarius du zodiaque toulousain. Figure du confluent qui affleure quasi naturellement dans le texte de Serres : "(...) nous venons de bâtir un échangeur à quatre immenses voies, mélangeant nouvellement leurs temporalités différemment rythmées. Le flux de l'Histoire y jette ses eaux, rapides, dans celles, lentes, de l'hominisation, et celles, plus étranges, de l'évolution et de la cosmogonie. Nous vivons, nous pensons et  agissons aujourd'hui... face à l'Homme, à la Vie et au Monde, dont les trois anciennes abstractions se concrétisent ensemble dans et par ce confluent des temps."(p. 18)


Etrangement, ou faut-il plutôt dire significativement, Michel Serres est né à Agen. Or Guy-René Doumayrou écrit, page 77 de sa Géographie sidérale, "Les éléments , eaux mêlées et illuminées de l'intérieur, se fondent dans l'océan de l'universalité, car Verseau "est fait pour donner et se donner" (André Barbault, Verseau, p. 29). Avec la Guyenne, déformation phonétique du nom d'Aquitaine (Aquarius), Verseau enveloppe le pays d'Agen, anagramme évident pour l'ange verseur des eaux (...)."


Ange dont le prénom Michel porte aussi la marque (et je n'oublie pas le bel ouvrage qu'il consacra à leur Légende).
Certains hommes portent-ils, sans le savoir clairement, charge d'augure pour le monde à venir ?


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11 octobre 2008 | Lien permanent | Commentaires (4)

Dio - Nyze et Dyonisos

J'avance lentement dans la passionnante lecture  d'Evocations de l'esprit des lieux de Guy-René Doumayrou. Beaucoup d'éléments sont repris de sa Géographie sidérale, mais on trouve aussi de nouveaux développements sur tel ou tel haut-lieu, principalement du Languedoc. C'est ainsi qu'il débusque dans la haute vallée de l'Orb, soumise au diocèse médiéval de Béziers, un couple de monuments "insignes", situé sur le méridien de la ville "et de part et d'autre d'un plateau aride balayé par les vents" : le château de Dio* et le prieuré de Notre-Dame de Nize. Cette association Dio-Nize conduit Doumayrou à invoquer le grand dieu Dyonisos :

"Ce n'est pas avant 1135 qu'un texte a fixé , pour nous le transmettre, le nom de Nize sous la forme Aniza, que l'on fait venir, faute d'autre hypothèse, d'un patronyme latin supposé : Anicia ou Anicius. Sans prétendre trouver mieux, observons seulement que la contraction  des deux formes anciennes Diona et Anisia accolées fournit Dionanisia : elle fait écho de façon suggestive à une étymologie proposée par François Noël pour Dyonisos, fondée sur l'analyse Dios-Anysein (anyein), ce qui signifie littéralement : Zeus achevé, c'est-à-dire la perfection divine, ou l'accomplissement de la lumière." (pp. 107-108)

L'alignement Dio-Nyse sur la carte ne peut manquer de nous rappeler les alignements mis à jour  avec les Diou.

Dans les trois cas, nous observons cet axe s'écartant de quelques degrés seulement du méridien. Sans doute  Dio n'est-il pas au centre d'un segment défini par  deux Saint-Denis, mais c'est l'ensemble Dio-Nize qui ici rappelle saint Denis, puisque ce nom est bel et bien la forme romanisée de Dyonisos (les habitants de Saint-Denis sont les Dyonisiens).
La carte de la Montjoie parisienne, sise elle aussi entre les deux Saint-Denis, offre également des recoupements intéressants :


Deux toponymes se font en effet écho à la topographie dyonisienne : de part et d'autre de l'axe méridien issu de Dio, Montjoux et le Mont Martin semblent se souvenir l'un de la Montjoie, l'autre du Pasellus Sancti Martini à la base du parcours du saint céphalophore. Ce passelus était "une passerelle jetée sur le ruisseau de Ménilmontant, aujourd'hui supprimé, et qui coulait de l'est à l'ouest, allant se jeter à la rive droite de la Seine au-dessus du pont actuel des Invalides. L'église Saint-Martin des Champs était en effet située à peu de distance au-dessous de ce ruisseau et avait donné son nom à un pont, comme nous le voyons par un diplôme postérieur du roi Louis VI reproduit par Doublet dans son Histoire de Saint-Denys (1)."

Il faut maintenant examiner ce qui a conduit Doumayrou lui-même à l'évocation de ce couple Dio-Nyse.

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* De fait, on m'avait (FEB, merci à elle) déjà signalé ce château de Dio, mais faute d'y déceler un quelconque rapport à des localités Saint-Denis, je n'en avais pas fait état. Et je n'avais bien évidemment pas opéré de rapprochement avec l'église de Nize. Le dévoilement de la géographie sacrée prend souvent des chemins détournés.

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07 février 2009 | Lien permanent

A l'ouest de l'ombilic

Je n'ai choisi ni le jour ni le lieu. Il se trouve que j'ai été appelé à travailler aujourd'hui à Argenton-sur-Creuse. Je souris de cette petite connivence du destin : la cité est pour moi hautement symbolique, elle est liée au printemps et au point vernal. De par sa position à l'ouest, sur le parallèle de l'ombilic berrichon.medium_argenton2.2.jpg "(...) Bélier, signe de la première heure de l'année; se trouve à l'ouest, opposé à la première heure du jour, parce que le soleil chemine sur son circuit annuel dans un sens opposé à sa course diurne autour de la terre. Les analogies symboliques sont irréductibles au principe rationnel d'identité et c'est au coeur de la nuit que la vraie lumière s'émerveille." (G. R. Doumayrou)

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22 mars 2005 | Lien permanent

L'étang du Bois-Secret (réédition)

Assez d'atermoiement, rentrons enfin dans le vif du sujet. Les Poissons, douzième et dernier secteur du zodiaque neuvicien. Afin de précipiter le mouvement, je réédite ici ma note de septembre 2005 consacrée à la Brenne et au mystérieux étang du Bois-Secret, repéré par Guy-René Doumayrou. Je n'ai rien à changer aux mots d'alors, qui montraient immédiatement l'importance de ce petit terroir berrichon tout à fait exceptionnel à tous points de vue.

"Une fois n'est pas coutume : j'abandonne l'habituelle marche pas à pas, de signe à signe, pour d'une seule enjambée diagonale aborder le signe des Poissons. J'y ai été incité, je le répète ici, par la présence de cet axe Vierge-Poissons reliant Vaudouan à Saint-Michel en Brenne, via le centre zodiacal de Neuvy Saint-Sépulchre.

La Brenne est une des quatre régions naturelles du département de l'Indre, une étendue à peu près plate, juste hérissée de quelques tertres de grès, appelés buttons, que l'imagination populaire assimile à des dépattures de Gargantua. C'est le « pays des mille étangs » : une myriade de plans d'eau plus ou moins importants constellent le paysage, véritable paradis pour les oiseaux migrateurs, dont c'est une des haltes préférées sur le chemin des tropiques.

Que ce pays s'inscrive très clairement dans le secteur angulaire Poissons du zodiaque neuvicien fut une des ces coïncidences frappantes qui me portèrent à pousser plus loin mon étude.

 

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Maintenant, il faut savoir que la Brenne apparaît comme une région éminemment centrale dans les recherches de Guy-René Doumayrou. Non pas dans son livre majeur que j'ai souvent évoqué ici, Géographie sidérale, mais dans une publication ultérieure, L'esprit des lieux (Centre international de documentation occitane, Beziers 1987). Du moins je l'imagine, car je n'ai connaissance de ce livre que par un site néerlandais, un des rares sites présentant le travail de Doumayrou (l'inconvénient, évidemment, est qu'il est rédigé en néerlandais, ce qui ne facilite pas la lecture...).

Il reproduit nombre de cartes et de figures de première importance pour la géographie sacrée occidentale. Sur l'une d'entre elles, la Brenne est traversée par l'axe Sein-Lyon-Gargano-Delphes, passant par Neuvy Saint-Sépulchre.

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Plus fort encore, la Brenne est au centre d'un triangle des Gaules dont les sommets sont Sein, Planès et Syren en Luxembourg. Très exactement, c'est un étang, dit du Bois-Secret, qui constitue le centre très précis de cette vaste géométrie.

Or, cet étang du Bois Secret, dont le site donne des photos et la position très précise sur la carte IGN, est situé sur la paroisse de Saint-Michel-en-Brenne.

De ceci je n'ai eu connaissance bien sûr qu'en février dernier, au moment où je faisais l'inventaire de ce qu'on pouvait trouver sur la Toile en matière de géographie sacrée (fort peu de choses en l'occurence), donc bien après avoir mis en évidence l'axe Vaudouan-Saint-Michel-en-Brenne.

Cet étang du Bois Secret a-t-il inspiré l'auteur du tarot divinatoire portant le même nom : « Ce tarot trace un sentier vers le cœur caché de la Nature, un endroit magique qui pourrait se trouver dans l’âme de chacun d’entre nous. » ?"

 

 

 

 

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12 janvier 2009 | Lien permanent | Commentaires (14)

Le Zodiaque de Neuvy Saint-Sépulchre

Résumons : le python poitevin sorti du limon picton s'enroule autour d'un axe Est-Ouest qui a déjà ramassé sur son passage Ingrandes, Argenton-sur-Creuse et la petite chapelle de Verneuil. Hypothèse : cet axe Est-Ouest est la ligne vernale, équinoxiale, d'un système symbolique basé sur la projection du ciel sur la terre et donc la partition d'un territoire en douze secteurs correspondant aux douze signes du zodiaque. Cet axe est la ligne 0° Bélier du système et s'origine à Neuvy Saint-Sépulchre, dans l'Indre. Un bas-relief représentant une vouivre, autre figuration du serpent fabuleux, se dresse, solitaire, sur le parement extérieur de la rotonde de Neuvy Saint-Sépulchre, édifiée entre 1034 et 1049 à l'imitation du Saint Sépulcre de Jérusalem.

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La singularité de ce monument n'avait pas échappé à Guy-René Doumayrou qui, dans sa Géographie Sidérale, avait noté qu'il était posé sur un cercle de onze colonnes : "Ce symbolisme unidécimal est d'autant plus surprenant qu'il s'appuie sur un nombre à peu près unanimement considéré comme néfaste dans la tradition occidentale. C'est le nombre des Apôtres après la trahison de Judas, le retour d'une singularité venant détruire la perfection du dénaire, bref le désordre." Ceci est juste, mais nous savons maintenant ce que nous devons penser de l'avènement d'une telle figure : le désordre n'est qu'un moment de la crise rituelle, le passage obligé vers l' ordre nouveau. Doumayrou ne se contentait pas de relever une bizarrerie symbolique, il plaçait Neuvy au sein d' une figure de vaste dimension dont l'origine se trouvait être le château de Montségur, le haut-lieu cathare.
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Sur l'axe de symétrie vertical, les centres des deux triangles sont marqués "non au point de rencontre géométrique des autres hauteurs, mais très exactement, de part et d'autre du segment Saintes-Feurs, au sommet de triangles construits sur la division par Onze, à Beaulieu-sur-Dordogne au sud, et à Neuvy saint-Sépulchre au Nord." Le même nombre onze se retrouve à Beaulieu où le grand porche méridional de l'abbatiale bénédictine, "assez semblable à celui de Moissac, s'orne au tympan d'une fourmillante scène du Jugement posée sur un double registre d'animaux fabuleux. Or, sur le registre inférieur, ces animaux évoluent en avant d'un décor composé de Onze rosaces tangentes, très nettement ciselées." Ce n'était pas tout : Neuvy prenait place également, toujours selon Doumayrou, dans un autre triangle sidéral dépassant de loin le seul espace des pays d'Oc.
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"Le village de Syren, au solstice d'hiver de Luxembourg (c'est-à-dire du Château-Lumière), le seuil d'Outre Monde de Sein sur la bais des Trépassés, et le belvédère de Planès, s'inscrivent aux sommets d'un exact triangle équilatéral dont le côté Nord passe par le Mont-Saint-Michel. La bissectrice issue de Planès passe par Vaour, celle qui vient de Syren traverse Saintes (où Jehan d'Arras situe les derniers chantiers de Mélusine) et celle qui part de Sein s'appuie sur Neuvy Saint-Sépulchre, Lyon, se pose à Gargano, autre Mont Saint-Michel situé dans l'ergot de la botte italienne, et prototype de la montagne normande, pour enfin s'accrocher à Delphes." (c'est moi qui souligne) Nous retrouvons donc le grand omphalos grec, où Apollon défit le Python mythique. Mais il y a une autre figure mythique, citée ici en passant par Doumayrou dans ce dernier extrait, qui doit nous interroger : Mélusine, la fée à la queue de serpent. Ne serait-elle pas un avatar de notre créature ophidienne ? Liée intimement au Poitou et à la famille des Lusignan, son inscription dans la géographie sacrée ne semble pas là encore relever du hasard.

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11 avril 2005 | Lien permanent | Commentaires (4)

En lisant Jean-Pierre Le Goff (1)

le goff.jpg J'aime que des inconnus me suggèrent une piste à explorer. C'est ainsi qu'un certain Thierry, dans un récent commentaire, m'aiguillait sur l'oeuvre de Jean-Pierre Le Goff. Une amie, Fernande B. pour en pas la citer, alias Isidore Bonaventure, m'avait parlé de lui lors d'un vernissage à Equinoxe, mais je n'avais pas cherché alors à en savoir plus. Le rappel de Thierry me persuada de le faire, et c'est ainsi que je me mis en quête dans cette même médiathèque d'Equinoxe de quelque volume legoffien. Or, elle n'en regorge pas. "Le cachet de la poste", seul opus disponible, n'était plus en rayonnage et je dus en demander le retrait au magasin.

Bonne surprise : le livre avait été édité dans cette belle collection de L'arbalète chez Gallimard, dont je possède quelques précieux exemplaires (Jacques Darras et Jacques Rebotier). C'est d'ailleurs à croire que la maison est sous la coupe d'une confrérie de Jacques puisque c'est un autre Jacques (Réda) qui préface le livre de Jean-Pierre Le Goff. Je ne tardai pas à me jeter dans sa lecture. J'appris bientôt que la principale activité de l'auteur consistait à enfiler des perles. Mais pas n'importe comment, pas n'importe où et pas n'importe quand. Bref, c'est plein d'humour mais n'était-ce pas un peu gratuit ?

Et puis seconde surprise, de taille : dans la feuille volante (c'est ainsi que JPLG baptise ses petits textes qui furent autant d'envois postaux) intitulée La voie des céphalophores, où il évoque saint Denis et la ligne Amiens-Saint-Denis-Bourges relevée par Henri Dontenville, voici qu'il évoque celui-là même sans qui ce blog n'eût point existé :

"Guy-René Doumayrou me fit remarquer que cette ligne se confondait avec celle que je traçais sur la carte de France, lors d'une recherche précédente, pour figurer le fil d'un gigantesque fil à plomb."

Doumayrou, auteur introuvable, si peu cité par mes contemporains, apparaissant soudain comme un interlocuteur de JPLG : je n'en revenais pas. (A suivre)

 

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11 mars 2010 | Lien permanent | Commentaires (2)

La croix de saint André

Cette croisée diagonale des chapelles et des châteaux n'est autre que la croix renversée, la croix en X dite croix de Saint-André, dont le nom vient du grec Andreios, homme. Selon Guy-René Doumayrou, cette croix est un « Rappel de l' « animal à figure d'homme aux quatre visages » d'Ezéchiel, elle évoque d'abord l'homme écartelé sur la roue, supplicié de l'injustice aveugle aux échafauds de la société, mais aussi, plus près des principes, l'être microcosmique divisé et réduit à ses quatre éléments, ou quatre membres, pour être reconstruit sur un niveau supérieur d'existence, comme l'image du sautoir déjà le suggérait. C'est ce qui vaut à l'apôtre André (traduisez du grec : le messager-homme) d'être le saint patron de tout vrai chevalier destiné, comme le martyr, à chercher sa liberté dans le sacrifice de sa propre intégrité. » (G.S., p. 80) La croix de Crozant signe en définitive l'union du temporel et du spirituel, la mission du seigneur s'engageant à être le héraut et le défenseur de l'Eglise, et qui met son épée et son courage au service de la Foi.

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Le chevalier est l'égal du martyr, écrit Doumayrou, et cela n'est pas anodin : les saints évoqués jusque-là sont tous des martyrs. Un vitrail de la cathédrale de Chartres consacré à saint Pantaléon le montre d'abord attaché à une croix de saint André, torturé par deux bourreaux qui le brûlent avec des torches, puis subissant le supplice de la roue. L'un des plus importants ordres de chevalerie de la chrétienté patronné par saint André fut l'ordre de la Toison d'Or, fondé le 10 janvier 1430, à Bruges, par le Duc de Bourgogne Philippe le Bon, à l'occasion de son mariage avec Isabelle de Portugal.
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Les membres de l'ordre portaient un collier auquel appendait la dépouille du bélier fabuleux : « Peu après, par scrupule ou par prudence, note Philippe Audoin, on tentera de substituer au héros païen le biblique Gédéon qui, ayant étendu à terre une toison de mouton, y recueillit au matin la rosée céleste. Il s'agissait toujours de requérir un don surnaturel. Nous avons déjà noté que pour les Alchimistes, c'est entre le Bélier et Taureau, que le Spiritus mundi, la rosée céleste, doit intervenir dans l'opération à laquelle elle adjoint ce mystérieux catalyseur : la vie. » (Bourges, cité première, Julliard, 1972, p. 63).

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09 juin 2005 | Lien permanent | Commentaires (1)

De la Brenne comme abîme

C'est aujourd'hui que, bloqué à la maison à cause de la grippe, je reçois enfin Evocations de l'esprit des lieux, l'ouvrage de Guy-René Doumayrou que j'ai commandé sur le net voici quinze jours. Je l'ai déjà dit, jusque là je n'avais connaissance de ce livre que par le site néerlandais Kunstgeografie. Et c'est donc avec beaucoup d'émotion que j'ai déchiré l'enveloppe cartonnée qui l'entourait. Après un rapide survol de l'ensemble, je me suis bien sûr immédiatement reporté aux pages sur la Brenne, que je citais naguère : "Plus fort encore, la Brenne est au centre d'un triangle des Gaules dont les sommets sont Sein, Planès et Syren en Luxembourg. Très exactement, c'est un étang, dit du Bois-Secret, qui constitue le centre très précis de cette vaste géométrie."
Voici la dite figure, empruntée à Kunstgeografie (qui reproduit celle du livre) :

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Et le commentaire de Doumayrou sur la Brenne :


"Les trois hauteurs d'un triangle équilatéral se croisent en un point qui en est le centre de gravité. C'est le lieu privilégié de l'action concertée  des trois forces agissantes, le réel ombilic de la Gaule géosymbolique, l'abîme (page 188) où le corps primitif s'écroule dans la confusion des éléments nourriciers de l'étoile. C'est l'équivalent exact du "puisard central" des habitations anciennes (page 73), autour duquel tournait, comme un petit monde, toute l'activité domestique, correspondant, sur un autre registre rituel, à la crypte ou à l'autel des sanctuaires. C'est un vide hanté par l'esprit impérissable du mort tutélaire, allégorique de ce "rien dans quoi gît tout", fusée fine du moyeu de la roue et ordonnateur des révolutions. C'est l'espace informel de tous les possibles, que n'admet aucune particularisation et les présage toutes, l'invivable foyer de la vie." (page 216)

L'abîme, nous apprend la page 188 à laquelle nous renvoie Doumayrou (mais nous ne l'ignorions pas), désigne en héraldique le centre de l'écu, aussi appelé coeur. "Cet abîme, à Toulouse, était matérialisée par la plaine marécageuse où se perdit le trésor de Delphes, au nord de la cité." Trésor dérobé selon les récits sans doute mythiques par les gaulois Volques sous la conduite de Brennus. Bizarrement, Doumayrou ne fait pas de rapprochement avec le nom même de la Brenne, qui pourtant proviendrait du gaulois "brenno", marécageux, boueux (Dottin, 1920, cité par Stéphane Gendron).

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Mais reprenons le fil du commentaire de Doumayrou : "On peut le reconnaître encore de nos jours : il se présente comme un territoire déshérité, situé entre Berry et Poitou, la Brenne. Plat pays de bosquets et d'étangs où, en dépit des tentatives de mise en valeur analogues à celles  qui trouvèrent quelque succès en Sologne, l'on a dû renoncer à toute forme d'exploitation agricole, hormis un peu d'élevage. [Ici Doumayrou force un peu le trait, voir le site du parc de la Brenne, mais il est vrai que les sols pauvres de la Brenne ne permettent guère qu'une agriculture extensive ; longtemps  insalubre et ravagée par la fièvre jaune, la région était très isolée et ne disposait même pas de routes la traversant dans toute sa longueur] Les oiseaux et les poissons continuent d'y déployer une exubérance qui peut faire croire à l'inépuisable générosité de la Mère Nature, encore que, comme partout désormais, la clotûre de fil de fer y insinue méticuleusement ses réseaux excessifs. Le centre du triangle se repère sans difficulté sur la carte. Il erre sur le terrain  à la surface d'un plan d'eau appelé, comme pour dissiper tout scepticisme, l'Etang du Bois-Secret : c'est probablement "l'abîme de la végétativité informelle". Un autre, plus au sud, se nomme l'étang de la Mer Rouge, afin que nul ne puisse mettre en doute l'allusion à l'Art d'Hermès."

A l'appui de cette assertion, il cite l'alchimiste allemand Michel Maïer (1568-1622) dans son ouvrage Atalanta Fugiens, Emblème XXXI : "C'est la Mer Rouge qui est sujette au Tropique du Cancer, dans laquelle il n'est pas sûr aux navires chargés ou entourés de fer de naviguer à cause que dans son fond il y a une grande quantité de pierre d'aimant."

La traduction me semble confuse, par rapport à celle donnée par le site Hdelboy.club : "Veut-on savoir ce qu’est cette mer ? Je réponds qu’il s’agit de la mer Erythrée ou mer Rouge, située sous le Tropique du Cancer. Le fond de cette mer contient en abondance des pierres magnétiques ; aussi la traversée en est-elle dangereuse pour les navires dont la charpente est consolidée à l’aide de fer, ou qui sont chargés de ce métal, car ils pourraient facilement être entraînés au fond par le pouvoir de l’aimant."

Bon, il reste que selon les traditions locales rapportées par Chantal de la Véronne (La Brenne, histoire et traditions, Tours, 1971, 2ème édition), le nom de Mer Rouge aurait été donné à l'étang du Bouchet (plus vaste étang brennou) par le seigneur du lieu, Aimery Sénebaud, en souvenir des Croisades, où il aurait partagé la captivité de Saint Louis. Doit-on trancher en faveur d'une des deux hypothèses ? Je ne le pense pas, elles recouvrent certainement un semblable humus symbolique. On a déjà vu  le pélerinage se présenter  comme l'image de la pratique alchimique, du cheminement vers l'Oeuvre. Et ne trouve-t-on pas ici, dans les deux histoires, référence commune à un roi ? L'emblème de Maïer qui correspond au texte cité est en effet celui-ci :

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précédé du texte suivant :

Rex natans in mari, clamans altâ voce ; Qui me eripiet, ingens praemium habebit.

(Le Roi nageant dans la mer crie d’une voix forte : Qui me sauvera obtiendra une récompense merveilleuse)




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01 février 2009 | Lien permanent | Commentaires (2)

Le Chemin du Dragon

 

« Après la bénédiction du pain et du sel dans la sacristie, chaque pèlerin vénère par un baiser, les reliques du saint thérapeute des bestiaux, contenues dans un bras d'argent. Ce reliquaire était autrefois promené sur le terroir d'Estaing lors de la procession des Rogations. »

Jean-François Hirsch (in. L'Univers du Vivant, n°4, octobre 1985)

 

Procession-dragon.jpgLes Rogations sont cette fête chrétienne qui se déroule pendant les trois jours précédant le jeudi de l'Ascension. Instituée, semble-t-il, en 470 par saint Mamert de Vienne en Dauphiné, pour lutter contre tremblements de terre, feu du ciel et invasions de démons. Jacques de Voragine, dans sa Légende dorée, écrit qu' « on l'appelle encore « procession », parce que l'Eglise fait généralement la procession. Or, on y porte la croix, on sonne les cloches, on porte la bannière ; en quelques églises, on porte un dragon avec une queue énorme et on implore spécialement le patronage de tous les saints. » Les cloches servent à éloigner les démons et les tempêtes : pour Philippe Walter , c'est une fête agraire où, par « des rites ambulatoires, il s'agit de protéger les récoltes en pleine croissance non seulement à un moment critique de l'année où les risques de gelée n'ont pas encore disparu mais également à une période où la sécheresse peut être dramatique. C'est la saison très redoutée de la lune rousse dont on souligne encore les méfaits dans certains terroirs. Le roux et la rouille sont d'ailleurs l'aspect dominant de toute la période des Rogations ; ils sont au coeur de ce mythe saisonnier. On notera cependant les silences ou les faiblesses de l'explication liturgique sur certains détails de la fête ( les dragons processionnels ou la triade festive par exemple). »(Mythologie chrétienne, Imago, 2005, p.136)

Cette fête n'a pas échappé au regard acéré de Guy-René Doumayrou, qui mentionne lui aussi les Dragons des Rogations survivant encore en plusieurs cités du Languedoc. Mieux, il montre l'existence d'un Axe des Rogations, qu'il rapproche de la visée du premier mai :

 

axe-rogations2.jpg

« On a été tenté de l'appeler « axe du premier mai », parce qu'il vise le lever héliaque aux alentours de cette date. Toutefois, comme on le trouve souvent balisé en ligne droite sur des dizaines, voire des centaines de kilomètres, on ne peut l'associer à une position trop précise du soleil dans sa divagation saisonnière. On peut en revanche, sans craindre d'errer, le mettre en rapport direct avec le temps des Rogations puisque, tout aussi bien, l'ethnologie a déjà revalorisé ce vocable d'origine chrétienne pour désigner le groupe fabuleux, beaucoup plus archaïque, des dragons processionnels que l'on sortait pour célébrer ce « rite » destiné à faire descendre les dons du ciel sur la terre0 Axe des Rogations donc, cet orient, dont le trait part du soleil levant au début mai pour s'éteindre avec le soleil couchant du début novembre, sera plus justement encore appelé le Chemin du Dragon. » (Evocations de l'Esprit des Lieux, p. 110)

 

Un peu plus loin, Doumayrou affirme que « le pays de Mélusine, serpente médiévale, ne pouvait manquer d'avoir le sien, le traversant de Poitiers à La Rochelle en passant par Niort, selon un azimut qui est, cette fois, effectivement celui du premier mai. Mais il est issu de Vézelay où rayonna, quelque temps, un des centres les plus importants de la Chrétienté, en l'honneur de Marie-Madeleine. La pleureuse aux longs cheveux n'était pas un dragon, sans doute, mais c'était une « moins que rien », déchue comme Lucifer, pourtant si fort illuminée par l'amour de l'homme divin qu'elle s'éleva à une dignité qui l'égalait presque à la vierge mère. » Et Doumayrou achève ce paragraphe crucial par ce passage que j'ai déjà cité en exergue d'une note passée, sans savoir que j'allais le retrouver encore plus pertinent dans son rapport au territoire que nous arpentons :

 

"L'axe Vézelay - La Rochelle, qui frôle Bourges, dont la cathédrale est dédiée à saint Etienne le lapidé, l'homme dissous par la pierre brute, et traverse les marécages de la Brenne, gouffre ombilical des Gaules, pour aboutir à ce port dont le nom, La Roche-Hélios, la Pierre-Soleil, annonce la métamorphose, au bout du pays qu'illustrèrent les miracles de la Mère Lucine, est le chemin d'étoiles de la Femme Perdue, dragon humanisé."(Guy-René Doumayrou, Evocations de l'Esprit des Lieux, p. 112)

 

triangle-gaules.jpg

L'axe  des Rogations est indiqué sur cette carte, filant vers Prague.

 

Quand ces résonances se sont offertes à moi, j'ai songé tout de suite à vérifier si le monument de Sauzelles était sur ce fameux Axe des Rogations surgi de Vézelay. Mais non, déception, il s'en fallait d'une petite quinzaine de kilomètres : le Chemin du Dragon filait plus au nord. Déception de courte durée cependant, car en projetant une visée sur Vézelay, je constatai immédiatement qu'elle traversait Bourges (contrairement à l'axe défini par Doumayrou qui « frôle » cette ville en s'en écartant tout de même lui aussi d'une dizaine de kilomètres). Et il n'est sans doute pas fortuit que l'axe Saint-Savin – Le Blanc – Déols, converge lui aussi sur Vézelay.

Enfin, dernier indice très significatif, la paroisse de Sauzelles dépendait elle-même de l'abbaye de Vézelay.

J'ai épluché consciencieusement le guide de l'Indre de Michel de la Torre (Nathan, 1985), c'est la seule des 247 communes du département à posséder cette caractéristique.

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31 mars 2009 | Lien permanent | Commentaires (1)

Et c'est ainsi que tout a commencé...

Février 1980. Avenue des Marins, à Châteauroux. La brocante du premier dimanche du mois. A un étal de bouquiniste, un livre me fait de l'oeil. Le titre m'intrigue : Géographie sidérale. Une gravure du XVIe représente un berger mesurant la hauteur d'une étoile à l'aide d'une sorte de fil à plomb. A l'intérieur, plans, schémas, cartes, blasons se bousculent. Pour un prix modique, il entre en ma possession. Il ne m'a plus jamais quitté. Dans un style poétique flamboyant, Doumayrou entend montrer l'existence d'un vaste réseau symbolique centré sur la ville de Toulouse, une roue zodiacale analogue à celles découvertes par Jean Richer en 1967 dans sa Géographie Sacrée du Monde Grec. Ce système symbolique semblerait avoir atteint sa plus grande extension au Moyen Age, vers le XIIe siècle. En définitive, c'est l'ensemble du monde méditerranéen qui s'inscrirait dans ce que que Michel Butor a désigné comme une "immense métaphore : la terre devenant semblable au ciel". Quelques jours plus tard, je pars en Savoie pour un séjour de trois semaines. C'est à l'issue de celui-ci que j'ai l'intuition d'un autre système symbolique, d'une autre roue zodiacale, d'une autre aventure de l'esprit. C'est pour retracer les détails de cette aventure, et en accueillir d'éventuels échos, que ce blog s'ouvre aujourd'hui avec le printemps.

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20 mars 2005 | Lien permanent

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