Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : Déols

Denis Gaulois (13) : 7 J 17

Aux Archives Départementales, j'ai trouvé copie de la légende de Denis Gaulois. Le manuscrit faisait partie du lot 7 J 17 : il ne paie pas de mine. Rédigé - à ce qu'on peut lire en préambule- par le prieur Jean Devineau,  à la demande de son altesse sérénissime le Prince de Condé, il ne se présente pas en effet comme un acte prestigieux, objet de soins particuliers : l'écriture s'y dégrade considérablement au fil des pages, les ratures et les corrections y sont nombreuses, mais peut-être s'agit-il d'une simple copie d'un document plus officiel ? C'est d'ailleurs en tant que copie qu'il est répertorié aux Archives. Impossible d'en savoir plus pour l'instant : je l'ai déjà dit, cette légende n'a guère mobilisé l'attention des historiens et érudits locaux, qui ont sans doute été désarçonnés par la fantaisie d'un texte dont le statut reste improbable, n'étant manifestement ni légende populaire, ni chronique historique un tantinet crédible.

C'était donc un beau moment d'émotion que de relire sous l'encre priorale les épisodes de la vie de Denis, mais je dois confesser que ça ne m'a guère fait progresser dans la réflexion. Nous allons donc reprendre l'histoire là où je l'ai laissée fin novembre, avec l'arrivée de Denis à Bourges et sa rencontre avec le patriarche Ursin. Léocade fait alors son entrée :

medium_CHAVANGE150.JPG"Le patriarche fit venir Léocade, qui promit de suivre le père Gaulois ; mais, après sa mort, il vouloit avoir ses biens ; il lui dit : Je le veux, mais il faut vous faire baptizer. - Il fit refus, disant : Je n'ai quitté mon pays pour cela. -Cependant le patriarche et le bon vieillard le firent consentir, et en passèrent acte que Léocade apporta lui-même aux habitants de ces cantons, pour leur faire voir qu'il avoit reçu le sacrement de baptême avec son fils Ludre et sa famille, tous des mains du patriarche Ursin, en l'église de saint Etienne. Avant que de partir, Léocade fut nommé gouverneur de la Gaule, en présence du seigneur Gaulois, qui y consentit. Ils firent leurs adieux au patriarche, qui, en les quittant, leur dit : Dieu soit avec vous ; ne vous quittez pas ; ne vous lassez point de bâtir des temples ; secourez les affligés. - Ils partirent ensuite et prirent leur route vers le canton de Déols."

Nous assistons ici à un sacré marché qui n'a rien de mystique: Léocade met ses compétences de chasseur au service du vieux Gaulois mais exige ses biens en retour après trépas (qui ne saurait bien tarder logiquement vu l'âge canonique du héros). Revendication somme toute colossale. Réponse de Denis : d'accord mais après baptême. Refus tout d'abord du Nemrod avec cette réplique qui ne manque pas de sel : Je n'ai quitté mon pays pour cela.
Notons bien qu'il ne dit pas : Je ne quitterai pas mon pays pour cela. Non, il emploie le passé, or à aucun endroit de la légende, il n'a été dit  que Léocade a quitté son pays, il a toujours été donné comme vivant à Bourges. L'auteur du texte commet une légère incohérence qui révèle en creux la source scripturaire qui n'est autre que Grégoire de Tours, où Léocade quitte en effet sa ville de Lyon pour celle de Bourges. Finalement, il accepte le baptême, après forcing des deux ancêtres. Mais, pour être plus sûr, il est nommé gouverneur de la Gaule "avant que de partir"... Fin de la transaction.

Il est intéressant maintenant de scruter les détails où l'auteur innove par rapport à la source : ainsi Léocade est donné, on l'a dit, comme un chasseur, quand Grégoire de Tours ne le désigne que comme un haut dignitaire romain. Pourquoi un chasseur ?

Sur le  site Apemutam (Archéologie musicale médiévale), dans un article sur le cor de chasse  roman, il est écrit que  "Dans la sculpture romane, la chasse constitue une prédicationpour montrer la poursuite du bien et du mal, les Etapes de la vie du Chrétien, les Ages de la vie." Et devinez quel est l'exemple qui en est aussitôt donné : "Le tympan de Saint-Ursin de Bourges représente le temps de la vie du Chrétien avec les travaux des mois, la chasse aux tempéraments représentés par divers animaux (âne, sanglier, cerf), les Ages de la vie avec les arbres figurés en différentes saisons, comme sur les sarcophages romains de Déols, de Reims et sur la frise romaine remployée sur le mur extérieur de la cathédrale du Puy. La chasse à l'épieu aurait suffi pour exprimer l'activité cynégétique, mais on remarque que le sculpteur a placé un cor dans la bouche du cavalier." (C'est moi qui souligne.)

medium_timpano.2.gif
Fragment du tympan de Saint-Ursin


" Grégoire de Tours raconte la terrible colère du roi Gontran à la suite du vol du cor qui lui servait à rassembler ses chiens et à mettre en fuite  les troupeaux de cerfs "aux cornes arborescentes". Il jeta dans les fers beaucoup de gens à cause de cette perte." Anne Lombard-Jourdan qui rapporte cette anecdote (Aux origines de Carnaval, p.94) non seulement s'est longuement penchée sur la valeur rituelle de la chasse, mais a consacré quelques paragraphes de première importance au tympan de Saint-Ursin de Bourges. Examen d'iceux au prochain épisode.

Lire la suite

03 janvier 2007 | Lien permanent | Commentaires (1)

Denis Gaulois (8) : Du prince de Condé

CONDÉ, prudent,

commence une phrase incertaine

    Le profond respect que j'ai pour Votre Majesté...


HENRI l'interrompt, souriant

    Pas de formules. Tu vas voir que nous sommes au-delà des formules. J'aime comme un vieux sot, à fond et sans espoir. C'est une enfant, Condé ! Et moi qui n'ai jamais rien respecté, moi à qui la vue d'un jupon sur une taille souple effaçait de l'esprit jusqu'à la notion du respect, je découvre cette curieuse chose au fond de moi. Et je trouve çela très doux.

Il s'arrête, il tisonne le feu. Condé sent qu'il faut dire quelque chose.

CONDÉ

    Je suis profondément touché de la confiance que Votre Majesté me témoigne.(...)


Jean Anouilh (Vive Henri IV ! ou La Galigaï, La Table Ronde, 2000)



Anouilh met ici en scène, dans cette pièce peu connue, le prince de Condé, futur prince de Déols et de Châteauroux, et le « bon roi » Henri IV qui lui demande d'épouser la très jeune Charlotte de Montmorency dont il est tombé fou amoureux. Il va sans dire que le Vert-Galant espère que le futur mari, auquel on prête peu de goût pour les femmes, lui laissera les coudées franches. Espoir qui sera cruellement déçu, car Condé s'enfuira avec sa belle à l'étranger. Et cela sans tarder, car le mariage aura lieu à Chantilly, propriété de Condé, le 17 mai 1609, et la fuite vers les Pays-Bas espagnols est datée du 29 novembre de la même année. Au printemps 1610, Condé laisse sa femme à Bruxelles et rejoint l'armée espagnole de Lombardie. L'assassinat d'Henri lui permet alors de revenir en France et de devenir tuteur du jeune roi encore mineur, avec les deux autres princes du sang, Conti et Soissons.

Condé, décrit par Michel Carmona comme un « homme plus colérique qu'intelligent », ne tarde pas à s'emporter contre Marie de Médicis, la Régente du royaume, qui lui refuse son soutien dans la polémique qu'il mène en 1614 avec l'évêque de Poitiers, Monseigneur de La Roche-Posay, qui lui a fermé les portes de la ville. Le 14 juillet de la même année, il se rend à Châteauroux pour y rencontrer le vieux Sully qu'il espère gagner à sa cause. C'est la première fois que l'histoire personnelle du prince croise la capitale berrichonne. Ses liens avec le Berry ne vont dès lors cesser de se renforcer : peu après la cérémonie de proclamation officielle de la majorité du Roi, le 2 octobre (Louis XIII atteint l'âge de 13 ans), on convoque les Etats-Généraux, et Condé fait élire comme député de la Noblesse dans le bailliage de Berry Henri de La Châtre, comte de Nançay. Ce qui ne sied absolument pas à la Reine-Mère qui le remplace promptement par un de ses fidèles, Guillaume Pot, seigneur de Rhodes et Grand-Maître des Cérémonies.

medium_conde.JPG

Gisant  de Condé (Gilles Guérin, Musée du Louvre)

 

En 1616, l'affrontement entre Condé et Marie de Médicis prend une tournure dramatique et militaire. Le prince lève une armée contre la Régente, mais, renonçant à attaquer la capitale bien défendue par de nombreuses troupes, il entreprend de la contourner par l'ouest pour rejoindre les escouades du duc de Rohan. Il ne passe la Loire qu'à grand-peine et va s'installer en Berry : « Il choisit de s'établir lui-même à Châteauroux, précise Carmona, tandis que ses forces se dispersent aux alentours. »

La diplomatie va reprendre ses droits et c'est Richelieu lui-même, expressément mandaté par la Reine-Mère, qui va descendre à Bourges s'entretenir avec Condé. L'habile homme parvient à le convaincre de revenir à Paris : le 17 juillet, il quitte brusquement le Berry et fait son apparition le 28 juillet à Bourg-la-Reine, « où son arrivée surprend ses amis ».

« Le 29 juillet 1616, continue Carmona, Condé se rend directement au Louvre et va s'incliner devant la Reine-Mère. Tout le monde note qu'elle lui fait bon visage et que la conversation se déroule sur un ton d'évidente cordialité. Lorsque survient le Roi, celui-ci fait fête au prince et l'embrasse à deux reprises.(...) Une véritable cour commence dès le lendemain à défiler auprès de Condé. Les hommages qui fusent, l'empressement que chacun montre auprès de lui, lui montent à la tête. Même les ambassadeurs se rendent en sa résidence comme s'il était le véritable détenteur du pouvoir. »

Françoise Hildesheimer résume en une phrase la situation de Condé : « Condé, gagné par la diplomatie de Richelieu, approuve ses choix et, se croyant tout-puissant, s'essaie avec arrogance à la direction du Conseil et à l'opposition à Concini, qui se ressaisit du pouvoir en le faisant arrêter le 1er septembre 1616, en dépit de toutes les promesses qui lui ont été prodiguées. » (Op.cit. p. 65)

Il ne sera libéré que le 20 octobre 1619 et ne jouera plus dès lors qu'un rôle mineur dans l'histoire du pays.


Condé, Henri II de Bourbon, faut-il le rappeler, a donc failli s'asseoir sur le trône. Grand Veneur, premier prince du sang, il figurait sur la liste des possibles héritiers de la Couronne, si les fils du Roi venaient à mourir. Son ancrage en Berry, sa volonté de rattachement à Déols forcent la curiosité. Ne s'agissait-il pas de montrer les liens symboliques extrêmement forts qui l'unissaient à un des centres de la géographie sacrée de la terre française ? Notons qu'à cette époque encore, le Roi Très Chrétien était toujours considérée comme personne sacrée et thaumaturge : F. Hildesheimer précise que « Louis XII touche très régulièrement les écrouelles ; ainsi, en 1633, à trois reprises, à Pâques, en la fête du Saint-Sacrement, puis à la Toussaint. » « Vicaire du Christ au royaume de France », il est « l'objet de la part de ses sujets d'une vénération qui va bien au-delà de la simple obéissance civile. De nombreux symboles de la royauté divine lui sont d'ailleurs réservés : rayon de la divinité descendue sur terre, il partage l'usage du dais avec le seul Saint-Sacrement. » (op. cit. p. 80)


La légende de Denis Gaulois a-t-elle été inventée pour la gloire de Condé ? On ne saurait l'affirmer avec certitude, mais tout se passe comme s'il s'était agi de magnifier un lieu sacré, en empruntant à la fois aux sources littéraires connues (Grégoire de Tours) et au légendaire dyonisien développé par la célèbre abbaye royale. La réunion même des deux noms, Denis et Gaulois, se retrouve dans l'historiographie de l'abbaye où saint Denis était présenté comme « l'Apôtre des Gaulois », apostolus Gallorum. Anne Lombard-Jourdan écrit encore que le «  3 juillet 987, Adalbéron sacra Hugues à Reims en qualité de « roi des Gaulois » (rex Gallorum). Est-ce sous ce titre qu'il se fit couronner une seconde fois à Saint-Denis, moins d'un mois après ? » (Montjoie et Saint-Denis !, p. 248)


Lire la suite

27 octobre 2006 | Lien permanent | Commentaires (5)

Saint Jean porte la tine

Enfonçons le clou au sujet de Sucellus à Levroux, en versant un dernier élément au dossier. Je rappellerai donc que c'est le 6 mai 1013 que le Chapitre de chanoines de l'église de Saint-Silvain fut fondé par Eudes de Déols, dit Eudes l'Ancien, en présence de l'archevêque Dagbert et des principaux nobles du voisinage. Cette date n'a pas été choisie au hasard, comme on pouvait s'y attendre : c'est la Saint Jean Porte Latine, dite aussi la Petite Saint Jean, qui est célébrée ce jour-là. Or, voici ce que mentionne à cette occasion le site Carmina, que nous commençons à bien connaître :

medium_stjacques-levroux.jpg« Saint Jean est le seul apôtre qui n'ait pas été martyrisé. Cependant, l'empereur Domitien lui fit subir le supplice d'être plongé dans une cuve d'huile bouillante. Mais celle-ci se transforma en bain rafraîchissant. Ce supplice eut lieu près de la porte de Rome menant vers le Latium et appelée ultérieurement porte Latine.

Une fois de plus, le jeu de mot "Porte la tine" fit de saint Jean (le petit) un patron des vignerons et tonneliers puisque les vignerons portent la tine ou la hotte ou la cuve.

Mais il devint aussi patron des ciriers, des imprimeurs et des typographes.On pense que c'est parce que les imprimeurs on commencé à imprimer le latin, mais d'autres pensent que c'est parce que la porte latine s'ouvrait et se refermait comme un livre car ses charnières étaient centrales. D'autres aussi parce que les imprimeurs et les ciriers utilisent des huiles grasses.

Quoi qu'il en soit, la fête fut très populaire dans les milieux de l'imprimerie. En 1953, les typographes d'Orléans ont encore fêté la petite Saint-Jean et ont défilé coiffés d'un gibus.

Saint Jean porte Latine est représenté en portant sa tine. Elle se présente sous forme d'un tonneau attaché à un bâton. L'image est très proche de celle du Dieu Gaulois Sucellus (le bon frappeur) qui est représenté muni d'un maillet double au bout d'un bâton, un côté pour la vie et l'autre pour la mort. En Bretagne, on frappait (légèrement) les moribonds avec un maillet double. Le maillet donne la vie ou la mort, la mort ou la

résurrection. Les Francs-Maçons, lors de la réception d'un postulant, le frappent avec un maillet. Ils le tuent et le ressuscitent. Le maillet possède une fonction temporelle.

Pour saint Jean comme pour Sucellus, il semble que ce maillet soit un tonneau (tine) emmanché, ce qui rapprocherait saint Jean l'Évangéliste de saint Jacques et son bourdon (gourde au sommet d'un bâton) et lui reconnaîtrait son rôle de sommelier divin comme aux noces de Cana.

Tout ce qui est double est toujours d'essence temporelle à l'instar de Janus (janvier) qui a une tête tournée vers l'année passée et une autre vers le temps à venir. Il est, lui, reconnu clairement comme un dieu du temps et des passages... de portes. Tout passage est temporel. »(C'est moi qui souligne.)

Il serait extraordinaire que le 6 mai ait été déterminé dans l'ignorance de la symbolique qu'il représentait. Dois-je encore rappeler que les pélerins venant se faire soigner à Levroux étaient accueillis dans cet hôpital spécial nommé le Porche ? Que Janus (janvier) renvoie également à Capricorne, qui recouvre largement ce mois ? Que Levroux fut étape sur le chemin de Saint-Jacques (ce dont témoigne la fameuse maison de bois, dite Maison Saint-Jacques) ?

Levroux, marche nord de la seigneurie de Déols et du duché d'Aquitaine, est proprement la Porte des Dieux, porte solsticiale, dont René Guénon écrit qu'elle est « située au nord et tournée vers l'est, qui est toujours regardé comme le côté de la lumière et de la vie » (Symboles fondamentaux, p. 241).

Tournée vers l'est, lisons-nous ? Ainsi s'expliquerait que la fête de Saint Silvain soit placée au 22 septembre, c'est-à-dire à l'équinoxe d'automne, que la géographie sacrée désigne par un axe plein est, qui n'est autre que le parallèle de Neuvy Saint-Sépulchre, côté oriental . La figure de Silvain réunit ainsi les deux grands moments cosmiques que sont l'équinoxe et le solstice. D'ailleurs, les ossements du saint furent transportés en 1463 dans une chapelle, située dans le bois de Sully, près de La Celle-Bruère, selon la volonté d'Isabeau de Boulogne, fille de Bertrand, seigneur de Levroux. Or, ces lieux sont placés dans le signe équinoxial de la Balance, où une autre paroisse, Thevet Saint-Julien, a aussi un pélerinage en l'honneur de saint Silvain, le dimanche qui suit le 22 septembre.

Dernier indice décelable de ce jeu d'échos entre solstice et équinoxe : la présence sur le parallèle de Neuvy de la petite commune de Saint-Jeanvrin, dans le Cher. Saint Jeanvrin qui était autrefois tout bonnement dénommé saint Janvier...

medium_jeanvrin.jpg

Et je m'avise encore qu'à quelques kilomètres de là, sur la route de Châteaumeillant, l'antique Mediolanum, le hameau de Sept Fonds nous évoque la Céphons levrousaine. Hameau situé très exactement sur le méridien reliant Toulx Sainte-Croix, autre montagne polaire, à Mehun-sur-Yèvre.

Et je lis encore, dans les Saints Berrichons de Mgr Villepelet (p. 143), que Jean de Berry donne, en 1383, un doigt de saint Silvain au chapitre de Mehun-sur-Yèvre.

Un doigt, un simple doigt, qui désigne celui qui commanda à la même époque, entre 1387 et 1393, à Jehan d'Arras, le roman de Mélusine...

 

Photo : Saint Jacques (Collégiale St Silvain)



Lire la suite

Le Feu de saint Silvain

« Discourez par les sacres bibles: vo' trouverez que de ceulx les prières n'ont iamais esté esconduites, qui ont mediocrité requis. Exemple on petit Zachée, duquel les Musaphiz de S. Ayl près Orleans se ventent avoir le corps & relicques, & le nomment sainct Sylvain. Il soubhaitoit, rien plus, veoir nostre benoist Servateur au tour de Hierusalem. C'estoit chose mediocre & exposée à un chascun. Mais il estoit trop petit, & parmy le peuple ne pouvoit. Il trepigne, il trotigne, il s'efforce, il s'escarte, il monte sus un Sycomore. Le tresbon Dieu congneut sa syncère & mediocre affectation. Se praesenta à sa veue: & feut non seulement de luy veu, mais oultre ce feut ouy, visita sa maison, & benist sa famile. »

Rabelais, Quart Livre (Prologue)

 

Martin n'est pas le seul saint attaché à Levroux, il n'y patronne d'ailleurs aucune église, aucune chapelle, comme si on lui tenait rigueur de son prosélytisme virulent. Plus important pour la cité est saint Silvain, que Sulpice Sévère ne mentionne pas, mais dont un manuscrit daté du VIIIe siècle et conservé à la bibliothèque de Berne, atteste du culte, conjugué à celui de saint Silvestre, dès cette époque. « La charte de fondation du chapitre de 1012 et une autre charte de 1072, précise Jean-Paul Saint-Aubin, donnent saint Silvain comme patron de l'église collégiale et mentionnent que son corps ainsi que ceux de saint Silvestre et d'autres saints y reposent. » (Saint Silvain, in Histoire et archéologie du pays de Levroux (Indre), ouvrage collectif, Levroux, 2003.)

Ce saint Silvain est identifié avec le publicain Zachée de l'Evangile de Luc (comme en témoigne encore Rabelais dans l'extrait placé en exergue). Il est envoyé en Gaule par saint Pierre, en compagnie de saint Silvestre, pour évangéliser le Berry. Mais en chemin, Silvestre meurt. Selon Mgr Villepelet, Silvain le ressuscite immédiatement ; Jean-Paul Saint-Aubin rapporte, lui, qu'il retourne à Rome où saint Pierre lui confie son bâton pastoral avec lequel il ressuscite Silvestre. Ceci rappelle furieusement la légende de saint Martial, qui, de même, ressuscite son compagnon Austriclinien avec le bâton de saint Pierre qu'il est allé rechercher à Rome.

medium_stalle-levroux2.jpgQue ce rapprochement ne soit pas fortuit, nous en avons la preuve avec la Vita prolixior, vie de saint Martial écrite par Adémar de Chabannes vers 1027-1028. Ce moine de Saint-Cybard d'Angoulême et de Saint-Martial de Limoges s'était fait le défenseur acharné de l'apostolicité de saint Martial, premier évêque de Limoges, envoyé selon Grégoire de Tours par le pape au IIIe siècle pour évangéliser cette ville. Il en fit, selon Raphaël Richter, un « contemporain du Christ, présent à la résurrection de Lazare comme à la Cène, ayant reçu comme les autres apôtres l'Esprit saint au jour de la Pentecôte, cousin de saint Pierre et parent du premier martyr, le diacre Etienne. Il s'agissait pour les moines de Saint-Martial de glorifier leur patron, de faire s'accroître la dévotion des fidèles à son égard, afin d'attirer l'argent nécessaire à la construction d'une nouvelle église abbatiale, plus grande, et de contrer la concurrence d'autres saints de cette région, comme saint Front à Périgueux. »

Or le personnage de Zachée apparaît dans la Vita prolixior : « Adémar utilise la légende de l'invention de la sainte Croix par un dénommé Cyriaque ou Judas : celui-ci aurait dévoilé son lieu de conservation à sainte Hélène, mère de l'empereur Constantin. Il l'aurait, d'après cette légende, connu par son père, Simon, fils de Zachée ; Zachée aurait enterré la Croix pour la soustraire aux Juifs. Zachée est ce riche publicain de Jéricho qui apparaît dans l'Evangile de Luc (19, 1-10). Il est mentionné dans la Vita prolixior comme ayant reçu le baptême en même temps que saint Martial et ses parents. Cette légende fait en outre de Zachée un parent du premier martyr, le diacre Etienne ; or la Vita prolixior affirmant à trois reprises que Martial et Etienne étaient liés par le sang, cette légende de l'invention de la Croix par Judas-Cyriaque sert à Adémar pour suggérer que Zachée est peut-être un parent de Martial, ce qui expliquerait pourquoi il est mentionné dans la Vita. »

 

Cette invention se retrouve dans certaines traditions locales, ainsi le port de Vieux-Soulac aurait servi de point de départ au Ier siècle de plusieurs campagnes d'évangélisation de l'Aquitaine par Zachée, son épouse Véronique et Saint Martial.

 

medium_tympan-levroux.jpg

Collégiale Saint-Silvain (portail)

 

Mais reprenons le fil de l'histoire berrichonne. Notre Zachée-Silvain et Silvestre arrivent donc à Levroux, où ils convertissent une riche jeune fille, Rodène, fiancée au noble Corusculus. Renonçant au mariage, pour le repousser, Rodène se mutile et se défigure. Silvain la guérit et Corusculus, touché par ce miracle, se convertit à son tour. « Il devient également saint, ajoute Mgr Villepelet, son corps sera transféré plus tard à Déols et honoré sous le nom de saint Courroux (que les hérétiques par dérision appeleront plus tard saint Greluchon. » (Les Saints Berrichons, Tardy, p. 141.)

Après sa mort, saint Silvain est l'objet d'un culte fervent et l'on vient de loin pour se faire guérir, d'une boiterie, de la lèpre ou surtout de cette maladie précisément appelée le « feu de Saint-Silvain ». Dit encore « feu d'enfer » (nous ne quittons pas le registre infernal qui nous a conduits à Levroux), il désignait une sorte d'érysipèle. « Ceux qui en étaient atteints, écrit Mgr Villepelet, étaient reçus par les chanoines de Levroux, dans un hôpital spécial, appelé le Porche, où ils étaient gardés pendant neuf jours. »

Le même auteur signale qu'aujourd'hui seule la tête de saint Silvain est conservée à Levroux, les autres ossements ayant été transportés au XVIème siècle dans une chapelle proche de La Celle-Bruère, dans le Cher. Cette tête est vénérée le cinquième dimanche après Pâques, qui s'appelle pour cette raison la fête du chef (Rappelons que saint Laurian et saint Clair, saints sans chef, sont fêtés à Vatan le quatrième dimanche après Pâques).

Notons enfin que le Chapitre de chanoines de l'église de Saint-Silvain fut fondé le 6 mai 1013, par Eudes de Déols, dit Eudes l'Ancien, en présence de l'archevêque Dagbert et des principaux nobles du voisinage, Dreux de Buzançais, Gilbert de Brenne, Béraud de Dun, Adelard de Châteaumeillant, Hubert de Barzelle (Hubert, Le Bas-Berry, p.53.) Or, Eudes l'Ancien n'est autre que l'un des fondateurs de la rotonde de Neuvy Saint-Sépulchre.




Lire la suite

01 avril 2006 | Lien permanent

Gué d'Amour et chèvrefeuille

asez me plest e bien le voil
del lai que hum nume Chevrefoil

(Marie de France, Le lai du Chèvrefeuille)


Une question me taraude : qui a suscité le culte de saint Clair à Vatan ? Qui a ramené de Normandie des reliques censées lui appartenir ? A moins que saint Clair et saint Laurian ne recouvrent une même divinité antérieure qu'il fallait christianiser ? Saint Clair est martyrisé en 894, or une des deux Passio Sancti Lauriani aurait été écrite, d'après Mgr Villepelet, vers la fin du IXème siècle.

Peut-on trouver encore maintenant une relation entre Saint-Clair-sur-Epte et Vatan ?

 

medium_blason-clair.gif
Blason de Saint-Clair-sur-Epte

 

Examinons le blason de la cité du Vexin, où fut signé en 911, je le rappelle, le traité de paix entre Charles le Simple et le chef viking Rollon. Il est dit : Parti, à dextre, de gueules, chargé de deux léopards d'or (qui est de Normandie) à senestre, d'azur, semé de fleurs de lis d'or ( dit de France ancien) à la vergette ondée d'argent brochant sur le tout. La rivière Epte, frontière naturelle entre Ile-de-France et Normandie, sépare donc sur le blason les léopards normands des fleurs de lis françaises. Cela fait furieusement écho à Lys Saint-Georges, dont le nom est censé symboliser la rencontre pacifique entre Richard Coeur de Lion et Philippe Auguste. Or, de qui Richard est-il le descendant, sinon de Rollon, devenu Robert 1er, duc de Normandie ?

Plus étonnant encore : en me documentant sur le 4 juillet, fête de saint Laurian, j'ai découvert que c'était précisément un 4 juillet 1190 que Richard et Philippe étaient partis de concert en croisade.

Il y a enfin ce fait divers plus qu'étrange raconté par Chaumeau, dans son Histoire de Berry, et rapporté par R. Guignard dans son livre sur Issoudun :

« Depuis le roi d'Angleterre retourna encore en France pour avoir la terre déoloise au Bas-Berry. De quoi averti, le roi Philippe s'en alla en Berry où trouva quelques Anglais ayant failli à prendre Châteauroux et qui avaient laissé les environs. Mais les Anglais avertis de la venue du roi Philippe qui, comme bon prince, venait au secours du seigneur de Chauvigny, baron de Châteauroux son vassal, envoyèrent ambassadeurs vers lui, avec quelques capitulations de paix. Auxquels le Roi, amateur de concorde, fit bon accueil, leur répondant qu'il entendrait volontiers à appointement. Finalement fut conclu de parlementer ensemble en un lieu de Berry appelé le gué d'Amour qui est entre Issoudun et le bourg de Déols où ils s'assemblèrent, eux et leurs gens, et là, fut entrepris par le Roi que l'Anglais et ses gens camperaient vers la ville de Déols en Berry et que lui et ses gens tiendraient le côté d' Issoudun pour pouvoir parlementer ensemble de leur différend. »

R. Guignard signale en note que Chaumeau place cette entrevue de « Villerai » à l'an 1200, mais qu'en 1200 le roi Richard était bel et bien mort et enterré. C'est dire déjà si la teneur historique du fait est sujette à caution... Sur le lieu de l'entrevue, il semble bien localisé près de Montierchaume, près du hameau des Villerais : d'ailleurs le pont sur le ruisseau de la Vignole se nomme encore Pont d'Amour (il est par ailleurs situé pratiquement sur le méridien de la Chapelle Saint-Laurian).

 

medium_pont-damour.jpg

 

Comme à Saint-Clair-sur-Epte, l'onde sépare les deux camps qui s'apprêtent à faire la paix.

Mais poursuivons le récit de Chaumeau :

« Pareillement, fut dénoncé par cri public aux gens, tant d'une part que d'autre, que nul ne fut si osé ni si hardi de tirer l'épée, ni assaillir l'un l'autre, ni faire aucune oppression les uns contre les autres s'ils ne voyaient que les deux rois missent eux-mêmes la main aux épées. Cela fait, approchant les deux rois pour communiquer et s'entrevoir étant tous armés et ayant leurs épées au côté étant entre eux un petit ruisseau appelé le gué d'Amour, auquel y avait un aubier creux, leur fut avis et crurent avoir vu un gros serpent procédant du dit aubier. Ce qui mit les deux rois à dégaîner leurs épées pour occire le serpent, dont survint grande émotion entre les Français et Anglais. Car ils pensaient que les deux rois se voulussent combattre. Mais apercevant iceux rois que leurs gens se mutinaient, crièrent à haute voix, faisant signes qu'ils cessassent et que c'était un serpent qu'ils voulaient tuer, lequel était gros et horrible. Qui, néanmoins, était évanoui et ne savaient qu'il était devenu. A bien considérer la nature du diable qui est meurtier dès le commencement est à présumer qu'il voulait mettre et continuer ces deux rois en inimitié. Et, néanmoins, cela induisit les deux rois à faire paix par laquelle fut rendue au duc Philippe, le comté de Poitou et tout le pays de Berry, délivré de la sujétion des Anglais... » (C'est moi qui souligne.)


Cette fable du serpent sortant du bois creux, créature diabolique visant à mettre la zizanie entre les deux partis, est évidemment à envisager comme le souvenir d'un mythe où nous retrouvons l'empreinte du dragon dompté par le héros ou le saint sauroctone.

L'aubier du texte (Chaumeau écrit son Histoire en 1566) ne désigne certainement pas la partie tendre du bois entre le bois dur et l'écorce : ce sens moderne, avec cette graphie, n'apparaît pas avant 1671. Non, il désigne à l'origine la viorne ou le cytise, arbuste à bois blanc.

 

medium_230px-viburnum_lantana.3.jpg
Viorne (Viburnum Lantana) Photo Wikipedia

Or, la viorne, que l'on peut effectivement trouver le long des ruisseaux, fait partie de la famille des Caprifoliacées, à laquelle appartient bien sûr le chèvrefeuille (caprifolium), ainsi appelé parce que les chèvres en aimaient les feuilles.

Est-ce là allusion à la situation du Gué d'Amour en Capricorne ?

 

Toujours est-il qu'en ce même XIIème siècle, la poétesse Marie de France écrit le lai du chèvrefeuille où elle raconte l'histoire d'amour de Tristan et Iseut :


Et lors tous deux sont-ils unis
Tel le chèvrefeuille enlacé
avec le tendre coudrier

(Traduction : Françoise Morvan, Librio, 2001)




Lire la suite

12 mars 2006 | Lien permanent | Commentaires (4)

L'Esprit de la Salamandre

5dcc2eb368126fb7f4c17397d7974b36.gifIl y avait longtemps que le facteur de coïncidences n'était pas passé. Et puis voilà qu'hier il est apparu à l'improviste, comme à son habitude. Je venais juste de terminer la lecture de La Montagne magique, excellente bande dessinée du japonais Jiro Taniguchi. Je n'en donnerai pas ici le résumé ( cliquer sur les liens pour l'avoir) ; il suffira pour mon propos de savoir que l'un des personnages principaux n'est autre qu'une salamandre, prisonnière, au début du récit, du petit musée de la ville, et qui se révèlera comme étant l'esprit gardien de la montagne qui la domine. Taniguchi, dans un riche entretien  avec Stéphane et Muriel Barbéry (l'auteur du surprenant best-seller, L'élégance du hérisson), nous livre l'origine du choix de cette salamandre géante du Japon : "J’en avais vu une vivante dans le musée de ma ville et j’en avais gardé une impression très forte : un animal qui peut vivre plus de cent ans, est amphibie, continue à vivre s’il est coupé en deux, ne peut vivre que dans une eau parfaitement pure, etc. Je n’ai pas fait de recherches particulières pour faire la part de la réalité et de la mythologie, mais j’ai eu envie de la choisir pour mon histoire parce que c’est un animal extraordinaire, associé à des phénomènes surnaturels."


Sur ce, j'enchaîne sur la lecture du dernier Chronic'art (ou plus exactement, je la reprends, l'ayant déjà entamée la veille). Chronique *Warez#41, page 12,  Le mutant du mois : désigné ainsi, c'est Thierry Ehrmann, milliardaire ultra-controversé, créateur entre autres du site art-price.com, leader mondial de l'information sur le marché de l'art.
L'auteur de l'article conclut ainsi : " En 2006, Thierry Ehrmann atteint la 237ème marche du podium des 500 plus grosses fortunes françaises. Mais Thierry Ehrmann n'est pas seulement riche, il "mène une vie bicéphale" qui explose en 1999 avec la fondation du musée "l'Organe" (avec le A de anarchie). Son idée : transformer systématiquement  et progressivement la villa bourgeoise de 12000 m2 qu'il possède dans la banlieue lyonnaise en "monumentale création artistique", où se succèdent, entre autres, piscine de sang et ruines du World Trade Center. 45 artistes pour un happening continu, un procès avec le maire de la commune, 6000 visiteurs par week-end et beaucoup d'ésotérique, telle est sa Demeure du Chaos "dont la dualité est l'Esprit de la Salamandre, le souffle alchimique"."

e8181afb2cf9a234fe3a549c3bb60c85.jpg


L'esprit de la salamandre soufflait-il aussi sur moi en cet après-midi de froidure ? J'éprouvais une nouvelle fois cette petite commotion que procure l'irruption de la coïncidence. Celle-ci était d'autant plus troublante qu'elle était associée à la notion de chaos, sur laquelle  j'ai abondamment disserté ces derniers temps.


Je réfléchissais encore à cette rencontre ce matin, en voiture, dans les rues de Déols, lorsque j'ai allumé la radio. Sur France-Inter, à l'heure de la rubrique Interactives, je tombai sur Monseigneur Barbarin, primat des Gaules, archevêque de Lyon, répondant aux questions des auditeurs. Or, Philippe Barbarin est directement lié à l'histoire de la Demeure du Chaos : la lecture des sites sur l'affaire Ehrmann m'ayant appris qu'une véritable guerre de religion opposait les deux hommes depuis quelques mois : " Depuis sa nomination au siège primatial des Gaules, cinq ans se sont écoulés où, le vice-benjamin du sacré collège, Monseigneur Barbarin a démontré sa stratégie « faite d'ombre et de lumière mais qui est pour le moins redoutable par ses incursions dans la société civile » analyse Thierry Ehrmann. Selon lui, ce n'est donc pas par hasard, si, un beau matin, l’archevêque de Lyon déclare au Progrès, après une question pertinente sur la polémique de la Demeure du Chaos et sa position sur le plan de l'art : "ce n'est pas de l'art mais la négation de l'art. Ce n'est pas un bon signe quand on arrive à faire coïncider chaos et œuvre d'art."


Plus curieux encore : Mgr Barbarin n'est pas sans lien avec le Berry, puisque ses racines familiales sont pour une part à Aigurande ( qui est par ailleurs la  ville où j'ai séjourné le plus longtemps  dans ma propre enfance). Il le rappelle lui-même dans son dernier discours de remerciement prononcé à Lyon il y a deux jours seulement (nous sommes dans l'actualité la plus brûlante) :

"Certes, je suis heureux d’avoir découvert, après de petites recherches généalogiques, les racines multiséculaires de ma famille, dans cette terre de France, à Gramat, dans le Quercy ou à Aigurande en Berry où l’on rencontre des traces de la famille dès 1450. Mais l’ancienneté ne donne aucun droit ni aucune supériorité, et ceux qui font partie de l’Église ou de la nation en sont membres à part entière, quelle que soit leur date d’arrivée dans la communauté. Je ne sais si s’applique en ce domaine la phrase de Jésus qui dit : « Les premiers seront les derniers », mais ce dont je suis sûr, c’est de l’importance de l’aujourd’hui, présent presque à toutes les pages de l’Évangile, et encore dans celle qu’il nous était donné de méditer ce matin (Luc, 5, 26)."


Remarquons aussi qu'avant Aigurande, Philippe Barbarin cite Gramat en Quercy. Or, qu'est-ce que le Quercy ? sinon la province dont Cahors est la capitale.
Le chaos à la racine même des Barbarin...

4692abb3f1c532737fff61d0da2b1615.jpg

Jacques Truphémus,  Fenêtre en Cévennes, huile sur toile, 2003

 

Dernière petite chose : cet après-midi, je visitais le Musée Bertrand, l'occasion de revoir les restes du tympan de Déols et la stèle de Cernunnos, et j'appris de la bouche même de la conservatrice qu'une des prochaines expositions au couvent des Cordeliers serait consacrée au peintre lyonnais Truphémus.

Je ne connais guère sa peinture, mais je me souvenais que son nom était souvent cité par Louis Calaferte, lorsque je découvris son Journal en 1993 (acheté dans un magasin de récupération de stocks d'usine - Récup'Auto). Calaferte, l'anarchiste mystique, peut-être le seul qui aurait pu réconcilier, qui sait ? Ehrmann et Barbarin... Je reprends le volume pas ouvert depuis longtemps et je ne peine guère  à trouver le passage suivant : " Quelques heures en compagnie d'un homme de la qualité de Truphémus est un privilège pour l'esprit." (Le spectateur Immobile, carnets IV, 1978-1979, L'Arpenteur, p. 79)

Or, dans le billet de Lyonpeople déjà cité, on peut lire : "Sa rencontre avec Jacques Truphemus nous apprend que le cardinal aime les arts et les lettres chez ses protégés. Alors pourquoi une telle violence contre les 2 700 œuvres de la DDC ?"

Lire la suite

20 décembre 2007 | Lien permanent | Commentaires (7)

La toison tondez à vos brebis trop drue

« Roma-Amor. Dans les jeux de mots, on appelle palindromes les mots et les phrases qu'on peut lire aussi en sens inverse. Ils m'arrivèrent tous les deux avec une force de primeur loin de chez moi. Dix-huit années, de la première à la dernière, j'ai vécu à Naples, ma ville de naissance, stérile, sans aimer aucune fille dans les quartiers de mon adolescence. Ce n'est que sur l'île d'en face, un été, que m'est venu un amour pour une fille de Rome. Et quant à dix-huit ans je me suis évadé de mon lieu de fondation et du Sud, je me suis rendu dans cette ville, parce qu'il m'était resté de l'amour, un peu, mais assez pour faire passer par là celui qui se détachait de son centre et qui était équidistant de toute gare d'arrivée.»

Erri de Luca (Le contraire de un, Gallimard, 2004, p.63)

 

Signe de terre gouverné par Mercure, la Vierge ne suscite guère, en général, l'emballement des astrologues : c'est que le type qu'il représente est généralement décrit comme rationaliste et inhibé, de tempérament froid et ne goûtant guère l'effusion lyrique, la démesure et le baroque. En d'autres termes, il est le plus souvent un adversaire coriace de l'astrologue. La géographie zodiacale de la roue toulousaine porte les stigmates d'un tel conflit. Rome est en secteur Vierge et représenta, pour le monde occitan gagné par l'hérésie cathare, un pôle funeste. Guy-René Doumayrou cite le troubadour toulousain Guilhem Figueira, en 1226 :

Rome tricheuse, de convoitise perdue,
Qui la toison tondez à vos brebis trop drue...

 

Le pape Innocent III déclare que le danger cathare est plus menaçant que le danger sarrasin. Les diverses campagnes de prédication n'ayant rien donné, la croisade est décrétée, prêchée par l'abbé de Cîteaux. Le 22 juillet 1209, elle est inaugurée par le massacre de Béziers. « Béziers, remarque Doumayrou, s'aligne sur l'axe Toulouse-Rome, montrant par cette coïncidence que même l'action destructrice suit les voies énigmatiques du symbole, avec la cruelle indifférence de la nature » (Géographie Sidérale, p.110).

La région que nous étudions - semble-t-il restée à l'écart du catharisme – renferme en zone Vierge une ville au nom significatif : La Châtre, castrum latin, à rapprocher de Rome, appelée par les Anciens urbs quadrata, et même par Plutarque, Roma quadrata. Le castrum, le camp militaire qui a donné ensuite le château fort médiéval, adopte une forme géométrique en carré, partagée par deux artères médianes, le cardo et le decumanus. L'architecture de l'Urbs a connu, à l'avènement de l'empire, « un type d'agglomération rationnel, la colonie, au plan strictement géométrique, inspiré à la fois par l'urbanisme grec dérivant d'Hippodamos de Milet et par l'ordonnance des camps militaires (les colons sont des vétérans chargés de garder un point stratégique) » (Encyclopaedia Universalis, 16, 139).


L'ordre de Cîteaux manifesta à des siècles de distance le même souci de la quadrature. Villard de Honnecourt nous a laissé les plans d'une église cistercienne du XIIème siècle tracée ad quadratum. Elle s'inscrit dans un rectangle et sa longueur comporte trois carrés d'égale mesure. « Les cisterciens, écrit Jean-Yves Hugoniot, sont des mathématiciens qui ont pris dans leurs constructions l'homme pour nombre d'or. Rigueur mathématique, rigueur des proportions, ainsi la salle capitulaire présente partout où elle subsiste en Berry les rapports largeur = 2/3 de la longueur (dimension de la salle capitulaire de Noirlac : L : 12,64 m, l : 8,44 m, ht : 4,50 m). L'abbatiale elle-même croix latine tout en orthogonalité et en alignement comme à Noirlac ou à Fontmorigny est fondé sur un module carré. » (Cîteaux en Berry, Ville de Saint-Amand Montrond, Librairie Guénégaud, 1998, p. 47).

 

medium_varennes.jpg
Abbaye de Varennes

Varennes, l'abbaye cistercienne la plus proche de Neuvy Saint-Sépulchre, se situe précisément dans le secteur de la Vierge.

C'est Ebbe II de Déols qui fait venir en 1148, du diocèse de Sens, des moines de l’abbaye de Vauluisant , pour fonder ce monastère qu'il place d'emblée dans l'orbe de Cîteaux. Pourquoi une telle volonté de bâtir ici, près de ce gué obscur sur le Gourdon ? Pourquoi, sept ans plus tard, un autre souverain et pas le moindre, Henri II Plantagenêt, fait-il arracher la pierre de fondation originelle pour se proclamer fondateur à son tour, Varennes devenant l'abbaye royale de Notre-Dame de Varennes ? Il faut croire que ce lieu a une importance symbolique assez forte pour que des seigneurs aussi considérables s'en disputent aussi violemment la paternité. Aucune des autres abbayes cisterciennes du Berry, même Noirlac, n'a engendré, à ma connaissance, une semblable rivalité.

Il y a une première énigme : pourquoi Ebbes de Déols va-t-il chercher si loin des bâtisseurs ? Pourquoi choisit-il les moines bourguignons de Vauluisant ? De quel prestige ceux-ci pouvaient-ils bien se prévaloir ?

Pour répondre à ces questions, il faut se pencher sur une autre grande figure de l'époque, Hugues de Toucy, archevêque de Sens.


Lire la suite

10 septembre 2005 | Lien permanent | Commentaires (2)

Pourquoi Cahors ?

"Filles sont très belles et gentes 
Demourantes à Sainct-Genou".
François Villon


Deux localités sur le même parallèle, deux saints évêques de Cahors, Genou et Ambroix. La question se pose naturellement : pourquoi Cahors ?
Il convient  tout d'abord de se souvenir que Cahors n'est pas une inconnue dans la géographie sacrée berrichonne :
le Christ du tympan de Déols n'est pas sans affinité, on l'a vu, avec celui du tympan de Cahors. Le socle sur lequel il repose  est porté par deux animaux : le lion et le dragon. "Cette représentation des symboles de l'Antéchrist et du Diable suivant Honorius d'Autun, écrit Jean Favière, fréquente dans la sculpture gothique, est unique dans l'iconographie des portails romans." Et je me demandais alors si nous étions en présence là encore d'un écho à Cahors. Cahors que  Doumayrou rattache au chaos primordial : "Ce nom, ainsi que celui du Quercy, vient des celtes Cadurques, avec le souvenir des racines grecques cha, s'entrouvrir (d'où vient chaos) et chad, prendre, saisir, caractérisant l'avidité bien connue de cette gueule d'enfer qu'est le chaos." (Géographie sidérale, p.168)


C'est bien cette idée du chaos qu'il s'agit d'appréhender pour comprendre la référence à Cahors sur l'axe Saint-Genou - Saint-Ambroix.


C'est ma lecture récente d'Ecoumène, le livre d' Augustin Berque, qui a grandement éclairé ma lanterne : le géographe, après avoir noté que Chaos est de même famille que chainô (s'ouvrir), qui provient de la racine indo-européenne ghei-, comme le latin hiatus, relève  que "nombreux sont les auteurs qui leur apparentent  chôra, terme que Platon utilise dans le Timée pour dire le lieu des choses au sein du monde sensible."
"Le Timée, poursuit-il, est l'une des dernières oeuvres de Platon, peut-être la plus célèbre. C'est en effet celle où il ramasse son ontologie et sa cosmologie - son onto-cosmologie, l'une allant avec l'autre - et qui narre entre autres le mythe de l'Atlantide. Pour ce qui nous concerne, on y trouve sa théorie du lieu. Après avoir distingué deux sortes d'être : la Forme ou Idée intemporelle et aspatiale (eidos ou idea), c'est-à-dire l'être absolu qui est l'"être véritable" (ontôs on) et relève de l'intelligible, d'une part, d'autre part l'être relatif ou en devenir (genesis), qui relève du sensible, Platon introduit un "troisième genre" (triton allo genos, 48e 3), qu'il va appeler chorâ."

 

1c8b7b6c0bfef451f71af773e6fd6958.jpg

Buste de Platon
Réplique romaine d'après un original du milieu du 4ème siècle

©[Louvre.edu] Photo Erich Lessing


Le problème est que Platon ne donne pas de définition très précise de cette chorâ, ne la désignant que par des métaphores qui, selon Berque, paraissent peu cohérentes. Des choses qui sont, elle semble comme l'empreinte et en même temps la matrice, mère (mêtêr) ou nourrice (tithênê). "Si Platon, continue-t-il,  ne trace pas de figure claire de la chorâ, du moins pouvons-nous inférer une image de ce qu'il lui associe. Genesis, que les spécialistes, pour cadrer avec le système platonicien, interprètent comme l'être relatif, le devenir ou l'étant, cela exprime d'abord et fondamentalement l'idée d'engendrement (du radical indo-européen gen- ou gne-, lequel a été dans nos langues, c'est le moins qu'on puisse dire, extrêmement prolifique). Ce n'est évidemment pas un hasard si, dans le Timée, cette idée se trouve couplée à celle de chorâ, qui nous renvoie, en deçà d'elle-même, au chaos comme béance."


Et nous pourrions écrire, en écho à Augustin Berque, que ce n'est évidemment pas un hasard si l'histoire de saint Genou (dont la racine gen- est manifeste) est couplée  à celle de la ville de Cahors, tirant son nom du Chaos  (et anagramme de chorâ, par dessus le marché).


En faisant de la vieille de Brisepaille, près de Saint-Genou, l'accoucheuse de Gargamelle, Rabelais s'inscrivait parfaitement dans cette ontologie platonicienne.


"La chorâ, [...], c'est bien l'ouverture par laquelle adviennent à l'existence les êtres qui vont constituer le monde. C'est le lieu géniteur et le giron, l'i grec hospitalier de tout ce qu'il "y" a sous le ciel"(Ecoumène, p. 22-23).

Lire la suite

09 septembre 2007 | Lien permanent

Verneuil et point vernal

"A l'époque la plus ancienne, la Pythie, semble-t-il, ne prophétisait qu'une fois par an, le sept du mois de Bysios, jour du début du printemps, de passage du soleil au point vernal. Ce jour était à juste titre considéré comme l'anniversaire de la naissance du dieu." (Jean Richer, Delphes, Délos et Cumes, p.47) Argenton n'est point seule sur le passage au point vernal : à quelques kilomètres de là, une simple chapelle solitaire sise au beau milieu d'un pré l'a précédée. C'est la chapelle de Verneuil, du nom du hameau le plus proche, qui abritait jadis un prieuré dépendant de l'abbaye de Déols. L'étymologie est connue : Verneuil est la clairière de vergnes, d'aulnes. Certes, mais la proximité phonique avec vernal (du latin ver, printemps) est pour le moins troublante. medium_verneuil2.jpg Cette chapelle, mentionnée fort tôt, selon J.L Desplaces (Florilège de l'eau en Berry), mais rebâtie en 1810, est liée à une fontaine, dite Fontaine saint-Fiacre, située de l'autre côté de la route d'Argenton à La Châtre. Un pélerinage avait lieu le 1er mai et le dernier dimanche d'août. Je ne sais s'il a toujours lieu, en tout cas, quand j'ai visité le lieu voici quelques années, c'était plutôt un spectacle de désolation qui s' était offert à moi : tout était à l'abandon, la porte s'entrebaîllait sur une nef conchiée par les pigeons. Difficile d'imaginer qu'autrefois on venait réciter les Evangiles sur la tête des enfants dans un édifice décoré de fleurs et de plantes vertes, comme il se devait pour honorer la mémoire de Saint Fiacre, patron des jardiniers. Il y a lieu de s'interroger sur la raison du choix de saint Fiacre pour honorer ce lieu si modeste. Mon hypothèse est qu'il ne surgit pas ici par hasard, que son élection répond à des nécessités symboliques profondes. Que ce Fiacre soit fils de roi (d'Ecosse ou d'Irlande) comme le veut sa biographie n'est pas anodin : qu'un prince soit relié au principe, à l'axe inaugural de l'espace zodiacal, est tout à fait cohérent. Quittant sa terre natale et renonçant donc au trône, il passe en Gaule où il s'établit comme ermite en forêt de Breuil. Coluche de l'époque, il demande à son évêque de lui céder un bout de terrain qu'il pourrait cultiver, histoire de nourrir les nombreux pélerins miséreux qui affluent vers lui. Généreusement, l'évêque lui octroie la parcelle qu'il pourra entourer d'un fossé en une journée de travail. Laissant traîner son bâton derrière lui, Fiacre voit le sol se creuser et se défricher de lui-même. Cet arpentage est tout à fait significatif : Fiacre, pour délimiter son espace a forcément tracé avec son bâton une figure, circulaire ou rectangulaire peu importe, et la journée ici vaut pour une année. Au départ du zodiaque berrichon gît donc une histoire de construction d'un espace-temps singulier. Les légumes, plantes et fleurs dont Fiacre couvrira son domaine disent avec éloquence la vigueur végétative du printemps qui s'amorce avec le Bélier. On le représente traditionnellement tenant d'une main le livre ouvert des Evangiles, et de l'autre une bêche. medium_fiacre.jpg Curieusement, mais il faudrait plutôt dire significativement, cette statue en pierre du XVIIe se trouve à Notre-Dame de Verneuil-sur-Avre.

Lire la suite

24 mars 2005 | Lien permanent | Commentaires (3)

Chapelles et châteaux

Le château de Crozant se situe presque exactement au point médian d'une ligne unissant la Chapelle du Fer et La Chapelle-Baloue, village creusois, mais qui, comme Saint-Plantaire, relevait de l'abbaye de Déols. Pour bien confirmer sa vocation symbolique, cet alignement prend aussi dans sa course le hameau de Saint-Jallet et le manoir des Places ( comportant également une chapelle), et passe près du hameau nommé Chapelle Sainte-Foy. Il est particulièrement intéressant de retrouver ici la trace de la sainte qui fit les beaux jours de la célèbre abbatiale de Conques. Relatons brièvement l'histoire. Foy, jeune chrétienne de douze ans, convertie par saint Caprais, l'évêque de la ville d'Agen, fut victime des persécutions de Dacien en refusant de sacrifier aux dieux païens. Fouettée, placée sur un gril, elle fut enfin décapitée en compagnie de saint Caprais et d'un jeune païen récemment converti du nom de Prime. La chanson de sainte Foy, écrite en occitan à la fin du XIème siècle, place ce martyre le 6 octobre 303, ce qui donne lieu à une procession annuelle le dimanche suivant ce 6 octobre.

medium_foy7.jpg
"Sur le coin inférieur gauche du tympan de l'abbatiale, Foy est représentée prosternée. Derrière elle, pendent les fers des prisonniers libérés par son intercession." (site aveyronnais) Comment ne pas penser aux fers de saint Jean ? Il se trouve qu'en cette même année 303 eut lieu le martyre de saint Pantaléon à Nicomédie, en Asie Mineure. Saint Pantaléon, titulaire de l'église de saint Plantaire, lui aussi condamné à la décollation (représenté par un tableau du 18ème siècle encore présent dans l'édifice). Décollation infligée également à saint Jean-Baptiste. Certes, le châtiment était courant, mais l'accumulation et la concordance de dates sont tout de même surprenantes. La chapelle des Places est elle aussi le but d'un pélerinage, récent celui-ci puisqu'il ne remonterait qu'au 18ème; mais il pourrait bien être l'écho assourdi de la tradition dont nous avons suivi les traces jusqu'ici. L'histoire qui en est le prétexte offre bien des points de comparaison avec les légendes que j'ai évoquées. Elle met en scène Gabriel-François de Foucauld, comte de Crozant : « A l'occasion d'une promenade qu'il effectuait dans la région de Crozant, Gabriel-François avait remarqué une jeune paysanne. Voulut-elle lui échapper, où à ses sbires ? La jeune fille se jeta à l'eau et se noya. Repentant, Gabriel-François aurait fait construire cette chapelle, où il a demandé à être inhumé aux côtés de sa jeune victime. Ainsi l'honneur d'une virginité et le repentir d'un grand seigneur ont-ils donné naissance au culte et au pouvoir miraculeux de la Vierge des Places. » (Gilles Rossignol, Le Guide de la Creuse, La Manufacture, 1988, p. 72)
medium_croixandre.jpg
Ce n'est pas tout : cette ligne des chapelles est contrebalancée par une ligne des châteaux qui lui est perpendiculaire. Châteaux de Clavière, du Faisceau et surtout de Chazelet. L'église de cette paroisse est précisément dédiée à saint Jean-Baptiste. Elle renferme le tombeau de Guillaume d'Aubusson (16ème) provenant de l'ancienne chapelle de Chassingrimont, où les vestiges d'un château-fort sont encore visibles. C'est d'ailleurs François Pot, seigneur de ce lieu qui fit construire Chazelet au milieu du 16ème siècle, seigneur également du château de la Prune, dit la Prune-au-Pot, sur l'axe Tilly-Verneuil-sur-Igneraie. Si l'on prolonge l'axe des châteaux au-delà de Chazelet, on atteint un autre hameau dit Le Colombier et surtout le village de Luzeret. Chassingrimont évoquant bien évidemment le Chassin, nous retrouvons là encore le réseau Bélier-Balance décelé à la fin de l'investigation sur le Bélier. Comment interpréter maintenant cette croisée diagonale ?

Lire la suite

06 juin 2005 | Lien permanent

Page : 1 2 3 4 5 6