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De la déesse Ysis

La bergerette de la légende du Rocher des Fileuses, aussi humble fut-elle, n'est pas sans parenté avec une illustre figure de la mythologie, la déesse Isis elle-même, comme en témoigne l'iconographie donnée par La mer des hystoires (1488), recueil très populaire de la fin du Moyen Age : « On la peignait comme une fort belle pucelle couverte et vestue dung fin rocquet de lin entremesle de lettres dor, en sa teste porte une couronne dor et en son front des cornes de beuf. » (fol XLVII, chap.XXX, De la Déesse Ysis) Jurgis Baltrusaitis, à qui nous devons cette trouvaille, a bien montré dans un de ses maîtres ouvrages, La Quête d'Isis (Flammarion, 1985), comment le mythe égyptien, quittant sa terre natale, s'était propagé dans toute l'Europe et même aux Indes et en Chine. Il a éloquemment retracé la constitution de la légende autour des textes antiques, de l'Ancien Testament et des pères de l'Eglise, éclairant sa popularité jamais démentie du Moyen Age jusqu'à nos jours, en passant par la Renaissance et la période révolutionnaire : « Isis, qui enseigna l'agriculture aux hommes et qui, depuis Macrobe et Isidore de Séville, faisant écho à Servius, Plutarque et Varron, était identifiée avec la terre même, devient naturellement l'image de la fertilité de l'âme (...). Dans les illustrations des manuscrits, on voit Isis, tantôt en jardinière ailée soigner les arbres et les plantes, tantôt descendre du ciel sur un nuage ourlé comme de l'étoffe pour greffer une nouvelle branche sur un tronc desséché. » (pp.65-66).

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Le village de Saint-Plantaire, à peu près dans l'axe Neuvy Saint-Sépulchre – Crozant, évoque clairement cette symbolique. Au Moyen Age, à l'instar des Bestiaires qui décrivaient les animaux et des Lapidaires qui recensaient les gemmes et les pierres, les Plantaires dressaient portrait des plantes, réelles et imaginaires, de cette Création.
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03 juin 2005 | Lien permanent | Commentaires (2)

Pourquoi Cahors ?

"Filles sont très belles et gentes 
Demourantes à Sainct-Genou".
François Villon


Deux localités sur le même parallèle, deux saints évêques de Cahors, Genou et Ambroix. La question se pose naturellement : pourquoi Cahors ?
Il convient  tout d'abord de se souvenir que Cahors n'est pas une inconnue dans la géographie sacrée berrichonne :
le Christ du tympan de Déols n'est pas sans affinité, on l'a vu, avec celui du tympan de Cahors. Le socle sur lequel il repose  est porté par deux animaux : le lion et le dragon. "Cette représentation des symboles de l'Antéchrist et du Diable suivant Honorius d'Autun, écrit Jean Favière, fréquente dans la sculpture gothique, est unique dans l'iconographie des portails romans." Et je me demandais alors si nous étions en présence là encore d'un écho à Cahors. Cahors que  Doumayrou rattache au chaos primordial : "Ce nom, ainsi que celui du Quercy, vient des celtes Cadurques, avec le souvenir des racines grecques cha, s'entrouvrir (d'où vient chaos) et chad, prendre, saisir, caractérisant l'avidité bien connue de cette gueule d'enfer qu'est le chaos." (Géographie sidérale, p.168)


C'est bien cette idée du chaos qu'il s'agit d'appréhender pour comprendre la référence à Cahors sur l'axe Saint-Genou - Saint-Ambroix.


C'est ma lecture récente d'Ecoumène, le livre d' Augustin Berque, qui a grandement éclairé ma lanterne : le géographe, après avoir noté que Chaos est de même famille que chainô (s'ouvrir), qui provient de la racine indo-européenne ghei-, comme le latin hiatus, relève  que "nombreux sont les auteurs qui leur apparentent  chôra, terme que Platon utilise dans le Timée pour dire le lieu des choses au sein du monde sensible."
"Le Timée, poursuit-il, est l'une des dernières oeuvres de Platon, peut-être la plus célèbre. C'est en effet celle où il ramasse son ontologie et sa cosmologie - son onto-cosmologie, l'une allant avec l'autre - et qui narre entre autres le mythe de l'Atlantide. Pour ce qui nous concerne, on y trouve sa théorie du lieu. Après avoir distingué deux sortes d'être : la Forme ou Idée intemporelle et aspatiale (eidos ou idea), c'est-à-dire l'être absolu qui est l'"être véritable" (ontôs on) et relève de l'intelligible, d'une part, d'autre part l'être relatif ou en devenir (genesis), qui relève du sensible, Platon introduit un "troisième genre" (triton allo genos, 48e 3), qu'il va appeler chorâ."

 

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Buste de Platon
Réplique romaine d'après un original du milieu du 4ème siècle

©[Louvre.edu] Photo Erich Lessing


Le problème est que Platon ne donne pas de définition très précise de cette chorâ, ne la désignant que par des métaphores qui, selon Berque, paraissent peu cohérentes. Des choses qui sont, elle semble comme l'empreinte et en même temps la matrice, mère (mêtêr) ou nourrice (tithênê). "Si Platon, continue-t-il,  ne trace pas de figure claire de la chorâ, du moins pouvons-nous inférer une image de ce qu'il lui associe. Genesis, que les spécialistes, pour cadrer avec le système platonicien, interprètent comme l'être relatif, le devenir ou l'étant, cela exprime d'abord et fondamentalement l'idée d'engendrement (du radical indo-européen gen- ou gne-, lequel a été dans nos langues, c'est le moins qu'on puisse dire, extrêmement prolifique). Ce n'est évidemment pas un hasard si, dans le Timée, cette idée se trouve couplée à celle de chorâ, qui nous renvoie, en deçà d'elle-même, au chaos comme béance."


Et nous pourrions écrire, en écho à Augustin Berque, que ce n'est évidemment pas un hasard si l'histoire de saint Genou (dont la racine gen- est manifeste) est couplée  à celle de la ville de Cahors, tirant son nom du Chaos  (et anagramme de chorâ, par dessus le marché).


En faisant de la vieille de Brisepaille, près de Saint-Genou, l'accoucheuse de Gargamelle, Rabelais s'inscrivait parfaitement dans cette ontologie platonicienne.


"La chorâ, [...], c'est bien l'ouverture par laquelle adviennent à l'existence les êtres qui vont constituer le monde. C'est le lieu géniteur et le giron, l'i grec hospitalier de tout ce qu'il "y" a sous le ciel"(Ecoumène, p. 22-23).

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09 septembre 2007 | Lien permanent

Fées de la vallée

 

« Il y a longtemps, bien longtemps, les fées de la vallée de la Creuse avaient reçu mission d'édifier un pont qui relierait les deux rives de la rivière, des Roches à Sauzelles. Elles s'étaient partagé la tâche, les unes apportaient les pierres à pleins devantiaux, les autres exécutaient la maçonnerie. Mais elles ne pouvaient travailler que la nuit ; au premier chant du coq, elles devaient s'arrêter pour ne reprendre leur activité qu'au crépuscule. La besogne allait bon train quand un soir un événement considérable vint l'arrêter : l'Evangile de saint Jean avait été trouvé ou retrouvé, et les pierres que transportaient les fées tombérent de leurs tabliers d'arentelles et formèrent la haute falaise qui domine la vallée en aval de Bénavent. »

Chantal de la Véronne, La Brenne, histoire et traditions, p. 96

 

Voilà une légende qui offre beaucoup de points communs avec celles que nous avons déjà rencontrées, qui concernaient les châteaux du Bouchet et de Salvert. Ici, c'est un pont que les fées devaient édifier, nuitamment comme il se doit, projet qui non seulement ne sera pas achevé mais au contraire portera son contre-projet : le pont qui devait relier devient falaise qui bien évidemment sépare encore un peu plus les deux rives de la Creuse. Ici aussi, ce n'est pas une fée contrariée ou un enchanteur qui vient perturber l'activité, mais la nouvelle de la trouvaille (ou de la retrouvaille) de l'Evangile de saint Jean. Le paganisme doit refluer devant les signes de la chrétienté, mais cela se fait encore selon le mode propre du paganisme, c'est-à-dire que ce n'est pas la lettre de l'Evangile qui met à mal la mission des fées (qui n'avait rien au demeurant de maléfique, bien au contraire), mais l'objet lui-même, comme porteur d'une magie supérieure à l'ancienne.

Tout ceci se passe, observons-le, à quelques battements d'aile de buse du Saint-Fleuret, dans le prolongement de l'axe Pouligny-Douadic.

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Les conséquences de la découverte de l'Evangile ne s'arrêtent pas là. Je l'ai dit, cet événement va précipiter la conclusion d'une lutte ancestrale entre les fées de Rochefort (château surplombant le Saint-Fleuret) et celles du Soudun, château plus en aval. « Lorsqu'elle eut appris la fatale nouvelle, écrit C. de la Véronne, la souveraine des fées aperçut un moine de Fontgombault qui s'apprêtait à traverser la rivière au gué de Mijault. Elle l'interpella en ces termes :

« Moine, moine Pe-chaffray

A Rochefort où vous allez,

Dites à ma soeur qu'elle vienne,

Car il faut nous en aller,

L'Evangile de saint Jean est trouvé. »

Le moine s'acquitta de sa mission et la fée qui avait sous sa protection les châteaux de la rive gauche de la Creuse rassembla autour d'elle les habitants de Rochefort. »

Notons d'ores et déjà que la nouvelle fatale est médiatisée par un moine rencontré au gué de Mijault, c'est-à-dire au hameau même de la stèle. Le lieu aimante puissamment le légendaire.

Continuons : la fée annonce aux habitants éplorés son départ inéluctable, mais avant de les quitter elle leur dit avoir pouvoir de leur proposer un choix pour l'avenir. Que désirez-vous, leur demande-t-elle, le bonheur ou le malheur ? On se doute de la réponse. La fée répond alors que puisqu'ils veulent le bonheur, c'est le Soudun qui aura le malheur. Tout le monde se lamente, mais on maintient le voeu, tant pis pour le Soudun. La fée pose alors la main sur la margelle du puits de Rochefort, « où ses doigts s'imprimèrent pour toujours, et levant les yeux au ciel, elle prononça ces mots :

- Que le bonheur soit et demeure sur Rochefort, et le malheur sur le Soudun. »

Elle part en fumée et disparaît à jamais de la vallée (on pense que les fées sont parties en Brenne, région sauvage à l'abri de l'Evangile).

Le Soudun sera donc ce château pourvoyeur d'effroi pour le passant attardé et lui aussi inachevé (une pièce de charpente toujours manquera malgré tous les efforts). Voilà en tout cas un jeté de sort bien peu évangélique.

Car tout ceci n'est pas sans me faire penser à l'analyse que René Girard donne du Logos johannique dans Des choses cachées depuis la fondation du monde, (Grasset, 1978) où il écrit (pages 291-292) : « L'Evangile de Jean affirme que Dieu est amour et les Evangiles synoptiques nous précisent que Dieu traite les frères ennemis avec une égale bienveillance. Pour le Dieu de l'Evangile, les catégories qui sortent de la violence et y retournent n'existent pas. Que personne ne lui demande de se mobiliser docilement à l'appel de nos haines fratricides. »

Belle intuition de la légende : le message évangélique ne saurait répartir malheur et bonheur, diviser Rochefort et Soudun. Reste que les fées disparues, leur pouvoir continue d'agir sur les esprits. La violence est toujours souverainement à l'oeuvre.

 

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11 mai 2009 | Lien permanent

Léviathan, serpent tortueux

« D'où es-tu, ma petite, je ne t'ai jamais vue ?
- Je suis de Vatan, répondit la fille...
- Et que viens-tu faire de Vatan ici ?
- Je rabouille pour mon oncle Brazier que voilà... »

Balzac (La Rabouilleuse)


Première rencontre de la « rabouilleuse », Flore Brazier, avec le vieux médecin Rouget, qui la prendra bientôt à son service à Issoudun. « Elle est programmée par son nom, écrit Claude Duchet, de la fleur au feu (elle finit brûlée par les « liqueurs »).

Il est étonnant de voir ce nom de Flore Brazier s'inscrire aussi parfaitement dans le cadre de la géographie sacrée neuvicienne : patronyme faisant écho au feu du signe, Sagittaire, qui s'étend de Vatan à Issoudun ; prénom qui partage la même racine que le saint Florent sur lequel j'ai achevé la note précédente, et dont la fête est célébrée le 4 juillet, jour anniversaire du martyre de saint Laurian. Il serait bien sûr fantaisiste de penser que Balzac était de quelque façon que ce soit conscient de cette partition zodiacale de l'espace berrichon. Mais le fait est là, et si l'on veut bien concevoir que ce ne soit pas encore une fois une simple coïncidence, il est légitime de chercher une explication. J'ai quelques idées là-dessus, mais qu'il serait prématuré de présenter ici : elles restent à approfondir et je n'en dirais donc rien pour le moment.

Revenons à saint Florent. Une note du site de la Société de Mythologie Française nous précise sa double nature d'ermite évangélisateur et de sauroctone. Je dois dire que j'ai découvert ce dernier terme à cette occasion : le sauroctone désigne « littéralement, en grec, un "tueur de lézards, de sauriens". Autrement dit un exterminateur de dragons, chargé d'éradiquer les vieilles bêtes d'un passé sulfureux, aussi bénéfique pour la société que l'étaient les tueurs de géants. »

Ceci renforce évidemment l'hypothèse posée auparavant d'un saint Laurian substitut d'un héros tueur de dragons, dont nous avons vu que le prototype indo-européen était Indra, d'autant plus que l'on peut relever d'autres similitudes : ces signes particuliers qui sont d'une part la crosse abbatiale et l'Evangile, d'autre part, sa figuration dans une barque conduite par un ange. Florent est donc évêque comme Laurian, et remarquons que s'il existe apparemment plusieurs Florent, celui qui est fêté le 4 juillet est l'un des premiers évêques de Cahors. Et avec cette ville, nous retrouvons la thématique de la terre gaste, ainsi qu'en témoigne ce passage de Doumayrou : « C'est, tout au fond de la terre obscure, le chaos primordial, et sur la carte, la cité de Cahors qui est au Nord géographique de Toulouse, Nord physique distinct du Nord magnétique montalbanais. Ce nom, aussi bien que celui du Quercy, vient des celtes Cadurques, avec le souvenir des racines grecques cha, s'entrouvrir (d'où vient chaos), et chad, prendre, saisir, caractérisant l'avidité de cette gueule d'enfer qu'est le chaos. » (op. cit. p.168)

Cahors au Nord de Toulouse, comme Vatan est au Nord de Neuvy, et le Tempé au Nord de Delphes. Le même tropisme septentrional traverse l'histoire de Laurian.

Maintenant, en ce qui concerne la barque conduite par un ange, elle apparaît dans l'épisode d'Eusèbe d'Arles où l'évêque traverse la Loire de cette manière, pour se rendre à Vatan. Arles où, soit dit en passant, l'on exposait à une certaine époque sur les murs de l'église Saint-Antoine des carcasses de crocodiles qui étaient censées être celles de monstres terrorisant la région.

 

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On me dira que la figure du dragon n'apparaît pas en tant que telle dans la geste de Laurian. Ce n'est même pas sûr. Si l'on veut bien lire avec attention ce passage d' Ésaïe (27/1) : " En ce jour, l'Éternel frappera de sa dure, grande et forte épée le léviathan, serpent fuyard, le léviathan, serpent tortueux ; et il tuera le monstre qui est dans la mer. " on pourra se demander si ce « serpent tortueux » n'est pas indiqué par ce lieu-dit de Rue-Torte, au sud de Vatan, où passe le ruisseau de la fontaine Garnier. Et je soupçonne aussi que le choix de Totila - le roi wisigoth persécuteur de Laurian, dont on sait qu'il est une erreur historique - s'explique par sa proximité phonique avec cette racine « tortueuse ». Le nom même de la tortue dérivant de « tartarucus », qui appartient au Tartare, c'est-à-dire au monde des ténèbres, à l'enfer : « Dans les représentations du christianisme, la tortue (symbole des ténèbres) apparaît combattue par le coq (figure de lumière) ; l'opposition entre les deux animaux existe avec cette valeur dès l'Inde védique, dans le culte de Mitra et ensuite en Perse. » (Dictionnaire Historique de la Langue Française, Robert, p. 2137)

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24 février 2006 | Lien permanent | Commentaires (2)

Sta cerva

La société druidique était fondée sur la primauté du spirituel sur le temporel. Les rois, choisis par les druides parmi la classe guerrière, avaient double fonction sacerdotale et guerrière. Leur pouvoir était fragile, soumis au contrôle permanent des druides. La conquête romaine a bousculé ce schéma déjà en décadence, il est vrai, à cette époque : des oligarchies de nobles gaulois ayant remplacé les rois un peu partout. La société romaine voit a contrario le temporel dominer le spirituel, les flamines n'ayant aucun pouvoir politique réel. L'introduction de cette structure ne pouvait que contribuer à défaire l'emprise des druides sur la société gauloise en les privant de leurs plus hautes fonctions : religion, guerre, justice. Ne restaient guère que la poésie, la magie, la divination et l'enseignement. Pomponius Mela nous apprend, par exemple, que les druides, vers la fin du premier siècle de notre ère, retirés dans les forêts, instruisaient en cachette les enfants des nobles. Les édits de Claude et de Tibère assimilant les druides aux mathematici orientaux, sages, magiciens, tenants de sectes orientales ou secrètes qui pullulaient à Rome, ont certainement accéléré leur disparition, bien que nous ne sachions pas s'il y eut une répression violente du druidisme en Gaule.

Disparition qui ne fut peut-être qu' apparente... Comment concevoir que ces « très savants » (c'est là l'étymologie de « druides ») n'aient pas réfléchi en profondeur sur leur situation et l'avenir de la tradition qu'ils représentaient ? Comment croire que des gens développant une vision cyclique du temps basée sur l'observation du ciel et des astres n'aient pas senti que l'âge sacerdotal était révolu et qu'un nouveau rôle, plus effacé mais non moins primordial, leur était dévolu ? Leur devoir, leur mission, leur but unique en cet âge sombre n'étaient-ils pas de préserver la tradition (du latin tradere, transmettre) et assurer la pérennité du mythe ? Si la disparition des druides n'a pas laissé de traces historiques, ce n'est pas sans doute pas à cause d'une déliquescence de la caste, c'est peut-être bien plutôt la résultante d'un repli volontaire, d'une retraite consciemment choisie.

Le druidisme possédait son réseau de centres sacrés dépassant les partitions territoriales, les frontières entre civitas. César lui-même rapporte que les druides se rendaient en Bretagne (l'actuelle Grande-Bretagne) pour compléter leur initiation. L'héritage celtique a dû trouver dans l'insularité un abri relativement sûr, une base solide en attente de jours meilleurs et d'une époque plus favorable.

La survenue du christianisme en pays gaulois ne doit pas être considérée comme le coup ultime porté au druidisme, consacrant sa mort définitive. Sous bien des aspects la nouvelle religion était plus proche de la doctrine des druides que du polythéisme romain :

Françoise Le Roux et Ch. J. Guyonvarc'h :

« [...] sur deux points importants au moins, il n'existait pas d'antagonisme :

  • la tendance de la religion celtique au monothéisme

  • la réhabilitation par le christianisme du travail manuel n'était pas nécessaire dans un pays où les artisans (aes dâna, « gens d'art ») étaient déjà estimés et honorés. » (La Civilisation Celtique, Ogam-Celticum, 1986, p. 140.)

Ne peut-on maintenant concevoir qu'à l'instar de ce qui se passa en Irlande, une conversion faite par le haut ne se produisit en Gaule ? Les dépositaires de la tradition druidique n'auraient-ils pas profité de la formidable embellie chrétienne pour reconquérir une partie de leur influence politique à travers des formes nouvelles mais non radicalement différentes ? L'occasion n'était-elle pas belle de restaurer avec le dogme évangélique la primauté du spirituel sur le temporel ? Le vrai conflit ne se pose-t-il pas en ces termes, plutôt qu'entre le paganisme et le christianisme ?

Ce ne sont là que des hypothèses dont le bien ou le mal-fondé ne sera sans doute jamais formellement établi. Qu'il me soit tout de même permis de présenter au moins un indice allant, me semble-t-il, dans le sens des propositions avancées, sous l'espèce d'une courte histoire qui prend pleinement sens à la lueur de la géographie sacrée biturige dévoilée ici :

C'est l'histoire de saint Août, évêque de Bourges au IXème siècle. Le Patriarchium Bituricense (B.N., 66) rapporte à son sujet une « curieuse et gracieuse légende », dixit Mgr Jean Villepelet, relative à sa jeunesse et à sa vocation : « Après avoir entendu la lecture de l'Evangile : « Si quelqu'un veut tenir après moi, qu'il se renonce et qu'il me suive », Août se retira dans une solitude profonde. Un messager, chargé de lui annoncer son élection au siège de Bourges, le chercha longtemps dans la forêt, et arriva près de lui exténué. Août qui n'avait rien pour le réconforter, ordonna à une biche de s'arrêter « Sta cerva ! » et d'allaiter le voyageur. Telle serait l'origine de Sacierge (Sagergia) ou Sassierges-Saint-Germain, c. d'Ardentes, arr. de Châteauroux (Indre) » (Les Saints Berrichons, Tardy, p. 82.)

 

 

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Eglise de Sassierges Saint-Germain (12/13ème)

Saint Août fut inhumé, pense-t-on, dans l'église paroissiale qui porte aujourd'hui son nom. Le village, comme celui de Sassierges, se situe en lisière de la grande forêt de Bommiers qu'il faut traverser pour se rendre précisément à Bourges (le cours de l'Arnon marque par ailleurs sa limite septentrionale). La forêt, sanctuaire druidique bien sûr, mais le plus remarquable est que, dans le prolongement très exact de l'axe Saint-Août – cathédrale de Bourges, on retrouve Cluis et Neuvy Saint-Sépulchre.

C'est cet axe véritablement fondateur, axe Cluis-Neuvy-Bourges, que nous allons maintenant examiner en détail.

 

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Le purgatoire ne fait plus recette
(Photo prise à Sassierges)


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29 décembre 2005 | Lien permanent

Nunc est bibendum

L'outil indispensable du géographe sidéral est bien sûr la carte. Il est bien certain que ce qui m'a séduit de prime abord dans le livre de Doumayrou, c'est sa profusion de cartes et de schémas, de blasons et de figures géométriques . Mais je  ne l'avais  pas attendu pour user de la  carte Michelin de la région, sur laquelle nous imaginions nos périples vélocipédiques. Avec ses lieux-dits innombrables, ses trois points noirs promesses de ruines, ses liserés verts bordant  les routes tortueuses, ses gerbes bleues ouvrant sur des panoramas vertigineux, c'est un vrai trésor de rêveries que nous offrait le bibendum *alerte et rondouillard. C'est encore cette carte qui me sert le plus souvent, qui accueille mes tracés, mes crayonnés. Ainsi le bois de Souvigny, traversé par le méridien de Saint-Genou, y apparaît-il ainsi :



Mais il est parfois utile d'aller y voir de plus près. Il y faut alors la carte d'Etat-Major, pardon la carte IGN (le potentiel de rêverie est malheureusement moindre dans ce dernier prédicat, plus pacifique il est vrai - l'ancien montrant bien que la cartographie servait  d'abord à faire la guerre). Oui, la carte IGN au 1/25000 si possible. Des détails alors surgissent, que le bibendum avait négligé.

Je me suis muni tout récemment du logiciel Carto Exploreur de l'Est de l'Indre, qui me permet de visualiser sur l'ordinateur le contenu de plusieurs cartes papier, et c'est ainsi que le bois de Souvigny m'est apparu sous un autre jour :


Première surprise : le bois de Souvigny n'est plus désigné comme tel. Toutes les parcelles forestières de la carte portent un autre nom. Mais on ne perd pas au change, puisque le mot Souvigny apparaît à quatre reprises : en tant que  lieu-dit tout d'abord, placé à deux cents mètres seulement du méridien exact de Saint-Genou (l'église étant prise comme point nodal), puis comme ruisseau et comme étang, enfin comme dénomination d'une Tuilerie (les fours à briques ou à tuiles étaient très gourmands en bois de chauffage).
La situation de ces lieux est  similaire à celle des Souvigny étudiés dans l'inventaire : cerné par la forêt, en rapport avec l'eau. Seul le caractère frontalier ne paraît pas établi. Nous nous trouvons en effet encore assez loin de la limite sud de la civitas biturige.
Grâce à ce superbe outil informatique (il suffit par exemple de déplacer la souris pour avoir la longitude et la latitude de chaque lieu pointé), il est possible de mener un travail très fin autour de la microtoponymie des espaces traversés.
C'est avec son concours que nous allons  maintenant explorer une autre direction cardinale issue de Saint-Genou.
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On reste bien ici dans la thématique rabelaisienne de la beuverie... 

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04 septembre 2007 | Lien permanent

En lisant Jean-Pierre Le Goff (3)

Je continue donc mon inventaire des pages du livre Le cachet de la poste se rapportant spécifiquement au territoire que j'ai moi-même arpenté dans mon circuit zodiacal. Page 97, la feuille volante (c'est ainsi que JPLG désigne ses écrits) intitulée Héliotropisme nous transporte à Crozant :

"Le samedi 25 septembre 1993, jour en période d'équinoxe, qui partage la présence et l'absence duSoleil en parties égales de douze heures chacune, je partirai du château de l'Aiguille à Crozant dans la Creuse à l'heure du lever (5 h 42 temps universel, 7 h 42 heure légale) et marcherai, en direction du Soleil, jusqu'à son coucher (17 h 42 temps universel, 19 h 42 heure légale). Toutes les heures, un galet de calcédoine de la plage d'Etretat, portant l'inscription de l'heure, sera déposé sur le chemin pour baliser une hélice de lumière. Je ne refuserai pas les pauses et marcherai au pas de promenade. Les personnes qui souhaiteraient cueillir avec moi les fleurs héliotropiques qui parsèment nos pensées seront les bienvenues."

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Pourquoi partir du château de l'Aiguille à Crozant ? Le Goff explique tout simplement que c'est parce que l'aiguille indique l'heure et la direction et que ce château est un des repaires d'Arsène Lupin dans L'Aiguille creuse de Maurice Leblanc.  Il reste qu'en téléphonant à la  mairie de Crozant, on lui apprit que le château de l'Aiguille n'existait pas... On lui en signala tout de même un autre, celui de "Desplaces". "Je décidai, conclut JPLG, de maintenir mon projet en partant de ce dernier, puisqu'il ne me déplaisait pas d'entamer le parcours à partir d'un lieu qui n'existait que dans la fiction."

Je n'ai pas de commentaire particulier à ajouter à cet intinéraire legoffien, je voudrais juste renvoyer aux articles de FGS qui mentionnent les lieux ici évoqués : le château des Places avait place dans la croix de Saint-André dressée à partir de Crozant et L'Aiguille creuse se trouve en exergue d'un billet de mai 2006 consacré à saint Sylvain dans ce pays d'Eguzon, aux confins de l'Indre et de la Creuse. Je renvoie aussi aux recherches d'Al Sufi sur le méridien de Crozant en relation avec l'oeuvre de Maurice Leblanc.

En me relisant je m'aperçois que je fais une petite erreur, c'est la chapelle des Places et non le château qui est évoquée dans cette croix de saint André, où une ligne de chapelles croise une ligne de châteaux.

 

 

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La génisse et le marteau

Revenons sur la légende de la fondation de Vaudouan, sur ce maître-maçon qui jette son marteau, retrouvé par une génisse blanche huit cent mètres plus loin. Dans la mythologie grecque, c'est la fondation de la ville de Thèbes qui est associée au même bovidé.

Cadmos, sommé par Agénor, son père, de retrouver sa soeur Europe capturée par Zeus, parvient à Delphes où l'oracle lui annonce, outre l'insuccès de sa quête, qu'il fondera une ville au lieu où le mènera une génisse blanche. Ce fut donc Thèbes. Curieusement, Jean Richer place cette ville en Balance du zodiaque centré sur Delphes alors que manifestement, sur la carte qu'il a lui-même élaborée, Thèbes est située en Vierge. « La Balance, écrit-il, est signe « vénusien ». Le rôle considérable joué par une génisse dans l'histoire légendaire de Thèbes marque l'association des deux signes vénusiens du Taureau et de la Balance, culminant dans le mariage de Cadmos et Harmonie. » (Géographie Sacrée du Monde Grec, Trédaniel, 1983, p. 43). N'est-il pas plus simple de considérer que la génisse, en tant que jeune vache qui n'a pas encore vêlé, ressort du champ symbolique de la virginité, aspect renforcé par sa couleur qui est le blanc ?

 

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Zodiaque delphique (d'après Jean Richer)

Le mythe de Cadmos résonne étrangement avec l'histoire de Vaudouan : le héros grec suit une génisse qui s'écroule à terre, vaincue par la fatigue, dans la vallée de Tanagra.

Roberto Calasso (Les Noces de Cadmos et Harmonie, Gallimard, 1991, p. 393) : « Cadmos se mit aussitôt à la recherche d'une source pour se purifier avant d'accomplir le sacrifice de la génisse. » Voici la source, mais elle est gardée par le grand serpent d'Arès, qui brise les os de plusieurs compagnons de Cadmos avant de s'en prendre au héros lui-même. Et il aurait succombé à l'étreinte du monstre si Athéna ne lui avait pas porté secours. Athéna, autrement dit Minerve, la vierge olympienne.

 

Passons au marteau. Dans la note 11 de son opuscule, J.J. Meunier précise qu' « il existe, en Berry, d'autres exemples de fondations localisées par le point de chute d'un outil. Bourges aurait une origine identique, ainsi que Neuvy Saint-Sépulchre. » Remarque très intéressante, mais je n'ai pas connaissance de ces légendes et, malheureusement, le docteur ne donne pas ses sources. Nous avons de notre côté rencontré le même mode d'élection sacrale au seul sujet de la Chapelle-du-Fer, en secteur Taureau. Là, je le rappelle, c'est justement un taureau qui découvre le marteau perdu.

J'ai signalé aussi dans la note précédente que les pélerins du Mont Saint-Michel faisaient halte à Vaudouan. Ajoutons maintenant que l'alignement Neuvy-Vaudouan vise Saint-Michel-en-Brenne.

Cet axe symbolique Vierge-Poissons, unissant donc le signe marial au signe traditionnellement dévolu au Christ - union exprimée plastiquement par la statue de la légende - mérite un examen attentif.


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26 septembre 2005 | Lien permanent

Pharaoh Hound again

(Marc Lebeau m'a fait parvenir le texte suivant, en guise de complément à l'article récent sur le chien de Crémieu. Je suis heureux de lui laisser ici la parole.)

"A propos du Chien ou Lévrier des Pharaons (Pharaoh Hound en anglais)

Avec la publication de Robin sur le Chien de Crémieu j’ai effectué une recherche rapide sur internet à propos de l’analogie du « géoglyphe » de Crémieu avec la race de chien dite lévrier des pharaons.

De fait, il existe au moins 5 « races » de chiens aux caractéristiques voisines et pour 4 d’entre elles, d’origine méditéranéenne :

  • le Cirneco dell Etna, chien sicilien ;
  • le Podenco d’Ibiza, des Canaries, d’Andalousie, de Galice ou du Portugal ;
  • le chien de Crête (Kritikos lagonikos) ;
  • et le Basenij, originaire du Soudan, plus petit que les autres.

Tous ces chiens, issus de races très anciennes, les Spitz (ne me demandez pas ce que c’est !), se ressemblent au niveau de la morphologie, de l’allure générale et des caractéristiques de la tête.

En particulier, ils présentent tous ou presque (chien crétois plutôt bigarré) une couleur fauve ou rousse comme le chien roux de Saint Christophe et de Saint Roch, voire, pour certains, de Saint Bernard ! Sur un site (http://www.dogstory.net/Chien%20des%20Pharaons.htm), il est même précisé :

« Imaginez-vous un chien rougir ? La truffe et les oreilles du Chien des Pharaons rougissent quand il est agité. Les traits du visage du chien se mêlent au pelage rougeâtre et les yeux rougeoient. Certaines personnes disent que ces chiens ont l'air de "sourire". » !

D’après les puristes, et d’après ce que j’ai pu retenir des différents sites visités, les chiens égyptiens seraient encore une race à part et le chien maltais ne viendrait pas d’Egypte. Ceci dit, les représentations égyptiennes antiques montrent bien toutes les caractéristiques de ces différentes races de chiens dit des pharaons (appellation anglo-saxonne « moderne » - vers 1960 – pour des raisons commerciales) et, par ailleurs, comment expliquer la forte analogie entre la race soudanaise et les races méditerranéennes, dont on dit qu’elles seraient originaires de Malte et exportées dans l’ensemble méditerranéen par les phéniciens ?

 

medium_fd_pi_13_anubis.jpg
Anubis
(source: www.mojpes.net/forum/ index.php/topic,3977.0.html. Foto:
avtor neznan)

A priori toujours, je ne suis absolument pas un spécialiste des chiens !, c’est les seules « races » de chiens qui possèdent des caractéristiques proches du Chien de Crémieu :

- profil « grec » avec une cassure au niveau des yeux peu marquée ;

- museau fin et allongé ;

- grandes oreilles bien lobées ;

- proportions entre le museau, le front et les oreilles relativement similaires ;

- « encolure » forte et puissante.

La seule caractéristique que je ne retrouve pas, ce sont les oreilles dans le prolongement du front : les espèces « vraies » ont plutôt les oreilles presque à la perpendiculaire du front, caractéristique que l’on retrouve bien sur les représentations d’Anubis.

Pour finir sur ce sujet, j’envoie à Robin quelques photos prises sur le net*.

Marc Lebeau"

 

L'oeil du lévrier

medium_pp.jpg(Je ne pensais pas finir l'année avec le chien, mais au fond tout ceci est cohérent, le chien n'est-il pas le gardien des passages ? R.P.)

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*(Cliquez sur les liens pour voir celles-ci).

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30 décembre 2005 | Lien permanent | Commentaires (5)

L'ombre et la lumière

Tilly, non loin de Lignac, pratiquement sur l'alignement Nesmes-Château-Guillaume, était le siège d'une abbaye de l'ordre de Cîteaux, fondée en 1146 et nommée La Colombe. Un aspect essentiel du monde des symboles se révèle ici, le principe de bipolarité qui veut que chaque symbole, comme l'explique Jean Chevalier dans son introduction au Dictionnaire des Symboles, « de quelque dominante qu'il relève, possède un double aspect, diurne et nocturne. Le monstre, par exemple, est un symbole nocturne en ce qu'il avale et dévore ; il devient diurne, en ce qu'il transforme et recrache un être nouveau ; gardien des temples et des jardins sacrés, il est à la fois obstacle et valeur, nocturne et diurne. (XXV) » La Colombe, découverte en Bélier à l'issue d'une assez longue traque, est, ne l'oublions pas, oiseau de Vénus, qui n'est autre que la planète maîtresse de Balance, le signe opposé. Avec Balance, à l'équinoxe d'automne, la nuit reprend le pas sur le jour. Cette dualité est concrètement évoquée à travers un axe Bélier-Balance s'originant à Tilly et son Eglise Notre-Dame. Jalonné par le hameau du Colombier, l'église Saint-Pierre de Chaillac, le château de la Prune-au-Pot, l'église Saint-Saturnin de Ceaulmont, il rase après Neuvy un autre lieu-dit Le Colombier avant d'atteindre celui du Chassin, et les villages de Saint Chartier et Verneuil-sur-Igneraie (église Saint-Hilaire). Jeu de miroir avec cette simple chapelle du Haut-Verneuil qui constitua notre premier témoin d'importance. Le Chassin, lui, possédait un château-fort, aujourd'hui disparu. Son nom, en tout cas, est tiré de celui du chêne en gaulois, cassanos. Or, c'est sur le chêne que se tiennent les colombes de l'Enéide, c'est sur le chêne qu'est cueilli le gui, c'est-à-dire le rameau d'or. Jean Beaujeu note à propos de ces textes de l'Enéide « que la mythologie du gui, très pauvre en Italie, était riche dans les pays celtiques et germaniques ; le gui passait pour avoir une puissance magique : il permet d'ouvrir le monde souterrain, éloigne les démons, confère l'immortalité et, détail propre aux Latins, est inattaquable au feu. Tout se passe comme si Virgile avait adopté un thème de son pays natal (la plaine du Pô avait été occupée pendant plusieurs siècles par les Celtes), en lui donnant un caractère latin par la consécration à Proserpine. » (Dictionnaire des Symboles, art. Rameau d'or, p.801). Comme Enée, nous allons désormais pouvoir poursuivre notre périple en entrant, en ce qui nous concerne, dans le signe du Taureau, signe de Terre, et précisément, selon les termes de l'astrologie traditionnelle, domicile nocturne de Vénus. En définitive, nous ne faisons ici que vérifier une forte intuition de Guy-René Doumayrou qui, enquêtant sur les régions mentionnées dans la légende de Mélusine, s'étonnait que les domaines de la fée, Marche et Poitou, soient désertes en images d'ombre : « Peut-être, mais il faudrait pouvoir s'appuyer sur des témoins plus stables que des statuettes de bois ou même de pierre, une géographie de l'ombre et de la lumière, relative au culte de la Dame, existe-t-elle, reprenant une giration parallèle à celle de la roue toulousaine » (G.S., pages 265-266). Quelle terre pouvait mieux constituer le moyeu d'une telle roue sinon le Bas-Berry, ouvert à l'ouest sur le Poitou et au sud sur la Marche ?

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25 mai 2005 | Lien permanent

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