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Rechercher : Déols

Où l'on retrouve Saint Léonard

L'une des particularités de Lourouer Saint-Laurent était, nous l'avons vu, de mettre en scène des saints peu familiers de la terre berrichonne, à savoir les saints limousins Pardoux et Goussaud. Le triangle de l'eau, dont Lourouer est l'un des pôles, nous a conduits vers cette province à travers l'examen du méridien d'un autre pôle : Lourdoueix Saint-Pierre. Limousin, pays des ermites et des prédicateurs, pays d'origine de l'orfèvre Eloi, où encore aujourd'hui se perpétuent des dévotions évanouies partout ailleurs, comme les fameuses ostensions septennales, où l'on ouvre châsses et tombeaux pour en extraire les reliques et les porter en procession dans les rues.« Tous, est-il écrit sur le site du diocèse de Limoges, personnalités civiles, religieuses ou militaires, mais surtout le « peuple limousin », sont invités à se mettre en route à la suite de leurs saints pour implorer le ciel. Il y a dans cette manifestation rencontre de l’Église et de la cité par l’intermédiaire des saints, rencontre du ciel et de la terre. »

Léonard est l'un de ces grands saints limousins. J'ai longuement évoqué sa légende en arpentant les terres de Lion. Le moins que l'on puisse dire c'est qu'il n'a pas déclenché la même ferveur en Berry. Jean-Louis Desplaces signale qu'une seule fontaine lui est consacrée. Encore une fois c'est une rareté qui doit nous interpeller, cet « hapax » sacral a visiblement quelque chose à nous dire. Il suffit d'examiner sa situation. En effet, la fontaine Saint-Léonard repérée par Desplaces se trouve au hameau de Trisset, sur la commune de Tranzault. Hameau très précisément localisé sur la base du triangle de l'eau, à savoir l'axe Lourouer-Mosnay.

 

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 Fontaine Saint-Léonard

La fontaine est près de la dernière maison du village. « Elle se présente sous la forme d'un puits de 80 cm de hauteur et 1 m de diamètre. Une statue de 40 cm décapitée semble bien figurer un moine, son vêtement est plissé ; il porte medium_leonard-trisset.jpgune corde à sa ceinture. » Jean-Louis Desplaces affirme ensuite qu'on serait venu autrefois en procession à la fontaine, saint Léonard ayant été considéré comme le patron des vieux garçons qui le priaient à Tranzault d'abréger leur célibat. Par ailleurs, une chapelle, dont aucune trace ne subsiste, aurait existé à Trisset. Sainte Geneviève y aurait été honorée.

Sainte Geneviève qui est également la patronne secondaire, avec sainte Solange, de la paroisse de Tranzault, dont le titulaire est saint Pierre. Détail qui me paraît essentiel : Desplaces écrit que la paroisse était sous le patronage du roi. Encore une rareté qui mérite examen : on saisit mal à quel titre cet humble village, qui n'abritait qu'un prieuré dépendant de Déols, méritait un si noble rattachement. Il n'est pas sans doute pas indifférent à cet égard que Tranzault soit situé sur le grand axe Neuvy-Bourges (mais je me réserve de revenir plus amplement sur ce point dans l'étude de Scorpion). Et je rappelerai aussi que Léonard est le premier saint de la Couronne de France, selon les termes du R.P. Bernardin, prieur des Carmes Déchaussés de Limoges, en 1673.

 

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Fontaine Sainte-Geneviève
(mais la statue est celle de sainte solange)

Il n'est pas anodin non plus que ce soit sainte Geneviève qui soit honorée ici. On sait son lien légendaire avec Paris. Une autre fontaine lui est consacrée, route de Neuvy justement, « à 250 mètres de l'église à vol d'oiseau ». Là aussi, une procession était organisée, qui n'a plus cours de nos jours. Un curé signale encore une guérison miraculeuse en 1933, mais cela n'a pas suffi à enrayer le déclin des pratiques.

Aujourd'hui Tranzault est moins connu pour ses fontaines que pour sa foire aux potirons et légumes rares, créée en 1987, et qui a toujours lieu le second dimanche d'octobre. C'est la fête colorée du cucurbitacée, la grande nouba des citrouilles.

 

 

 

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09 novembre 2005 | Lien permanent | Commentaires (1)

Denis Gaulois (12) : De l'influence des druides

Tentons de résumer : l'analyse de la tradition (reprise dans la légende de Denis Gaulois) faisant remonter l'établissement des chrétiens à Bourges à un certain Léocade a fait émerger une constellation symbolique exaltant la blancheur et la lumière, en relation avec Leucade, haut-lieu de la géographie sacrée du monde grec (Jean Richer, 1967). Ce fait qui ne m'est apparu que lors de ma dernière  recherche  me porte à une nouvelle hypothèse au sujet de la généalogie des systèmes symboliques : en effet, jusque-là, j'avais tendance à penser qu'une première géographie sacrée celtique, non géométrisée, principalement organisée autour des rivières (Bouzanne, Arnon) avait précédé la géographie sacrée zodiacale, avec ses douze signes et son omphalos basé à Neuvy Saint-Sépulchre.


 

medium_brunaux.jpgOr, il ne me semble plus impossible que déjà, à l'époque gauloise, une géographie sacrée zodiacale similaire à celle qui existait en Grèce ait pu être élaborée. La lecture, elle aussi toute récente du livre de Jean-Louis Brunaux, Les Druides, sous-titré Des philosophes chez les barbares (Seuil, 2006), me conforte dans cette vue. L'auteur, archéologue et chercheur au CNRS, y procède à une relecture critique des rares documents écrits que nous possédons sur les Druides. Et c'est peu dire que, bousculant les conceptions pseudo-ésotériques qui foisonnent encore de nos jours, il renouvelle très largement la vision que nous avions de ces énigmatiques personnages. Mettant en évidence les liens étroits qu'ils auraient eu avec les Pythagoriciens grecs, il montre que, plus que des prêtres et des devins, les druides auraient été avant tout des philosophes et des savants :

« C'est, à coup sûr, dans le domaine de la science proprement dit qu'ils se sont imposé comme des êtres supérieurs et surtout comme les rouages indispensables au bon fonctionnement des communautés auxquelles ils appartenaient. Leur domaine de prédilection, en tout cas celui qui remonte le plus loin dans le temps, est l'astronomie avec toutes ses applications à la vie quotidienne. Elle est la seule science dont les auteurs anciens nous apprennent tout à fait explicitement qu'elle était non seulement régulièrement pratiquée par eux, mais qu'elle était l'une de leurs préoccupations primordiales : « Les druides dissertent abondamment sur les astres et leur mouvement, sur la grandeur de l'univers et sur celle de la terre [...] et ils transmettent ces connaissances à la jeunesse. » Comme l'exprime avec précision, quoique sous une forme ramassée, cette phrase de César, l'observation du ciel et des astres entrait dans une série de spéculations plus vastes qui comprenaient aussi des interrogations sur la nature et la forme de la terre et plus largement encore de tout l'univers. En cela, ils ne différaient guère des premiers penseurs grecs, les Présocratiques puis les Pythagoriciens, pour lesquels l'astronomie était à la fois un domaine de recherche propre et un instrument pour comprendre des phénomènes plus généraux (la nature et l'origine de la matière) ou particuliers (la nature et la forme de l'astre sur lequel nous vivons, la géographie de la Terre).(p. 260) » (C'est moi qui souligne)


A l'époque de la conquête romaine, Jean-Louis Brunaux montre que les druides avaient déjà perdu une grande partie de leur pouvoir sur la société celtique (le seul druide mentionné nommément dans la Guerre des Gaules, l'éduen Diviciac, ne correspond lui-même plus vraiment à la définition canonique du druide), mais il fait remonter très haut dans le temps leur emprise : ainsi considère-t-il que les druides, « depuis le Ve siècle av. J.-C., et peut-être sous l'influence des courants d'idées pythagoriciens, étaient devenus des maîtres de la géométrie. (p. 263) »

Géométrie et astronomie trouvaient leurs applications les plus cruciales en matière de culte :

« Depuis les temps les plus anciens, les hommes étaient persuadés que, pour rendre efficaces les cérémonies religieuses, il fallait les mettre en accord avec l'univers et ses éléments les plus proches des hommes, le ciel et les astres. Sacrifices, offrandes, banquets se déroulaient à des dates déterminées par la révolution du soleil, celle de la lune et la position de quelques étoiles. L'établissement de quelques lieux de culte fixes, destinés à durer toujours, nécessité un plus grand respect encore de l'harmonie entre les créations des hommes sur la terre et l'univers immédiat. On orienta les enceintes vers le soleil levant en se basant sur des événements remarquables comme le solstice. Parfois on procéda même à des doubles orientations, de l'enceinte tout d'abord dont chaque côté fait face à un point cardinal, ensuite de l'autel et du porche d'entrée dont l'alignement est aussi celui du solstice d'été. Cette mise en place des éléments architecturaux en fonction de réalités célestes nécessitait force calculs et de réelles capacités en géométrie.(p. 261) » (C'est moi qui souligne)


Bourges et Déols n'ont-ils pas été de ces lieux sacrés, accordés aux conjonctures célestes, dont toute trace des sanctuaires celtiques a sans doute disparu, mais dont le souvenir a été préservé dans les légendes, orales tout d'abord, puis partiellement transcrites, par exemple dans les écrits de Grégoire de Tours, jusqu'à cet ultime témoignage voilé par la fantaisie qu'est la fable de Denis Gaulois ?



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30 novembre 2006 | Lien permanent | Commentaires (11)

Denis Gaulois (11) : Léocade et la lumière

GUIDO : Je pensais que vous voulussiez donner jusques à Saint-Denis et parler de frère Jérôme, qui cherchait la pierre à casser les oeufs.

ALAIN : Qu'est-ce à dire ?

VIVÈS : Vous le saurez tantôt. Ce moine, pour le dire plus gaiement, cherchait la pierre philosophale et était parisien – et de fait, j'ai été en beaucoup de lieux et plages du monde habitable philosophique, et je ne vis jamais en aucun endroit tant de Parisiens qu'à Paris. (...)

Béroalde de Verville (Le Moyen de parvenir, Folio Gallimard, p. 91)


« Ursin, écrit Mgr Villepelet, fut ordonné évêque par les disciples des Apôtres, qui l'envoyèrent dans les Gaules ; il atteignit bientôt la ville des Bituriges, où il prêcha aux habitants Jésus-Christ Notre-Seigneur, salut du monde. » Grégoire de Tours n'en dit pas plus sur le rôle d'Ursin dans le devenir de la communauté qu'il fonde. En effet, s'il déclare que les nouveaux convertis cherchent une maison pour établir leur église, il ne précise pas qu' Ursin mène cette quête. Quête qui, devant l'obstruction des sénateurs et autres grands personnages de la ville restant « très attachés au culte des faux dieux », conduit ces pauvres gens jusqu'à Lyon où réside Léocade, le premier sénateur des Gaules. Contre toute attente – l'homme étant encore païen – il donne sa maison de Bourges, refusant même les trois cents pièces d'or et le plat d'argent que les chrétiens lui proposent en échange, plus précisément, n'en prenant que trois, « par déférence ». Peu après, il abjure l'idolâtrie « où il était encore plongé » et se fait baptiser avec son fils Ludre. Son palais devient église, qu'on enrichit des reliques de saint Etienne. Grégoire de Tours ne reparle d'Ursin que pour signaler qu'à sa mort « son corps fut enseveli près de la ville, dans un champ où, quelques siècles plus tard, il fut retrouvé dans un état de parfaite conservation. »

Mgr Villepelet considère que bien que Grégoire de Tours ait écrit environ trois siècles après les faits, on peut néanmoins accepter son témoignage comme digne de foi ( au contraire des Acta Sancta Ursini, selon lesquels saint Ursin aurait été un des soixante-douze disciples de Jésus, peut-être même Nathanaël, et aurait même assisté à la Cène). Je suis bien sûr plus sceptique. Avec trois cents pièces d'or, les chrétiens ne pouvaient-ils acheter ou faire bâtir une église ? Comment pouvaient-ils espérer être même reçus par un haut dignitaire encore fidèle à la religion romaine ? Improbable voyage, improbable conversion que nul événement ne provoque. Ne faut-il pas plutôt lire ce passage de Grégoire de Tours comme un mythe justifiable d'une interprétation symbolique ?

Je m'interroge tout d'abord sur ce nom : Léocade. Quelle en est l'étymologie ? Et bien Léocade, si l'on en croit ce site, renvoie à Leukada, autrement dit Leucade, nom d'une île de l'archipel des Ioniennes, sur la côte occidentale de la Grèce. Or, j'ai déjà traité de Leucade en une précédente note sur Henri de Monfreid. Qu'on me permette de me citer un peu longuement :

« "Le point initial du cycle, en relation avec l'équinoxe de printemps et correspondant symboliquement au point vernal, tombait dans la mer Ionienne juste en avant du saut de Leucade. Il était donc commode, pour la lecture ultérieure de la figure, de tracer un cercle ayant pour rayon la distance Delphes-Leucade et de le diviser en douze parties égales à partir du point que nous venons d'indiquer." (Géographie Sacrée du Monde Grec, Guy Trédaniel, 1983, p.37). Jean Richer cite le géographe grec Strabon qui signale que, de son temps, chaque année le jour de la fête d'Apollon, un criminel était précipité du haut du rocher de Leucade. "Des plumes étaient collées sur son corps et on l'attachait même à des volatiles vivantes pour ralentir sa chute. Il était gracié s'il sortait vivant de l'eau."

De même, dans la roue zodiacale centrée sur Sardes, en Anatolie, la localité située à la latitude de Sardes se nomme Leuca. Un autre cap du même nom, à la pointe sud-est de la Calabre, au Promontoire Iapygium Sallentinum, "semble avoir été considéré, au moins à un certain moment, comme une sorte de relais jouant le même rôle symbolique que Leucade et avoir donc été mis en relation avec le point vernal."(Géographie Sacrée dans le Monde Romain, Guy Trédaniel, 1985, p.66). Le nom même de Leucade est apparenté à celui de la blancheur (leukè) et de la Lumière (lycos). » 


Que Léocade soit issu de Lyon n'est sans doute pas non plus sans signification : l'antique Lugdunum tiendrait son nom « de Lug, dieu suprême de la mythologie celtique, auquel un autel aurait été consacré sur l'actuelle colline de Fourvière, et du mot dun (" forteresse ", " colline "). On avance aussi le terme lukos qui signifie " le corbeau ", animal annonciateur de la présence de Lug, dans la mythologie. Une autre théorie sur le nom de la ville avance que le mot lug pourrait avoir le même sens que le mot latin lux (lumière). Le nom de la ville signifierait ainsi "Colline éclairée". Les deux interprétations ne sont d'ailleurs pas très éloignées, Lug étant une divinité solaire et de la lumière... » (Article Wikipedia corroboré, par exemple, par cette page du blog Accord-Philo

 

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Que le fils de Léocade se nomme Ludre est un autre indice remarquable : Ludre est en effet la traduction populaire du latin Lusor, où la racine lux se laisse lire avec évidence. En occitan existe encore le mot lusor qui signifie lueur : L'alba es la primièra lusor del jorn que pareis a l'asuèlh, just al moment quand lo solelh es en vam de se levar (L'aube est la première lueur du jour qui paraît à l'horizon, juste au moment où le soleil est sur le point de se lever). 

C'est dans le juste prolongement de ce symbolisme de la lumière naissante que la tradition rapporte que saint Ludre mourut encore vêtu de la robe blanche des néophytes. Il n'est jusqu'à son sépulcre à Déols à n'être pas sans raison en marbre de Paros : cette pierre, dont on usa pour la Vénus de Milo ou la Victoire de Samothrace, étant d'une blancheur éclatante.


Énée se tenait droit, resplendissant dans la claire lumière ;

il avait le visage et les épaules d'un dieu ; car sa mère en personne  

avait insufflé à son fils une chevelure magnifique, l'éclat vermeil

de la jeunesse et elle avait empli ses yeux d'une grâce charmante :

comme lorsque des mains artistes rehaussent la beauté de l'ivoire,

ou lorsque l'argent ou le marbre de Paros se parent d'or.

Enéide (1, 588-593) 


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25 novembre 2006 | Lien permanent | Commentaires (1)

La sérendipité et les otages

Savez-vous ce qu'est la sérendipité ? Ce mot, francisation de l'anglais serendipity inventé par Horace Walpole en 1754, désigne le phénomène par lequel on fait la  découverte fortuite d'informations qu'on ne cherchait pas exactement. La plupart du temps, on cherchait même autre chose et puis voilà qu'au détour d'une page on tombe soudain sur un passage qui fait profondément sens pour nous. La recherche sur le web a multiplié les occasions de sérendipité, et je dois dire que nombre des notes de ce site sont redevables à de semblables trouvailles.

C'est ce qui s'est passé récemment alors que j'étais en quête d'un article ancien. Parvenu sur la page de Wikipédia consacrée à la ville de Culan, je suis tombé en arrêt devant la mention de Louis de Culan, personnage que je ne connaissais encore pas. Baron de Châteauneuf sur Cher,  amiral de France, compagnon de Jeanne d'Arc et du roi Charles VII, commandant  en second de l'armée du roi lors du siège d'Orléans, il fut l'un des quatre "otages de la Sainte-Ampoule“ lors du sacre à Reims. "Quatre seigneurs devaient en effet escorter la "Sainte-Ampoule" entre l'abbaye de Saint-Rémi où elle était gardée depuis le IVe siècle jusqu'à la cathédrale de Reims, lieu du sacre du roi de France. Les seigneurs devaient défendre jusqu'à la mort — d'où le nom d'otages — le saint-Chrême contenu dans une fiole de cristal (ampoule) qui avait déjà servi pour le sacre de Clovis par Saint-Rémi. Être "otage de la Sainte Ampoule" était donc un honneur considérable qui permettait le jour du sacre d'entrer à cheval dans la cathédrale pour remettre cette "ampoule" en forme de colombe à l'archevêque. Aux côtés de Louis de Culant, étaient "otages" pour le sacre du Charles VII : le maréchal Jean de Brosse, seigneur de Boussac et de Sainte-Sévère : Gilles de Laval, baron de Rais; et Jean Malet seigneur de Graville."

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Alors que je venais d'écrire ma note sur les liens qui avaient perduré entre Berry et Ile-de-France, cela venait singulièrement apporter de l'eau à mon moulin. Le roi Charles VII qui s'était retiré à Bourges quand les Bourguignons avaient mis main basse sur Paris (ce qui lui avait valu l'appellation péjorative de "roi de Bourges") semble choisir,  pour la cérémonie la plus importante qui soit, des seigneurs qui ont un lien très fort avec la géographie sacrée du pagus bituricus.


J'ai déjà montré la place de Culan dans la géographie sacrée celtique, articulée sur les rivières Arnon et Bouzanne. Il faut savoir aussi qu'il existait depuis le XIIe siècle un prieuré dépendant de l'abbaye de Déols au lieu-dit “Prahas” qui a servi d'église paroissiale jusqu'en 1630. À cette date, c'est une vieille connaissance, le prince de Condé, qui obtient de l'évêque que la chapelle du château devienne église paroissiale de Culan.

Voyons maintenant Jean de Brosse : Seigneur de Boussac et de Sainte-Sévère, nous l'avons déjà croisé en Gémeaux où, compagnon de Jeanne d'Arc, il est réputé l'avoir accompagné à la chapelle du  Mas Saint-Jean, près de Dun-le-Palestel dans la Marche.

Observons aussi que Boussac se trouve sur le méridien de Toulx Sainte-Croix en même temps que  Mehun sur Yèvre, où Charles VII fut proclamé roi et où il mourut le 22 juillet 1461, fait que j'ai mentionné  dans ma note du 31 juillet 2005 sur le cheval Mallet, écrite pour rendre compte de la concentration de lieux Mallet ou Malleret autour de cet axe polaire de Toulx. Il n'est peut-être pas fortuit de voir Jean Malet, seigneur de Graville, comme troisième otage du Saint-Chrème. Ce n'est pas cependant un seigneur berrichon : ultime défenseur de la Normandie, il fut nommé Grand Maître des Arbalétriers en 1425, une charge créée soit dit en passant  par Saint-Louis.

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Reste Gilles de Rais, à la sinistre réputation. Pas un berrichon lui non plus. Là, je dois avouer que sa relation avec la géographie sacrée ne m'apparaît pas encore clairement, si tant est qu'il y en ait une.


En tout cas, derrière les otages de la Sainte-Ampoule, venait l'escorte de l'épée royale tenue par le Connétable de France. Mais celui-ci étant en disgrâce, c'est Charles d'Albret, lui-même fils et gendre de connétable, neveu du grand chambellan La Trémoïlle, qui reçut l'honneur de porter l'épée royale. Or Charles d'Albret, comte de Dreux,  était aussi seigneur d’Orval, de Montrond (actuellement Saint-Amand-Montrond), Bois-Belle (actuellement Henrichemont) et la Chapelle d’Angillon, localités toutes berrichonnes.

Enfin venaient les douze pairs
qui ne sont pas bien sûr sans faire penser aux douze signes du zodiaque : "L'imposition de la couronne par l'archevêque met en jeu la collaboration à la sacralisation royale des douze pairs - héritage de la légende de Charlemagne -  qui fait participer au rite royal six évêques et six grands seigneurs laïcs par un geste d'intégration de l'aristocratie ecclésiastique et laïque." (Jacques Le Goff, Saint-Louis, p.831)

Parmi ces douze pairs, notons Raoul de Gaucourt, capitaine d' Orléans, originaire du Nord de la France, qui  prendra possession à la même époque de la terre de Cluis-Dessous.

 

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14 mars 2007 | Lien permanent | Commentaires (4)

Denis Gaulois (4) : Bois sans pousser feuilles

Après avoir affronté les Anglois et la canicule, Denis Gaulois se voit infliger l'année suivante une nouvelle épreuve :

Il avoit cent onze ans. En ce temps-là, les terres de ses cantons vinrent stériles, bois sans pousser feuilles. Les habitants mouroient faute de vivres. Il leur donna grande partie de ses grains qu'il avoit cueillis, pour les faire subsister. Il étoit fort étonné ; mais il le fut davantage, lorsque les animaux de ses forêts ne trouvant plus de quoi vivre, firent un tel ravage dans ses cantons malgré le secours de ses habitants qu'il conduisoit pour les détruire, que, tout bien armés qu'ils étoient, ils manquoient à tout dévorer, hommes, femmes, bestiaux....

Une nouvelle fois les animaux sauvages sortent du bois et Denis a bien du mal ici à les contenir. Cette stérilité qui frappe ces cantons nous remet en mémoire les mythes de fécondité, la terre gaste entrevue avec l'étude de Vatan.

 Ce bois sans feuilles nous évoque également l'Homme sauvage, l'Homme à l'écot des demeures philosophales (on lira avec profit le récent article d'Archer consacré à cette figure représentée sur le poteau cornier du manoir de la Salamandre à Lisieux).

 

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Et voilà que Denis Gaulois se trouve fort dépourvu. Tel Job sur son tas de fumier, il s'interroge sur le soutien céleste :

« Denis Gaulois croyoit pour lors que Dieu ne le connaissoit plus. Il dit à ses habitants : J'ai fait mon devoir comme j'ai cru devoir le faire et je vous ai dit de faire comme moi ; les moines n'ont jamais manqué dans mes chapelles ; s'il y a quelques uns d'entre eux qui n'aient pas fait leur devoir, qu'ils me le disent ; mais comme aucun ne lui répondit, si non que de lui dire : Nous avons suivi ce que vous nous avez ordonné ; pour lors il ne savoit que penser ; il poussoit de longs soupirs vers le ciel à chaque moment et demandoit à Dieu du secours. »

Le secours vient peu après d'un « homme qu'il ne connaissoit point, qui lui dit : Père, vous êtes en peine ; les animaux vous font la guerre ; c'est que Dieu veut vous donner un successeur ; il est à Bourges ; il a beaucoup de monde avec lui ; c'est un grand chasseur ; il se nomme Léocade ; il faut le demander.- Il résolut d'y aller lui-même avec deux de ses amis. Il monta sur un de ses animaux qu'il avoit apprivoisés, et laissa les autres à la garde de ses gens. » (C'est moi qui souligne)

C'est encore à Grégoire de Tours que le conteur a emprunté : Léocade est cité dans Historia Francorum, L. I, ch.XXXI et De gloria confessorum, ch. XCII. Donné comme un des premiers sénateurs des Gaules, il aurait accordé à des chrétiens venus le voir à Lyon sa maison de Bourges afin qu'elle soit transformée en église. Converti lui-même, « il voulut être inhumé, écrit Mgr Villepelet, dans un sarcophage de pierre, tout près du tombeau en marbre de son fils saint Ludre, dans la crypte de Déols. »


Un sceau1 du Chapitre de Bourges, daté du XIIIe siècle, représente saint Léocade : « Le Chapitre de Bourges considérait en effet Léocade comme son fondateur ou du moins son grand bienfaiteur. La figure, dit M. Hubert2, ne cessera de grandir avec les siècles : le sénateur devient un personnage fabuleux qui aurait possédé toute une partie de la Gaule au sud de la Loire et les diverses puissances qui essaient au XIIe siècle de jouer un rôle politique vont se réclamer de lui à des titres divers ; les moines de saint Martial, pour prouver qu'ils en étaient eux aussi les héritiers, vont même créer la légende de sainte Valérie. »


Il est frappant de constater que cinq siècles plus tard l'on continue de se réclamer de Léocade. Mieux, la relation entre Léocade et Limoges, terre d'élection de saint Martial, se retrouve finalement dans le rapport très étroit de Condé et de la famille Laubépine, dont on a vu l'autre jour qu'elle avait charge épiscopale à Limoges, avant que de faire construire hôtel à Bourges.

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1A propos de sceau, il faut préciser que la charge de Chancelier du Roi consiste en tout premier lieu à garder les sceaux de France. Un article du Dictionnaire Raisonné des Sciences, des Arts et des Métiers nous apprend que Charles de Laubépine, alors marquis de Châteauneuf, commandeur & chancelier de l'ordre du Saint - Esprit, conseiller d'état & finances,a reçu les sceaux en 1632. Qu'il n'a gardé que peu de temps car le « 25 Février 1633, le sieur de la Vrilliere, secrétaire des commandemens, eut ordre du roi d'aller retirer les sceaux des mains de M. de Châteauneuf, lequel remit aussi - tôt le coffre où étoient les sceaux » . Ce qui veut dire incidemment qu'en 1610, à la découverte de la légende, Charles de Laubépine est encore loin d'être chancelier...

2Mgr Villepelet désigne ici Eugène Hubert, auteur du Dictionnaire historique, géographique et statistique de l'Indre, Paris, 1889.

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06 octobre 2006 | Lien permanent | Commentaires (1)

La croix de saint Roch

Saint Roch n'est pas très présent dans la toponymie du département. Dans son livre sur les noms de lieux de l'Indre, Stéphane Gendron ne relève que quatre occurrences  : un moulin sur le Renom dans la commune de Sainte-Cécile (sise au nord-est de Levroux, donc encore en Capricorne), une mention sans précision à La Châtre, une croix dite de Saint-Roch à Lourdoueix Saint-Michel et surtout - apparemment le plus intéressant - une fontaine Saint-Roch à Crozon-sur-Vauvre. Détail crucial, ce beau village encaissé dans sa vallée verdoyante se situe sur l'axe des -Roux, qui joint Levroux à Mortroux en passant par Déols, Châteauroux et Neuvy Saint-Sépulchre.

Jean-Louis Desplaces a consacré plusieurs pages à la fontaine dans son volume 2 du Florilège de l'eau en Berry. Aujourd'hui à sec, elle n'était qu'à une centaine de mètres de l'ancienne église Saint-Germain dont il ne reste aucune trace. Dans la nouvelle église, bâtie sur la colline en 1857, deux statues de saint Roch, l'une en bois, l'autre de plâtre, montrent la pérennité du culte en ces lieux. Il se manifestait par deux processions : la « petite Saint Roch » qui avait lieu en janvier pour les bêtes, « la date, précise J.L. Desplaces, en était fixée par les membres du conseil de fabrique » et « la grande Saint Roch » qui était célébrée le 16 août, jour traditionnel de la fête. Mais déjà, la veille, « dans la soirée du 15, une procession se dirigeait vers l'ancien prieuré ; les fidèles buvaient de l'eau ou en emportaient. Le 16, au matin, la statue de saint Roch était menée à la Croix des Forges, soutenue par quatre porteurs, au chant de « Iste Confessor » sur un air sautillant. » Il est à noter que cette dévotion faisait de l'ombre à l'Assomption, ce dont témoigne l'abbé Doucet, curé avant 1939 : « Tout le monde, le 15 août, manque les offices pour aller pêcher le poisson qui, le lendemain, permettra de tenir le voeu de saint Roch. L'Assomption est blackboulée par le poisson de saint Roch. »

 

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Le tableau de saint Roch à Levroux
(on remarquera qu'il est accompagné de saint Sébastien, qui était invoqué aussi pour la peste)

 

Une autre coutume a disparu dans les années 60, tout comme la petite Saint Roch : le Reinage, qui consistait, au retour de la procession, en une vente aux enchères de la Royauté de saint Roch. « Se présentaient, écrit J.L. Desplaces, ceux qui étaient désireux d'obtenir la bénédiction du saint pour leurs enfants. (...) Roi et Reine n'exerçaient aucune fonction particulière : seule une place d'honneur leur était attribuée, comme nous l'avons dit, à l'office qui suivait. »

Toutes ces pratiques peu orthodoxes s'enracinaient pourtant sur une terre depuis longtemps abreuvée de religion, puisque Crozon est cité dès 1087 en tant que prieuré dépendant de l'abbaye de Marmoutier, près de Tours. En 1772, le patronage de la paroisse est encore attribué à l'archevêché de Tours. Or, qui avait fondé Marmoutier, en 372 ? Saint Martin lui-même, lorsqu'il était devenu l'évêque de la ville. Le lien avec Levroux se confirme un peu plus. Notons que c'est à Neuvy, devant l'autel du Saint Sépulcre, et en présence de Richard, l'archevêque de Bourges, que s'effectue la donation du prieuré par le curé Durand.


Un autre réseau est détectable. On aura peut-être remarqué la proximité phonique de Crozon et de Crozant, ce dernier lieu étant lui aussi en relation avec Levroux, de par sa position sur le même méridien. Or, deux autres cités proches se ressemblent aussi par leurs toponymes, à savoir Aigurande et Eguzon (longtemps dénommée Aiguzon). Les axes Aigurande-Eguzon et Crozon-Crozant se croisent très exactement au coeur de la forêt de Grammont, près de Lourdoueix Saint-Michel, où était établi, comme le nom l'indique, un monastère de l'Ordre de Grandmont.

 

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Or, le carrefour le plus proche de ce noeud n'est autre que celui de la Croix de Saint Roch, autour de laquelle, rapporte S. Gendron, la coutume veut que les mariés viennent faire la ronde. Effectivement tout tourne autour de ce pivot forestier. Rappelons aussi que c'est en ce même lieu qu'aboutissait l'axe graalique issu du bois de Fonteny, en Cancer.

 

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Il faut savoir qu'en même temps que Crozon, le curé Durand avait donné l'église Saint-Michel-du-Puy. J.L. Desplaces précise que celle-ci n'a jamais été identifiée. On peut maintenant se demander si elle n' était pas édifiée à Lourdoueix Saint-Michel, antérieurement à l'oratoire cité en 1154, Oratorium Sancti Michaelis, qui a donné son nom au village1. A l'appui de cette hypothèse, on peut noter que le puy signale une hauteur (latin podium), or la Croix de Saint Roch est, avec ses 382 mètres, au point culminant de ce micro-territoire (il faut se rapprocher très sensiblement d'Aigurande pour trouver des hauteurs plus importantes).


Avec cette note qui nous déporte vers le sud du département ( alors que nous n'en avons pas fini, loin de là, avec Levroux) j'observe, comme l'an passé, une pause aquitaine qui me tiendra momentanément éloigné de ce blog. Je vais aller chercher repos et inspiration chez le grand frère, en secteur Verseau du zodiaque toulousain...

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1Curieusement, un des derniers titulaires de la royauté de Saint Roch fut le collège privé de Lourdoueix Saint-Michel (une collectivité pouvait prétendre à ce titre)...

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19 avril 2006 | Lien permanent | Commentaires (4)

Le Chemin du Dragon

 

« Après la bénédiction du pain et du sel dans la sacristie, chaque pèlerin vénère par un baiser, les reliques du saint thérapeute des bestiaux, contenues dans un bras d'argent. Ce reliquaire était autrefois promené sur le terroir d'Estaing lors de la procession des Rogations. »

Jean-François Hirsch (in. L'Univers du Vivant, n°4, octobre 1985)

 

Procession-dragon.jpgLes Rogations sont cette fête chrétienne qui se déroule pendant les trois jours précédant le jeudi de l'Ascension. Instituée, semble-t-il, en 470 par saint Mamert de Vienne en Dauphiné, pour lutter contre tremblements de terre, feu du ciel et invasions de démons. Jacques de Voragine, dans sa Légende dorée, écrit qu' « on l'appelle encore « procession », parce que l'Eglise fait généralement la procession. Or, on y porte la croix, on sonne les cloches, on porte la bannière ; en quelques églises, on porte un dragon avec une queue énorme et on implore spécialement le patronage de tous les saints. » Les cloches servent à éloigner les démons et les tempêtes : pour Philippe Walter , c'est une fête agraire où, par « des rites ambulatoires, il s'agit de protéger les récoltes en pleine croissance non seulement à un moment critique de l'année où les risques de gelée n'ont pas encore disparu mais également à une période où la sécheresse peut être dramatique. C'est la saison très redoutée de la lune rousse dont on souligne encore les méfaits dans certains terroirs. Le roux et la rouille sont d'ailleurs l'aspect dominant de toute la période des Rogations ; ils sont au coeur de ce mythe saisonnier. On notera cependant les silences ou les faiblesses de l'explication liturgique sur certains détails de la fête ( les dragons processionnels ou la triade festive par exemple). »(Mythologie chrétienne, Imago, 2005, p.136)

Cette fête n'a pas échappé au regard acéré de Guy-René Doumayrou, qui mentionne lui aussi les Dragons des Rogations survivant encore en plusieurs cités du Languedoc. Mieux, il montre l'existence d'un Axe des Rogations, qu'il rapproche de la visée du premier mai :

 

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« On a été tenté de l'appeler « axe du premier mai », parce qu'il vise le lever héliaque aux alentours de cette date. Toutefois, comme on le trouve souvent balisé en ligne droite sur des dizaines, voire des centaines de kilomètres, on ne peut l'associer à une position trop précise du soleil dans sa divagation saisonnière. On peut en revanche, sans craindre d'errer, le mettre en rapport direct avec le temps des Rogations puisque, tout aussi bien, l'ethnologie a déjà revalorisé ce vocable d'origine chrétienne pour désigner le groupe fabuleux, beaucoup plus archaïque, des dragons processionnels que l'on sortait pour célébrer ce « rite » destiné à faire descendre les dons du ciel sur la terre0 Axe des Rogations donc, cet orient, dont le trait part du soleil levant au début mai pour s'éteindre avec le soleil couchant du début novembre, sera plus justement encore appelé le Chemin du Dragon. » (Evocations de l'Esprit des Lieux, p. 110)

 

Un peu plus loin, Doumayrou affirme que « le pays de Mélusine, serpente médiévale, ne pouvait manquer d'avoir le sien, le traversant de Poitiers à La Rochelle en passant par Niort, selon un azimut qui est, cette fois, effectivement celui du premier mai. Mais il est issu de Vézelay où rayonna, quelque temps, un des centres les plus importants de la Chrétienté, en l'honneur de Marie-Madeleine. La pleureuse aux longs cheveux n'était pas un dragon, sans doute, mais c'était une « moins que rien », déchue comme Lucifer, pourtant si fort illuminée par l'amour de l'homme divin qu'elle s'éleva à une dignité qui l'égalait presque à la vierge mère. » Et Doumayrou achève ce paragraphe crucial par ce passage que j'ai déjà cité en exergue d'une note passée, sans savoir que j'allais le retrouver encore plus pertinent dans son rapport au territoire que nous arpentons :

 

"L'axe Vézelay - La Rochelle, qui frôle Bourges, dont la cathédrale est dédiée à saint Etienne le lapidé, l'homme dissous par la pierre brute, et traverse les marécages de la Brenne, gouffre ombilical des Gaules, pour aboutir à ce port dont le nom, La Roche-Hélios, la Pierre-Soleil, annonce la métamorphose, au bout du pays qu'illustrèrent les miracles de la Mère Lucine, est le chemin d'étoiles de la Femme Perdue, dragon humanisé."(Guy-René Doumayrou, Evocations de l'Esprit des Lieux, p. 112)

 

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L'axe  des Rogations est indiqué sur cette carte, filant vers Prague.

 

Quand ces résonances se sont offertes à moi, j'ai songé tout de suite à vérifier si le monument de Sauzelles était sur ce fameux Axe des Rogations surgi de Vézelay. Mais non, déception, il s'en fallait d'une petite quinzaine de kilomètres : le Chemin du Dragon filait plus au nord. Déception de courte durée cependant, car en projetant une visée sur Vézelay, je constatai immédiatement qu'elle traversait Bourges (contrairement à l'axe défini par Doumayrou qui « frôle » cette ville en s'en écartant tout de même lui aussi d'une dizaine de kilomètres). Et il n'est sans doute pas fortuit que l'axe Saint-Savin – Le Blanc – Déols, converge lui aussi sur Vézelay.

Enfin, dernier indice très significatif, la paroisse de Sauzelles dépendait elle-même de l'abbaye de Vézelay.

J'ai épluché consciencieusement le guide de l'Indre de Michel de la Torre (Nathan, 1985), c'est la seule des 247 communes du département à posséder cette caractéristique.

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31 mars 2009 | Lien permanent | Commentaires (1)

La corne du Bélier

"La carte du monde imaginable n'est tracée que dans les songes. " Charles Nodier (Rêveries), cité par Gaston Bachelard. De retour ici, je vois bien que je ne tiendrai pas ma feuille de route. J'avais imaginé de déployer cette étude de géographie zodiacale au fil des mois et des signes traversés, ce pourquoi j'avais ouvert ce blog le jour de l'équinoxe de printemps. Mais le Taureau pointe son mufle alors que je suis loin d'en avoir terminé avec le Bélier. La bête est plus longue à tondre que prévu et il me faut donc renoncer, au moins provisoirement, à l'adéquation du zodiaque terrestre et du zodiaque temporel, à la synchronie des parcours. Ici le chemin s'invente au fur et à mesure de la marche, et aux voies directes nous nous réserverons toujours le droit de préférer les chemins de traverse. Disons qu'il est des retards et des détours qui ne sont pas forcément des pertes de temps. J'en étais resté à Luzeret, ce petit village au sud d'Argenton qui s' honorait d'un Saint Vivien, évêque de Saintes bien mystérieux. En fait, ce n'est pas le seul lien existant sur la commune avec la Saintonge puisque en aval de la Sonne, la petite rivière qui arrose Luzeret, on trouve les vestiges de l'ancienne abbaye de Loudieu (de loco dei, à l'origine, c'est-à-dire le lieu Dieu ). Or celle-ci relevait de l'abbaye de Fontdouce, sise en Charente-Maritime. Les deux édifices sont pareillement situées dans un vallon, près d'une source (à la Loudieu, elle est même réputée miraculeuse : elle guérirait les maux d'yeux), à l'instar de la plupart des abbayes cisterciennes (d'ailleurs, le pape Alexandre III, dans une bulle du 31 décembre 1163, ordonnera aux religieux de suivre la règle de Cîteaux). Fondée en 1111, Fontdouce s'était développée grâce à Aliénor d'Aquitaine dont les dons avaient permis la construction d'un second monastère de style gothique. La souveraine serait d'ailleurs figurée par une tête tricéphale à quatre yeux qui regardent dans trois directions. Il semble a priori hasardeux de rapprocher le nom de la rivière, la Sonne, du nom allemand du soleil, mais les influences tudesques sont-elles si rares dans notre langue ? Remarquons que le fondateur de Fontdouce n'est autre que le dénommé Wilhelm de Conchamp , seigneur de Taillebourg ( Wilhelm est le pendant germanique de Guillaume). Repensant à nos Wisigoths, nous observerons aussi que la forme gothique du soleil est sunno. D'ailleurs, selon le Dictionnaire Historique de la Langue Française (Robert, 1992), le latin classique sol "appartient à une famille de mots indoeuropéens désignant le soleil, affectant des formes diverses qui impliquent une racine avec alternance l-n dans la flexion ; sol proviendrait d'une forme ◦swol- ; le grec hêlios (→hélio-) d'un ◦sawelios." La racine grecque, nous la retrouvons dans le mythe même de Chrysomallos, le bélier ailé à la toison d'or, en la personne de Hêllé, la lumineuse, fille d'Athamas, roi d'Orchomène. Voyant son pays dévasté par la sécheresse et la famine, cet Athamas envoya à Delphes des députés pour consulter l'oracle d'Apollon. Soudoyés par Ino, la seconde épouse d'Athamas, qui haïssait les enfants du premier lit, Hêllé et son frère Phrixos (le bouclé), ils déclarèrent que leur sacrifice était nécessaire à l'apaisement des dieux. Le brave bélier, qui avait eu vent du complot, emporta alors les deux enfants dans les airs. Mais l'une de ses cornes se brisa et la jeune fille tomba dans la mer, qu'on nomma dès lors Hellespont, aujourd'hui le détroit des Dardanelles. Parvenus en Colchide, Chrysomallos ordonna à Phrixos de l'immoler puis il monta au ciel où il devint le premier signe du zodiaque. Sa toison d'or fut alors cachée par Phrixos dans un bois consacré à Arès (maître traditionnel du signe) et devint l'objet de la quête des Argonautes menés par Jason.

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"The Sacrifice of Phrixos and Helle" Lucanian Red Figure Nestoris C4th BC Cambridge, Harvard University Art Museums 1960.367 J'aime à croire que c'est pour porter souvenir du bris de la corne de Chrysomallos que l'alignement Luzeret - Neuvy Saint-Sépulchre passe par Malicornay, ancienne place forte et paroisse dépendant, comme Luzeret d'ailleurs, de l'abbaye de Déols (mais je note aussi qu'un étang Malicorne existe au nord du village, à quelques kilomètres, au milieu des bois). L'astrologue Jean-Pierre Nicola propose une interprétation du mythe qui n'est pas sans intérêt : "La Fable exalte la jeunesse... votre jeunesse. Elle oppose le divin au terrestre. Les enfants de Néphélé sont les fruits des nuages et du vent (Athamas est fils d’Eole, dieu du vent)... Une belle-mère calculatrice veut les supprimer pour que ses propres enfants, créatures terrestres, héritent du pouvoir temporel. Ses calculs sont mauvais. " En effet, Athamas, instruit plus tard des visées d'Ino, tua leur fils Léarchos dans une crise de folie. La jeunesse, les enfants, je les retrouve encore, liés à cet élément aquatique décidément omniprésent, en relisant Le florilège de l'eau en Berry, de Jean-Louis Desplaces (2ème volume, Buzançais, 1981) : j' avais oublié qu'outre l'église, la paroisse de Luzeret abrite une fontaine Saint-Vivien. Situé à 60 mètres au sud de l'édifice religieux, sur les bords de la Sonne, elle était le but d'une procession le 28 août. On invoquait alors Saint-Vivien pour la fièvre des enfants : le rituel consistait en trois tours d' église et la palpation d'une des deux statues en plâtre du saint.
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Maintenant si nous prolongeons l'axe Luzeret-Neuvy vers le sud, nous atteignons le village de Liglet, qui forme avec le village de Lignac et le hameau de Lignat un autre alignement (le terme ne convient-il pas parfaitement ici ?) loin d'être anodin. A suivre, bien entendu.

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22 avril 2005 | Lien permanent

Toulx Sainte-Croix

« De mon lit je n'apercevais que la veilleuse énorme de l'hôtel battant dans la rue comme un coeur ; sur l'une des artères était écrit le mot : central, sur une autre le mot : froid, froid de lion, froid de canard ou froid de bébé? Mais le camée Léon frappait de nouveau à ma porte. De son gilet aux vibrations déterminées jusqu’à la racine de ses moustaches le soleil achevait de décharger ses rondins.» (André Breton, Poisson soluble) Oublions les vents, les rivages, ces grands escogriffes de pins atlantiques, ce fou de Bassan emprisonné dans la ligne plombée d'un pêcheur du malheur, le sable et la traîtrise des baïnes, le sourire des enfants et la splendeur des nuages, et arpentons à nouveau nos terres intérieures sous l'égide d'un signe nouveau : Lion solaire et flamboyant dont l'étude du secteur zodiacal correspondant va se fonder essentiellement sur le village creusois de Toulx Sainte-Croix. Du haut de ses 655 mètres, Toulx domine toutes les régions avoisinantes. Du sommet de la tour construite au siècle dernier par l'abbé Aguillaume, on contemplerait jusqu 'au Sancy et au Puy-de-Dôme. Je n'ai pas vérifié mais le panorama est vaste, pas étonnant si les Celtes en ont fait tôt un de leurs oppida. Le nom même viendrait du bas-latin tullum, lui-même emprunté au gaulois tullos, hauteur. Un dernier terme qui n'est pas sans évoquer la Thulé hyperboréenne, la ville mythique où séjournèrent Apollon et Persée ; et nous pourrions mettre au compte de Toulx cette remarque de Guy-René Doumayrou sur la capitale occitane: « Le nom, enfin, de Toulouse, qui n'a jamais changé, évoque de façon suggestive le grec thòlos, qui désignait, dans les temps primitifs, la touffe végétale coiffant et liant le sommet des huttes rondes en branchage. Par la suite, le sens s'en est étendu à la coupole hémisphérique en pierres sèches, et enfin, plus particulièrement, à la voûte des fours et étuves. De la coupole construite à la voûte céleste, l'analogie va de soi : centre et sommet, la ligature de la thòlos est bien le lien et le lieu privilégié, récepteur et répartiteur des influx cosmiques, le Trône du Jugement, l'étoile polaire gouvernante (en grec : thémis), de l'ourse (en grec : arctos) : ARTEMIS l'Immuable (du grec : artémès) : La treizième revient... c'est encore la première ; Et c'est toujours la seule, - ou c'est le seul moment... (Nerval, les Chimères : Artémis). » (Géographie Sidérale, p.65)

Il se pourrait bien que Toulx ait été de bonne heure un sanctuaire important du peuple gaulois des Lémovices qui occupait approximativement le Limousin actuel. On a pu déjà noter que la plupart des sanctuaires celtiques sont situés soit au centre soit sur les limites de la civitas, or Toulx est situé sur la frontière avec les Bituriges. Ce n'est que vers l'an 1000 que le village basculera dans l'escarcelle des princes de Déols, et si ce pays limousin de Boussac est dès lors rattaché à la province du Berry, il dépendra toujours du diocèse de Limoges : « exemple caractéristique de l'enchevêtrement des divisions administratives de la France d'Ancien Régime », écrit André Guy, auteur d'un opuscule sur le village. Que dire maintenant du qualificatif de Sainte-Croix ? Gilles Rossignol y voit une invitation à deux hypothèses : « (...)ou bien le plan primitif [de l'église] aura été inspiré de l'église du Saint-Sépulchre, à Jérusalem (comme à Neuvy Saint-Sépulchre dans l'Indre) ou bien on aura rapporté à Toulx une réplique du « vray boys », le bois de la Vraie Croix. » A vrai dire, aucune des deux propositions ne tient la route, d'une part parce que le vocable de Sainte-Croix n'a été ajouté que postérieurement à la fondation de l'église (dédiée en 1158 à Saint Martial, ce qui n'est pas anodin, nous y reviendrons); d'autre part parce que si relique de la vraie croix il y avait eu, il serait étonnant que la mémoire collective n'en ait pas gardé le souvenir d'une manière ou d'une autre. C'est d'ailleurs ce qui s'est passé pour Neuvy qui s'honore toujours de deux gouttes du sang du Christ (que l'on doit à l'obligeance du cardinal Eudes de Châteauroux, légat du pape à la VIIème croisade, qui les fit acheminer en 1257). Faut-il absolument rechercher une cause matérielle, tangible à l'appellation Sainte-Croix ? Ne porterait-elle pas une symbolique lisible seulement dans le paysage et les relations du lieu avec ses alentours ? Pour Henri de Lubac, la croix érigée sur une montagne, au centre du monde, reproduit totalement l'antique image de l'arbre cosmique, en tant qu'Axe du Monde joignant le pôle terrestre au pôle céleste. Or, le méridien de Toulx est le vecteur éloquent d'une telle symbolique : balisé par Boussac ( dont le château abrita longtemps les tapisseries de la Dame à la Licorne ), il désigne le village de Primelles, dans le Cher, situé au coeur de la forêt domaniale de Thoux... Ici, selon Mgr Jean Villepelet (Les Saints Berrichons, Tardy, 1963, p.169), aurait séjourné assez longtemps saint Firmin, évêque d'Amiens, tandis qu'il se rendait à Rome au tombeau des Apôtres. Séjour significatif : Amiens se situe pratiquement sur ce même méridien. Et l'on ne sera guère étonné d'apprendre que l'un des deux Firmin honorés par l'église d'Amiens aurait été converti par saint Saturnin de Toulouse, dont le nom ne se retrouve que dans une seule paroisse du Cher, elle aussi traversée par l'axe polaire.
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Tournons-nous maintenant vers l'église du village.

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26 juillet 2005 | Lien permanent

Le méridien de Lourdoueix

Examinons aujourd'hui le méridien de Lourdoueix Saint-Pierre. Dans sa partie sud, il s'enfonce dans la Marche, d'où est originaire le saint Pardoux vénéré à la fontaine de Lourouer Saint-Laurent. Après avoir traversé le Bourg d'Hem, qui relevait de Déols, l'axe atteint Saint-Sulpice-le-Guérétois et Saint-Eloi avant d'aboutir sur une chapelle placée sur une éminence et précisément nommée chapelle Saint-Pardoux. Nous retrouvons donc trois saints rencontrés lors de l'exploration des signes de la Vierge et de la Balance. Remarquons incidemment que les trois communes creusoises dédiées à saint Sulpice, archevêque de Bourges et grand ami de saint Eloi, sont alignées avec une extrême précision (il s'agit de Saint-Sulpice-le-Dunois, Saint-Sulpice-le-Guérétois et Saint-Sulpice-des-Champs).

 

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Le village de Sardent, d'où le saint est originaire, n'est qu'à quelques centaines de mètres, à l'est de la chapelle Saint-Pardoux. « La vie de saint Pardoux, est-il écrit sur le site du diocèse de Poitiers, semble fortement teintée de légende. Dit natif de la Creuse en 617 (plus probablement vers 658), il aurait d'abord vécu, aveugle et ermite, dans une grotte et aurait attendu l'âge de... 103 ans pour fonder le monastère bénédictin de Garactum (Guéret). Contre les Sarrasins, il l'aurait défendu par sa seule prière, alors que tous ses moines avaient pris la fuite. Frappés de cécité, les envahisseurs auraient recouvré la vue après une aspersion d'eau bénite et auraient passé leur chemin en épargnant la ville. Après sa mort en 737 ou 738, les reliques de saint Pardoux auraient été transportées au prieuré d'Arnac. II est fêté le 6 octobre."

Il est à noter que l'aspersion d'eau bénite, commune à Mosnay et Lourouer, se retrouve dans la Vita même du saint. Selon l'historienne Martine Larigauderie Beijeaud, spécialiste des Grandmontains, Pardoux apparaît « à la fois comme un saint guérisseur et un saint protecteur. Son rôle lui vient de son métier. Il rappelle les miracles accomplis durant sa vie. Il agit en outre en tant que relais de culte des fontaines et peut-être même des pierres. »

medium_gueret2.gifBras-reliquaire de saint Pardoux
2e tiers XIIIe siècle
Guéret, musée des Beaux-Arts
Provient de l'église de Sardent.

 

Ayant repéré sur les cartes un Saint-Pardoux-les-Cards, je me suis demandé s'il n'existait pas un alignement des Saint-Pardoux, analogue à celui des Saint-Sulpice. Je traçai donc la ligne unissant les deux sites déjà reconnus et, effectivement, je constatai qu'elle rejoignait un troisième Saint-Pardoux, dit le Pauvre, proche d'Evaux-les-Bains. Mais ce n'était pas tout : la ligne désignait vers le sud-ouest, Saint-Goussaud, « à tous les sens du mot, selon Gilles Rossignol, un haut-lieu de la Creuse ». Le village doit son nom à un autre ermite, Gonsalvus, qui vécut là au VIIème siècle, à la même époque donc que Pardoux. Or, on retrouve ces deux saints typiquement marchois associés dans l'histoire de Lourouer Saint-Laurent, avec une quittance de 1681 payant le règlement « de trois figures : Saint-Pardou, Saint Goussaud, Saint Laurent. » (J.L. Desplaces, op. cit. p. 69).

En suivant maintenant l'alignement vers l'est, c'est au village de Montjoie, dans les collines de Combrailles, que l'on aboutit, sur la rive de la Bouble, en amont de Saint-Eloy-les-Mines. J'ai déjà évoqué par ailleurs le rôle de ces Montjoies, qu' Alphonse Dupront décrit comme le « lieu de la découverte illuminante du sens » : « Découverte d'être ainsi neuf et donc joie : quasi au terme du chemin, sur les grandes routes de pélerinage, existent encore, ici et là, des Montjoies. Raccourci empoignant, le mot, dans sa nudité d'éclat, alors que la passion de la route s'achève, d'une route vécue, corps entier et souffrant, dans une maîtrise inlassée d'âme à mettre un pied l'un devant l'autre, parfois dans une tenaillante angoisse de l'indéfini, voire de l'impossible. A la Montjoie, tout se délivre du vécu du pélerinage. » (Du Sacré, Gallimard, 1987, p. 49).

 

medium_axes-saint-pardoux.2.jpg

Montjoie aussi probablement, ce signal de Montjouer, ou Puy de Jouer, culminant à 697 mètres au-dessus de Saint-Goussaud. L'antique Praetorium, cité par la table de Peutinger, comme station sur la route de Saintes à Sens, se situerait en ce lieu.

Il n'est sans doute pas fortuit que le méridien de Lourdoueix passe au nord par le hameau du Petit Jouhet, sur la commune de Saint-Denis-de-Jouhet.

Un autre alignement de Saint-Pardoux suit strictement le parallèle de la chapelle : du côté occidental, il est jalonné par Saint-Sulpice-Laurière et rejoint Saint-Pardoux, près du lac du même nom ; du côté oriental, il désigne, via Mainsat, le village de Saint-Pardoux, situé comme Saint-Eloy-les-Mines sur la route de Clermont-Ferrand, non loin par ailleurs du bourg d'Ebreuil, où les moines de Saint-Maixent vinrent trouver refuge contre les Normands, en 898, avec dans leurs bagages les reliques de saint Léger.

Nous retrouvons ce saint bien connu au village de Saint-Goussaud, où l'on accède par le col de Laléger, mais aussi en poursuivant la remontée du méridien, juste au-dessus du triangle de l'eau, à Lys Saint-Georges, sur une colline dominant le Gourdon. L'église du village lui est dédiée.

Enfin, si nous nous permettons un petit retour sur le mythe de Déméter, nous apprenons que « c'est en cueillant un lis (ou un narcisse) que Perséphone fut entraînée par Hadès, épris d'elle, dans une ouverture soudaine du sol, jusqu'en son royaume souterrain ; le lis pourrait à ce titre symboliser la tentation ou la porte des Enfers. « (Dict. des Symboles, art. Lis, p. 577).







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27 octobre 2005 | Lien permanent | Commentaires (3)

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