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Triton

"Pareillement, Mélusine était architecte. Mais elle était fée et femme-serpente, sirène : c'est le moment de nous aviser de ce surnom singulier que la mythologie attribuait à Pallas, d'après celui d'un lac où, pour le justifier, on l'avait fait naître : Tritone. Autant dire Sirène, si l'on se reporte aux figurations ordinaires du triton. (...) Encore faut-il savoir comment se gagnent les lauriers de cette paix qui transforme Minerve en la Vénus de Balance : le grec tónos signifie tendeur, coup, détente (et par extension, ton musical). Le triton désigne alors le triple coup théâtral qui provoque l'ouverture du rideau de velours rouge, l'illumination de la scène et le départ de l'action transréelle (...)".
Guy-René Doumayrou (Géographie Sidérale, pages 114-116)
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Entracte dans la représentation zodiacale, ou plutôt ouverture d'une nouvelle scène, mise en abyme de la pièce jouée : les trois commentaires reçus le 24 avril, d'Alina, Patrice et Philippe, dans leur synchronie complice, me font rebrousser le temps. Pierre Veilletet, les coïncidences, la rumeur des eaux courantes, je les avais déjà notés, un autre 24 avril très précisément, sur un de ces cahiers Clairefontaine qui recueille les flambées du hasard. C'était en 1999. Mais la nuit est trop avancée pour que j'en donne ici des extraits. Ce sera peut-être pour demain. Bien à vous trois.

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25 avril 2005 | Lien permanent | Commentaires (3)

Bayart et Saint-Léger

« Le Rhin le Rhin est ivre où les vignes se mirent » (Apollinaire, Nuit Rhénane)


Bayart, comme le cheval blanc, s'identifie, selon Doumayrou, « à la vibration même de la lumière », son nom dérivant d'après lui de Béliart, Bélien le soleil gaulois (Géographie Sidérale, p.140). Toujours est-il que La Roche-Aymon balise le lever de l'astre au solstice d'hiver de Toulx. A ce moment de l'année, le soleil est au plus bas, mais il n'aura de cesse de retrouver sa puissance en s'élevant progressivement sur l'horizon. Ainsi Renaud de Montauban, le plus valeureux des frères Aymon, jeté vers la fin de ses aventures dans le Rhin, est-il élevé en lumière par les poissons, au point que « l'eau elle-même paraît ardente ».

 

 

 

Mais d'autres alignements significatifs convergent sur Toulx. Ceux des Saint-Léger vont faire porter très loin nos investigations. Le premier s'inscrit exactement sur l'horizon ouest de la cité : issu de Saint-Léger Magnazeix, il se dirige vers notre montagne polaire en suscitant sur son passage Saint-Léger Bridereix et le hameau de Puyléger. Le second s'origine à Saint-Léger-la-Montagne, au coeur des monts d'Ambazac, près de l'abbaye de Grandmont, et vise le château de Montaigut-le-Blanc, Saint-Léger-le-Guéretois et Guéret, avant de s'échouer à Toulx.

Pourquoi Saint-Léger ? La biographie du saint va nous livrer quelques éclaircissements.


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10 août 2005 | Lien permanent

Le peintre des Gaules

"L'axe Vézelay - La Rochelle, qui frôle Bourges, dont la cathédrale est dédiée à saint Etienne le lapidé, l'homme dissous par la pierre brute, et traverse les marécages de la Brenne, gouffre ombilical des Gaules, pour aboutir à ce port dont le nom, La Roche-Hélios, la Pierre-Soleil, annonce la métamorphose, au bout du pays qu'illustrèrent les miracles de la Mère Lucine, est le chemin d'étoiles de la Femme Perdue, dragon humanisé."
Guy-René Doumayrou, Evocations de l'Esprit des Lieux, p. 112

Au coeur de la vertigineuse perspective projetée par Doumayrou, se love donc la Brenne, qu'il qualifie de "gouffre ombilical des Gaules". Or, découvrant la semaine dernière les visées symboliques autour des châteaux du Bouchet et de Salvert, je ne fus pas peu surpris d'apprendre que ces terres avaient été hantées,  non pas cette fois par un de ces êtres blafards et menaçants qui peuplent les légendes brennouses, mais par un artiste authentique dont le surnom n'était pas sans écho avec leur vocation. C'est en effet en glanant quelques renseignements sur Douadic, le village proche de Salvert, que la figure d'Evariste-Vital Luminais vint en pleine lumière. Ce peintre du XIXème siècle, né à Nantes en 1821, est venu pendant quarante ans séjourner en Brenne, à Douadic justement , au lieu-dit La Petite Mer Rouge. Mort à Paris en 1896, c'est pourtant à Douadic qu'il est inhumé.

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Ceci dit, quel rapport avec notre sujet ? Eh bien c'est que tout simplement Luminais est communément désigné comme le Peintre des Gaules : ainsi la notice de Wikipédia écrit-elle que "Peintre des Gaules, il représenta des scènes de bataille des différents peuples qui s'y sont affrontés. Les Romains allaient au combat équipés de cuirasses à éléments métalliques, et rôdés aux techniques d'attaque par leurs campagnes précédentes. Téméraires, les Celtes les affrontaient torse nu, protégés par leurs seuls casques et boucliers." Elle suit en cela le titre du catalogue d'une exposition dédiée à " Evariste Vital Luminais, Peintre des Gaules,1821-1896" organisée en 2003 par les Musées de Carcassonne et de l'Ardenne à Charleville-Mézières. Dénomination reprise par le Musée des Beaux-Arts de Quimper"Peintre nantais, il est l'élève de Léon Cogniet et de Troyon. Dès ses premiers salons, il expose des scènes de genre et des sujets puisés dans la vie des pêcheurs et dans l'histoire de l'Ouest. Après 1848, il devient le "peintre des Gaules"."

 

Peintre des Gaules, Luminais l'est devenu pour  avoir, précise encore l'auteur de la notice de Wikipédia," largement participé à la diffusion de l' iconographie nouvelle véhiculée par les manuels scolaires et l'idéologie de la IIIe République, c'est à cette époque que naquit cette imagerie d'ailleurs fausse du gaulois au casque ailé et aux longues tresses blondes qui a bercé notre enfance. Ainsi la scène du tableau Gaulois revenant de la chasse comporte quelques anachronismes, notamment dans l'habillement : braie et haut-le-corps serrés. Il s'agit ici d'un retour de chasse et non d'une scène guerrière, le casque représente bien plus un accessoire nécessaire à la caractérisation du Gaulois, qu'un attribut guerrier. La longue chevelure rousse participe à l'idée que l'on se faisait des gaulois au XIXe siècle.

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En vue de Rome. Musée des Beaux-Arts de Dunkerque.

De même pour la toile En vue de Rome, où la représentation des casques et du bouclier de gauche est très fantaisiste. L'aventure des Celtes en Italie a frappé très tôt de manière durable l'imagination des artistes. Cela peut à nos yeux friser parfois le ridicule et cependant certaines de ses peintures semblent surgir d'un lointain passé qui nous interroge et que nous questionnons sans vouloir trop nous y arrêter."

Au-delà de la véracité des représentations, l'essentiel réside bien dans cette puissance de rêverie à l'oeuvre dans les tableaux de Luminais. Sa toile la plus célèbre, Les énervés de Jumièges, elle-même fondée sur une légende, n'en finit pas de nourrir les interprétations les plus diverses, les songes les plus glauques ou les plus flamboyants. Il reste surtout que je n'en reviens pas de cette coïncidence, une de plus : le Peintre des Gaules au coeur du gouffre ombilical des Gaules.

 

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Les énervés de Jumièges, Musée des Beaux-Arts de Rouen


Et ce gouffre n'est pas qu'une métaphore...

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16 février 2009 | Lien permanent | Commentaires (9)

Lusignan, Luzeret et les Wisigoths

La question est depuis longtemps de savoir si Mélusine tire son nom de Lusignan, le château qu'elle a fondé, ou bien si c'est celui-ci qui lui doit son nom ? Claude Lecouteux penche pour la première hypothèse, réhabilitant ainsi la thèse souvent raillée de Léo Desaivre, selon laquelle Mélusine serait la déformation de "mère des Lusignan" : "Cette fée bienveillante qui a édifié la forteresse de Lusignan est donc, dans l'esprit des hommes de l'époque, aussi bien à l'origine de la réussite de la lignée que de son déclin. Au Moyen Age, on appelait ces fées "bonnes dames", et il n'est pas impossible, ni même invraisemblable de penser que le génie tutélaire du château fut nommé "bonne dame de Lusignan", puis par extension "mère Lusignan" comme il est fréquent dans nos campagnes. L'usure de la langue conduit alors à une contraction de cette appelation en "merlusignan", et, les liquides /r/ et /l/ ayant presque le même point d'articulation, nous aboutissons à la forme "mellusignan", avec gémination du /l/ puis à Mellusigne, forme attestée par les manuscrits." (Mélusine et le chevalier au cygne, p. 45)

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Mais la question n'en est que repoussée : pourquoi la fée a-t-elle été rattachée à cette famille, à ce lieu même de Lusignan ? La ville, qui se situe à la bifurcation des chemins Poitiers-Saintes (route de Saint-Jacques) et Poitiers-Niort-La Rochelle, se place donc dans le signe du Bélier du zodiaque neuvicien. Or, dans le secteur homologue du zodiaque toulousain, on rencontre Saint-Jean-de-Luz. Doumayrou : "port extrêmement actif au XIIe siècle : l'attribut de ce nom venu d'un mot basque (lohitzun) signifiant marais, a pris tout naturellement la forme romane (lutz) du nom de la lumière, que le tourbillon du Bélier doit extraire de la tourbe ; on sait déjà, si l'on se souvient de ce qui a été dit à propos du mot troubadour, que cette lumière est la trouvaille par excellence." Ajoutons que dans le prolongement de l'axe Toulouse-Saint-Jean-de-Luz, on découvrira Saint-Jacques de Compostelle. La même forme se retrouve-t-elle à la racine du nom des Lusignan ? Ce serait cohérent avec la logique du signe et ferait en quelque sorte de Mélusine une mère-Lumière. A l'appui de cette hypothèse, on peut avancer la présence en Bélier, non loin d'Argenton, du village de Luzeret qui, au-delà de son nom (Albert Dauzat le dérive de l'ancien français lusier : porte-lumière), ne laisse pas d'être intéressant. Tout d'abord, remarquons qu'il est situé sur le méridien de Toulouse. Ensuite son église est la seule de la région à être consacrée à saint Vivien, mort en 460. Le site nominis en donne la biographie suivante : "Originaire de Saintes, il devint administrateur de la région de Saintes par décision de l'empereur Honorius, puis renonçant à cette charge, il devint prêtre et évêque. Il connut l'invasion des Visigoths d'Espagne et accompagna les prisonniers jusqu'à Toulouse pour les soutenir dans leur épreuve. Il gagna l'estime du roi Théodoric et put obtenir de lui, quelque temps plus tard, la libération des prisonniers. Il est reconnu au martyrologe romain, mais n'est fêté que dans le diocèse de La Rochelle." Il n'est pas sans intérêt de retrouver là encore les Wisigoths, que l'on a déjà vus à l'oeuvre avec saint Laurian. Toulouse et Tolède (où Jean Richer voit le centre zodiacal de la péninsule hispanique) ayant été leurs capitales successives, Doumayrou suggère qu'ils ont peut-être joué un rôle important de relais dans la chaîne traditionnelle. (Petite pause océane pour le géographe sidéral. De retour ici dans quelques jours.)

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15 avril 2005 | Lien permanent

Mélusine, Aliénor et Epona

"Jusqu'au nombril, elle avait l'apparence d'une femme et elle peignait ses cheveux ; à partir du nombril, elle avait une énorme queue de serpent, grosse comme une caque à harengs." Jean d'Arras C'est le duc Jean de Berry, à qui vient d'être rendu en 1369 le comté de Poitiers, qui demande avec sa soeur Marie à Jean d'Arras, libraire et relieur, de rédiger l'histoire de la famille des Lusignan et de leur château, construit selon la légende par la fée Mélusine. Disposant de la vaste bibliothèque du duc où abondent chroniques, récits de voyages (parmi lesquels Le Livre des Merveilles de Marco Polo), compilations de légendes et autres livres d'astrologie, de magie et de divination, Jean rend sa copie en 1392 (on est loin de la frénésie éditoriale actuelle). Ce Roman de Mélusine est le parfait exemple de la fusion entre courtoisie, thèmes chevaleresques et mythes celtiques dont Régine Pernoud voyait l'origine à la cour d'Aliénor d'Aquitaine. C'est à celle-ci, "reine de France, puis d'Angleterre, et surtout reine des Troubadours, que Poitiers, assure Guy-René Doumayrou, doit d'avoir été foyer de poésie et centre de la vie courtoise et chevaleresque dans la seconde moitié du XIIe siècle." Claude Lecouteux dans Mélusine et le Chevalier au Cygne (Payot, 1982) a ainsi clairement montré que la fée-sirène était la figure d'une déesse celtique. Une déesse-jument venant s'unir avec des humains et apporter la prospérité et dont la forme gauloise est Epona.

Il ne fait dans son ouvrage aucune relation avec le matériel archéologique découvert à Poitiers concernant Epona. Et pour cause puisque c'est seulement en 1983 qu'a été découvert une statuette de la déesse lors d'un sondage sur l'un des plus importants carrefours du centre urbain. Par ailleurs, la monnaie la plus courante chez les Pictons associe la main ouverte au cheval à tête humaine.
(A suivre)

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14 avril 2005 | Lien permanent | Commentaires (2)

Sautoir et tibias croisés

Les symboles isiaques seront présents dans les rituels de la franc-maçonnerie et l'origine même des loges sera souvent cherchée dans l'Egypte primordiale. On retrouve cela, par exemple, dans un opuscule théâtral de Nicolas de Bonneville (1793), fixant les modalités de la cérémonie d'admission aux « Francs-Cosmopolites », intitulé la Fête du Vaisseau des anciens Francs. Le rideau se lève sur le tableau suivant : « L'Isis ou l'Hiérophante est assise sur un vaisseau, à ses pieds le Sphinx. De chaque côté les images des Evangélistes avec leurs attributs dont la réunion représente les quatre parties qui composent l'image du Sphinx. » (La Quête d'Isis, p.53) Ceci nous rappelle la croix de saint André - qui est aussi représentée chez les Francs-Maçons par des tibias croisés, encadrant souvent un crâne humain - et que l'on retrouve aussi en zone Taureau du zodiaque toulousain avec le blason du pays de Comminges : un écu de gueules à quatre otelles d'argent posées en sautoir, dont G.R. Doumayrou donne la lecture suivante : « Elles (les otelles) peuvent représenter quatre feuilles ou lamelles d'argent consolidant l'écu de bois peint en rouge, mais évoquer aussi deux traversées diagonales (en sautoir), qui ouvrent la substance brute à la vibration stimulatrice du verbe. Elles sont en forme d'amande, autrement dit de semence, délient la substance en la divisant, et la relient à son nouveau destin : le sautoir était une croix de corde permettant au cavalier de sauter en selle, - de rompre son équilibre statique (ce que fait aussi la graine soumise en terre à la putréfaction), pour entreprendre sa chevauchée (germination de la semence libérée). Les otelles, de la sorte interprétées, signent un potentiel d'activité qui reste à évertuer. » (Géographie Sidérale, pp. 69-70) Avant de quitter Taureau, il nous reste à interroger, en quelque sorte littéralement, ces métaphores botaniques, en mettant en correspondance les hauts-lieux du secteur avec la flore astrologique dévolue au signe, telle qu'elle apparaît dans les quelques textes antiques qui nous sont parvenus. Notre Plantaire aura nom Catalogus Codicum Astrologicorum Graecorum...

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16 juin 2005 | Lien permanent | Commentaires (1)

Sous le signe d'Héphaïstos

La position de la ville de Bourges dans le signe du Scorpion n'est pas dénuée de réminiscences antiques : déjà, dans la géographie sacrée égéenne, ce signe se place sous les auspices de la magie et du sacrifice. Jean Richer a pu montrer que le gardien en était cet énigmatique Héphaïstos, que les autres dieux tournaient en dérision. Il « porte un pilos de forme phallique et a les pieds tordus du sorcier. Il représente l'acquisition des pouvoirs magiques par le sacrifice de la sexualité, par la transformation de l'énergie sexuelle. » (Géographie Sacrée du Monde Grec, p. 96). Ce qui ne l'empêchait pas de convoiter les belles déesses, ainsi c'est en tentant de violer Athéna qu' un peu de sa semence tombe en terre, la féconde et provoque la naissance d' Erichthonios, mi-homme, mi-serpent, car selon Richer, Héphaïstos a succédé à un ancien dieu-serpent nommé Ophion

 

 

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Or, sur le mur extérieur de la rotonde de Neuvy, dans la direction même de ce secteur Scorpion, on peut observer une sorte de monstre ailé doté d'une longue queue serpentine (ce bas-relief n'est autre que l'emblème même de ce site, sur la page d'accueil). A noter encore que cette sculpture, que les notices sur le monument ignorent curieusement, se situe à proximité de l'un de ses axes de symétrie (axe 6-2 sur le plan). Axe dont j'ai déjà signalé qu'il était le seul à ordonner les onze colonnes selon une symétrie axiale : cinq colonnes faisant ainsi face à cinq autres, la onzième étant traversée par l'axe. Autre singularité : cette colonne porte le seul chapiteau garni en totalité d'un décor végétal, tous les autres représentant des monstres, des animaux ou des personnages.

 

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Tout se passe donc comme si une orientation secrète avait été donnée à l'édifice, qui désignerait Bourges et le Scorpion, signe « infernal » dont il n'était bien sûr pas question de faire une visée explicite. Peut-être est-ce là le début d'une explication du choix de ce nombre onze, dont Doumayrou rappelait (G.S, p.275-276) qu'il était «  à peu près unanimement considéré comme néfaste dans la tradition occidentale. C'est le nombre des apôtres après la trahison de Judas, le retour d'une singularité venant détruire la perfection du dénaire, bref le désordre. »


 

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18 janvier 2006 | Lien permanent | Commentaires (3)

Denis Gaulois (17) : Déols, Cahors et le chaos

"Avant que de retourner à Bourges, le patriarche Ursin recommanda au père gaulois de penser souvent à la loi de Dieu ; il lui répondit qu'il ne l'oublieroit jamais.

Le même jour, au soir, Denis gaulois fut à l'oraison ; étant à genoux, les bras croisés, il mourut après l'oraison. Le religieux voulut lui parler, mais il fut surpris de voir son seigneur mort. Il en avertit Léocade qui vint avec sa famille et ses gens ; il le fit enterrer dans le même endroit. Il fut fort regretté de tous les habitants de ses cantons.

Léocade, Ludre et ses gens eurent bien de la peine à contenir les animaux du défunt : ils pleuroient leur maître et vouloient entrer dans la chapelle.

Léocade fut héritier de tous les biens de Denis Gaulois ; mais il ne garda pas longtemps les animaux, qui moururent bientôt après leur maître."

Le retour d'Ursin à Bourges coïncide donc avec la mort presque subite de Denis Gaulois : ces deux personnages patriarcaux sont comme des avatars de cette antique divinité  désigné aussi comme l'Homme Sauvage, celui qui vit au milieu des animaux. La douleur de ceux-ci au trépas de Denis, leurs pleurs et leur décès rapide après celui de leur maître, montrent encore une fois le lien viscéral, organique qui les reliaient. Ursin, l'ours (ursus) désigne une nouvelle fois la direction boréale.
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De ce tropisme, on peut voir une dernière illustration avec le tympan du Christ de Déols, dont quelques fragments sont conservés au Musée de Châteauroux. Selon Jean Favière (Berry Roman, Zodiaque, 1970, p. 201), il évoque "plus spécialement le Christ du tympan de Cahors." Or Cahors est situé au Nord géographique de Toulouse, l'autre grand centre zodiacal héritier des omphaloi égéens. Le tympan lui-même de cette cathédrale Saint-Etienne est celui du portail Nord.

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Le socle sur lequel repose le Christ de Déols est porté par deux animaux : le lion et le dragon. "Cette représentation des symboles de l'Antéchrist et du Diable suivant Honorius d'Autun, poursuit Jean Favière, fréquente dans la sculpture gothique, est unique dans l'iconographie des portails romans."

Est-ce là encore un écho à Cahors, que Doumayrou rattache au chaos primordial ? "Ce nom, ainsi que celui du Quercy, vient des celtes Cadurques, avec le souvenir des racines grecques cha, s'entrouvrir (d'où vient chaos) et chad, prendre, saisir, caractérisant l'avidité bien connue de cette gueule d'enfer qu'est le chaos." (Géographie sidérale, p.168)

Cette représentation répond en tout cas, sur le territoire berrichon, à la présence en bas de l'axe Cancer-Capricorne, des villages de Mortroux, Moutier-Malcard, Malval, Châtelus-Malvaleix, qui tous portent la marque d'un symbolisme "maléficié". Malval, la "vallée mauvaise", est ainsi l'exact opposé de la montagne céleste que figure  le pôle déolois.

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18 avril 2007 | Lien permanent | Commentaires (2)

Aquarius

medium_verseau.jpgL'axe Lion-Verseau de la roue toulousaine, écrit Guy-René Doumayrou,  "unit clairement le Golfe du Lion, en Méditerranée, au pays d'Aquitaine, "pays des Eaux", ou d'Aquarius (nom traditionnel de Verseau, l'Homme du quaternaire des Vivants), c'est la plus insigne évidence" (Géographie sidérale, p. 62). Toulouse n'en finit pas d'être le paradigme de Neuvy, ainsi pour ce signe du Verseau : "(...) de même que les énergies confondues du rouge et du vert, les eaux supérieures et inférieures du Nord et du Sud, du Limousin et des Pyrénées, s'y mêlent en Gironde, conformément à son emblème qui montre un homme versant dans un courant le contenu d'un grand vase", de même l'Indre et le Cher, rivières éminemment berrichonnes , donnent en cette zone leurs eaux à la Loire. L'homme médiéval a dû saluer comme un signe divin cette coïncidence hydrographique. Le philosophe Michel Serres, qui ne parle  pas de géographie sacrée, n'en retrouve pas moins l'ancienne symbolique lorsqu'il se prend à évoquer l'Aquitaine de ses origines familiales, dans ce livre magnifique qu'est Les cinq sens :


"Verseaux d'alluvions recevant ou donnant des verseaux de vin, si ma langue peut souffrir ce miracle de noces, parmi les crues et les inondations de la versatile Garonne, clepsydre grise.(p. 172, Grasset, 1985) "


Que malgré les apparences Verseau soit signe d'Air, Michel Serres en décèle quelques pages plus loin l'intime raison :

"L'air, mélange vague, léger, subtil, instable, favorise les alliances ; vecteur de tout, il ne s'oppose à rien. Milieu du sensorium, excipient général des mélanges : vase principal de la clepsydre confuse. (op. cit. p. 184) "

Resurgit ici l'image de la clepsydre. Horloge à eau fonctionnant sur le même principe que le sablier.

Plus loin : "Ame. L'âme traduit le latin anima, qui, à son tour, traduit le grec anemos, qui veut dire le vent. L'âme errante vient d'où vient le vent. ( op. cit. p. 187) "


 Sur les rives de la rivière sacrée, la Bouzanne, petite Loire colérique, le village de Velles - où Stéphane Gendron ne voit qu'un  banal dérivé de ville -  est pour nous la voile (latin velum), toile  qui ne tire son énergie que du vent. Que la paroisse relevât de l'abbaye de Saint-Gildas apparaît somme toute logique :  le saint breton, l'ermite de l'île d'Houat, n'a-t-il pas accompli plusieurs fois un  voyage sur les eaux ?

 

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Nunc est bibendum

L'outil indispensable du géographe sidéral est bien sûr la carte. Il est bien certain que ce qui m'a séduit de prime abord dans le livre de Doumayrou, c'est sa profusion de cartes et de schémas, de blasons et de figures géométriques . Mais je  ne l'avais  pas attendu pour user de la  carte Michelin de la région, sur laquelle nous imaginions nos périples vélocipédiques. Avec ses lieux-dits innombrables, ses trois points noirs promesses de ruines, ses liserés verts bordant  les routes tortueuses, ses gerbes bleues ouvrant sur des panoramas vertigineux, c'est un vrai trésor de rêveries que nous offrait le bibendum *alerte et rondouillard. C'est encore cette carte qui me sert le plus souvent, qui accueille mes tracés, mes crayonnés. Ainsi le bois de Souvigny, traversé par le méridien de Saint-Genou, y apparaît-il ainsi :



Mais il est parfois utile d'aller y voir de plus près. Il y faut alors la carte d'Etat-Major, pardon la carte IGN (le potentiel de rêverie est malheureusement moindre dans ce dernier prédicat, plus pacifique il est vrai - l'ancien montrant bien que la cartographie servait  d'abord à faire la guerre). Oui, la carte IGN au 1/25000 si possible. Des détails alors surgissent, que le bibendum avait négligé.

Je me suis muni tout récemment du logiciel Carto Exploreur de l'Est de l'Indre, qui me permet de visualiser sur l'ordinateur le contenu de plusieurs cartes papier, et c'est ainsi que le bois de Souvigny m'est apparu sous un autre jour :


Première surprise : le bois de Souvigny n'est plus désigné comme tel. Toutes les parcelles forestières de la carte portent un autre nom. Mais on ne perd pas au change, puisque le mot Souvigny apparaît à quatre reprises : en tant que  lieu-dit tout d'abord, placé à deux cents mètres seulement du méridien exact de Saint-Genou (l'église étant prise comme point nodal), puis comme ruisseau et comme étang, enfin comme dénomination d'une Tuilerie (les fours à briques ou à tuiles étaient très gourmands en bois de chauffage).
La situation de ces lieux est  similaire à celle des Souvigny étudiés dans l'inventaire : cerné par la forêt, en rapport avec l'eau. Seul le caractère frontalier ne paraît pas établi. Nous nous trouvons en effet encore assez loin de la limite sud de la civitas biturige.
Grâce à ce superbe outil informatique (il suffit par exemple de déplacer la souris pour avoir la longitude et la latitude de chaque lieu pointé), il est possible de mener un travail très fin autour de la microtoponymie des espaces traversés.
C'est avec son concours que nous allons  maintenant explorer une autre direction cardinale issue de Saint-Genou.
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On reste bien ici dans la thématique rabelaisienne de la beuverie... 

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04 septembre 2007 | Lien permanent

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