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Argenton la brillante
Une nouvelle phase s'est ouverte pour cette tentative de restitution d'une géographie symbolique du pays berrichon : quatre années de blog, trois cents notes très exactement, doivent être refondues en un ou plusieurs volumes, qui iront peut-être à l'impression traditionnelle. J'ai fait récemment le premier pas en ce sens, à savoir reprendre l'ensemble dans un traitement de texte, ce qui veut dire remonter le temps, étant donné que dans un blog les notes s'entassent et l'ordre est donc antéchronologique.
J'ai choisi dans un premier temps de ne rien discriminer et d'enregistrer texte, iconographie et commentaires éventuels. Ce ne fut point trop long, quoique un peu fastidieux. Douze fichiers ont recueilli cette matière (plus un treizième, consacré au facteur de coïncidences, que je laisse pour l'instant de côté). Mais à peine ai-je commencé à me pencher sérieusement sur le premier fichier, consacré logiquement au Bélier, que les premières difficultés m'apparurent avec évidence. La nature discontinue des billets de blog me masquait certains manques, qui ne peuvent plus échapper dès lors qu'on s'adonne à un effort de synthèse.
C'est ainsi que je m'aperçus que j'avais un peu sous-traité le cas de la ville d'Argenton. Certes je l'avais évoquée, et très tôt, mais j'avais vite filé au-delà ou en-deça, avec la chapelle de Verneuil et la ville de Poitiers. Or, Argenton est le second relais d'importance sur l'axe équinoxial du zodiaque neuvicien, axe Bélier-Balance qui est comme la poutre maîtresse de l'édifice zodiacal, la ligne inaugurale à partir de laquelle l'ensemble des signes se déploie.
Revenons sur les découvertes de Jean Richer en ce qui concerne pareil axe dans les zodiaques qu'il a étudiés. En ce qui concerne la roue zodiacale centrée sur Delphes, il écrit : "Le point initial du cycle, en relation avec l'équinoxe de printemps et correspondant symboliquement au point vernal, tombait dans la mer Ionienne juste en avant du saut de Leucade. Il était donc commode, pour la lecture ultérieure de la figure, de tracer un cercle ayant pour rayon la distance Delphes-Leucade et de le diviser en douze parties égales à partir du point que nous venons d'indiquer."(1) Dans le chapitre précédent, Richer avait proposé ce site remarquable des falaises du cap Leucate, à l'extrémité méridionale de l'île auquel il donne son nom, comme "le lieu allégorique de l'apparente mort quotidienne du dieu solaire Apollon-Hélios."(2) Les prêtres d'Apollon s'y exerçaient au plongeon sacré, remplaçant une ancienne ordalie (selon Strabon, chaque année le jour de la fête d'Apollon, un criminel était précipité du haut du rocher de Leucade, et était gracié s'il survivait à la chute). Par ailleurs, dans le domaine littéraire, le lieu est associé au suicide de Sappho, qui y plongea par dépit amoureux.
Dans le système centré sur Sardes, en Asie Mineure, Richer mentionne pour le Bélier la cité située sur la côte d'Anatolie, nommée Leuca, correspondant au point vernal de la Grèce continentale. Par ailleurs, il désigne comme centres, dans la géographie sacrée de la Grande Grèce, Cumes (où fut érigée par les Grecs le premier temple d'Apollon de la péninsule italique), Enna (ombilic de la sicile) et Leuca, à la pointe sud-est de la Calabre. "Il existe, écrit-il, une relation simple et significative entre Delphes, Leuca et Cumes : en effet, Leuca est sur la ligne Delphes-Cumes, presque exactement à mi-chemin des deux centres."(3)
Mais quel rapport, me direz-vous, entre tous ces lieux Leuca et la cité d'Argenton ? Il faut en appeler à l'étymologie : le cap Leucade est la Roche blanche (Leukas pétré). Dans un autre mythe grec, Ino, plongeant dans la mer pour échapper à son époux rendu furieux par Héra, est recueillie par Poséidon et devient la nymphe Leucothéa, littéralement la Blanche Déesse. A la fin de Delphes, Délos et Cumes, Jean Richer revient sur la récurrence de la racine "Leuké" : "Comme si l'idée de blancheur rayonnante, évoquant ce que devait être la pureté du candidat à l'initiation, était indissociable du début du cycle zodiacal, tous les lieux liés symboliquement au point vernal portent un nom où paraît le radical Leuké.
Ceci doit être rapproché du nom des "Leukai", les jeunes filles initiées d'Aptère en Crète qui pratiquaient le plongeon rituel dans la mer." (4)
Argenton, vue du vieux pont
Or Argenton porte en son nom cette idée de blancheur rayonnante : le terme même d'argent "dérive d'un arguus "éclat, blancheur", d'où vient le verbe arguere, archaïquement "faire briller, éclairer", puis au figuré "démontrer" et "convaincre" (->arguer, argument). Le métal est donc appelé "le brillant" (comme l'or est "le jaune") ; cette appellation se retrouve en grec (-> argyrite), dans les langues celtiques (gaulois argento-), en osque, etc. [...] Depuis le XIIe siècle, le mot s'emploie en blason il symbolise la blancheur et l'éclat."(5) La ville d'Argenton tient par ailleurs son nom de l'antique cité d'Argentomagus, important carrefour économique et politique à l'époque gallo-romaine dont nous pouvons admirer les vestiges, au nord, sur le plateau des Mersans.
Plongeait-on dans la Creuse comme on longeait à Leucade ? Rien n'atteste d'un tel rite, mais en tout cas, il y a présence de falaises calcaires :"Assagie en amont d'Argenton, lorsqu'elle quitte des gorges encaissées, la Creuse s'étale ensuite dans les terrains argileux avant de franchir un goulet enserré entre deux coteaux calcaires." Sur le site du musée, on peut lire encore que "ce goulet, large seulement d'une centaine de mètres et franchi en oblique par la Creuse, était le passage obligé des animaux pour se rendre d'un pâturage à l'autre ou lors de leurs migrations.C'était là un excellent affût de chasse et dans ce piège naturel, rennes, bisons et chevaux devenaient des proies faciles."
Il est fort possible que le lent travail de reformulation des notes de ces quatre années passées me porte à revenir ici de temps à autre pour préciser et développer d'autres aspects de l'étude encore mal dégrossis.
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(1) Jean Richer, Géographie sacrée du Monde Grec, Guy Trédaniel, 1983, p.37-38.
(2) Jean Richer, Géographie sacrée du Monde Grec, Guy Trédaniel, 1983, p. 30.
(3) Jean Richer, Delphes, Délos et Cumes, Julliard, 1970, p. 146.
(4) Jean Richer, Delphes, Délos et Cumes, Julliard, 1970, p.209.
(5) Dictionnaire Historique de la Langue Française, Robert, p. 107.
12 décembre 2009 | Lien permanent
Denis Gaulois (18) : D'argent et de gueules
"Telle est la légende de Denis Gaulois, conclut le docteur Fauconneau-Dufresne, qui se trouve en tête de la pièce intitulée : .Petite chronique et généalogie des seigneurs qui ont possédé les terres de Déols et Châteauroux, depuis l'an 218 jusqu'en 900, et depuis l'an 900 jusqu'à l'an 1620, et les dons qu'ils ont fait"
Avant de conclure à mon tour cette petite étude de la légende, je voudrais revenir sur un point d'héraldique abordé récemment.
J'ai dit qu'Argenton possédait au centre de ses armes celles de Déols. Pour être plus précis, il s'agit d'un demi écusson fascé d'argent et de gueules.
Ces deux couleurs apparaissent également dans le blason des Chauvigny, qui succèdent aux princes de Déols à partir de 1187. D'ailleurs ce sont leurs armes qui figurent aussi en haut à gauche du blason d'Argenton (d'argent à cinq fusées et deux demies de gueules accolées et rangées en fasce, accompagnées en chef d'un lambel de six pendants du même).
Par sérendipité, j'ai découvert ensuite qu'argent et gueules étaient également les couleurs de Dol-de-Bretagne, dont j'ai déjà mis en relief la parenté étymologique, géophysique et mythologique avec Déols.
Pour être tout à fait précis, le blason actuel de la ville est très différent, mais le site Geobreizh confirme bien que "Le premier blason de l'archevêché de Dol datant de 1173 était de gueule fuselé d'hermine (rouge avec des losanges d'hermine). Le second était écartelé d'argent et de gueules."
Pourquoi maintenant ces deux couleurs : d'argent et de gueules ? Selon le tableau de correspondances des couleurs héraldiques établi par Gérard de Sorval (Le langage secret du blason, Bibliothèque de l'Hermétisme, Albin Michel, 1981, p.108-109), Argent peut être rattaché à la Lune et à Artémis, tandis que Gueules est logiquement dévolu à Mars. Or, nous avons encore en mémoire les épisodes mythologiques du sarcophage de saint Ludre, où Artémis se taillait la part belle. Marc Lebeau avait justement fait observer que la relation Bélier-Capricorne visible sur le terrain avec Argenton-Leucade se reflétait dans la légende où Méléagre, le tueur du sanglier de Calydon, était selon certaines sources considéré comme le fils d'Arès.
Ici se clôt notre périple capricornien. Je laisse à chacun le temps de la réflexion, le temps d'une pause océane ainsi que nous en avons pris l'heureuse habitude. Les commentaires seront aussi momentanément fermés. Au retour, nous arpenterons enfin les terres encore indéfrichés de Verseau (le seul signe qui n'a pas encore sa catégorie). Merci à vous tous, lecteurs de plus en plus nombreux, qui me donnez désir et courage de continuer ce voyage en symbolisme.
22 avril 2007 | Lien permanent | Commentaires (2)
A l'ouest de l'ombilic
Je n'ai choisi ni le jour ni le lieu. Il se trouve que j'ai été appelé à travailler aujourd'hui à Argenton-sur-Creuse. Je souris de cette petite connivence du destin : la cité est pour moi hautement symbolique, elle est liée au printemps et au point vernal. De par sa position à l'ouest, sur le parallèle de l'ombilic berrichon. "(...) Bélier, signe de la première heure de l'année; se trouve à l'ouest, opposé à la première heure du jour, parce que le soleil chemine sur son circuit annuel dans un sens opposé à sa course diurne autour de la terre. Les analogies symboliques sont irréductibles au principe rationnel d'identité et c'est au coeur de la nuit que la vraie lumière s'émerveille." (G. R. Doumayrou)
22 mars 2005 | Lien permanent
En suivant la Mage
"Le devenir poussait en avant chaque saison comme un revenir vers sa plus grande force, vers sa sève fécondante. Le temps avait un but : c'était ce que la langue française appelle de façon merveilleuse le printemps. Les Romains l'appelaient ver et s'ils dirent primum tempus, ce fut pour marquer le premier temps - le temps fort selon le temps. Le premier temps est l'origine temporelle. Le printemps est la phanie elle-même." Pascal Quignard (Sur le jadis, p.32) Les jardiniers d'Argenton venaient à la chapelle de Verneuil déposer des fleurs en l'honneur de leur saint patron, suivant en cela le parallèle ombilical, cette ligne équinoxiale qui sépare l'hiver du printemps, le signe des Poissons de celui du Bélier. Mais on peut suivre aussi la voie des eaux : le ruisseau qui s'écoule de la fontaine Saint-Fiacre rejoint celui de la Mage qui se jette lui-même dans la Creuse, au coeur du vieux quartier Saint-Etienne, à Argenton. Le moine limousin Yrieix y passe lors de son voyage à Tours, daté entre 556 et 573, et décrit le lieu comme profane et consacré aux démons de la religion antique. Il faut dire que celle-ci avait une source encore proche : la ville gallo-romaine d'Argentomagus, abandonnée à la fin du IVe siècle ou au début du Ve. Persistance du paganisme que n'avait pas endigué la fondation probable d'un édifice chrétien implanté au-dessus d'un bâtiment antique et qui allait devenir l'actuelle église Saint-Etienne (une vieille histoire que cette lutte du païen et du chrétien, puisque cette même église, désaffectée, abritait voici encore peu de temps une école maternelle publique...). Selon Maurice de Laugardière (L'Eglise de Bourges avant Charlemagne, Paris-Bourges, 1951), cette implantation d'église faisait partie d'un vaste projet de l'archevêché de Bourges de construire un réseau de succursales de la cathédrale en différents lieux du diocèse. "En effet, écrit Armelle Querrien (in Argenton-sur-Creuse à la croisée de ses chemins, Editions du C-H-A, 2001), la répartition des églises Saint-Etienne, églises qui ont le même patron que la cathédrale de Bourges, quadrille le territoire du diocèse et coïncide avec les agglomérations protohistoriques et gallo-romaines et avec les grands carrefours routiers antiques. Ce réseau serait postérieur au décret de Valentinien III de 435 ordonnant de détruire les derniers temples païens et antérieur à 470 et aux persécutions des Wisigoths, adeptes de l'arianisme. L'église d'Argenton aurait donc été bâtie avant le passage de saint Yrieix. Elle a essaimé en trois lieux proches dont l'église a le même patron, Tendu, Bouesse et Velles, et peut-être plus loin, à Crozant, Eguzon et Cuzion." Il apparaît ainsi, et nous ne cesserons pas d'en découvrir de nouveaux exemples, que l'édification de la géographie sacrée se confond largement avec l'histoire de la sainteté chrétienne et de l'évangélisation des campagnes.
01 avril 2005 | Lien permanent
Les bien yvres sont de retour
« Sur le monde je porterai le regard clair prêté par l’aigle à Ganymède »
Jean Genet, Journal du voleur
Après un long intermède estival, retour donc avec l'automne sur les terres berrichonnes. Je m'étais arrêté sur la figure de Saint-Georges, figure hautement symbolique de cette géographie sacrée mêlant paganisme et christianisme. Que me reste-t-il à inventorier ? En ai-je fini avec la longue évocation du carré buissé ? Pas tout à fait, me semble-t-il. Il me faut revenir sur le point de départ de l'investigation en signe du Verseau, en appeler encore une fois à Rabelais. La boucle sera alors bouclée et nous pourrons passer au dernier signe de ce circuit zodiacal : les Poissons, qui couvre une des régions les plus fascinantes du Berry, totalement différente des autres territoires naturels qui composent la province, j'ai nommé la Brenne. A vrai dire, je l'ai déjà évoqué brièvement, avec l'étang du Bois-Secret, dont Doumayrou faisait le point central de l'une de ses grandes perspectives symboliques. On essaiera d'aller plus loin.
Souvenons-nous : Verseau convoquait Ganymède, l'échanson des dieux et il était donc question de boire, ce à quoi s'employaient gaiement les compagnons de Grangousier, les "bien yvres". On se souvient que l'accoucheuse de Gargantua est désignée comme étant une vieille de Saint-Genou : ceci me donnant le départ d'une longue enquête sur ce saint qui déboucha sur la découverte du carré buissé. Allons donc maintenant au centre même de ce carré. J'ai déjà dit que le village le plus proche était Buxières d'Aillac, mais il est possible de préciser encore en cherchant le toponyme le plus proche. Or, il semblerait que ce soit l'Entonnoir, entre l'Orme et le Châtaignier, non loin de la queue de l'étang de Brenne. Nous ne quittons pas le motif de la beuverie...
Car le mot même apparaît chez Rabelais, au chapitre V de Gargantua, justement dans "Les propos des bien yvres" :
"-Non moy, pecheur, sans soif, et, si non presente, pour le moins future, la prevenent comme entendez. Je boy pour la soif advenir. Je boy eternellement. Ce m'est eternité de beuverye, et beuverye de eternité.
-Chantons, beuvons, un motet entonnons ! Où est mon entonnoir?
-Quoy! Je ne boy que par procuration !"
On le retrouve aussi au dernier chapitre du Tiers-Livre :
"Ce que ie vous ay dict, est grand & admirable. Mais si vouliez vous hazarder de croire quelque aultre divinité de ce sacre Pantagruelion, ie la vous dirois. Croyez la ou non. Ce m'est tout un, me suffist vous avoir dict verité. Verité vous diray. Mais pour y entrer, car elle est d'accès assez scabreux & difficile, ie vous demande. Si i'avoys en ceste bouteille mis deux cotyles de vin, & une d'eau ensemble bien fort meslez, comment les demesleriez vous? comment les separeriez vous? de manière que vous me rendriez l'eau à part sans le vin, le vin sans l'eau, en mesure pareille que les y auroys mis. Aultrement. Si vos chartiers & nautonniers amenans pour la provision de vos maisons certain nombre de tonneaulx, pippes, & bussars de vin de Grave, d'Orleans, de Beaulne, de Myrevaulx, les avoient buffetez & beuz à demy, le reste emplissans d'eau, comme font les Limosins à belz esclotz, charroyans les vins d'Argenton, & Sangaultier: comment en housteriez vous l'eau entierement? comment les purifieriez vous? I'entends bien, vous me parlez d'un entonnoir de Lierre. Cela est escript. Il est vray & averé par mille experiences. Vous le sçaviez desià. Mais ceulx qui ne l'ont sceu & ne le veirent oncques, ne le croyroient possible. Passons oultre."(C'est moi qui souligne)
Remarquons qu'à la ligne du dessus, sont évoqués les vins d'Argenton et Sangautier (Saint-Gautier), autrement dits des cépages berrichons. Argenton, on le sçait desià, sur le parallèle de Neuvy Saint-Sépulchre, donc sa ligne équinoxiale, séparant Bélier de Poissons ; Saint-Gaultier, un peu en aval sur la Creuse, pratiquement sur le parallèle de l'Entonnoir. N'est-ce pas là aussi grand & admirable ?
22 septembre 2008 | Lien permanent | Commentaires (2)
Vers Poitiers, avec Henry de Monfreid
Lo departirs m'es aitan gries Del senhoratge de Peitieus * Guillaume Le Troubadour Prenons du champ. Quittons notre espace berrichon en mettant le cap à l'ouest. Suivons ce parallèle ombilical qui nous a déjà donné la chapelle de Verneuil et Argenton. Dans son sillage, nous épinglerons Ingrandes, qui précisément sépare le Berry du Poitou, l'ancienne civitas des Bituriges de celle des Pictones. Ce petit village bâti sur les bords de l'Anglin a été identifié comme l'antique Fines de la Table de Peutinger. Son nom actuel renferme le celtique randa, frontière. Ici s'installa en 1948 l'écrivain Henry de Monfreid. Dans sa maison des bords d'Anglin, non loin d'un petit musée à lui consacré, il écrivit nombre de ses ouvrages, allant jusqu'à déclarer dans son autobiographie "Le feu de Saint-Elme" que"Ce qu'on pourrait appeler mon oeuvre littéraire n'est autre que le récit de ma vie, écrit au jour le jour dans un présent absolu où les phases de mon existence se succèdent dans une apparente indépendance, comme autour d'un centre instantané de rotation". * Il m'est si pénible de quitter la seigneurie de Poitiers (cité dans l'anthologie Via Poitiers, une ville, des écrivains, des voyageurs, Atlantique/Le Torii, 1998)
05 avril 2005 | Lien permanent
Verneuil et point vernal
"A l'époque la plus ancienne, la Pythie, semble-t-il, ne prophétisait qu'une fois par an, le sept du mois de Bysios, jour du début du printemps, de passage du soleil au point vernal. Ce jour était à juste titre considéré comme l'anniversaire de la naissance du dieu." (Jean Richer, Delphes, Délos et Cumes, p.47) Argenton n'est point seule sur le passage au point vernal : à quelques kilomètres de là, une simple chapelle solitaire sise au beau milieu d'un pré l'a précédée. C'est la chapelle de Verneuil, du nom du hameau le plus proche, qui abritait jadis un prieuré dépendant de l'abbaye de Déols. L'étymologie est connue : Verneuil est la clairière de vergnes, d'aulnes. Certes, mais la proximité phonique avec vernal (du latin ver, printemps) est pour le moins troublante. Cette chapelle, mentionnée fort tôt, selon J.L Desplaces (Florilège de l'eau en Berry), mais rebâtie en 1810, est liée à une fontaine, dite Fontaine saint-Fiacre, située de l'autre côté de la route d'Argenton à La Châtre. Un pélerinage avait lieu le 1er mai et le dernier dimanche d'août. Je ne sais s'il a toujours lieu, en tout cas, quand j'ai visité le lieu voici quelques années, c'était plutôt un spectacle de désolation qui s' était offert à moi : tout était à l'abandon, la porte s'entrebaîllait sur une nef conchiée par les pigeons. Difficile d'imaginer qu'autrefois on venait réciter les Evangiles sur la tête des enfants dans un édifice décoré de fleurs et de plantes vertes, comme il se devait pour honorer la mémoire de Saint Fiacre, patron des jardiniers. Il y a lieu de s'interroger sur la raison du choix de saint Fiacre pour honorer ce lieu si modeste. Mon hypothèse est qu'il ne surgit pas ici par hasard, que son élection répond à des nécessités symboliques profondes. Que ce Fiacre soit fils de roi (d'Ecosse ou d'Irlande) comme le veut sa biographie n'est pas anodin : qu'un prince soit relié au principe, à l'axe inaugural de l'espace zodiacal, est tout à fait cohérent. Quittant sa terre natale et renonçant donc au trône, il passe en Gaule où il s'établit comme ermite en forêt de Breuil. Coluche de l'époque, il demande à son évêque de lui céder un bout de terrain qu'il pourrait cultiver, histoire de nourrir les nombreux pélerins miséreux qui affluent vers lui. Généreusement, l'évêque lui octroie la parcelle qu'il pourra entourer d'un fossé en une journée de travail. Laissant traîner son bâton derrière lui, Fiacre voit le sol se creuser et se défricher de lui-même. Cet arpentage est tout à fait significatif : Fiacre, pour délimiter son espace a forcément tracé avec son bâton une figure, circulaire ou rectangulaire peu importe, et la journée ici vaut pour une année. Au départ du zodiaque berrichon gît donc une histoire de construction d'un espace-temps singulier. Les légumes, plantes et fleurs dont Fiacre couvrira son domaine disent avec éloquence la vigueur végétative du printemps qui s'amorce avec le Bélier. On le représente traditionnellement tenant d'une main le livre ouvert des Evangiles, et de l'autre une bêche. Curieusement, mais il faudrait plutôt dire significativement, cette statue en pierre du XVIIe se trouve à Notre-Dame de Verneuil-sur-Avre.
24 mars 2005 | Lien permanent | Commentaires (3)
Eudes l'Ancien et le pentagramme
Complément d'information au sujet de la numismatique déoloise : le premier seigneur de Déols à ouvrir un atelier monétaire dans son donjon est Eudes dit Eudes l'Ancien. Ses pièces ne présentent pas encore le sceau de Salomon, mais une étoile à cinq pointes, un pentagramme. Or, c'est le même Eudes l'Ancien qui a grandement inspiré la fondation de la rotonde de Neuvy Saint-Sépulchre.
Frapper monnaie, édifier un monument en forme de réplique du tombeau du Christ, sont les signes d'une puissance manifeste. Eudes n'a pu y parvenir que parce qu'il avait réussi auparavant, dans cette première moitié du XIème siècle, à mettre sous sa coupe un certain nombre de territoires limitrophes : "C'est ainsi qu'il adjoint à sa chatellenie :
- le fief d'ARGENTON, au Sud, qui lui permet de contrôler la haute vallée de la Creuse ;
- la seigneurie d'ISSOUDUN, au Nord-Est, qui le met en contact avec le domaine royal ;
- les seigneuries de LA CHATRE et CHATEAUNEUF-sur-CHER, à l'Est.
La suprématie déoloise est donc assurée grâce au contrôle de toute la région comprise entre le Cher, la Gartempe et l'Anglin."
(Histoire de Châteauroux et de Déols (en coll. avec Jean-Noël Delétang, Michel Garraut, René Pêcherat et Jacques Tournaire), Coll. Histoire des Villes de France, Ed. Horvath, Roanne, 1981, p. 17.)
A ceci il faut ajouter qu'il avait participé au rétablissement de l'abbaye Saint-Ambroix de Bourges et fondé en 1013 le chapitre de Levroux. Toutes ces terres, nous l'avons vu, portent les traces d'une géographie sacrée.
Eudes de Déols que l'écolâtre de Poitiers, Hildegarde, recommandait à Fulbert de Chartres comme un "homme de grande sagesse", apparaît donc véritablement comme le grand ordonnateur de ce symbolisme sidéral.
Le pentagramme n'est-il pas le symbole majeur des pythagoriciens de l'Antiquité, qui y voyaient le signe de l'harmonie et de la perfection ?
12 avril 2007 | Lien permanent
Les Vergers du Ciel
Retour dans la blogosphère, et pas fier pour autant, car tout d'abord, du programme gaillardement annoncé dans la dernière note, il me faut bien avouer que je n'ai pas accompli l'ombre d'un début de commencement : Berque ? Dupront ? Toujours pas lus, toujours en souffrance dans le rayonnage des livres essentiels à lire impérativement... Le texte sur Glastonbury, le retour sur l'Homme Sauvage : procrastinés, oubliés, négligés. L'index, ah oui l'index, qui serait si commode, même pour moi : reporté à la Saint-Glinglin (son hagiographie reste à écrire, à celui-ci). Bon, le bilan n'est pas glorieux, mais c'est qu'en ces mois estivaux d'autres lectures se sont imposées, m'ouvrant d'autres horizons, parfois bien éloignées de la stricte géographie sacrée. Je me suis dispersé, éparpillé, et puis voilà, c'est l'automne et je vois bien qu'il faut que je me rassemble, que j'en termine avec cette circumambulation berrichonne. Une fin provisoire, je le sais déjà, j'ai mis seize ans à reprendre l'étude, 1989 – 2005, et peut-être qu'au bout de ce périple, j'en aurai ras le bol des symboles, des capricornes et des centaures, des taureaux et des verseaux. La différence, c'est que la chose ne dormira plus dans les tiroirs, elle se sera infusée dans l'imprévisible tissu de l'internet. Elle ne m'appartiendra plus complètement. Bien malin qui pourra dire ce qu'il en adviendra.
Avant d'en revenir à mon objet principal dans une note prochaine (la stratégie dilatoire a la peau dure...), j'ai le plus vif désir de vous conter la dernière coïncidence dont je fus le témoin, auditif en premier lieu.
Allant, le vendredi 8 septembre, en voiture d'Orsennes à Argenton, je tombe sur l'émission A voix nue, de France-Culture, où Sophie Naulleau reçoit pour le dernier jour Jean-Pierre Sicre, fondateur des éditions Phébus. J'avais déjà surpris une bribe d'entretien un des jours précédents et j'écoute avec plaisir cet amoureux des livres et du bon vin.
« Un regret, c'est de ne pas avoir publié un romancier que j'adorais immensément, qui était Christian Charrière qui avait publié ses meilleurs livres chez Fayard dans les années 70, et qui se trouve être à mes yeux le plus grand romancier des années 70, avec le Tournier de la bonne époque et un ou deux livres de Georges Walter (...) notamment ces sublimes Enfants d'Attila qu'adorait tant Vialatte, mais Christian Charrière s'était arrêté au début des années 80 d'écrire. J'avais réussi à le persuader (...) de revenir au roman après plus de vingt ans d'absence, et il est mort l'été dernier. Ça, c'est un grand regret. Restent les livres (...), notamment les sublimes Vergers du Ciel qui est pour moi un des grands livres de littérature de son époque. »
Je ne connais pas George Walter, mais je me souvenais encore de la Forêt d'Iscambe de Christian Charrière, lu dans les années 80, cette pérégrination dans une France recouverte par la jungle et où les héros prenaient les vestiges des stations-service pour des temples dédiés au dieu Antar et à la déesse Shell... Là-dessus, j'arrive - aux alentours de midi – à Argenton-sur-Creuse où j'ai coutume de hanter à cette heure-ci la Maison de la Presse. Presque en face, de l'autre côté de la rue, une petite librairie étroite et peu avenante a disposé sur le trottoir deux étals de bouquins d'occasion. N'ayant point trouvé pitance à la Maison de la Presse, je traverse à tout hasard. Surprise, parmi la petite cinquantaine de volumes qui s'offrent là, défraîchis, jaunis, à vrai dire peu ragoûtants, je remarque Les Vergers du Ciel, encore adorné du bandeau Christian Charrière... L'édition originale de 1975. Ce n'est pas tout, trois ouvrages plus loin, que vois-je ? Les Enfants d'Attila, de Georges Walter. Les deux livres que Sicre vient de citer il y a quelques minutes... Pour la bagatelle de six euros, je m'en rends possesseur.
Cela sonne bien sûr comme un signe, un appel. C'est comme si des puissances tutélaires vous accordaient une grâce soudaine. Maintenant, quel sens donner à cette rencontre ? Je me dis que peut-être un de ces livres va m'apporter un enseignement essentiel. Rien n'est moins sûr. Pourtant, peu de temps après, j'abandonne mes autres lectures en cours pour Les Vergers du Ciel. Au départ, je suis séduit par l'écriture, le lyrisme de la phrase, les images riches et nombreuses, même si l'intrigue m'indiffère, voire m'ennuie. Mais je reconnais que ces vergers perchés au sommet de la ville, qui laissent choir leurs fruits de lumière sur les maisons en contrebas et la rivière ombreuse, exhalent une réelle poésie. Je vais donc dans ma lecture comme un orpailleur à la recherche de la pépite. Mais la quête s'avère vaine, ou je ne sais pas voir. Plus l'histoire avance et moins j'y adhère ; certaines figures de style me semblent trop récurrentes et surtout je me fatigue de cette thématique de l'ombre et de la lumière infiniment ressassée, au point de presque faire système. Et je crois comprendre pourquoi Charrière a abandonné le roman pour se consacrer à des essais de spiritualité, de symbologie et d'interprétation des rêves. Quelque chose de desséchant est en germe dans cette fiction, une sorte de vision jungienne trop univoque. Au bout du compte, je laisse tomber, je rends les armes à la moitié du livre. Non sans quelque remords, mais je n'en pouvais plus.
Tout ça pour ça ? Cette belle coïncidence pour ce lâchage final ? Cela pose question, en effet. Pourtant, examinons l'affaire de plus belle. Il y a matière à glose : c'est à Argenton, placé sur l'axe équinoxial, au départ du circuit zodiacal, que j'ai trouvé le livre. Equinoxe, équilibre de l'ombre et de la lumière qui trouve place fin septembre. Or, je l'apprendrai un peu plus tard sur un site web, c'est le 11 septembre 2005 que Christian Charrière a rendu l'âme. La maison Phébus, de Jean-Pierre Sicre, tire, elle, son nom du dieu solaire, apparenté à Apollon.
Mais nous sommes souvent devant les coïncidences comme des spectateurs stupéfiés ne sachant que penser de ce qui nous frappe, de ce qui nous étonne au sens presque étymologique du terme. Ce sont de petits récits qui nous laissent interdits, nous laissent juste entrevoir un ordre caché du monde, et je repense en écrivant ceci à ces lignes de J.B. Pontalis lus ce soir-même :
« Anton Ehrenzweig a parlé d’un « ordre caché de l’art ». L’ordre visible, je n’en veux pas. J’y vois l’ombre de la mort. Le chaos m’angoisse. Ce que je cherche dans l’art et d’abord dans la psychanalyse, c’est l’ordre caché dont personne ne peut se prévaloir d’être le maître. Un ordre qui, loin de lutter contre le désordre, ne fait qu’un avec lui. »
Mais je pense encore que je n'ai pas encore lu, ni même exploré sommairement Les Enfants d'Attila, l'autre livre. Et que peut-être...
23 septembre 2006 | Lien permanent | Commentaires (3)
Denis Gaulois (16) : La biche et le sanglier
Après quoi, il pria le patriarche Ursin de venir prêcher dans son canton, ce qu'il fit, et plusieurs rentrèrent dans la loi de Dieu ; il les baptiza. Il allait souvent avec Léocade voir le père Gaulois."
La fondation par Léocade de l'église Saint-Etienne, à l'instigation de Ludre rappelant la promesse faite à Ursin, est à mettre en relation avec la présence en cet édifice du sarcophage de saint Ludre. Je l'ai déjà mentionné plusieurs fois : ce monument funéraire présente un décor qui n'a rien de chrétien avec ses thèmes directement inspirés de la mythologie grecque. Brigitte Rochet-Lucas (Rites et Traditions populaires en Bas-Berry, 1980, p. 162) y reconnaît, outre des scènes de chasse et de repas, Hercule et la biche du Mont Cérynie, Méléagre et le sanglier de Cérydon.
Or Jean Richer, mettant en relation, dans sa Géographie Sacrée du Monde Grec, les signes zodiacaux avec les travaux d'Héraklès, associe précisément le troisième travail - la capture de la biche de Cérynie - avec le signe du Capricorne (auquel, faut-il le rappeler, appartient Déols dans le système neuvicien). La biche est en effet associée à la direction du nord : dans la légende, elle court jusqu'au pays des Hyperboréens pour échapper au héros. De plus, comme tout cervidé, elle est consacrée à Artémis, dont le pays des Hyperboréens est précisément la résidence principale.
Héraclès et la capture de la biche de Cérynie,
amphore attique à figures noires, v. 530–520 av. J.-C., musée du Louvre
(photo Jastrow)
Ce qu'il est intéressant de relever dans l'article de Wikipédia consacré à la biche de Cérynie, c'est qu'une "version contradictoire et isolée d'Euripide raconte que la Biche, de taille gigantesque, vivait dans les bois d'Oenoé, en Argolide et ravageait les récoltes. Héraclès la tua et consacra les bois de l'animal dans le temple d'Artémis Oenoatis afin de se concilier avec la déesse."
Un animal vivant dans les bois et ravageant les récoltes : ceci rappelle furieusement les bêtes féroces de la légende de Denis Gaulois. L'auteur se serait-il inspiré de l'iconographie du sarcophage ? Un autre indice fort m'incite à le penser : la nature même d'Artémis, son mode de vie, la rapproche étrangement du "père Gaulois", vivant dans la familiarité de ses bêtes sauvages, licornes sans cornes, effrayantes montures :
"Coureuse des bois, sauvageonne insoumise et fière, Artémis appartient avant tout au monde sauvage. Seule parmi les dieux, à l'exception de Dionysos, elle est constamment entourée d'une troupe d'animaux sauvages, d'où son épiclèse Ἡγημόνη / de Hêgêmónê, « la Conductrice ». Elle est aussi à la tête d'une troupe de nymphes (20 nymphes du mont Amnios, selon Callimaque) et de jeunes mortelles, qu'elle mène à travers les forêts. L'Iliade en parle comme de « l'agreste Artémis (...), la dame des fauves » (XXI, 470).
Surnommée la « Bruyante » (Κελαδεινή / Keladeinế), elle mène sa meute et les pousse de la voix. Artémis possède en effet le double visage de la compagne des animaux sauvages, et de la chasseresse. La biche symbolise bien son ambivalence : la bête est sa compagne favorite, et de nombreuses représentations la montrent à son côté. Néanmoins, Artémis est aussi celle qui est réputée poursuivre de ses flèches cerfs et biches, même si peu de textes l'attestent."
Méléagre et le sanglier de Calydon, probable copie
d'après Scopas (IVe siècle av. J.-C.), musée Pio-Clementino
(Photo Jastrow)
Qu'en est-il maintenant de Méléagre et du sanglier de Calydon ?
Une nouvelle fois -la coïncidence est tout de même étonnante - il s'agit d'un animal monstrueux qui ravage des récoltes, en l'occurrence un sanglier envoyé par Artémis, encore elle, dans les vignes du royaume de Calydon pour se venger du roi Oenée qui avait négligé de sacrifier en son honneur. C'est Méléagre , le fils d'Oenée, qui abat l'animal, suscitant la fureur d'Artémis.
Or, écrit encore Jean Richer, le "sanglier semble un véritable doublet de l'ourse et chaque fois qu'il apparaît sur des monnaies avec ou sans ailes, c'est avec une signification polaire (ou bien associé au solstice d'hiver). C'est ainsi qu'on trouve des protomés de sanglier sur les monnaies de Clazomènes, ville tournée vers le nord, de Ialysos, située au nord de l'île de Rhodes. (...)
L'équivalence ourse-sanglier repose peut-être sur un jeu de mots (...). Dans d'autres langues indo-européennes, l'équivalence linguistique est plus apparente (latin : ursus-us). En anglais, le même mot (bear-boar) désigne les deux animaux.
Rappelons, d'autre part, qu'aussi bien dans la légende d'Adonis que dans celle de Méléagre, Artémis l'hyperboréenne, suscite un sanglier meurtrier. A Patras, on sacrifiait à Artémis des oursons et des sangliers, avec d'autres bêtes sauvages." (op.cit. p. 82-83)
Nous sommes donc en présence d'une thématique polaire extrêmement cohérente qui fait correspondre Déols avec la géographie sacrée du monde grec, ainsi que nous l'avions déjà entrevu avec le nom même de Léocade, associé à Leucade, origine du zodiaque, point vernal du systéme delphique.
Nous retrouvons un semblable lien entre Bélier et Capricorne, le point vernal et le solstice d'hiver, avec la cité d'Argenton, qui porte au coeur de son blason (en héraldique son abyme), les armes de la maison de Déols. Qui plus est, la direction du soleil levant au solstice d'hiver mené depuis cette ville désigne le village de Montchevrier (ancien Monte Capriri).
Argenton et ses directions solsticiales
17 avril 2007 | Lien permanent | Commentaires (1)
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